Sœur Giuseppina Nicoli débarqua à
Cagliari le 1er janvier 1885 ; elle avait à peine 21 ans.
En quelques mois, elle avait décidé de quitter sa famille pour
entrer chez les Filles de la Charité : le Christ l’avait saisie
d’une manière
fulgurante.
Elle était née le 18 novembre 1863
dans le village de Casatisma, aux environs de Pavie ; son père était
juge et sa mère, fille d’avocat. Cinquième de dix enfants,
Giuseppina était aimée de tous : sa douceur était naturelle. Elle
acquit le diplôme d’institutrice avec le secret désir de se
consacrer à l’éducation des enfants pauvres envers lesquels elle
ressentait un attrait spontané.
Sœur Nicoli s’inséra avec enthousiasme
dans sa nouvelle mission à Cagliari, en Sardaigne. Elle avait été
désignée pour faire la classe aux jeunes filles de l’Institut de la
Providence, mais son activité ne se limita pas à l’enseignement.
Malgré sa santé fragile, elle ne s’épargna pas et à trente ans, elle
fut atteinte de tuberculose pulmonaire dont elle souffrit jusqu’à sa
mort.
En 1899, elle fut nommée Supérieure de
l’orphelinat de Sassari. Là, sa vitalité féminine, mûrie par
l’expérience, s’épanouit. Elle redonna un élan à l’Association des
Enfants de Marie ; elle réunit les dames de la Charité et les
conseilla dans le Service des Pauvres ; elle encouragea les cours de
catéchisme, réunissant chaque dimanche un grand nombre de garçons et
de filles et surtout, elle rétablit l’Ecole de Religion pour les
jeunes universitaires, afin de les préparer à être de bons
enseignants pénétrés de foi.
En 1910, Sœur Giuseppina, nommée
Econome provinciale, quitta Sassari pour Turin ; dix-huit mois plus
tard, elle fut choisie comme Directrice du Séminaire des Filles de
la Charité. Le 7 août 1914, la Providence ramena Sœur Giuseppina en
Sardaigne et la conduisit à « ’Ecole Maternelle de la Marine » de
Cagliari. Ce quartier, centre d’un très grand développement urbain,
était aussi peuplé de nombreuses familles pauvres. Celles-ci
vivaient en guenilles dans des maisons malsaines, et, étant sans
travail, survivaient grâce à des expédients pas toujours honnêtes.
Parce que les enfants étaient pauvres,
ils n’avaient pas accès aux études et l’absence d’éducation
favorisait en eux des comportements déviants. La déclaration de la
première guerre mondiale compliqua encore la situation.
Avec la pauvreté et l’indigence
matérielle, Sœur Giuseppina découvrit aussi les blessures encore
plus secrètes de la pauvreté morale et spirituelle : elle comprit la
nécessité de la formation de ces jeunes qu’elle réunit grâce à
l’Ecole de Religion et aux classes de « l’Institut de la Marine ».
Elle s’occupa aussi des jeunes de la ville qui travaillaient
nombreux dans les manufactures de tabac et les réunit par
l’intermédiaire de l’œuvre des Retraites Spirituelles. Elle se
préoccupa de même des jeunes employées de maison, qui, de leur
campagne, arrivaient en ville pour se mettre au service des familles
aisées. Sœur Giuseppina les réunissait pour des moments de joie et
de détente et leur fit donner des leçons de lecture et d’écriture.
Mais par-dessus tout, la renommée de
Sœur Giuseppina est liée aux « gamins au panier », très connus pour
leur instrument de travail particulier : leur panier. Ces gamins
devinrent sa préoccupation la plus constante : des nuées de ces
adolescents nu-pieds, mal vêtus et mal nourris, se pressaient à
proximité du marché de la ville, proche de l’Ecole Maternelle de la
Marine.
Ils gagnaient leur vie en portant,
depuis la gare ou le port, les bagages de ceux qui s’arrêtaient en
ville, ou encore en transportant dans leur panier les achats que les
dames faisaient au marché. Souvent, ils frappaient à la porte de
l’école pour demander de quoi apaiser leur faim.
Avec les Sœurs de sa communauté, Sœur
Giuseppina se fit proche de ces jeunes avec la délicatesse d’une
bonne mère : elle les conquit, car ils avaient un besoin profond et
inexprimable d’attention et d’affection. Elle les attira par sa
confiance et son amitié à rencontrer le Seigneur ; elle changea leur
nom en celui de « gamins de Marie », les confiant ainsi à la
protection de la Vierge. Elle leur fit la classe, les prépara à une
profession, leur parla de Dieu et les rendit conscients de leur
propre dignité.
La dernière année de sa vie en 1924,
Sœur Nicoli et la communauté de la Marine furent publiquement
calomniées. Sœur Giuseppina l’accepta en silence jusqu’à ce que le
Président de l’Administration reconnaisse son erreur. Sur son lit de
mort, Sœur Nicoli lui accorda son pardon avec un large sourire. Elle
mourut le 31 décembre 1924.
Sœur Giuseppina Nicoli fut béatifiée
le 3 février 2008 à Cagliari, ville qui a vu resplendir sa charité.
Nombreuses sont les grâces dues à son intercession. Le miracle
reconnu pour sa béatification fut la guérison subite d’une tumeur
osseuse avec tuméfaction lombaire chez un jeune militaire de Milan.
La Charité a été la règle de toute sa
vie : dans un profond cheminement d’humilité, elle a vécu au
quotidien cette affirmation de notre Fondateur : « Vous servez
Jésus-Christ en la personne des pauvres :oh ! mes filles, que cela
est vrai ! » St Vincent de Paul.
http://www.filles-de-la-charite.org/ |