Germain de Constantinople
Patriarche, Saint
+ 733

Saint Germain était fils du patrice Justinien. Il fut, dés sa jeunesse, un des principaux ornements du clergé de Constantinople. Son mérité le fit élever sur le siége épiscopal de Cyzique, où il se conduisit avec beaucoup de sagesse et d'édification. On l'élut, en 715, patriarche de Constantinople. Il ne s'appliqua pas seulement à réprimer le vice, il défendit encore généreusement la foi contre les erreurs des monothélites et des iconoclastes.

L'Empereur Léon l'Isaurien ayant rendu, en 725, un édit par lequel il ordonnait que l'on ôtât les images des églises, le saint patriarche refusa d'y obéir ; il soutint même, en présence de ce prince, la légitimité du culte que l'Église rendait aux représentations du Seigneur et de ses Saints. Il fut merveilleusement secondé par saint Jean Damascène, qui vivait alors à la cour du Calife des Sarrasins. Il osa rappeler à l'Empereur les promesses qu'il avait faites à son avènement à l'empire, de ne point changer les traditions de l'Église.

Léon de son côté ne négligeait rien pour gagner le patriarche. Il employa d'abord les caresses ; ce moyen ne lui ayant pas réussi, il tâcha d'irriter le Saint. Son but était de lui faire prononcer quelques paroles injurieuses, afin qu'il prît de là occasion de le traiter comme un homme qui manquait de respect à la Majesté impériale : mais ce second moyen ne lui réussit pas mieux que le premier. Germain s'était trop bien instruit à l'école du Sauveur, pour oublier l'obligation où sont tous les hommes de pratiquer la douceur et la patience. Cependant l'Empereur devenait plus furieux de jour en jour, et faisait éprouver au patriarche, en toute occasion, les effets de son ressentiment. Il s'érigeait en docteur et en réformateur de l'Église. A l'entendre, ses prédécesseurs, ainsi que les évêques et tous les vrais chrétiens, n'étaient que des idolâtres. Son entêtement pour l'erreur, et son ignorance, l'empêchaient de distinguer le culte absolu que l'on rend à Dieu, du culte relatif que l'on rend aux saintes images. La fermeté du patriarche était inébranlable au milieu de tant d'épreuves. Il souffrait, en disciple de Jésus-Christ, des maux dont il ne pouvait arrêter le cours. Les hérétiques prévalurent enfin, et le forcèrent, en 730, à quitter son église, qu'il gouvernait depuis quatorze ans et cinq mois. Il se retira à Platanium, dans la maison de ses pères. Là il gémissait sur le déplorable état de l'Église, faisant un saint usage des croix que Dieu lui envoyait. Souvent il répétait avec un de ses plus illustres prédécesseurs : « Quand je devrais mourir mille fois le jour, et souffrir l'enfer même pendant quelque temps, je regarderais tout cela comme rien, pourvu que je voie Jésus-Christ dans sa gloire »[1]. Il mourut le 12 Mai 733. Saint Germain servit aussi l'Église par sa plume. Photius admirait l'élégance et la politesse que l'on remarquait dans ses écrits, et surtout dans son apologie de saint Grégoire de Nysse contre les origénistes[2].

Voici, pour terminer,  l’un de ses textes : “Adam, où es-tu ?”
 

“Adam, où es-tu ?

Je suis venu là à ta recherche
et pour pouvoir te trouver
j’ai tendu les mains sur la croix.

Les mains tendues, je me tourne vers le Père
pour rendre grâces de t’avoir trouvé
puis je les tourne aussi vers toi
pour pouvoir t’embrasser…

Je te couvrirai de mes ailes
tu trouveras à mon ombre un refuge…

Je chercherai ta vie cachée à l’ombre de la mort
je n’aurai de repos que, une fois humilié
et descendu jusqu’aux enfers pour t’y chercher,
je ne t’aie reconduit dans mon ciel.”
 

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.


[1] Saint Jean Chrysostome : ad Theodor. laps. 1. i, p. 17.
[2] Nous n'avons plus que trois lettres de saint Germain de Constantinople ; elles ont pour objet principal l'affaire des iconoclastes. Voyez Ceillier, t. XVIII, p. 62.

 

 

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