Certains auteurs assurent qu'Ignace
fut ce petit enfant que Notre-Seigneur plaça au milieu des Apôtres lorsque,
pour
leur donner une leçon d'humilité, Il leur dit:
Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous n'entrerez jamais dans
le royaume des Cieux. Ce qui est certain, c'est qu'il était un familier des
premiers disciples du Sauveur, disciple lui-même de saint Jean, l'Apôtre
bien-aimé.
Ignace fut un grand évêque, un
homme d'une rare sainteté; mais sa gloire est surtout son martyre. Conduit
devant l'empereur Trajan, il subit un long interrogatoire :
“C'est donc toi, vilain démon,
qui insultes nos dieux?
― Nul autre que vous n'a jamais
appelé Théophore un mauvais démon.
― Qu'entends-tu par ce mot
Théophore ?
― Celui qui porte Jésus-Christ
dans son cœur.
― Crois-tu donc que nous ne
portons pas nos dieux dans notre cœur ?
― Vos dieux ! Ce ne sont que des
démons; il n'y a qu'un Dieu Créateur, un Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont le
règne est éternel.
― Sacrifie aux dieux, je te
ferai pontife de Jupiter et père du Sénat.
― Tes honneurs ne sont rien pour
un prêtre du Christ.”
Trajan, irrité, le fait conduire en
prison. “Quel honneur pour moi, Seigneur, s'écrie le martyr, d'être
mis dans les fers pour l'amour de Vous !” et il présente ses mains aux
chaînes en les baisant à genoux.
L'interrogatoire du lendemain se
termina par ces belles paroles d'Ignace : “Je ne sacrifierai point ; je ne
crains ni les tourments, ni la mort, parce que j'ai hâte d'aller à Dieu.”
Condamné aux bêtes, il fut conduit
d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Son passage fut partout un
triomphe ; il fit couler partout des larmes de douleur et d'admiration :
“Je vais à la mort avec joie,
pouvait-il dire. Laissez-moi servir de pâture aux lions et aux ours. Je suis le
froment de Dieu; il faut que je sois moulu sous leurs dents pour devenir un pain
digne de Jésus-Christ. Rien ne me touche, tout m'est indifférent, hors
l'espérance de posséder mon Dieu. Que le feu me réduise en cendres, que j'expire
sur le gibet d'une mort infâme; que sous la dent des tigres furieux et des lions
affamés tout mon corps soit broyé; que les démons se réunissent pour épuiser sur
moi leur rage: je souffrirai tout avec joie, pourvu que je jouisse de
Jésus-Christ.”
Saint Ignace, dévoré par un lion,
répéta le nom de Jésus jusqu'au dernier soupir. Il ne resta de son corps que
quelques os qui furent transportés à Antioche.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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