Ungère d’Utrecht
Évêque, Saint
† 860

Du temps de saint Hungère, les Normands firent des incursions dans le diocèse d’Utrecht, répandant partout la terreur et la destruction. Ces événements sont cause que l'histoire ecclésiastique de cette époque est enveloppée de ténèbres, et que l'on ne connaît pas avec certitude la succession des évêques d'Utrecht, ni le temps de leur épiscopat.

Hungère, né en Frise, est représenté par les anciens écrivains comme difforme de figure et de corps, mais en même temps comme un homme d'une piété et d'un savoir extraordinaire, et comme un pasteur si plein de zèle, qu'on n'hésite pas de le comparer à saint Willibrord et à saint Boniface. On voit par la vie de saint Odulphe, que son élection à la dignité épiscopale eut lieu par l'entremise de ce saint apôtre, qui appela l'attention de l'assemblée indécise et irrésolue sur les mérites d'Hungère.

Les invasions des Danois et des Normands avaient causé en 835 et les années suivantes de grands désastres en Hollande et en Frise. Il faut rapporter vers la même époque la dévastation de Wyk-te-duer-Stede et le pillage d'Utrecht. Rien ne prouve, dit Bollandus, que ces barbares aient commis quelque hostilité notable en 865. mais on comprend qu'il ne fut pas facile à la ville et à l'église d'Utrecht de récupérer leur ancienne splendeur , puisque le fléau de ces brigandages n'avait cessé de s'appesantir sur le pays tous les ans , soit plus tôt, soit plus tard. Il ne faut donc pas s'étonner que saint Hungère ne vint qu'en 857 demander un asile au Roi Lothaire, qui avait eu la Frise et la Lorraine en partage : peut-être venait-il seulement d'échapper à l'orage, ou bien cherchait-il depuis longtemps un refuge plus assuré.

Hungère accompagné de quelques chanoines, vînt trouver ce prince, qui se trouvait alors au couvent de Prùm. Il raconta à Gonthier, premier chapelain de la cour, les désastres de son diocèse, et demanda qu'on voulût lui assigner une retraite sûre, dans les états de Lothaire. Le Roi lui donna la propriété du couvent situé près de Ruremonde, fondé sous le règne de Pépin d'Héristal par saint Wiron et ses compagnons, et nommé le Mont-St.-Pierre ou le Mont-Sainte-Odile.

Cependant on tint en 859, à Savonnière (ad Saponarias), près de Toul en Lorraine, un' concile où furent présents Charles-le-Chauve, Roi de France, et ses deux neveux Lothaire et Charles, fils de Lothaire. On y vit les évêques de douze provinces, parmi lesquels se trouva Hungère. En signant la lettre synodale adressée à Vénilon, archevêque de Sens, il prend le titre d'archevêque d’Utrecht. Flodoard rapporte en outre, que Hincmar, archevêque de Reims, écrivit à Hungère une lettre sur l'excommunication de Baudouin de Flandre, qui avait enlevé et épousé Judith, fille de Charles-le-Chauve et veuve d'Edelbold, Roi d'Angleterre. Hincmar l'engagea à conseiller au Normand Roric, qui s'était établi en Frise après sa conversion au christianisme, de n'accorder ni aide ni asile audit Baudouin.

Saint Hungère mourut le 22 Décembre 866, dans un âge très avancé. Le lieu de sa sépulture est ignoré, attendu qu'il est mort hors de son diocèse.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godes-card.

 

 

pour toute suggestion ou demande d'informations