L’état
monastique, qui prit de si rapides accroissements au
commencement du septième siècle, n'était cependant nulle part si
florissant que dans les solitudes des Vosges, sur les confins de
la Lorraine et de l'Alsace. Trois saints évoques des Gaules se
retirèrent presqu'en même temps dans ces déserts pour s'y
sanctifier encore davantage dans la retraite. Ils y bâtirent des
monastères qui devinrent célèbres dans la suite. S. Gombert, ou
Gondelbert, quitta le siège épiscopal de Sens, auquel il avait
été élevé par ses vertus, pour chercher dans la solitude des
forêts le bonheur de s'entretenir avec son Dieu, sans être sans
cesse importuné par les soins et les embarras de la terre. Ayant
obtenu dans les Vosges une terre de la générosité du roi
Childéric, qui régnait alors en Austrasie, il y construisit
d'abord une cellule et une chapelle en l'honneur de l'apôtre S.
Pierre, et la nomma Senones, du nom de son église de
Sens. Le temps de son arrivée dans cette retraite n'est pas
connu ; mais le bien qu'opéra Gombert dans ce pays, qu'il arrosa
de ses sueurs et sanctifia par ses travaux et par ses exemples,
a dédommagé la postérité de la perte d'une date. Ce vaste
désert, défriché par les soins des nombreux disciples du saint
homme, changea bientôt de face, et la modeste cellule que
Gombert avait bâtie dans l'origine, et qui de son vivant fut
convertie en monastère, donna naissance à une petite ville.
L'esprit du saint évêque solitaire s'est transmis à ses
religieux et s'est conservé dans l'abbaye de Senones, qui a été
en tout temps l'asile de la piété et de la science. L'histoire
ne nous a pas conservé d'autres détails sur ce pieux prélat, sa
Vie ayant été perdue durant les ravages que les Hongrois
exercèrent dans les provinces circonvoisines du Rhin. Ces
barbares en voulaient particulièrement aux monastères, et en
réduisirent un grand nombre en cendres avec les belles
bibliothèques renfermées dans ces maisons : de là vient la
lacune qui existe dans plusieurs histoires concernant les
abbayes de cette époque. Gombert passa à une meilleure vie le 21
février, jour auquel on l'a toujours honoré. L'année de sa mort
est incertaine.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |