Giovanni Marinoni
Théatin, Bienheureux
† 1562

Le bienheureux Marinoni, né à Venise le 25 Décembre 1490, reçut au baptême le nom de François, qu'il changea en celui de Jean, lorsqu'il se consacra à Dieu. Il montra tant de piété dès ses premières années, qu'on lui fit faire sa première communion vers l'âge de sept ans. Il se distinguait des autres enfants par sa docilité et son obéissance. Il ne perdait presque point Dieu de vue ; il aimait à fréquenter les églises, à y adorer le Saint-Sacrement, et surtout à assister à l'auguste Sacrifice de la messe.

Ses parents l'ayant envoyé à l'université de Padoue, il ne s'y lia qu'avec ceux qui réunissaient une piété sincère à la pureté des mœurs. Il eut pour condisciple et pour ami Louis Lippoman[1], un des plus savants évêques du seizième siècle. La prière, la méditation de la loi du Seigneur, la lecture des bons livres, la fréquention des sacremens, Ja fuite des mauvaises compagnies, furent les moyens qu'il employa pour conserver son innocence. Il embrassa l'élat ecclésiastique, et reçut successivement les saints ordres. Devenu prêtre, il s'attacha pendant deux ans au service de l'église de Sainl-Pantaléon, à Venise. Son amour pour les pauvres lui fit accepter la place de supérieur de l'hôpital, où l'on recevait les incurables et les orphelins. Il y donna les preuves les plus éclatantes de sa charité, durant la peste qui ravagea la ville de Venise, en 1528. Ayant été nommé à un canonicat de l'église de Saint-Marc, il remplit ses devoirs avec la plus grande édification. Mais il quitta bientôt ce bénéfice, pour entrer dans la congrégation de Saint-Gaétan, nouvellement établie à Venise. Il y fut reçu le 9 Décembre 1528, et fit ses vœux le 29 Mai 1530.

Sa ferveur prenait chaque jour de nouveaux accroissements. Son amour pour la pureté lui faisait éviter la conversation des femmes, et il ne s'entretenait avec elles qu'autant que la charité l'y obligeait. Les plus rigoureuses austérités de la pénitence n'avaient rien qui l'effrayât ; il aimait la pauvreté, et il saisissait toutes les occasions de pratiquer cette vertu. Son amour pour les pauvres était extraordinaire. Son humilité, sa patience dans les épreuves, sa résignation à la volonté de Dieu, son obéissance, sa douceur avaient quelque chose d'admirable. Pour attirer les bénédictions célestes sur les travaux de son zèle, il priait avec autant d'assiduité que de ferveur. Il avait une tendre dévotion à la Sainte-Vierge, à son ange gardien, et aux autres Saints. Enfin ses vertus causaient de l'admiration à tous ceux qui le connaissaient, et saint André Avellin disait en parlant de lui, qu'il était par ses paroles et par ses actions une image de la sainteté.

Le B. Jean (Giovanni) Marinoni fut nommé plusieurs fois supérieur. Il reçut dans la congrégation saint André Avellin et le B. Paul d'Arrezzo, qui se firent toujours gloire de l'avoir eu pour maitre et pour directeur dans les voies de la piété. Il possédait dans un degré éminent le don de discerner les esprits, et de donner à chacun des avis convenables à sa situation.

Quand il annonçait la parole de Dieu, c'était avec cette onction qui caractérise les hommes apostoliques. Il y avait un concours prodigieux à ses sermons. Non content d'expliquer les grands principes de la morale chrétienne, il prévenait encore les fidèles contre les erreurs qui attaquaient la foi, de son temps, surtout à Naples. Pendant son séjour dans cette ville , on lui confia la direction d'un couvent de religieuses. Il s'appliqua à porter ces épouses de Jésus-Christ à la perfection de leur état, et il y réussit. H établit dans la même ville un Mont de Piété, pour secourir les familles prêtes à tomber dans l'indigence : mais il prit en même temps toutes les mesures propres à écarter les abus que la cupidité pourrait occasionner. Ce Mont de Piété est devenu dans la suite un des plus célèbres établissements de la ville de Naples.

Le B. Jean Marinoni refusa l'archevêché de Naples auquel le Pape voulait le nommer. Il continua d'exercer dans cette ville les fonctions du saint ministère. Il recevait avec la plus grande charité tous ceux qui s'adressaient à lui dans le tribunal de la pénitence. Il se rendait avec empressement auprès des malades qui l'appelaient : aussi avait-il une onction particulière pour inspirer la confiance aux moribonds, et rétablir la paix dans les consciences troublées et agitées. Tant de vertus lui méritèrent de la part de Dieu des grâces singulières ; il obtint la guérison de plusieurs malades et fut favorisé du don de prophétie.

Ses travaux et ses infirmités faisaient craindre à sa congrégation qu'elle ne le perdît bientôt : mais le moment était arrivé. Il fut attaqué d'une maladie dont on prévit les suites funestes. Il demanda les derniers sacrements, qu'il reçut avec les plus vifs sentiments de piété. Saint André Avellin et le B. Paul d'Arezzo l'assistèrent dans sa maladie. Il mourut le 13 Décembre 1562. Clément XIII publia, le 11 Septembre 1762, un décret pour autoriser le culte du B. Jean Marinoni.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.


[1] II était de Venise. Il fut successivement évêque de Modon, de Vérone et de Bergame. Il mourut en i559. On a de lui plusieurs ouvrages, entre autres un recueil de Vies des Saints.

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