Saint Germain
était fils du patrice Justinien. Il fut, dés sa jeunesse, un des
principaux ornements du clergé de Constantinople. Son mérité le
fit élever sur le siége épiscopal de Cyzique, où il se conduisit
avec beaucoup
de
sagesse et d'édification. On l'élut, en 715, patriarche de
Constantinople. Il ne s'appliqua pas seulement à réprimer
le vice, il défendit encore généreusement la foi contre les
erreurs des monothélites et des iconoclastes.
L'Empereur Léon
l'Isaurien ayant rendu, en 725, un édit par lequel il ordonnait
que l'on ôtât les images des églises, le saint patriarche refusa
d'y obéir ; il soutint même, en présence de ce prince, la
légitimité du culte que l'Église rendait aux représentations du
Seigneur et de ses Saints. Il fut merveilleusement secondé par
saint Jean Damascène, qui vivait alors à la cour du Calife des
Sarrasins. Il osa rappeler à l'Empereur les promesses qu'il
avait faites à son avènement à l'empire, de ne point changer les
traditions de l'Église.
Léon de son
côté ne négligeait rien pour gagner le patriarche. Il employa
d'abord les caresses ; ce moyen ne lui ayant pas réussi, il
tâcha d'irriter le Saint. Son but était de lui faire prononcer
quelques paroles injurieuses, afin qu'il prît de là occasion de
le traiter comme un homme qui manquait de respect à la Majesté
impériale : mais ce second moyen ne lui réussit pas mieux que le
premier. Germain s'était trop bien instruit à l'école du
Sauveur, pour oublier l'obligation où sont tous les hommes de
pratiquer la douceur et la patience. Cependant l'Empereur
devenait plus furieux de jour en jour, et faisait éprouver au
patriarche, en toute occasion, les effets de son ressentiment.
Il s'érigeait en docteur et en réformateur de l'Église. A
l'entendre, ses prédécesseurs, ainsi que les évêques et tous les
vrais chrétiens, n'étaient que des idolâtres. Son entêtement
pour l'erreur, et son ignorance, l'empêchaient de distinguer le
culte absolu que l'on rend à Dieu, du culte relatif que l'on
rend aux saintes images. La fermeté du patriarche était
inébranlable au milieu de tant d'épreuves. Il souffrait, en
disciple de Jésus-Christ, des maux dont il ne pouvait arrêter le
cours. Les hérétiques prévalurent enfin, et le forcèrent, en
730, à
quitter son église, qu'il gouvernait depuis quatorze ans et cinq
mois. Il se retira à Platanium, dans la maison de ses pères. Là
il gémissait sur le déplorable état de l'Église,
faisant un saint usage des croix que Dieu lui envoyait. Souvent
il répétait avec un de ses plus illustres prédécesseurs :
« Quand
je devrais mourir mille fois le jour, et souffrir l'enfer même
pendant quelque temps, je regarderais tout cela comme rien,
pourvu que je voie Jésus-Christ dans sa gloire ».
Il mourut le 12 Mai 733. Saint Germain servit aussi l'Église
par sa plume. Photius admirait l'élégance et la politesse que
l'on remarquait dans ses écrits, et surtout dans son apologie de
saint Grégoire de Nysse contre les origénistes.
Voici, pour terminer, l’un de ses
textes :
“Adam, où es-tu ?”
“Adam, où es-tu ?
Je suis venu là à
ta recherche
et pour pouvoir te trouver
j’ai tendu les mains sur la croix.
Les mains tendues,
je me tourne vers le Père
pour rendre grâces de t’avoir trouvé
puis je les tourne aussi vers toi
pour pouvoir t’embrasser…
Je te couvrirai de
mes ailes
tu trouveras à mon ombre un refuge…
Je chercherai ta
vie cachée à l’ombre de la mort
je n’aurai de repos que, une fois humilié
et descendu jusqu’aux enfers pour t’y chercher,
je ne t’aie reconduit dans mon ciel.”
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard.
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