Godeberte
naquit
vers
640
près
d'Amiens,
à
Boves,
selon
les
uns,
à
la
Neuville-aux-Bois,
selon
les
autres,
conformément
à
l'ancienne
tradition
locale
conservée
dans
ce
dernier
village.
Ses
parents,
aussi
illustres
par
leur
piété
que
par
leur
noblesse,
prirent
un
grand
soin
de
son
éducation
et
comme
elle
se
portait
d'elle-même
à
la
pratique
de
la
vertu,
elle
passa
sa
jeunesse,
suivant
l'étymologie
de
son
nom,
dans
un
zèle
et
un
amour
très fervents
pour
Dieu,
car
Godeberte
signifie
ferveur.
Elle
manifestait
la
plus
grande
confiance
dans
l'intercession
des
Saints
et
dans
la
puissance
du
signe
de
la
croix.
Dès
qu'elle
fut
en
âge
d'être
mariée,
elle
ne
manqua
pas
de
partis
avantageux.
Ses
parents,
néanmoins,
n'osèrent
donner
parole
à
personne,
sans
la
permission
du
roi
Clovis
II,
de
la
libéralité
duquel
ils
tenaient
leur
domaine.
Tandis
que
cette
affaire
se
traitait
devant
le
roi,
et
que
chacun
attendait sa volonté pour
savoir à qui la jeune fille serait donnée, saint Éloi, évoque de
Noyon, se présenta au milieu de la compagnie et, poussé d'un
mouvement divin, donna son anneau d'or à la vierge Godeberte, la
fiançant, par ce moyen, en présence du roi et de ses parents, à
Notre-Seigneur Jésus-Christ, l'unique époux des vierges. On
admira cette action du saint évêque, et chacun en parlait selon
ses sentiments mais on vit bient6t qu'il avait été inspiré du
Saint-Esprit; car, à la même heure, la jeune Godeberte se sentit
embrasée d'une si vive flamme de l'amour divin, que, méprisant
le monde, foulant aux pieds toutes ses vanités, et renonçant à
tous les plaisirs du corps, elle supplia de tout son cœur le
saint prélat de la consacrer à Dieu pour jamais, et de lui
donner le voile des vierges ce qu'il lui accorda. Elle le
choisit aussi pour son père spirituel, et s'abandonna
entièrement à une si sage conduite.
Le roi de
France, touché d'une si pieuse résolution, assista à la
cérémonie, et céda le palais qu'il avait au faubourg de Noyon à
sainte Godeberte, avec un oratoire de Saint-Georges, afin
qu'elle s'y retirât, et y servît Dieu en la compagnie de douze
autres filles, dont elle entreprit la direction, suivant l'ordre
et la règle que leur prescrivit saint Éloi (656).
Sainte
Godeberte vécut ainsi avec ses filles dans la solitude, ne
conversant qu'avec Dieu, passant les nuits en prières, et
mortifiant son corps par le jeûne, la discipline et les autres
austérités religieuses. Sa vie tout entière était un perpétuel
holocauste au Seigneur, qui la récompensa par la conversion des
païens qui avaient jusque-là résisté aux lumières de la foi, et
par la puissance des miracles qui ont rempli cette vie toute
merveilleuse. Une horrible peste sévissait à Noyon riches et
pauvres, enfants et vieillards, nobles et plébéiens, tous
tombaient sous ses coups. Ceux qui pouvaient fuir laissaient
leurs maisons abandonnées, et la contagion était si foudroyante
qu'on n'osait point toucher aux cadavres pour leur rendre les
suprêmes devoirs de la sépulture.
Godeberte,
voyant la désolation qui régnait dans la ville, engagea le
clergé à prescrire un jeûne de trois jours. A l'exemple de
Judith exhortant les habitants de Béthune, elle exaltait
l'efficacité de la pénitence, fleuve mystique dont les ondes
salutaires lavent les souillures de l'iniquité. Elle rappelait
l'histoire de David rentrant en grâce auprès du Seigneur, du
reniement do saint Pierre pardonné, de la conversion du bon
larron, de Marie-Madeleine noyant dans ses larmes les souvenirs
du passé. On se rendit aux prières de Godeberte; les trois jours
de jeûne ayant été rigoureusement observés, le fléau destructeur
cessa ses ravages.
A quelque
temps de là, probablement en 676, un violent incendie menaça
d'embraser la cité tout entière. Godeberte, épuisée par les
austérités, gisait sur son lit de douleurs mais son abattement
physique n'altérait point la sérénité de son esprit ni l'ardeur
de ses prières. Cependant l'incendie, propageant ses ravages,
gagnait les abords de la basilique Sainte-Marie on ne comptait
plus que sur Dieu pour assurer le salut de cet édifice construit
par saint Médard, et chacun fuyait le théâtre effrayant du
sinistre. Godeberte, oubliant alors ses souffrances, se fit
transporter, sur une chaise, au foyer
même
de
l'incendie,
se
signa
du
signe
de
la
croix
et
arrêta
soudain
l'activité
des
flammes.
Ce
fut
également
par
un
signe
de
croix,
formé
sur
les
yeux
d'une
aveugle
nommée
Transirique,
que
Godeberte
rendit
la
vue
à
cette
pauvre
femme
qui
avait
mis
en
elle
tome
sa
confiance.
L'aveugle
fit
ses
vœux
dans
le
monastère
de
Noyon,
prouvant
ainsi
que
la
grâce
avait
illuminé
son
âme,
en
même
temps
que
la
lumière
du
jour
avait
éclairé
ses
yeux.
Bien
différente
était
Vulgude
entrée
dans
ce
même
monastère
pour
y
pratiquer
la
perfection,
elle
le
scandalisait
par
l'aigreur
de
son
caractère
et
par
ses
désobéissances.
Un
jour,
elle
alla
même
jusqu'à
injurier
grossièrement
sa
supérieure
celle-ci,
indignée,
lui
cracha
au
visage.
L'incorrigible
sœur
devint
soudain
aveugle
et
resta
dans
ce
misérable
état
jusqu'à
la
fin
de
ses
jours.
Le
bon
et
naïf
Le
Vasseur,
dit
Monsieur
l'abbé
Laffineur,
a
trouvé
jusqu'à
dix
raisons
pour
justifier
cet
acte
de
sainte
Godeberte.
Si
cette
sévérité
de
Godeberte
paraissait
étrange
à
quelques
lecteurs,
on
pourrait,
sans
proposer
à
l'imitation
cet
acte
extraordinaire,
rappeler
que
les
saints,
inspirés
de
Dieu,
ont
des
vues
plus
hautes
que
les
nôtres
que
l'âme
est
plus
précieuse
que
le
corps
avec
ses
organes
que
si
un
médecin
sacrifie
un
membre
pour
sauver
les
autres,
on
comprend
que
sainte
Godeberte,
pour
corriger
une
sœur
opiniâtre,
l'ait
frappée
d'aveuglement,
afin
de
guérir
son
obstination
et
d'ouvrir
son
âme
à
une
lumière
plus
nécessaire
que
celle
des
yeux.
Nous
rappellerons
encore
que
saint
Paul,
au
livre
des
Actes,
a
infligé
pareil
châtiment
à
Elymas,
dont
la
malice
entravait
la
prédication
de
l'Évangile).
La
renommée
de
Godeberte
s'étendit
au
loin
et
attira
vers
elle
un
grand
nombre
de
malades
qu'elle
rendit
à
la
santé
mais
le
souvenir
détaillé
de
ces
miracles
n'est
point
parvenu
jusqu'à
nous.
Godeberte
était
mûre
pour
le
ciel.
Dieu
la
ravit
aux
épreuves
d'ici-bas
pour
la
revêtir
du
vêtement
incorruptible
de
la
gloire.
On
sait
qu'elle
mourut
le
11
avril,
à
la
fin
du VIIe
siècle
ou
au
commencement
du VIIIe,
sans
qu'on
en
connaisse
l'année
précise.
Godeberte
fut
ensevelie,
près
de
son
monastère,
dans
l'oratoire
de
Saint-Georges,
qui
devait
prendre
plus
tard
le
nom
des
saints
Apôtres,
et
être
ensuite
remplacé
par
une
église
dédiée
sous
son
invocation.
SOURCE : P. Giry : Les
petits Bollandistes : vies des saints. T. I. Source :
http://gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de
France. |