Née vers 1179, sainte Hedwige était
l’un des huit enfants
du de Berthold IV, comte de Diesseu-Andechs (Bavière) qui, à partir de 1180, fut
prince titulaire
de Méranie (Istrie) ; elle était née du son second mariage de son père, conclu
après 1176 avec Agnès, fille du margrave de Misnie, Dedon V de Rochlitz. Comme
fille
aînée, selon la coutume d'alors, elle reçut le nom de sa grand-mère. Son
éducation, commencée à Andechs sur le lac Ammer (Ammersee) où se trouvait le
château familial, se poursuivit au monastère des bénédictines de Kitzingen sur
le Main (diocèse de Wurtzbourg) où elle reçut une bonne formation intellectuelle
pour l'époque, ainsi qu'une éducation religieuse soignée. Les mœurs et la langue
slaves n'étaient pas étrangères à la famille d'Hedwige, étant donné leurs biens
situés en territoires slaves, les mariages des souxerains de Misnie avec les
Piast, et les contacts des Andechs avec des Slaves du Sud.
Par suite des changements
politiques dans les Balkans, le mariage projeté d'Hedwige avec Toljen Nemanicz,
fils du comes serbe Miroslaw, ne put se réaliser. Vers 1190, Hedwige,
alors âgée de 12 ans, fut envoyée à Wroclaw, à la cour de prince Boleslas Wysoki
(Boleslas le Haut) dont elle devait épouser le fils, Henryk Brodaty
(Henri le Barbu). Cette union devait procurer à l'Empereur un nouveau
partisan et, en même temps, porter les souverains de la Bohême et de la Hongrie,
apparentés avec les Piast de la lignée silésienne, à quitter la coalition de
Welfowie, hostile à l'Empereur.
La date précise et le lieu de la
cérémonie du mariage d'Hedwige avec Henri le Barbu ne sont pas connus. La
première dizaine d'années de son séjour en Pologne s'écoula sous le signe de la
vie de famille et de cour. Elle mit au monde sept enfants, dont quatre moururent
en bas âge.
A la cour de Silésie régnaient les coutumes polonaises. Hedwige fut entourée de
Polonais, bien qu’il ne manquât sûrement pas de demoiselles d'honneur et
d'hommes d'Église venus de sa patrie.
Après la mort de ses frères et de
son père, Henri le Barbu, comme unique successeur, accéda au pouvoir en
1202. Hedwige devint alors duchesse de Silésie. Profondément enracinée dans ce
milieu, s'étant familiarisée avec la langue, ayant appris à connaître le pays et
ses habitants, elle ne resta pas sans exercer une influence sur l'activité de
son mari. Elle prêta son appui à des projets politiques de celui-ci et, par
l’intermédiaire de ses frères et sœurs, elle lui facilita des contacts
internationaux. On trouve aussi des marques de ses initiatives et d’actions
autonomes. En 1229, quand à la suite de la lutte avec Conrad Mazowiecki pour le
trône de Cracovie, Henri le Barbu fut fait prisonnier, Hedwige joua le
rôle d'intermédiaire et obtint la libération de son mari. Les négociations
furent confirmées par le contrat conjugal prévoyant le mariage de ses deux
petites-filles avec les fils de Conrad. Non sans son initiative, sa fille
Gertrude fut fiancée à Otto Wittelsbach, et les filles du roi de Bohême, Anne et
Agnès, devinrent ses belles-filles. Des effets durables de sa collaboration avec
son mari se manifestent à travers de nombreuses fondations d'églises, faites
dans le cadre du processus d’aménagement de nouvelles bourgades en Silesie.
La plus célèbre fondation ducale en
Silésie fut le monastère des cisterciennes de Trzebnica (en allemand, Trebnitz),
fondé en 1202 à l'initiative d'Hedwige. Son frère Ekbert, évêque de Bamberg, y
envoya un groupe de moniales du monastère de la Vierge Marie et Saint-Théodore à
Bamberg, avec Petrissa, ancienne éducatrice d'Hedwige, comme première abbesse de
Trzebnica. Richement dotée par Henri le Barbu, l'abbaye commença vite à
rayonner une intense vie religieuse. A partir de 1208, elle se peupla de
religieuses polonaises ; en 1212, la fille d'Hedwige, Gertrude, devint
cistercienne à Trzebnica et, avant 1232, elle en fut nommée abbesse. Les
démarches d'Hedwige amenèrent en 1218 à faire admettre l'abbaye de Trzebnica
comme premier monastère féminin dans l`Ordre de Cîteaux.
La dot importante dont Hedwige
disposait librement, constituée par les domaines de Zawon et de Jawon et par la
châtellenie de Wlen, lui permirent d'organiser un hôpital ambulant auprès de la
cour, destiné aux pauvres, d'entretenir un hôpital pour les lépreux à Sróda,
ainsi que d'organiser un hospice. Dans ses domaines, elle réduisit les
redevances des paysans, faisant des provisions qui permirent de supporter plus
facilement les calamités dues aux inondations et à la famine (1221-1222). Elle
influença les décisions de son mari en adoucissant souvent ses jugements, ce
qu’elle concevait aussi comme son devoir envers le pays.
Des événements pénibles vécus en
1208-1213 (la succession des décès de ses enfants,
des adversités touchant sa lignée, l'exil de ses frères et, surtout,
l'assassinat de sa sœur Gertrude, reine de Hongrie), augmentèrent chez Hedwige
l'esprit d'expiation et le désir de consacrer sa vie à des actes de charité.
Après vingt années d'union, Hedwige obtint de son mari le consentement à la
séparation, confirmée par un vœu solennel. Dès ce moment, elle résida au
monastère de Trzebnica, partageant avec les religieuses les devoirs résultant de
la règle. Elle prit l'habit cistercien, mais elle ne fit pas de vœux
monastiques, même après la mort d'Henri le Barbu, inspirée sûrement par
la volonté de disposer librement de ses biens. La renommée de la sainteté de sa
nièce Élisabeth de Thuringe (morte en 1231, canonisée en 1235) et la
spiritualité franciscaine l'incitaient à multiplier des pratiques expiatoires, à
soigner les malades, à entourer de soins les prisonniers et les pauvres.
Au-delà de la dévotion pour le
Christ, elle avait un culte particulier pour la Mère de Dieu, ne se séparant
jamais de sa petite statuette gothique. De son goût pour la liturgie témoignent
de précieuses reliques : le Psautier de Trzebnica,
enluminé et les « Offices
de sainte Hedwige.»
L'invasion des Tartares en 1241, au
cours de laquelle périt son fils Henri le Pieux (Henryk Pobozny),
dans la bataille de Legnica (Liegnitz), fut vécue par Hedwige à Krosno sur
l'Odra, ensemble avec les moniales et sa belle-fille. Epuisée par son activité
caritative et par une rigoureuse ascèse qui de son vivant déjà lui assurèrent un
grand prestige, Hedwige mourut à Trzebnica en octobre 1243. En se basant sur la
date de l’anniversaire célébré au monastère de Trzebnica encore avant sa
canonisation, on admet comme date précise de sa mort au 14 octobre. Après la
mort d'Hedwige, son culte se propagea vite et des foules toujours plus grandes
affluèrent auprès de sa tombe à Trzebnica, venant de Silésie, de Grande-Pologne,
de Poméranie, de Lusace et de Misnie. La demande de canoniser Hedwige, présentée
par sa fille Gertrude, abbesse de Trzebnica, et par l’épiscopat polonais, fut
appuyée par des princes polonais et par le roi de Bohême. La mort du pape Urbain
IV retarda la chose mais déjà son successeur Clément IV canonisa Hedwige le 26
mars 1267, à Viterbe, en fixant sa fête patronale au 15 octobre. L'ouverture de
la tombe et l'élévation des reliques eurent lieu le 17 août 1267, suivies le 25
août 1269 par la translation solennelle dans une nouvelle chapelle gothique,
fondée par un petit-fils d'Hedwige, Ladislas, archevêque de Salzbourg et
administrateur de l'évêché de Wroclaw. A la demande du roi de Pologne, Jean
Sobieski, le pape Innocent XI étendit en 1680 le culte d'Hedwige à toute
l'Eglise catholique. C'est de cette époque-là que date le sarcophage avec la
statue d'Hedwige en albâtre, commandé par l’abbesse Christine Pawlowska de
Wierzbno. Au cours des temps, la fête liturgique fut célébrée à des jours
différents du 14 au 17 octobre.
SOURCE :
http://missel.free.fr/
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