Guillaume de Maleval
Ermite, Fondateur, Saint
+ 1157

Ce Saint, dont on ne connaît point la famille, parait être né en France, et c'est pour cela qu'il est honoré dans le nouveau bréviaire de Paris. On croit qu'il prit le parti des armes dans sa jeunesse, et qu'il vécut d'abord, d'une manière fort licencieuse, comme cela n'arrive que trop souvent à un grand nombre de militaires. Les premiers traits que nous sachions sûrement de sa vie, nous le représentent comme un pénitent pénétré de la plus vive componction, qui fit un pèlerinage à Rome pour visiter les tombeaux des apôtres. Ayant prié le Pape Eugène III de lui imposer une pénitence pour l'expiation de ses péchés, ce Souverain-Pontife lui ordonna d'aller a 3érusalem. C'était ainsi qu'on en usait alors à l'égard des grands pécheurs. Guillaume partit en 1145, et passa huit ans dans les lieux où se sont accomplis les mystères de la rédemption. Il revint ensuite en Europe, et se retira, en 1153, dans un désert situé en Toscane. Quelque temps après, on le força de prendre le gouvernement du monastère de l'île de Lupocavio, dans le territoire de Pise; mais la tiédeur et le peu de régularité de ses moines l'affligèrent si vivement, qu'il résolut de s'éloigner d'eux : il les quitta donc pour aller demeurer sur le mont Pruno, où il trouva des religieux aussi ennemis de la règle que les premiers. Cela le détermina à mener seul un genre de vie qu'il avait tâché inutilement de faire embrasser aux autres. Pour cet effet, il se retira dans une vallée déserte, dont la seule vue était capable de glacer d'horreur les hommes mêmes les plus intrépides. Cette vallée, située dans le territoire de Sienne, au diocèse de Grosseto, s'appelait Malavalle ou Maleval.

Notre Saint entra dans cette affreuse solitude au mois de Septembre de l'an 1155. Il n'eut d'abord d'autre demeure qu'une caverne souterraine, mais le seigneur de Buriano l'ayant découvert au bout de quelque temps, lui fit construire une cellule. Il fut quatre mois sans autre compagnie que celle des bêtes, vivant des herbes qu'il leur voyait manger. Le jour de l'Epiphanie de l'année suivante, il lui vint un disciple nommé Albert, qui vécut treize mois avec lui, c'est-à-dire, jusqu'à sa mort, et qui écrivit ensuite les dernières circonstances de la vie de son maître, dont il avait été le témoin oculaire. Guillaume ne parlait jamais de lui-même que comme du plus misérable de tous les hommes, que comme d'un infâme pécheur qui méritait la plus cruelle de toutes les morts : de là ce zèle qui le portait à exercer sur son corps les plus grandes rigueurs de la pénitence. Il couchait sur la terre nue, et ne prenait pour toute nourriture qu'un peu d'eau et de mauvais pain ; encore se renfermait-il dans les bornes les plus étroites du besoin par rapport au boire et au manger, disant que la sensualité pouvait se glisser jusque dans la nourriture la plus commune. La prière, la contemplation et le travail des mains absorbaient tout son temps. C'était en travaillant qu'il instruisait son disciple dans les plus sublimes maximes de la perfection; mais il l'instruisait bien plus efficacement encore par ses exemples. Il fut honoré du don des miracles et de celui de prophétie. Sentant approcher sa fin, il demanda les sacrements, qui lui furent apportés par un prêtre de la ville de Châtillon-de-Pescaire, et mourut entre les bras de son cher disciple, le 10 Février 1157. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain et dans les autres. Un médecin, nommé Renaud, s'était joint à Albert un peu avant la mort du Saint : ils enterrèrent ensemble le corps de leur bienheureux maître dans son petit jardin, et s'appliquèrent à conformer leur conduite aux maximes et aux exemples qu'il leur avait laissés ; ils eurent la consolation de voir plusieurs personnes pieuses venir embrasser le même genre de vie. Ces solitaires, dont le nombre augmentait de jour en jour, bâtirent un ermitage avec une chapelle sur le tombeau de notre Saint. Telle fut l'origine de l'ordre des Guillelmites ou ermites de Saint-Guillaume, lequel se répandit bientôt en Italie, en France, en Allemagne et dans les Pays-Bas. Ces ermites allaient nu-pieds, et jeûnaient presque continuellement : mais le Pape Grégoire IX mitigea l'austérité de leur règle, et les mit sous celle de saint Benoit, qu'ils suivent encore. Cette congrégation a été unie à celle des ermites de Saint-Augustin, à l'exception de douze maisons dans les Pays-Bas, qui suivaient encore l'ancienne règle des Guillelmites, c'est-à-dire, celle de saint Benoit. Ces religieux portent un habit blanc comme les Cisterciens. On faisait la fête de saint Guillaume à Paris dans l'église des Blancs-Manteaux.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

 

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