Le
bienheureux Hermann de Steinfeld, dit Joseph, à cause de sa
chasteté, eut pour patrie la ville de Cologne. Il y naquit en
1150.
Ses parents
étaient de bonne condition et vivaient dans la plus extrême
pauvreté après quelque revers de
fortune.
Il nommèrent leurs fils Hermann qui signifie homme d'arme
mais aussi homme d'honneur, comme pour marquer qu'il
ferait une guerre continuelle au démon et que les victoires
qu'il remporterait lui vaudrait un honneur éternel dans le ciel.
En plus de
son inclination précoce pour les sciences, son enfance fut
remarquable par une piété vraiment angélique. Il passait de
longs moments chaque jour dans les églises, devant l'image de
Marie, à laquelle il confiait, ainsi qu'à Son divin Enfant, avec
une naïveté charmante, tous ses petits secrets, ses petits
chagrins, ses désirs. Il disait souvent, en terminant sa
visite :
“Mon cher
petit Jésus, je resterais bien avec Vous et avec Votre Sainte
Mère ; mais il faut que j'aille à l'école ; bénissez-moi et
pensez à moi en attendant mon retour !”
Un jour, il
présenta une pomme à la Sainte Vierge, et la statue tendit sa
main pour la recevoir. Tout enfant, il jouissait déjà de visions
et de révélations célestes, et une fois il passa plusieurs
heures dans un pieux entretien avec Jésus et Marie.
C'est pour
lui, et à l'occasion d'une oraison, que Notre Dame a composé le
Sub tuum praesidium confuginus, Sancta Dei Genitrix ;
cette prière aujourd'hui encore si répandue dans l'Église
catholique.
Dès l'âge de
douze ans, Hermann se présenta aux Prémontrés, qui, ravis par la
maturité et la douceur de cet humble et si jeune homme,
l'acceptèrent dans leur Ordre. Après ses études, il remplit
successivement avec régularité et charité les offices de
réfectoirier et de sacristain.
Les grâces
extraordinaires étaient pour lui quotidiennes ; il était sans
cesse embaumé de parfums célestes ; Marie lui apparut et mit
l'Enfant Jésus dans ses bras. Une autre fois Elle lui fit savoir
qu'Elle était très heureuse qu'on lui donnât le surnom de
Joseph, qu'il n'osait accepter par humilité. Cette humilité
était si parfaite, qu'il se croyait digne de l'anathème éternel,
qu'il s'appelait un zéro, une pomme pourrie, un poids inutile
sur la terre ; il ne se plaisait qu'à porter des habits usés et
des chaussures rapiécées.
Dieu lui
envoya des Croix si terribles et des souffrances si aiguës,
qu'il devint comme une image vivante de Jésus crucifié. Jamais
une plainte ne sortit de sa bouche ; il souffrit tout, le
sourire sur son visage ; il ajoutait même à ces Croix des
sacrifices volontaires et de terribles mortifications. Son
historien (religieux prémontré contemporain de notre
Bienheureux, du même monastère, de sorte qu'il le connut
intimement, et le premier de soixante-douze biographes selon
Pierre de Waghenaer qui composa sa vire en vers et la dédia au
pape Alexandre VII), voulant donner une idée de sa charité, dit
que “son cœur était comme un hôpital général où tous les
affligés et les misérables trouvaient place”.
C'est au
monastère d'Holfen, de l'Ordre de Cîteaux, où ses supérieurs
l'avaient envoyé pour y célébrer les divins Mystères aux
religieuses qui y demeuraient, que notre Saint acheva son
pèlerinage ici-bas, le 7 avril 1230.
Les
Prémontrés de Steinfeld obtinrent de l'archevêque de Cologne de
lever son corps quelques mois plus tard et de le rapporter avec
eux. |