Saint Grégoire VII,
l'un des plus grands Papes que Jésus-Christ ait donnés à Son
Église, fut au XIe siècle, l'homme providentiel
destiné à combattre tous les grands abus de cette époque si
troublée: les empiètements
des
empereurs d'Allemagne, la vente des dignités ecclésiastiques, la
contagion des mauvaises moeurs du clergé et dans le peuple. Il
fut un homme fort instruit, très vertueux, surtout un grand
caractère.
Hildebrand
(tel était le nom de famille de Grégoire VII) eut pour père un
charpentier de Toscane. Il était encore enfant, sans aucune
connaissance des lettres, lorsque, jouant dans l'atelier de son
père, il forma avec des débris de bois ces mots du Psalmiste,
présage de l'autorité que plus tard il devait exercer dans le
monde:
Dominabitur a mare usque ad
mare:
"Sa domination s'étendra d'un océan à l'autre."
Après une première
éducation chrétienne, le jeune Hildebrand acheva de se former et
de se préparer à la mission que Dieu lui réservait, dans le
célèbre monastère de Cluny, foyer de sainteté et de science qui
fournit alors tant de grands hommes.
Le courage avec
lequel, simple moine, il osa dire au Pape Léon IX que son
élection n'était pas canonique fut l'occasion de son élévation
aux plus hautes dignités de l'Église. Ce saint Pape avait été
élu par l'empereur d'Allemagne; mais son élection fut ratifiée
ensuite par le clergé et le peuple de Rome. Charmé de la
franchise d'Hildebrand, il le fit venir près de lui et le
regarda comme son meilleur conseiller. Après la mort de Léon IX,
quatre Papes successifs lui conservèrent une pleine confiance.
Lui-même, enfin,
malgré ses angoisses, dut plier devant la Volonté de Dieu et
accepter le souverain pontificat. C'est alors que brillèrent
plus que jamais en lui les vertus qui font les saints et le zèle
qui fait tout céder devant les intérêts de Dieu et de l'Église.
Malgré d'innombrables occupations, il était toujours l'homme de
la prière, et ses larmes manifestaient les attendrissements de
son coeur.
Grégoire VII fut
atteint d'une maladie qui le réduisit à la dernière extrémité.
La Sainte Vierge lui apparut et lui demanda s'il avait assez
souffert: "Glorieuse Dame, répondit-il, c'est à Vous d'en
juger." La Vierge le toucha de la main et disparut. Le Pontife
était guéri et pu célébrer la Sainte Messe le lendemain en
présence de tout le peuple consolé.
Grégoire, un an
avant sa mort, dut fuir en exil à Salerne; il prédit le triomphe
de son Église et rendit son âme à Dieu, le 25 mai 1085, en
prononçant ces mots: “J'ai aimé la justice et j'ai haï
l'iniquité ; c'est pour cela que je meurs en exil.”
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les
jours de l'année,
Tours, Mame, 1950. |