Frédéric Janssoone
Prêtre franciscain, Bienheureux
1838-1916

Frédéric Janssoone naît dans les Flandres françaises au lieu-dit Meul-Houc, dans la commune de Ghyvelde, près de Dunkerque. Mais par ses origines, il est des Flandres belges et sa langue maternelle est le flamand. Dernier de huit enfants, il est baptisé sous le nom de Frédéric Cornil (Corneille). Son père, Pierre Antoine, est un petit fermier qui travaille dur et finit par parvenir à une certaine aisance. Sa mère, Marie-Isabelle Bollengier est cultivée et raffinée. L’éducation est stricte, très chrétienne aussi, spécialement dans le domaine de la charité et de la foi. L’enfant connaîtra assez tôt la souffrance, car son père meurt en 1848 alors qu’il n’a que 9 ans. Il est très doué pour les études, mais il doit les arrêter en 1855, à cause de la crise économique et afin d’aider sa mère qui a fait de mauvais placements. Il s’engage alors dans une entreprise en textile, où il est représentant de commerce, domaine où il se révèle génial. Plus tard aussi, il gardera le don de bien présenter ses affaires ! À la mort de sa mère, en 1861, il peut reprendre ses études. Un jour, grâce à une dame chez qui il prend pension, il découvre saint François d’Assise et il est conquis. Deux ans après, il entre au couvent franciscain d’Amiens. Devenu “Frère Frédéric de saint Yves” ou plus tard “Frère Frédéric de Ghyvelde”, il est ordonné prêtre à Bourges le 17 août 1870, juste avant la guerre franco-allemande ; sa date d’ordination a été exprès avancée, ce qui lui permet d’exercer ses fonctions sacerdotales comme aumônier dans un hôpital militaire. Rude expérience. Après quoi, il est supérieur à Bordeaux, puis autorisé à aller en Palestine où de nombreux franciscains tiennent la “Custodie de Terre Sainte”. Nommé assistant du supérieur ou ‘gardien’ il a de lourdes responsabilités matérielles. C’est lui, par exemple, à qui l’on doit la construction de l’église Sainte Catherine de Bethléem (où se célèbre chaque année, en mondovision, la messe de minuit de Noël). Avec un sens diplomatique et un esprit de paix dans ce pays sous domination ottomane, il s’ingénie aussi à établir des accords entre les différentes confessions chrétiennes, notamment pour leur présence respective dans la basilique du Saint-Sépulcre et celle de Bethléem. Il fait de grandes recherches d’archives et publie une synthèse qui est, encore maintenant, la “ magna carta ” pour la gestion des sanctuaires de Palestine. Il anime aussi de nombreux pèlerinages ; ce qui lui donne l’occasion de rencontrer un prêtre canadien qui l’invite dans son pays.

Ses supérieurs l'envoient au Québec, en 1881, en lui confiant deux mandats : instaurer là-bas la quête du Vendredi-Saint en faveur des Lieux-Saints et visiter les fraternités du Tiers Ordre Franciscain afin d'évaluer les possibilités d'une restauration de l'ordre des Frères mineurs au Canada (le dernier Franciscain, un Récollet, étant mort en 1849). Ses prédications à Québec et Trois-Rivières connaissent un succès remarquable (même si sa méconnaissance du climat politique alors tendu suscite un incident) et il quête pour les Lieux Saints. Dès l’année suivante, cette quête annuelle sera établie dans le diocèse de Québec. Quant à lui, entre temps, il est retourné en Terre Sainte. Mais, six ans après, les Canadiens rappellent “le Bon Père Frédéric”. Ses supérieurs le laissent repartir avec la mission de mettre sur pied un Commissariat de Terre sainte à Trois-Rivières (Québec), en attendant qu'il soit possible d'établir une communauté régulière. Ce sera la première maison franciscaine. De ce modeste pied-à-terre et du couvent régulier qui le remplacera en 1903, le bon Père rayonnera, pendant 28 ans, dans tous les diocèses du Québec et jusqu'en Nouvelle-Angleterre. Il prêche avec zèle. Prédication franciscaine, basée sur la Passion et la Résurrection, simple mais non dépourvue de sentiments, et qui provoque souvent les larmes des auditeurs. Il est capable de prêcher des heures entières, par exemple sur la Passion, sans que les gens voient le temps passer. « Il ne cesse d’entraîner ceux qui l’écoutent à s’engager dans la vie évangélique selon les voies tracées par le Tiers-Ordre franciscain et tout autant dans l’apostolat très concret de la vie familiale et professionnelle » (Jean-Paul II). On lui confie le pèlerinage de Notre-Dame du Cap-de-la-Madeleine, fondé par l’abbé Désilets. De ce sanctuaire encore peu connu, il fait un pèlerinage national, où les Oblats de Marie Immaculée le relayeront en 1902. Cela montre que la dévotion mariale est vraiment “l’âme de son apostolat” (Id). De plus, il a une impressionnante activité littéraire, écrivant beaucoup d’articles, fondant des revues, notamment pour aider la Terre Sainte.

Il célèbre l’eucharistie avec une ferveur émouvante. Sa vie montre bien que « l’esprit de contemplation, loin de freiner le zèle apostolique, le fortifie. Proche de Dieu, il est aussi proche des gens » (Id). Il est joyeux et, dans tout homme, il voit le Christ, spécialement dans les petits.

Marcheur infatigable, bourreau de travail, il prend sur ses nuits et mène une vie très mortifiée; et pourtant, c’est un petit homme, chétif, qui souffre de l’estomac. Épuisé par les austérités et le labeur, atteint d’un cancer à l’estomac, il meurt à Montréal en 1916. Son corps est transféré au couvent de Trois-Rivières.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/

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