Ignace, dit aussi Théophore,
à l'Église de Dieu le Père et de son [fils] bien-aimé Jésus-Christ, qui a obtenu
par miséricorde tous les dons, remplie de foi et de charité, qui n'est privée
d'aucun don, divinement magnifique et porteuse des objets sacrés, qui est à
Smyrne d'Asie, dans un esprit irréprochable et dans la parole de Dieu, toute
sorte de joie.
I, 1. Je rends grâces à
Jésus-Christ Dieu, qui vous a rendus si sages. Je me suis aperçu, en effet, que
vous êtes achevés dans une foi inébranlable, comme si vous étiez doués de chair
et d'esprit à la croix de Jésus-Christ, et solidement établis dans la charité
par le sang du Christ, fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est
véritablement de la race " de David selon la chair " (cf. Rm 1, 3), Fils de Dieu
selon la volonté et la puissance de Dieu, véritablement né d'une vierge, baptisé
par Jean " pour que ", par lui, " fût accomplie toute justice " (Mt 3, 15). 2.
Il a été véritablement cloué pour nous dans sa chair sous Ponce Pilate et Hérode
le tétrarque, — c'est grâce au fruit de sa croix, et à sa passion divinement
bienheureuse que nous, nous existons, — pour " lever son étendard " (Is 5, 26 s)
dans les siècles par sa résurrection, et pour [rassembler] ses saints et ses
fidèles, [ venus ] soit des Juifs soit des gentils, dans l'unique corps de son
Église.
II. Tout cela, il l'a
souffert pour nous, pour que nous soyons sauvés. Et il a véritablement souffert,
comme aussi il s'est véritablement ressuscité, non pas, comme disent certains
incrédules, qu'il n'ait souffert qu'en apparence: eux-mêmes n'existent qu'en
apparence, et il leur arrivera un sort conforme à leurs opinions, d'être sans
corps et semblables aux démons.
III, 1. Pour moi, je sais et
je crois que même après sa résurrection il était dans la chair. 2. Et quand il
vint a Pierre et à ceux qui étaient avec lui, il leur dit : " Prenez,
touchez-moi, et voyez que je ne suis pas un démon sans corps. " Et aussitôt ils
le touchèrent, étroitement unis à sa chair et à son esprit. C'est pour cela
qu'ils méprisèrent la mort, et qu'ils furent trouvés supérieurs à la mort. 3. Et
après sa résurrection, Jésus mangea et but avec eux comme un être de chair,
étant cependant spirituellement uni à son Père.
IV, 1. Voilà ce que je vous
recommande, bien-aimés, sachant bien que vous aussi vous pensez ainsi. Mais je
veux vous mettre en garde contre ces bêtes à face humaine : non seulement il
vous faut ne pas les recevoir, mais s'il est possible ne pas même les rencontrer
et seulement prier pour eux, si jamais ils pouvaient se convertir, ce qui est
difficile. Mais Jésus-Christ en a le pouvoir, [lui] notre véritable vie. 2. Car
si c'est en apparence que cela a été accompli par notre Seigneur, moi aussi,
c'est en apparence que je suis enchaîné. Pourquoi donc, moi aussi, me suis-je
livré à la mort, pour le feu, pour le glaive, pour les bêtes ? Mais près du
glaive, près de Dieu : avec les bêtes, avec Dieu ; seulement [que ce soit] au
nom de Jésus-Christ. C'est pour souffrir avec lui que je supporte tout, et c'est
lui qui m'en donne la force, lui qui s'est fait homme parfait.
V, 1. Certains, par
ignorance, le renient, mais ils ont plutôt été reniés par lui, avocats de la
mort plus que de la vérité, eux qui n'ont réussi à persuader ni les prophéties
ni la Loi de Moïse, ni même jusqu'à présent l'Évangile, ni les souffrances de
chacun de nous. 2. Car ils pensent la même chose de nous. 2. Car que me sert que
quelqu'un me loue, s'il blasphème mon Seigneur, en ne confessant pas qu'il a
pris chair ? Celui qui ne dit pas cela le renie absolument, étant lui-même un
croque-mort. 3. Leurs noms, puisqu'ils sont infidèles, il ne m'a pas plu de les
écrire. Mais puissé-je même ne pas me souvenir d'eux, jusqu'à ce qu'ils se
repentent pour croire à la passion, qui est notre résurrection.
VI, 1. Que personne ne se
trompe : même les êtres célestes, et la gloire des anges, et les archontes
visibles et invisibles, s'ils ne croient pas au sang du Christ, pour eux aussi
il y a un jugement : " Que celui qui peut comprendre, comprenne " (Mt 19, 12).
Que personne ne s'enorgueillisse de son rang, car l'essentiel, c'est la foi et
la charité, auxquelles rien n'est préférable. 2. Considérez ceux qui ont une
autre opinion sur la grâce de Jésus-Christ qui est venue sur nous : comme ils
sont opposés à la pensée de Dieu !
De la charité,
ils n'ont aucun souci, ni de la veuve, ni de l'orphelin, ni de l'opprimé, ni des
prisonniers ou des libérés, ni de l'affamé ou de l'assoiffé.
VII, 1. Ils s'abstiennent de
l'eucharistie et de la prière, parce qu'ils ne confessent pas que l'eucharistie
est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, [chair] qui a souffert pour nos
péchés, et que dans sa bonté le Père a ressuscitée. Ainsi ceux qui refusent le
don de Dieu meurent dans leurs disputes. Il leur serait utile de pratiquer la
charité pour ressusciter eux aussi. 2. Il convient de vous tenir à l'écart de
ces gens-là, et de ne parler d'eux ni en privé ni en public, mais de vous
attacher aux prophètes, et spécialement à l'Évangile, dans lequel la passion
nous est montrée et la résurrection accomplie. Et les divisions, fuyez-les comme
le principe de tous les maux.
VIII, 1. Suivez tous
l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres
; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse,
en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie
seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque
ou de celui qu'il en aura chargé. 2. Là où paraît l'évêque, que là soit la
communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique.
Il n'est pas permis en dehors de l'évêque ni de baptiser, ni de faire l'agape,
mais tout ce qu'il approuve, cela est agréable à Dieu aussi Ainsi tout ce qui se
fait sera sûr et légitime.
IX, 1. Il est raisonnable de
retrouver désormais notre bon sens, et, pendant que nous en avons encore le
temps, de nous repentir pour retourner à Dieu. Il est bon de reconnaître Dieu et
l'évêque. Celui qui honore l'évêque est honoré de Dieu ; celui qui fait quelque
chose à l'insu de l'évêque sert le diable.
2. Que la
grâce vous fasse abonder en toutes choses, car vous en êtes dignes vous m'avez
réconforté en toutes manières et que Jésus en fasse autant pour vous. Absent et
présent, vous m'avez aimé : que Dieu vous le rende. Si vous supportez tout pour
lui, vous arriverez à le posséder.
X, 1. Vous avez bien fait de
recevoir comme des diacres du Christ de Dieu Philon et Rhéos Agathopous, qui
m'ont accompagné pour l'amour de Dieu. Eux aussi rendent grâces au Seigneur à
votre sujet, parce que vous les avez réconfortés de toutes manières. Rien de
cela n'est perdu pour vous. 2. Mon esprit est votre rançon, et mes liens que
vous n'avez pas méprisés, et dont vous n'avez pas rougi. Jésus-Christ, qui est
la foi parfaite, ne rougira pas non plus de vous.
XI, 1. Votre prière est
allée vers l'Église qui est à Antioche de Syrie. C'est de là que je suis parti
enchaîné de chaînes très précieuses à Dieu, et je vous salue tous. Je ne suis
pas digne d'être de [ cette Église], étant le dernier d'entre eux. Mais selon la
volonté [de Dieu], j'en ai été jugé digne, non d'après [le jugement de] ma
conscience, mais par la grâce de Dieu ; je souhaite qu'elle me soit donnée
entière, pour qu'avec votre prière je puisse obtenir Dieu. 2. Afin donc que
votre oeuvre soit parfaite et sur terre et dans le ciel, il convient que, à
l'honneur de Dieu, votre Église élise un envoyé de Dieu pour aller jusqu'en
Syrie se réjouir avec eux de ce qu'ils possèdent la paix et ont retrouvé leur
grandeur, et de ce que leur corps a été rétabli. 3. Il m'a paru que ce serait
une chose digne si vous envoyiez quelqu'un des vôtres avec une lettre pour
célébrer avec eux le calme qui leur est revenu grâce à Dieu, et de ce que [leur
Église] a atteint le port grâce à vos prières. Étant parfaits, ayez aussi des
pensées parfaites. Car si vous désirez faire le bien, Dieu est prêt à vous
l'accorder.
XII, 1. La charité des
frères qui sont à Troas vous salue ; c'est de là que je vous écris par
l'intermédiaire de Burrhus qu'avec les Éphésiens vos frères vous m'avez envoyé
pour être avec moi ; il m'a réconforté de toutes manières. Il faudrait que tous
l'imitassent, car il est un modèle du service de Dieu. La grâce le récompensera
de toute manière. 2. Je salue votre évêque digne de Dieu, votre presbyterium si
respectable, les diacres mes compagnons de services, et tous individuellement et
en commun, au nom de Jésus-Christ, et en sa chair et en son sang, en sa passion
et sa résurrection, en unité de chair et d'esprit avec Dieu et entre vous. A
vous grâce, miséricorde, paix et patience pour toujours.
XIII. Je salue les familles
de mes frères avec leurs femmes et leurs enfants, et les vierges appelées
veuves. Soyez forts par la vertu de l'Esprit. Philon qui est avec moi vous
salue. Je salue la maison de Tavia, je souhaite qu'elle soit affermie dans la
foi et dans la charité de chair et d'esprit. Je salue Alcé, nom qui m'est cher,
et Daphnos l'incomparable, et Eutecnos, et tous par leur nom. Portez-vous bien
dans la grâce de Dieu.
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