Geoffroid d’Amiens
Évêque, Saint
1066-1118

Godefroi, né dans le territoire de Soissons, sortait d'une famille noble et vertueuse. Foulques son père, étant devenu veuf, prit l'habit monastique. Notre Saint n'avait encore que cinq ans lorsqu'on le mit sous la conduite de Godefroi, abbé du Mont-Saint-Quentin , qui l'avait tenu sur les fonts de baptême. Ce Godefroi était oncle de la B. Itte, comtesse de Boulogne et de Namur, mère de Godefroy et de Baudouin qui furent rois de Jérusalem.

Dès sa plus tendre jeunesse, le Saint se privait d'une grande partie de ce qu'on lui donnait pour sa nourriture, et le distribuait aux pauvres ; souvent même il ne paraissait point au réfectoire, et se renfermait dans quelque oratoire , pendant le temps qu'on y passait, pour s'entretenir avec Dieu. Il consacrait quelquefois la plus grande partie de la nuit à ce saint exercice. Les larmes abondantes qui coulaient de ses yeux, dans la prière , annonçaient sa tendre piété et la vivacité de sa componction. A l'âge de 25 ans, l'évêque de Noyon l'ordonna prêtre. Il parut digne de cet honneur , non seulement à cause de ses vertus, mais encore à cause des progrès qu'il faisait tous les jours dans l'étude de la religion. On n'écouta point son humilité, qui lui inspirait de l'éloignement pour le sacerdoce. Peu de temps après, on lui confia le gouvernement de l'abbaye de Nogent, en Champagne. Cette maison, sous sa conduite, devint bientôt célèbre par sa régularité. Deux abbés, touchés des merveilles qu'on en publiait, s'y retirèrent pour y vivre en simples religieux dans une plus grande perfection.

Godefroi avait tellement acquis l'habitude de veiller sur lui-même, qu'il était absolument maître de tous ses sens. Jamais il ne prononçait une parole inutile ; jamais ses yeux ne s'arrêtaient sur aucun objet sans nécessité. Son silence et sa modestie étaient des preuves sensibles de la continuité de son recueillement. Un jour qu'on lui servait à table quelque chose qui paraissait mieux assaisonné qu'à l'ordinaire, il en fit des plaintes. « Est-ce que vous ne savez pas, dit-il, que la chair se révolte si on la flatte ? » Un concile entier le pressant de prendre le gouvernement de l'abbaye de Saint-Remi, de Reims, il s'avança au milieu de l'assemblée, et, après avoir cité les canons en sa faveur, il s'écria : « A Dieu ne plaise que je méprise une épouse pauvre, et que je lui en préfère une riche. » En 1103, on l'élut évêque d'Amiens ; mais il fallut lui faire violence pour qu'il acquiesçât à son élection. Il entra nu-pieds dans la ville. Lorsqu'il fut arrivé à l'église de Saint-Firmin, il adressa au peuple, qui était présent, un discours fort pathétique. On retrouvait dans son palais la maison d'un vrai disciple de Jésus-Christ. Chaque jour il lavait les pieds à treize pauvres, et les servait à table. Il s'opposait avec un zèle inflexible aux entreprises des grands, opiniâtrement attachés à leurs désordres. Il attaquait avec vigueur les abus qui régnaient dans son clergé ; et, après avoir éprouvé bien des difficultés, il rétablit la réforme dans le monastère de Saint-Valery. Célébrant les saints mystères le jour de Noël, en présence de Robert, comte d'Artois, qui tenait sa cour à Saint-Omer, il ne voulut point recevoir les offrandes, même des princes, parce que leur extérieur était trop mondain. Plusieurs sortirent de l'église, el y rentrèrent avec plus de simplicité, pour n'être pas privés de la bénédiction du saint évêque. Il fut arrêté par une fièvre violente, dans un voyage qu'il faisait à Reims, pour conférer avec son métropolitain sur des matières importantes. Il reçut les sacrements de l'Eglise avec beaucoup de ferveur, et mourut le 8 Novembre 1118, dans l'abbaye de Saint-Crépin de Soissons, où il fut enterré. Il est nommé dans le martyrologe romain.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

 

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