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QUATRIÈME SEMAINE

Premier jour

Première contemplation

Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, apparut à Notre-Dame (cf. Mystères, 299).

218  L'oraison préparatoire ordinaire.

219  Le premier prélude est l'histoire de la contemplation. Ici, je me rappellerai comment, Jésus ayant rendu le dernier soupir sur la croix, son corps resta séparé de son âme, sans cesser d'être uni à la Divinité ; comment son âme bienheureuse, unie aussi à la Divinité, descendit aux enfers, délivra les âmes des Justes et revint au sépulcre ; comment, enfin, le Sauveur, étant ressuscité, apparut en corps et en âme à sa Mère bénie.

220  Le second est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me représenterai la disposition du saint Sépulcre, et la maison où se trouve Notre-Dame ; considérant en particulier les appartements qui la composent et spécialement la chambre et l'oratoire de la Mère du Sauveur.

221  Le troisième est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans cet exercice, je demanderai la grâce de ressentir une vive allégresse et une joie intense de la gloire et de la joie immense de Jésus-Christ, notre Seigneur.

222  Le premier, le second et le troisième point seront les mêmes que dans la contemplation de la Cène (194).

223  Dans le quatrième, je considérerai comment la Divinité, qui semblait se cacher dans la Passion, paraît et se manifeste dans la Résurrection par des effets de puissance et de sainteté qui n'appartiennent qu'à elle.

224  Dans le cinquième, je considérerai comment Notre-Seigneur Jésus-Christ exerce auprès des siens l'office de consolateur, le comparant à un ami qui console ses amis.

225  Je terminerai par un ou plusieurs colloques conformes au sujet de la contemplation, et je réciterai l'Oraison dominicale.

Remarques

226  Première remarque. ‹ Dans les contemplations suivantes, on parcourra tous les mystères glorieux depuis la Résurrection jusqu'à l'Ascension inclusivement, dans l'ordre marqué à la série des mystères (299,312), en gardant la même méthode que dans la Semaine de la Passion.
Cette première contemplation servira de modèle pour les autres ; les préludes seront en rapport avec le sujet de la contemplation ; les cinq points seront toujours les mêmes, ainsi que les additions, telles qu'elles se trouvent dans la quatrième remarque (229). Quant aux répétitions, aux applications des sens, à la manière d'abréger ou de prolonger le temps que l'on veut consacrer à la contemplation des mystères de cette Semaine, on peut faire tout ce qui a été dit dans la Semaine de la Passion.

227  Deuxième remarque. Communément parlant, c'est dans cette quatrième Semaine, plutôt que dans les trois précédentes, que l'on peut se contenter de faire quatre exercices au lieu de cinq ; le premier, immédiatement après le lever ; le second, à l'heure de la messe ou avant le dîner, au lieu de la première répétition ; le troisième à l'heure des vêpres, au lieu de la seconde répétition ; le quatrième, qui sera une application des sens sur les trois exercices du jour, avant le souper. On remarquera toujours les endroits les plus importants, qui auront excité en nous de plus vives émotions intérieures, qui nous auront fait éprouver plus de goût spirituel, et l'on s'y arrêtera davantage.

228  Troisième remarque. Quoique dans toutes les contemplations, on ait déterminé le nombre des points, par exemple : trois, cinq, etc., celui qui fait les Exercices n'en a pas moins la liberté de les augmenter ou de les diminuer, selon qu'il le trouvera plus avantageux. Pour cela, il lui sera très utile, avant de commencer une contemplation, de prévoir et de fixer en nombre certain les points qui doivent la partager.

229  Quatrième remarque. Dans cette semaine, on modifiera de la manière suivante la deuxième, la sixième, la septième et la dernière des dix additions.
Deuxième addition (74). ‹ Aussitôt que je me réveillerai, je me mettrai devant les yeux le sujet de la contemplation que je vais faire, avec le désir de me réjouir et de me pénétrer de la joie immense et de la vive allégresse que ressent Notre-Seigneur Jésus-Christ ressuscité.
Sixième addition (78). ‹ Je rappellerai à ma mémoire des pensées capables de faire naître dans mon cœur le contentement, la joie et l'allégresse spirituelle, comme serait la gloire du Ciel.
Septième addition (79). ‹ Je profiterai de la clarté du jour ou des agréments de la saison, comme de la fraîcheur en été, et en hiver de la chaleur du soleil ou de celle du feu, autant que par ce moyen mon âme pourra s'aider à se réjouir en son Créateur et en son Rédempteur.
Dixième addition (82, 86). ‹ Au lieu de m'adonner à la pénitence, je viserai à garder la tempérance et à tenir le milieu en toutes choses, à moins qu'il ne se rencontre des jeûnes de précepte, des abstinences commandées par l'Église ; car ceux-ci doivent toujours s'observer, lorsqu'il n'y a point d'empêchement légitime.

Contemplation pour obtenir l'amour divin

230  Commençons par reconnaître deux vérités : la première, que l'on doit faire consister l'amour dans les œuvres bien plus que dans les paroles.

231  La seconde, que l'amour réside dans la communication mutuelle des biens. D'un côté, la personne qui aime donne et communique à celle qui est aimée ce qu'elle a, ou de ce qu'elle a, ou ce qu'elle peut donner et communiquer ; de l'autre, la personne qui est aimée agit de même à l'égard de celle qui l'aime. Si l'une a de la science, elle la communique à celle qui n'en a pas ; j'en dis autant des honneurs et des richesses, et réciproquement.

L'oraison préparatoire ordinaire.

232  Le premier prélude est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me considérerai en la présence de Dieu, notre Seigneur, sous les yeux des anges et des saints qui intercèdent pour moi.

233Le second est la demande de la grâce que l'on veut obtenir. Ici, je demanderai la connaissance intime de tant de bienfaits que j'ai reçus de Dieu, afin que dans un vif sentiment de gratitude, je me consacre sans réserve au service et à l'amour de sa divine Majesté.

234  Dans le premier point, je rappellerai à ma mémoire les bienfaits que j'ai reçus : ceux qui me sont communs avec tous les hommes, la création, la rédemption, et ceux qui me sont particuliers, considérant très affectueusement tout ce que Dieu, notre Seigneur, a fait pour moi, tout ce qu'il m'a donné de ce qu'il a, et combien il désire se donner lui-même à moi, autant qu'il le peut, selon la disposition de sa divine Providence.
Puis, faisant un retour sur moi-même, je me demanderai ce que la raison et la justice m'obligent de mon côté à offrir et à donner à sa divine Majesté, c'est-à-dire toutes les choses qui sont à moi et moi-même avec elles ; et, comme une personne qui veut faire agréer un don, je dirai du fond de l'âme :
« Prenez, Seigneur, et recevez toute ma liberté, ma mémoire, mon entendement et toute ma volonté, tout ce que j'ai et tout ce que je possède. Vous me l'avez donné, Seigneur, je vous le rends ; tout est à vous, disposez-en selon votre bon plaisir. Donnez-moi votre amour ; donnez-moi votre grâce : elle me suffit. »

235  Dans le second point, je considérerai Dieu présent dans toutes les créatures. Il est dans les éléments, leur donnant l'être ; dans les plantes, leur donnant la végétation ; dans les animaux, leur donnant le sentiment ; dans les hommes, leur donnant l'intelligence ; il est en moi-même de ces différentes manières, me donnant tout à la fois l'être, la vie, le sentiment et l'intelligence. Il a fait plus : il a fait de moi son temple ; et, dans cette vue, il m'a créé à la ressemblance et à l'image de sa divine Majesté.
Ici encore je ferai un retour sur moi-même, comme il a été dit dans le premier point, ou de toute autre manière qui me paraîtrait plus convenable : ce qui doit s'observer dans les points suivants.

236  Dans le troisième point, je considérerai Dieu agissant et travaillant pour moi dans tous les objets créés, puisqu'il est effectivement dans les lieux, dans les éléments, dans les plantes, dans les fruits, dans les animaux, etc., comme un agent, leur donnant et leur conservant l'être, la végétation, le sentiment, etc.
Puis je ferai, comme dans les points précédents, un retour sur moi-même.

237  Dans le quatrième point,  je contemplerai que tous les biens et tous les dons descendent d'en haut : ma puissance limitée dérive de la puissance souveraine et infinie qui est au-dessus de moi ; de même la justice, la bonté, la compassion, la miséricorde, etc. ; comme les rayons émanent du soleil, comme les eaux découlent de leur source, etc. Ensuite, je réfléchirai sur moi-même, comme il a été dit, et je terminerai par un colloque suivi de l'Oraison dominicale.

De trois manières de prier

Première manière

I. Sur les commandements de Dieu

238  La première manière de prier consiste à réfléchir sur les dix commandements de Dieu, les sept péchés capitaux, les trois puissances de l'âme et les cinq sens corporels. Aussi, est-ce plutôt un exercice spirituel très utile à l'âme et qui la dispose à offrir à Dieu une prière qui lui soit agréable, qu'une méthode ou manière de faire oraison proprement dite.

239  Addition En premier lieu, on fera l'équivalent de la seconde addition de la Seconde semaine (131). Cet exercice préliminaire consiste à se reposer un peu l'esprit avant de commencer à prier, ce que je ferai assis ou en me promenant, comme il me semblera plus avantageux, considérant attentivement où je vais et à quelle fin. Cette addition doit se faire
au commencement de toutes les manières de prier.

240  Dans une prière préparatoire, je demanderai à Dieu, notre Seigneur, la grâce de connaître en quoi j'ai manqué aux dix commandements. Je lui demanderai aussi la grâce et le secours nécessaires pour me corriger à l'avenir et l'intelligence parfaite de ses préceptes, afin de les garder plus fidèlement, à la plus grande gloire et à la plus grande louange de sa divine Majesté.

241  Puis, venant au premier commandement, je considérerai et j'examinerai comment je l'ai observé et en quoi je l'ai transgressé. Cet examen durera ordinairement le temps de dire trois fois le Pater et trois fois l'Ave Maria. Si dans cet espace de temps je découvre des fautes, j'en demanderai pardon à Dieu et je réciterai l'Oraison dominicale. Je ferai la même chose pour chacun des dix commandements.

242  Remarque. Lorsqu'on s'examine sur un commandement que l'on ne transgresse pas ordinairement, il n'est point nécessaire de s'y arrêter aussi longtemps. Mais, en général, on donnera plus ou moins de temps à la considération d'un précepte et à la recherche des fautes commises contre ce précepte, suivant que l'on se trouvera plus ou moins sujet à y manquer.
Cette remarque s'applique également aux péchés capitaux.

243  Après avoir achevé l'examen sur tous les commandements, et m'être accusé moi-même devant Dieu, je lui demanderai la grâce et le secours qui me sont nécessaires pour me corriger à l'avenir, et je terminerai par un colloque à Dieu, notre Seigneur, conformément à l'exercice que je viens de faire.

II. Sur les péchés capitaux

244  Après l'addition (239), on fera l'oraison préparatoire comme dans l'exercice précédent. L'unique différence est qu'il s'agit ici de péchés que l'on doit éviter et que là il s'agissait de commandements que l'on doit observer. On suivra, du reste, l'ordre que nous avons tracé (241) ; on observera pour le temps la règle que nous avons donnée, et on terminera par un colloque.

245  Pour obtenir une connaissance plus claire des fautes que nous aurons commises, nous considérerons les vertus opposées aux sept péchés capitaux, et, afin que notre résolution de les éviter soit plus efficace, nous nous efforcerons, par de saints exercices, d'acquérir et de posséder les sept vertus contraires à ces vices.

III. Sur les trois puissances de l'âme

246  On suivra le même ordre et on gardera la même règle que pour les commandements, sans omettre l'addition, l'oraison préparatoire et le colloque.

IV. Sur les cinq sens

247  Pour les cinq sens corporels, la méthode est toujours la même ; la matière seule est changée.

248  Remarque. Celui qui, dans l'usage de ses sens, veut imiter Jésus-Christ, notre Seigneur, se recommandera dans l'oraison préparatoire à sa divine Majesté ; et, après s'être examiné sur chacun des sens, il récitera la Salutation angélique ou l'Oraison dominicale. Et celui qui, dans l'usage de ses sens, désire imiter Notre-Dame, la priera, dans l'oraison préparatoire, de lui obtenir cette grâce de son Fils et Seigneur ; et, après l'examen de chaque sens, il récitera l'Ave Maria.

Seconde manière de prier

249  La seconde manière de prier consiste à peser attentivement la signification de chaque parole d'une prière.

250  L'addition de la première manière de prier doit se faire également dans la seconde.

251  L'oraison préparatoire sera relative à la personne à laquelle s'adresse la prière que l'on va méditer.

252  Après l'addition et l'oraison préparatoire, à genoux ou assis, selon la disposition du corps et l'attrait de l'âme, les yeux fermés ou fixés en un même endroit, sans les laisser errer de côté et d'autre, on dira la première parole du Pater, et on s'arrêtera sur cette parole autant de temps que l'on trouvera de significations, de comparaisons, de goût et de consolation intérieure dans la considération du titre de Père. On fera de même sur chaque parole de l'Oraison dominicale, ou de toute autre prière que l'on voudra méditer selon cette manière de prier.

253  Première règle. On emploiera une heure à méditer ainsi toute l'Oraison dominicale, et après l'avoir terminée, on récitera vocalement ou mentalement, de la manière ordinaire, c'est-à-dire sans pause, la Salutation angélique, le Symbole, la prière Anima Christi et le Salve Regina.

254  Deuxième règle. S'il arrive qu'une ou deux paroles fournissent, même pendant l'heure entière, une matière suffisante à la réflexion, et que l'on trouve à les méditer, du goût et de la consolation spirituelle, on ne se mettra point en peine de passer outre ; mais, l'heure écoulée, on récitera de la manière ordinaire le reste de l'Oraison dominicale.

255  Troisième règle. Supposé que l'on se soit arrêté une heure entière sur une ou deux paroles de l'Oraison dominicale, le jour suivant, quand on voudra reprendre la même prière, on dira de la manière ordinaire la parole, ou les paroles que l'on a déjà méditées ; puis on commencera à réfléchir sur celle qui suit immédiatement, comme il a été dit dans la seconde règle (254).

256  Première remarque. Après avoir terminé en un ou plusieurs jours l'Oraison dominicale, on méditera, selon la même méthode, la Salutation angélique, et ensuite les autres prières en sorte que l'on continue pendant quelque temps cet exercice sans interruption.

257  Seconde remarque. ‹ A la fin de l'oraison, on s'adressera à la personne que l'on a priée, et on lui demandera en peu de paroles les vertus ou les grâces dont on éprouve un plus pressant besoin.

Troisième manière de prier

258  La troisième manière de prier est comme en mesure.
L'addition sera la même que dans la première et la seconde manière de prier (239, 250).
L'oraison préparatoire, comme dans la seconde manière de prier (251).
Cette troisième manière consiste donc à prier de cœur et à dire de bouche, à chaque respiration ou soupir, une parole de l'Oraison dominicale ou d'une autre prière, de manière à ne prononcer qu'une seule parole entre une respiration et l'autre. Et l'espace de temps qui s'écoule d'une respiration à l'autre doit s'employer à considérer spécialement la signification de cette parole, ou l'excellence de la personne à laquelle la prière s'adresse, ou notre propre indignité, ou la différence entre tant de grandeur d'un côté, et de l'autre tant de bassesse.
On prononcera de la même manière toutes les paroles du Pater ; puis on récitera les autres prières, c'est-à-dire l'Ave Maria, l'Anima Christi, le Credo et le Salve Regina, selon la manière ordinaire de prier.

259  Première règle. Le jour suivant, ou à une autre heure du même jour, où l'on désirerait prier de cette manière, on récitera la Salutation angélique en mesure, et les autres prières selon la manière ordinaire de prier, et ainsi des autres que nous avons indiquées.

260  Seconde règle. Celui qui voudrait prier plus longtemps selon cette troisième manière peut réciter de suite plusieurs des prières marquées ou même toutes ; mais toujours en ne proférant qu'une parole d'une respiration à l'autre, comme il a été expliqué (258).

Les mystères de la vie de Jésus-Christ notre Seigneur

261  Remarque. Dans les mystères suivants, les paroles qui sont entre guillemets sont de l'Évangile même, et non pas les autres. ‹ Chaque mystère sera ordinairement divisé en trois points, afin que l'on puisse les méditer et les contempler avec une plus grande facilité.

262  De l'Annonciation de Notre-Dame. S. Lc, I, 26-38
Premier point. L'archange Gabriel salue Notre-Dame et lui annonce la conception de Jésus-Christ, notre Seigneur : « L'Ange étant entré où était Marie, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils. »
Second point. L'Ange confirme ce qu'il a dit à Notre-Dame, en lui annonçant la conception de saint Jean-Baptiste : « Et voilà qu'Elisabeth, votre parente, a conçu elle-même un fils dans sa vieillesse. »
Troisième point. Notre-Dame répond à l'Ange : « Voici la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon votre parole. »

263  De la Visitation de Notre-Dame à Elisabeth S. Lc, I, 39-56
Premier point. Notre-Dame visite Elisabeth ; et Jean-Baptiste, dans le sein de sa mère, connaît la présence de la Mère du Sauveur : « Et dès qu'Elisabeth s'entendit saluer par Marie, l'enfant tressaillit dans son sein ; et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit, et elle s'écria à haute voix : Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni.»
Second point. Notre-Dame répond par un cantique d'action de grâces : « Mon âme glorifie le Seigneur. »
Troisième point. « Marie demeura environ trois mois avec Elisabeth ; puis elle s'en retourna dans sa maison. »

264  De la Naissance de Jésus-Christ, notre Seigneur. S. Lc, II, 1-14
Premier point. Notre-Dame et Joseph son époux vont de Nazareth à Bethléem : « Joseph partit de Galilée pour Bethléem, afin de marquer sa soumission à César, avec Marie son épouse, qui était enceinte. »
Second point. « Elle enfanta son fils premier-né, elle l'enveloppa de langes, et le coucha dans une crèche. »
Troisième point. « Aussitôt une troupe nombreuse de la milice céleste se mit à louer Dieu en disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux. »

265  De l'adoration des pasteurs. S. Lc, II, 8-20
Premier point. La naissance de Jésus-Christ, notre Seigneur, est manifestée par un ange aux bergers : « Je vous annonce une grande joie : aujourd'hui il vous est né un Sauveur. »
Second point. Les bergers vont à Bethléem : « Ils allèrent en toute hâte, et trouvèrent Marie et Joseph, et l'Enfant couché dans une crèche. »
Troisième point. « Les bergers s'en retournèrent glorifiant et louant le Seigneur. »

266  De la Circoncision. S. Lc, II, 21
Premier point. On circoncit l'Enfant Jésus.
Second point. « On lui donne le nom de Jésus, nom que l'ange avait révélé avant que l'Enfant fût conçu dans le sein de sa Mère. »
Troisième point. On rend l'Enfant à sa Mère, touchée de compassion à la vue du sang que répandait son Fils.

267  Des trois rois mages S. Mt,II, 1-12
Premier point. Les trois Mages, guidés par l'étoile, viennent adorer Jésus, en disant : « Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer. »
Second point. Ils l'adorent et lui offrent des présents : « Et, se prosternant, ils l'adorèrent, et lui offrirent pour présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. »
Troisième point. « Et, ayant été avertis en songe de n'aller point retrouver Hérode, ils retournèrent en leur pays par un autre chemin. »

268  De la Purification de Notre-Dame et de la Présentation de l'Enfant Jésus. S. Lc, II, 22-39
Premier point. Marie et Joseph portent l'Enfant Jésus au Temple pour le présenter au Seigneur en qualité de premier-né, et ils offrent pour lui « deux tourterelles ou deux jeunes colombes. »
Second point. Siméon, venant au Temple, « le prit entre ses bras, en disant : C'est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre serviteur. »
Troisième point. « Anne étant survenue, elle louait le Seigneur et parlait de cet Enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption d'Israël. »

269  De la fuite en Égypte. S. Mt, II, 13-18
Premier point. Hérode, voulant faire mourir l'Enfant Jésus, ordonne de massacrer les Innocents ; mais, avant leur mort, l'Ange avertit Joseph de fuir en Égypte : « Levez-vous, prenez l'Enfant et sa Mère, et fuyez en Égypte. »
Second point. Joseph part pour l'Égypte : « Et, se levant pendant la nuit, il se retira en Égypte. »
Troisième point. « Il y demeura jusqu'à la mort d'Hérode. »

270  Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, revint d'Égypte. S. Mt, II, 19-23
Premier point. L'Ange avertit Joseph de retourner dans la terre d'Israël : « Levez-vous, prenez l'Enfant et sa Mère, et allez dans la terre d'Israël. »
Second point. « Et, se levant, il retourna dans la terre d'Israël. »
Troisième point. Comme Archélaüs, fils d'Hérode, régnait en Judée, il se retira à Nazareth.

271  De la vie de Jésus-Christ, notre Seigneur, depuis douze ans jusqu'à trente. S. Lc, II, 51-52
Premier point. Il obéissait à ses parents : « Et il leur était soumis. »
Second point. « Il croissait en sagesse, en âge et en grâce. »
Troisième point. Il paraît qu'il exerça la profession de charpentier, comme semble l'indiquer saint Marc, dans le chapitre sixième : « N'est-ce pas là ce charpentier ? » (Mc. VI, 3)

272  De la venue de Jésus-Christ au Temple, à l'age de douze ans. S. Lc, II, 41-50
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, âgé de douze ans, va de Nazareth à Jérusalem.
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, reste à Jérusalem, sans que ses parents s'en aperçoivent.
Troisième point. Trois jours s'étant écoulés, ils le trouvent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et sa Mère lui ayant dit : « Mon Fils, pourquoi en avez-vous usé ainsi avec nous ? il répondit : Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'emploie aux choses qui regardent mon Père ? »

273  Comment Jésus-Christ fut baptisé. S. Mt, III, 13-17
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, après avoir dit adieu à sa Mère bénie, va de Nazareth au fleuve du Jourdain, où était saint Jean-Baptiste.
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, est baptisé par saint Jean, qui se reconnaît indigne de ce ministère ; mais Jésus lui dit : « Faites ceci maintenant ; car c'est ainsi qu'il faut que nous accomplissions toute justice. »
Troisième point. L'Esprit-Saint descend sur lui ; et au même instant on entend une voix du ciel qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances. »

274  Comment Jésus-Christ fut tenté. S. Mt,IV, 1-11 ; S. Lc, IV, 1-13
Premier point. Après avoir été baptisé, Jésus se retira au désert, où il jeûna quarante jours et quarante nuits.
Second point. Il fut tenté trois fois par l'ennemi : « Le tentateur, s'approchant, lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, commandez que ces pierres se changent en pains. ‹ Jetez-vous en bas. ‹ Je vous donnerai toutes ces choses, si, vous prosternant, vous m'adorez. »
Troisième point. « Les anges s'approchèrent et ils le servaient. »

275  De la vocation des Apôtres.
Premier point. Il paraît que saint Pierre et saint André furent appelés trois fois : premièrement, à une certaine connaissance du Sauveur, ce que nous apprend saint Jean dans le premier chapitre (Jn, i, 35-42 ; secondement, à suivre Jésus-Christ en quelque manière, avec l'intention de retourner à ce qu'ils avaient abandonné, comme dit saint Luc dans le chapitre cinquième (Lc, V, 1-11 ; 27-29) ; troisièmement, à suivre Jésus-Christ, notre Seigneur, pour toujours, comme le rapportent saint Matthieu dans le quatrième chapitre (Mt, IV, 18-22), et saint Marc dans le premier (Mc, I, 16-20).
Second point. Il appela Philippe, comme il est marqué dans le premier chapitre de saint Jean (Jn, I, 43-44) ; et Matthieu, comme le même Apôtre le dit dans le neuvième chapitre (Mt, IX, 9).
Troisième point. Il appela les autres Apôtres, de la vocation desquels il n'est pas fait mention spéciale dans l'Évangile. On fera, de plus, les trois considérations suivantes :
Premièrement, combien les Apôtres étaient ignorants et de basse condition.
Secondement, la dignité à laquelle ils furent appelés avec tant de douceur.
Troisièmement, les dons et les grâces dont ils furent comblés, et par lesquels ils furent élevés au-dessus de tous les Pères du Nouveau et de l'Ancien Testament.

276  Du premier miracle de Notre-Seigneur aux noces de Cana, en Galilée. S. Jn,III,1-11
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, est invité aux noces de Cana avec ses disciples.
Second point. La Mère de Jésus déclare à son Fils le manque de vin : «  Ils n'ont point de vin. » Et elle fait aux serviteurs ce commandement : «  Faites tout ce qu'il vous dira. »
Troisième point. Jésus change l'eau en vin : « Et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

277  Comment Jésus-Christ chassa du Temple ceux qui y vendaient. S. Jn II, 13-22
Premier point. Il chassa du Temple, avec un fouet de corde, tous ceux qui y vendaient.
Second point. Il renversa les tables et l'argent des riches banquiers qui étaient dans le Temple.
Troisième point. Il dit aux pauvres qui vendaient des colombes : « Ôtez cela d'ici et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »

278  Du discours que fit Jésus-Christ sur la montagne. S. Mt, V, VI, VII
Premier point. Il enseigne à ses bien-aimés disciples, séparés de la foule, les huit Béatitudes : « Bienheureux, leur dit-il, sont les pauvres d'esprit, ceux qui sont doux, ceux qui sont miséricordieux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, ceux qui ont le cœur pur, ceux qui sont pacifiques et ceux qui souffrent persécution. »
Second point. Il les exhorte à bien user de leurs talents : « Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et glorifient votre Père qui est dans le ciel.»
Troisième point. Il se montre, non le transgresseur, mais le consommateur de la loi, en expliquant les préceptes contre l'homicide, la fornication, le parjure et sur l'amour des ennemis. « Et moi je vous le dis, aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. »

279  Comment Jésus-Christ, notre Seigneur,apaisa une tempête sur la mer de Galilée. S. Mt, VIII, 23-27
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, étant endormi, il s'éleva sur la mer une grande tempête.
Second point. Ses disciples, effrayés, le réveillent. Il les reprend de leur peu de foi, en leur disant : « Hommes de peu de foi, pourquoi craignez-vous ? »
Troisième point. Il commande aux vents et à la mer, et aussitôt il se fait un grand calme. Les témoins de cette merveille, frappés d'étonnement, s'écrient : « Quel est celui-ci à qui les vents et la mer obéissent ? »

280Comment Jésus-Christ marcha sur les eaux. S. Mt, XIV, 22-23
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, étant sur la montagne, ordonne à ses disciples de retourner à leur barque ; et, ayant congédié la foule, il commença à prier seul.
Second point. La barque était battue par les flots ; Jésus s'avance vers elle en marchant sur
les eaux, et ses disciples pensent que c'est un fantôme.
Troisième point. Jésus-Christ leur dit : « C'est moi, ne craignez point. » Saint Pierre, par son ordre, s'élance vers lui et marche sur les eaux ; mais, sa foi venant à chanceler, il commença à enfoncer. Jésus-Christ, notre Seigneur, le délivre de ce danger et le reprend de son peu de foi ; ensuite il entra dans la barque, et le vent cessa.

281  Comment les Apôtres reçoivent la mission de prêcher. S. Mt, X, 1-42
Premier point. Jésus-Christ appelle ses bien-aimés disciples, et leur donne le pouvoir de chasser le démon des corps des hommes, et de guérir toutes les infirmités.
Second point. Il leur enseigne la prudence et la patience : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes. »
Troisième point. Il leur explique de quelle manière ils doivent faire leurs voyages : « Ne possédez ni or ni argent ; vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » Il leur donne aussi la matière de leurs prédications : « Allez, prêchez en disant que le royaume de Dieu est proche. »

282  De la conversion de Madeleine. S. Lc, VII, 36-50
Premier point. Jésus étant à table chez un Pharisien, nommé Simon, Madeleine entre dans la salle du festin, portant un vase d'albâtre rempli de parfums.
Second point. « Et se tenant derrière Jésus, à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux, et elle baisait ses pieds, et elle les oignait de parfums. »
Troisième point. Comme le Pharisien accusait Madeleine, Jésus-Christ prend sa défense, en disant : « Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé. ‹ Et il dit à cette femme : Votre foi vous a sauvée ; allez en paix. »

283  Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, donna à manger à cinq mille hommes. S. Mt, XIV, 13-21
Premier point. Le soir étant venu, les disciples prient Jésus-Christ de renvoyer la multitude qui était avec lui.
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, leur ordonne de lui apporter les pains qu'ils ont ; et ayant fait asseoir le peuple, il prend les pains, les bénit, les partage, et les donne à ses disciples qui les distribuent à la multitude.
Troisième point. « Tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui étaient restés. »

284  De la Transfiguration de Jésus-Christ. S. Mt, XVII, 1-9
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, ayant pris avec lui ses disciples bien-aimés, Pierre, Jacques et Jean, « il se transfigura en leur présence ; et son visage devint resplendissant comme le soleil ; et ses vêtements, blancs comme la neige. »
Second point. Il parlait avec Moïse et Élie.
Troisième point. Saint Pierre veut élever trois tentes ; une voix du ciel se fait entendre : « C'est là mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances : écoutez-le. » Ses disciples ayant entendu cette voix, tombèrent de crainte sur leur visage ; et Jésus-Christ, notre Seigneur, les toucha et leur dit : « Levez-vous, et ne craignez point. Ne dites à personne ce que vous venez de voir, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. »

285  De la résurrection de Lazare. S. Jn, XI, 1-45
Premier point. Marthe et Marie font savoir à Jésus-Christ, notre Seigneur, la maladie de Lazare. Le Sauveur, l'ayant connue, s'arrêta encore deux jours au lieu où il était, afin de rendre le miracle qu'il voulait opérer plus évident.
Second point. Avant de ressusciter Lazare, il demande à l'une et à l'autre des deux sœurs qu'elles croient en lui : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra... Croyez-vous cela ? »
Troisième point. Il le ressuscite après avoir pleuré et fait une prière à son Père ; et il se sert, pour opérer ce prodige, d'un commandement : « Lazare, venez dehors. »

286  Du repas fait à Béthanie. S. Mt, XXVI, 6-10
Premier point. Le Seigneur assiste à un repas chez Simon le lépreux, avec Lazare.
Second point. Marie répand sur la tête de Jésus un parfum précieux.
Troisième point. Judas murmure en disant : « Pourquoi la perte de ce parfum ? » Jésus excuse Madeleine de nouveau en disant : « Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? C'est une bonne action qu'elle vient de faire à mon égard. »

287  Le dimanche des Rameaux. S. Mt, XXI, 1-17
Premier point. Le Seigneur envoie ses disciples chercher une ânesse et son ânon : « Détachez-les, leur dit-il, et amenez-les moi ; et si quelqu'un vous dit quelque chose, dites-lui que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il vous les laissera emmener. »
Second point. Il monte sur l'ânesse que les Apôtres ont couverte de leurs vêtements.
Troisième point. Les habitants sortent à sa rencontre, étendant sur le chemin leurs vêtements et des rameaux d'arbres, et disant : « Hosanna au Fils de David : béni soit celui qui vient au nom du Seigneur : Hosanna au plus haut des cieux. »

288  De la prédication dans le Temple. S. Lc, XIX, 47-48
Premier point. « Il était chaque jour enseignant dans le Temple. »
Second point. Et, après avoir achevé ses discours, il retournait à Béthanie, parce qu'il n'y avait personne à Jérusalem qui osât le recevoir.

289  De la cène. S. Mt, XXVI, 17-30 ‹ S. Jn, XIII, 1-30
Premier point. Jésus mange l'agneau pascal avec ses douze Apôtres, et leur prédit sa mort : « Je vous dis, en vérité, que l'un de vous doit me trahir. »
Second point. Il lave les pieds à ses disciples, même à Judas, en commençant par saint Pierre. Mais cet apôtre, considérant la majesté du Seigneur et sa propre bassesse, ne peut y consentir, et dit: «Seigneur, vous me lavez les pieds!» Il ignorait que le Sauveur leur donnait en cela un exemple d'humilité ; c'est pourquoi Jésus leur dit : « Je vous ai donné l'exemple, afin que vous fassiez aux autres ce que je vous ai fait à vous-mêmes. »
Troisième point. Il institue le très saint sacrement de l'Eucharistie, comme la plus grande marque de son amour, en disant : « Prenez et mangez. » La cène étant terminée, Judas sort pour vendre Jésus-Christ, notre Seigneur.

290  Des mystères qui se sont accomplis depuis la cène jusqu'au jardin inclusivement. S. Mt,. XXVI, 30-46 ‹ S. Mc, XIV, 26-42
Premier point. Après la cène et l'hymne d'action de grâces, le Seigneur s'avance vers le mont des Oliviers avec ses disciples, remplis de crainte. Il en laisse huit à Gethsémani en leur disant : « Demeurez ici, tandis que je vais là pour prier. »
Second point. Accompagné de saint Pierre, de saint Jacques et de saint Jean, il gagne le jardin, où il prie par trois fois en disant : « Mon Père, s'il est possible, que ce calice passe loin de moi ; qu'il en soit cependant, non comme je le veux, mais comme vous le voulez. Et, étant réduit comme à l'agonie, il priait plus longuement.  »
Troisième point. Sa crainte devint si grande, qu'il disait : « Mon âme est triste jusqu'à la mort. »
Et il sua du sang en si grande abondance, que saint Luc dit : « Il eut une sueur comme de gouttes de sang qui coulait jusqu'à terre » (Lc, XXII, 44). Ce qui suppose que ses vêtements en étaient tout imbibés.

291  Des mystères qui se sont accomplis depuis le jardin jusqu'à la maison d'Anne inclusivement. S. Mt, XXVI, 47-57 ; S. Mc, XIV, 43-53 ; S. Lc, XXII, 47-54 ‹ S. Jn, XVIII, 3-24
Premier point. Le Seigneur reçoit le baiser de Judas ; il se laisse prendre comme un voleur par les soldats, et leur dit : «Vous êtes venus à moi comme à un voleur avec des épées et des bâtons pour me prendre. J'étais tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le Temple, et vous ne m'avez point arrêté. » Et à ces mots : « Qui cherchez-vous ? » ses ennemis tombent renversés.
Second point. Saint Pierre blesse un des serviteurs du Pontife. Le Seigneur, plein de douceur, lui dit : « Remettez votre épée dans le fourreau. » Et il guérit la blessure du serviteur.
Troisième point. Jésus, abandonné de ses disciples, est conduit à Anne où saint Pierre, qui l'avait suivi de loin, le renia une fois. Un valet donne un soufflet à Jésus-Christ, en lui disant : « Est-ce ainsi que vous répondez au grand Prêtre ? »

292  Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison d'Anne jusqu'à la maison de Caïphe inclusivement. S. Mt, XXVI, 57-75
Premier point. Jésus est garrotté et conduit depuis la maison d'Anne jusqu'à celle de Caïphe, où saint Pierre le renia deux fois : mais le Seigneur l'ayant regardé, l'apôtre « sortit et pleura amèrement. »
Second point. Jésus demeura lié toute la nuit.
Troisième point. Et ceux qui le tenaient captif se moquaient de lui, et le frappaient, et lui voilaient le visage, et lui donnaient des soufflets, et lui disaient : « Christ, prophétise-nous ; qui est celui qui t'a frappé ? » Et ils répétaient contre lui mille autres blasphèmes.

293  Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Caïphe jusqu'à celle de Pilate inclusivement. S. Mt, XXVII, 1-23 ; S. Mc, XV, 1-14 ; S. Lc, XXIII, 1-5–; S. Jn, XVIII, 28-40.
Premier point. Toute la multitude des Juifs le conduit à Pilate et l'accuse devant lui, en disant : « Nous l'avons trouvé pervertissant notre nation et défendant de payer le tribut à César. »
Second point. Pilate, après l'avoir examiné une première et une seconde fois, dit : « Je ne trouve en lui aucun sujet de condamnation. »
Troisième point. Barrabas, voleur insigne, lui est préféré. « Ils s'écrièrent tous ensemble : Ne délivrez point celui-ci, mais Barabbas. »

294  Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Pilate jusqu'à celle d'Hérode. S. Lc, XXIII, 6-11
Premier point. Pilate, apprenant que Jésus est Galiléen, l'envoie à Hérode, tétrarque de Galilée.
Second point. Hérode, homme curieux, l'interroge longuement ; mais Jésus ne lui fait aucune réponse, quoique les scribes et les prêtres l'accusent constamment.
Troisième point. Hérode, avec sa cour, le méprise, et le revêt d'une robe blanche.

295  Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison d'Hérode jusqu'à celle de Pilate. S. Mt, XXVII, 24-30 ; S. Mc, XV, 15-19 ; S. Lc, XXIII, 11-23 ; S. Jn, XIX, 1-6.
Premier point. Hérode le renvoie à Pilate, et ils deviennent amis ; car auparavant ils étaient ennemis.
Second point. Pilate prend Jésus et le fait flageller ; et les soldats font une couronne d'épines, et ils la posent sur sa tête, et ils le revêtent de pourpre, et ils s'approchent de lui, en disant : « Je vous salue, roi des Juifs ; et ils lui donnaient des soufflets. »
Troisième point. Pilate fait sortir Jésus et le montre au peuple : « Jésus sortit donc, portant une couronne d'épines et un manteau de pourpre, et Pilate leur dit : Voilà l'homme. » Et aussitôt que les pontifes le virent, ils s'écrièrent : « Crucifiez-le ! crucifiez-le ! »

296  Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Pilate jusqu'au Crucifiement inclusivement. S. Jn, XIX, 13-22.
Premier point. Pilate, assis comme juge, livre Jésus aux Juifs pour qu'ils le crucifient. Ils l'avaient renié pour leur roi, en disant : « Nous n'avons point d'autre roi que César. »
Second point. Il portait sa croix sur ses épaules ; mais, comme il cédait sous le faix, Simon le Cyrénéen fut contraint de la porter après Jésus.
Troisième point. Ils le crucifièrent entre deux voleurs, plaçant au haut de la croix cette inscription : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. »

297  Des mystères qui se sont accomplis sur la Croix. S. Jn, XIX, 23-37
Premier point. Jésus dit sept paroles sur la croix : il pria pour ceux qui le crucifiaient (Lc, XXIII, 34) ; il pardonna au bon larron (Lc, XXIII, 43) ; il recommanda saint Jean à sa Mère, et sa Mère à saint Jean ; il dit à haute voix : « J'ai soif » et les soldats lui donnèrent du fiel et du vinaigre ; il dit qu'il était abandonné(Mc, XXVII, 46)  ; il dit : « Tout est consommé » ; il dit : « Mon Père, je remets mon âme entre vos mains » (Lc,XXVIII, 46).
Second point. Le soleil s'obscurcit, les pierres se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent, le voile du Temple se déchira en deux parties depuis le haut jusqu'en bas.
Troisième point. Ses ennemis blasphèment contre lui en disant : « Ah ! toi qui détruis le Temple de Dieu, descends de la croix. » Ses vêtements furent partagés, son côté fut percé d'une lance, et il en coula de l'eau et du sang.

298  Des mystères qui se sont accomplis depuis la Croix jusqu'au sépulcre inclusivement. S. Jn, XIX, 30-42
Premier point. Jésus fut détaché de la croix par Joseph et Nicodème, en présence de sa Mère affligée.
Second point. Son corps fut porté au sépulcre, embaumé, et mis dans le tombeau.
Troisième point. Des gardes y furent placés.

299  De la Résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur, et de sa  première apparition. Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie. Quoique l'Écriture n'en fasse pas mention, elle nous le donne assez à entendre, en disant qu'il apparut à tant d'autres. Elle suppose que nous avons l'intelligence, et que nous ne voulons pas mériter le reproche que le Sauveur fit un jour à ses Apôtres : « Êtes-vous encore sans intelligence ? »

300  De la seconde apparition. S. Mc, XVI, 1-11
Premier point. Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques, et Marie Salomé, vont de grand matin au sépulcre, en disant : « Qui nous ôtera la pierre de l'entrée du tombeau ? »
Second point. Elles voient la pierre levée, et un Ange leur dit : « Vous cherchez Jésus de Nazareth ; il est ressuscité, il n'est plus ici. »
Troisième point. Il apparaît à Marie-Madeleine, qui, après le départ de ses compagnes, est restée seule auprès du sépulcre.

301  De la troisième apparition. S. Mt, XXVIII, 8-10
Premier point. Les Marie sortent du lieu où était le sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, pour annoncer aux disciples la Résurrection du Sauveur.
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, leur apparaît dans le chemin, et leur dit : « Je vous salue. » Et elles s'approchent de lui, se jettent à ses pieds et l'adorent.
Troisième point. Jésus leur dit : « Ne craignez point. Allez, dites à mes frères qu'ils se rendent en Galilée ; c'est là qu'ils me verront. »

302  De la quatrième apparition. S. Lc, XXIV, 12-34
Premier point. Saint Pierre, ayant appris des saintes femmes que Jésus-Christ était ressuscité, se rend en toute hâte au tombeau.
Second point. Il entre dans le tombeau, il n'y voit que les linges dans lesquels a été enseveli le corps de Notre-Seigneur, et rien d'autre.
Troisième point. Tandis que saint Pierre réfléchit sur cet événement, Jésus-Christ lui apparaît, ce qui plus tard fit dire aux autres Apôtres : « Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon. »

303  De la cinquième apparition. S. Lc, XXIV, 13-35
Premier point. Jésus-Christ apparaît aux disciples qui vont à Emmaüs en s'entretenant de lui.
Second point. Il leur adresse des reproches, et leur montre par les Écritures que le Christ devait mourir et ressusciter : « O hommes de peu de sens, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu'ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît de la sorte, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire ? »
Troisième point. Il cède à leurs prières, et demeure avec eux jusqu'au moment où, les ayant communiés, ils disparut. Ceux-ci retournent à Jérusalem, et racontent aux disciples comment ils l'ont reconnu à la fraction du pain.

304  De la sixième apparition. S. Jn, XX, 19-23
Premier point. Les disciples réunis, excepté saint Thomas, se tenaient renfermés, de peur des Juifs.
Second point. Jésus leur apparaît, les portes étant fermées ; et, debout au milieu d'eux, il leur dit : « La paix soit avec vous. »
Troisième point. Il leur donne l'Esprit-Saint, en leur disant : « Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez. »

305  De la septième apparition. S. Jn,XX, 24-29
Premier point. Saint Thomas, qui était absent lors de l'apparition précédente, demeure incrédule, et dit : « Si je ne vois point, je ne croirai point. »
Second point. Jésus leur apparaît à huit jours de là, les portes étant fermées, et dit à saint Thomas : « Portez ici votre doigt, et voyez, et ne soyez pas incrédule, mais fidèle. »
Troisième point. Saint Thomas croit et dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus-Christ lui dit : « Heureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru. »

306  De la huitième apparition. S. Jn, XXI, 1-25
Premier point. Jésus apparaît à sept de ses disciples qui pêchaient. Ils n'avaient rien pris de toute la nuit ; mais, ayant jeté le filet au commandement de leur Maître, « ils ne pouvaient plus le tirer, tant il y avait de poissons. »
Second point. A ce miracle, saint Jean reconnut le Sauveur et dit à saint Pierre : « C'est le Seigneur. » Et Pierre se jette à la mer et vient vers Jésus.
Troisième point. Il leur donne à manger un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. Il recommande ses brebis à saint Pierre, après lui avoir demandé par trois fois s'il l'aimait, et il lui dit : « Paissez mes brebis. »

307  De la neuvième apparition. S. Mt, XXVIII, 16-20 ‹ S. Mc, XVI, 14-18
Premier point. Les disciples, par ordre du Seigneur, se rendent au mont Thabor.
Second point. Jésus leur apparaît et leur dit : « Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. »
Troisième point. Il les envoie prêcher dans tout l'univers, en disant : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »

308  De la dixième apparition. I Cor, XV, 6
« Ensuite il a été vu de plus de cinq cents frères assemblés. »

309De la onzième apparition. I Cor, XV, 7
« Ensuite il s'est fait voir à Jacques. »

310  De la douzième apparition.
Il apparut à Joseph d'Arimathie, comme on peut le méditer pieusement, et comme on le lit dans la vie des Saints.

311  De la treizième apparition. I Cor, XV, 8
Il apparut à saint Paul, après l'Ascension. «Enfin, après tous les autres, il s'est fait voir à moi qui ne suis qu'un avorton.»
Il apparut aussi en âme aux saints Pères des Limbes, et après les en avoir retirés, et avoir réuni son âme à son corps, il apparut souvent aux disciples et il conversait avec eux.

312  De l'Ascension de Jésus-Christ, notre Seigneur. Actes I, 1-12
Premier point. Jésus-Christ ayant apparu plusieurs fois à ses Apôtres pendant quarante jours, leur donnant un grand nombre de preuves de sa résurrection, opérant plusieurs miracles et leur parlant du royaume de Dieu, leur recommande d'attendre à Jérusalem l'Esprit-Saint promis.
Second point. Il les conduit au mont des Oliviers, où « ils le virent s'élever dans les airs ; et une nuée l'environna et le déroba à leurs yeux. »
Troisième point. Tandis qu'ils regardent vers le ciel, les Anges leur disent : « Hommes de Galilée, pourquoi demeurez-vous ici, regardant le ciel ? Ce Jésus, qui, du milieu de vous, s'est élevé dans le ciel, viendra un jour de la même manière que vous l'y avez vu monter. »

Discernement des esprits

313  Règles propres à faire discerner et sentir, en quelque manière, les divers mouvements excités dans l'âme, soit par le bon esprit, afin de les recevoir ; soit par le mauvais, afin de les repousser. Elles conviennent particulièrement à la première Semaine.

314  Première règle. A l'égard des personnes qui vont de péché mortel en péché mortel, la conduite ordinaire de l'ennemi est de leur proposer des plaisirs apparents, leur occupant l'imagination de jouissances et de voluptés sensuelles, afin de les retenir et de les plonger plus avant dans leurs vices et dans leurs péchés. ‹ Le bon esprit, au contraire, agit en elles d'une manière opposée : il aiguillonne et mord leur conscience, en leur faisant sentir les reproches de la raison.

315  Deuxième règle. Dans les personnes qui travaillent courageusement à se purifier de leurs péchés, et vont de bien en mieux dans le service de Dieu, notre Seigneur, le bon et le mauvais esprit opèrent en sens inverse de la règle précédente. Car c'est le propre du mauvais esprit de leur causer de la tristesse et des tourments de conscience, d'élever devant elles des obstacles, de les troubler par des raisonnements faux, afin d'arrêter leur progrès dans le chemin de la vertu ; au contraire, c'est le propre du bon esprit de leur donner du courage et des forces, de les consoler, de leur faire répandre des larmes, de leur envoyer de bonnes inspirations, et de les établir dans le calme, leur facilitant la voie et levant devant elles tous les obstacles, afin qu'elles avancent de plus en plus dans le bien.

316  Troisième règle. De la consolation spirituelle. J'appelle consolation un mouvement intérieur qui est excité dans l'âme, par lequel elle commence à s'enflammer dans l'amour de son Créateur et Seigneur, et en vient à ne savoir plus aimer aucun objet créé sur la terre pour lui-même, mais uniquement dans le Créateur de toutes choses. La consolation fait encore répandre des larmes, qui portent à l'amour de son Seigneur l'âme touchée du regret de ses péchés, ou de la Passion de Jésus-Christ, notre Seigneur, ou de toute autre considération qui se rapporte directement à son service et à sa louange. Enfin, j'appelle consolation toute augmentation d'espérance, de foi et de charité, et toute joie intérieure qui appelle et attire l'âme aux choses célestes et au soin de son salut, la tranquillisant et la pacifiant dans son Créateur et Seigneur.

317  Quatrième règle. De la désolation spirituelle. J'appelle désolation le contraire de ce qui a été dit dans la troisième règle : les ténèbres et le trouble de l'âme, l'inclination aux choses basses et terrestres, les diverses agitations et tentations qui la portent à la défiance, et la laissent sans espérance et sans amour, triste, tiède, paresseuse, et comme séparée de son Créateur et Seigneur. Car comme la consolation est opposée à la désolation, les pensées que produit l'une sont nécessairement contraires à celles qui naissent de l'autre.

318  Cinquième règle. Il importe, au temps de la désolation, de ne faire aucun changement, mais de demeurer ferme et constant dans ses résolutions, et dans la détermination où l'on était avant la désolation, ou au temps même de la consolation. Car, comme c'est ordinairement le bon esprit qui nous guide et nous conseille dans la consolation, ainsi, dans la désolation, est-ce le mauvais esprit, sous l'inspiration duquel nous ne pouvons prendre un chemin qui nous conduise à une bonne fin.

319  Sixième règle. Quoique nous ne devions jamais changer nos résolutions au temps de la désolation, il est cependant très utile de nous changer courageusement nous-mêmes, je veux dire notre manière d'agir, et de la diriger tout entière contre les attaques de la désolation. Ainsi, il convient de donner plus de temps à la prière, de méditer avec plus d'attention, d'examiner plus sérieusement notre conscience, et de nous adonner davantage aux exercices convenables de pénitence.

320  Septième règle. Que celui qui est dans la désolation considère comment le Seigneur, pour l'éprouver, le laisse à ses puissances naturelles, afin qu'il résiste, comme de lui-même, aux diverses agitations et tentations de l'ennemi ; car il le peut avec le secours divin qui lui reste toujours, quoiqu'il ne le sente pas, parce que le Seigneur lui a soustrait cette ferveur sensible, cet amour ardent, cette grâce puissante, ne lui laissant que la grâce ordinaire, mais suffisante pour le salut éternel.

321  Huitième règle. Que celui qui est dans la désolation travaille à se conserver dans la patience, vertu directement opposée aux attaques qui lui surviennent ; et qu'il espère qu'il sera bientôt consolé, pourvu qu'il emploie comme nous l'avons dit dans la sixième règle, les moyens nécessaires pour vaincre la désolation.

322  Neuvième règle. La désolation a trois causes principales.
Premièrement, elle peut être un châtiment. Notre tiédeur, notre paresse, notre négligence dans nos exercices de piété, éloignent de nous la consolation spirituelle.
Secondement, elle est une épreuve. Dieu veut éprouver ce que nous pouvons, et jusqu'à quel point nous sommes capables de nous avancer dans son service et de travailler à sa gloire, privés de ces consolations abondantes et de ces faveurs spéciales.
Troisièmement, elle est une leçon. Dieu veut nous donner la connaissance certaine, l'intelligence pratique et le sentiment intime qu'il ne dépend pas de nous de faire naître ou de conserver dans nos cœurs une dévotion tendre, un amour intense accompagné de larmes, ni aucune sorte de consolation spirituelle ; mais que tout est un don et une grâce de sa divine bonté ; il veut nous apprendre à ne point placer trop haut notre demeure, en permettant à notre esprit de s'élever et de se laisser aller à quelque mouvement d'orgueil ou de vaine gloire, nous attribuant à nous-mêmes les sentiments de la dévotion et les autres effets de la consolation spirituelle.

323  Dixième règle. Que celui qui est dans la consolation pense comment il se comportera au temps de la désolation, et qu'il fasse dès lors provision de courage pour le moment de l'épreuve.

324  Onzième règle. Qu'il s'efforce aussi de s'humilier et de s'abaisser autant qu'il lui est possible, pensant de combien peu de chose il est capable au temps de la désolation, lorsqu'il est privé de la grâce sensible ou de la consolation. Au contraire, celui qui est dans la désolation se rappellera qu'il peut beaucoup avec la grâce, qu'elle lui suffit pour résister à
tous ses ennemis, pourvu qu'il s'appuie sur le secours de son Créateur et Seigneur.

325  Douzième règle. Notre ennemi ressemble à une femme : il en a la faiblesse et l'opiniâtreté. C'est le propre d'une femme, lorsqu'elle se dispute avec un homme, de perdre courage et de prendre la fuite aussitôt que celui-ci lui montre un visage ferme ; l'homme, au contraire, commence-t-il à craindre et à reculer, la colère, la vengeance et la férocité de cette femme s'accroissent et n'ont plus de mesure. De même, c'est le propre de l'ennemi de faiblir, de perdre courage et de prendre la fuite avec ses tentations, quand la personne qui s'exerce aux choses spirituelles montre beaucoup de fermeté contre le tentateur, et fait diamétralement le contraire de ce qui lui est suggéré. Au contraire, si la personne qui est tentée commence à craindre et à supporter l'attaque avec moins de courage, il n'est point de bête féroce sur la terre dont la cruauté égale la malice infernale avec laquelle cet ennemi de la nature humaine s'attache à poursuivre ses perfides desseins.

326  Treizième règle. Sa conduite est encore celle d'un séducteur : il demande le secret et ne redoute rien tant que d'être découvert. Un séducteur qui sollicite la fille d'un père honnête, ou la femme d'un homme d'honneur, veut que ses discours et ses insinuations restent secrets. Il craint vivement, au contraire, que la fille ne découvre à son père, ou la femme à son mari, ses paroles trompeuses et son intention perverse ; il comprend facilement qu'il ne pourrait alors réussir dans ses coupables desseins. De même, quand l'ennemi de la nature humaine veut tromper une âme juste par ses ruses et ses artifices, il désire, il veut qu'elle l'écoute et qu'elle garde le secret. Mais si cette âme découvre tout à un confesseur éclairé, ou à une autre personne spirituelle qui connaisse les tromperies et les ruses de l'ennemi, il en reçoit un grand déplaisir ; car il sait que toute sa malice demeurera impuissante, du moment où ses tentatives seront découvertes et mises au grand jour.

327  Quatorzième règle. ‹ Enfin, il imite un capitaine qui veut emporter une place où il espère faire un riche butin. Il assoit son camp, il considère les forces et la disposition de cette place, et il l'attaque du côté le plus faible. Il en est ainsi de l'ennemi de la nature humaine. Il rôde sans cesse autour de nous ; il examine de toutes parts chacune de nos vertus théologales, cardinales et morales, et, lorsqu'il a découvert en nous l'endroit le plus faible et le moins pourvu des armes du salut, c'est par là qu'il nous attaque et qu'il tâche de remporter sur nous une pleine victoire.

328  Autres règles qui traitent plus à fond la même matière du discernement des esprits. Elles conviennent surtout à la Seconde semaine.

329  Première règle. C'est le propre de Dieu et de ses Anges, lorsqu'ils agissent dans une âme, d'en bannir le trouble et la tristesse que l'ennemi s'efforce d'y introduire et d'y répandre la véritable allégresse et la vraie joie spirituelle. Au contraire, c'est le propre de l'ennemi de combattre cette joie et cette consolation intérieure par des raisons apparentes, des subtilités et de continuelles illusions.

330  Deuxième règle. Il appartient à Dieu seul de donner de la consolation à l'âme sans cause précédente, parce qu'il n'appartient qu'au Créateur d'entrer dans l'âme, d'en sortir, et d'y exciter des mouvements intérieurs qui l'attirent tout entière à l'amour de sa divine Majesté. Je dis sans cause, c'est-à-dire sans aucun sentiment précédent ou connaissance
préalable d'aucun objet qui ait pu faire naître cette consolation au moyen des actes de l'entendement et de la volonté.

331  Troisième règle. Lorsqu'une cause a précédé la consolation, le bon et le mauvais ange peuvent également en être l'auteur ; mais leur fin est bien différente. Le bon Ange a toujours en vue le profit de l'âme qu'il désire voir croître en grâce et monter de vertu en vertu. Le mauvais ange, au contraire, veut toujours arrêter ses progrès dans le bien pour l'attirer enfin à ses intentions coupables et perverses.

332  Quatrième règle. C'est le propre de l'ange mauvais, lorsqu'il se transforme en ange de lumière, d'entrer d'abord dans les sentiments de l'âme pieuse, et de finir par lui inspirer les siens propres. Ainsi, il commence par suggérer à cette âme des pensées bonnes et saintes, conformes à ses dispositions vertueuses ; mais bientôt, peu à peu, il tâche de l'attirer dans ses pièges secrets et de la faire consentir à ses coupables desseins.

333  Cinquième règle. Nous devons examiner avec grand soin la suite et la marche de nos pensées. Si le commencement, le milieu et la fin, tout en elles est bon et tendant purement au bien, c'est une preuve qu'elles viennent du bon Ange ; mais si, dans la suite des pensées qui nous sont suggérées, il finit par s'y rencontrer quelque chose de mauvais ou de dissipant, ou de moins bon que ce que nous nous étions proposé de faire, ou si ces pensées affaiblissent notre âme, l'inquiètent, la troublent, en lui ôtant la paix, la tranquillité et le repos dont elle jouissait d'abord, c'est une marque évidente qu'elles procèdent du mauvais esprit, ennemi de notre avancement et de notre salut éternel.

334  Sixième règle. Quand l'ennemi de la nature humaine aura été découvert et reconnu à sa queue de serpent, c'est-à-dire par la fin pernicieuse à laquelle il nous porte, il sera utile à la personne qui aura été tentée de reprendre aussitôt la suite des bonnes pensées qu'il lui a suggérées, d'en examiner le principe, et de voir comment, peu à peu, il a tâché de la faire déchoir de la suavité et de la joie spirituelle dans laquelle elle était, jusqu'à l'amener à sa fin dépravée. L'expérience qu'elle acquerra par cette recherche et cette observation lui fournira les moyens de se mettre en garde dans la suite contre les artifices ordinaires de l'ennemi.

335  Septième règle. Le bon Ange a coutume de toucher doucement, légèrement et suavement l'âme de ceux qui font chaque jour des progrès dans la vertu ; c'est, pour ainsi dire, une goutte d'eau qui pénètre une éponge. Le mauvais ange, au contraire, la touche durement, avec bruit et agitation, comme l'eau qui tombe sur la pierre. Quant à ceux qui vont de mal en pis, les mêmes esprits agissent sur eux d'une manière tout opposée.
La cause de cette diversité est dans la disposition même de l'âme, qui est contraire ou semblable à la leur. Si elle est contraire, ils entrent avec bruit et commotion ; on sent facilement leur présence. Si elle est semblable, ils entrent paisiblement et en silence, comme dans une maison qui leur appartient et dont la porte leur est ouverte.

336  Huitième règle. ‹ Lorsque la consolation spirituelle est sans cause qui l'ait précédée, il est certain qu'elle est à l'abri de toute illusion, puisque, comme nous l'avons dit dans la seconde de ces règles, elle ne peut venir que de Dieu, notre Seigneur. Cependant la personne qui reçoit cette consolation doit apporter beaucoup d'attention et de vigilance à distinguer le temps même de la consolation du temps qui la suit immédiatement.
Dans ce second temps, où l'âme est encore toute fervente, et comme pénétrée des restes précieux de la consolation passée, elle forme de son propre raisonnement, par une suite de ses habitudes naturelles et en conséquence de ses conceptions et de ses jugements, sous l'inspiration du bon ou du mauvais esprit, des résolutions et des décisions qu'elle n'a pas reçues immédiatement de Dieu, notre Seigneur, et que, par conséquent, il est nécessaire de bien examiner avant de leur accorder une entière créance et de les mettre à exécution.

De la distribution des aumônes

337  Règles à observer dans le ministère de la distribution des aumônes.

338  Première règle. Si je distribue des aumônes à des parents, à des amis ou à des personnes pour lesquelles je me sens de l'affection, je dois observer quatre points dont il a été fait mention dans la matière de l'Élection (184,187).
Le premier est que l'amour qui m'engage à faire l'aumône à ces personnes vienne du Ciel et ait sa source dans l'amour même que j'ai pour Dieu, notre Seigneur. Je dois donc, avant d'agir, sentir intérieurement que l'amour plus ou moins grand que je leur porte est pour Dieu et voir Dieu dans le motif qui me fait les aimer davantage.

339  Le second consiste à me représenter un homme que je n'ai jamais vu ou connu et à qui je désire toute la perfection à laquelle il peut atteindre dans l'exercice de son emploi ; puis je ferai moi-même, ni plus ni moins, ce que je voudrais qu'il fît dans la distribution de ses aumônes, prenant pour moi la règle que je lui conseillerais de suivre et que je juge être conforme à la plus grande gloire de Dieu et à la plus grande perfection de son âme.

340  Le troisième, à examiner, comme si je me trouvais à l'article de la mort, comment je voudrais m'être comporté dans l'exercice de mon emploi ; et, me réglant sur ce que je désirerais alors avoir fait, le mettre en pratique maintenant.

341  Le quatrième, à considérer ce que je penserai au jour du jugement. Comment voudrais-je alors m'être acquitté de ce ministère ? Quelle règle voudrais-je avoir suivie ? C'est celle que je dois suivre à cette heure.

342  Deuxième règle. ‹ Lors donc que l'on ressent de l'inclination ou de l'affection pour les personnes entre lesquelles on désire répartir les aumônes, il faut d'abord suspendre sa détermination, puis faire sur les quatre points de la règle précédente des réflexions sérieuses, recherchant et examinant la source de l'affection que l'on éprouve, et ne se décider à faire l'aumône qu'après avoir, conformément à cette première règle, ôté entièrement et rejeté de son cœur toute affection déréglée.

343  Troisième règle. Bien que l'on puisse légitimement accepter des bénéfices ecclésiastiques pour en distribuer le fruit, quand on se sent appelé de Dieu, notre Seigneur, à cet état, il est cependant certain que dans la détermination de la quantité qu'il est permis de s'appliquer à soi-même et de celle que l'on doit distribuer aux autres, on peut avec raison craindre d'excéder et de blesser sa conscience. Il sera donc bon de réformer sa conduite en consultant les règles présentes.

344  Quatrième règle. Pour les raisons que nous avons déjà exposées et pour beaucoup d'autres, le meilleur et le plus sûr, lorsqu'il s'agit de dépenses personnelles et domestiques, est toujours de restreindre et de diminuer de plus en plus, jusqu'à se rapprocher autant que possible du Pontife souverain, notre règle et notre modèle, qui est Jésus-Christ, notre Seigneur. C'est conformément à cette règle que le Concile de Carthage, auquel assista saint Augustin détermine et ordonne que l'ameublement de l'évêque soit commun et pauvre. Ceci doit s'appliquer à tous les états ; ce qui n'empêche pas d'avoir égard et de se conformer à ce que le rang et la condition réclament. Saint Joachim et sainte Anne, pour citer un exemple de personnes engagées dans le mariage, divisaient leurs biens en trois parts. Ils donnaient la première aux pauvres ; ils consacraient la seconde au culte divin et au service du Temple ; ils se servaient de la troisième pour leur entretien et celui de leur maison.

Sur les scrupules

345  Règles utiles pour la connaissance et le discernement des scrupules et des insinuations trompeuses de notre ennemi.

346  Première règle. On nomme assez communément scrupule un jugement libre et volontaire par lequel nous prononçons qu'une action est péché lorsqu'elle ne l'est pas ; par exemple, lorsqu'il arrive à quelqu'un de juger qu'il a péché en mettant le pied par hasard sur deux brins de paille en forme de croix. Or ceci est plutôt, à proprement parler un jugement erroné qu'un scrupule.

347  Deuxième règle. Mais après avoir marché sur cette croix, ou après avoir fait, dit ou pensé une chose quelconque, il me vient du dehors la pensée que j'ai péché ; d'un autre côté, il me semble intérieurement que je n'ai pas péché. J'éprouve en cela du trouble, en tant que je doute et ne doute pas : or c'est là à proprement parler un scrupule et une tentation que l'ennemi fait naître en moi.

348  Troisième règle. Il faut abhorrer la première sorte de scrupule, dont il est question dans la première règle, parce qu'elle n'est qu'erreur. Quant à la seconde, indiquée dans la seconde règle, elle est très utile, durant quelque temps, à l'âme qui s'adonne aux Exercices spirituels ; car elle sert grandement à la rendre plus nette et plus pure, en la séparant entièrement de toute apparence de péché, selon cette parole de saint Grégoire : « C'est le propre des bonnes âmes de reconnaître une faute là où il n'y a pas de faute : Bonarum mentium est, ibi culpam agnoscere, ubi culpa nulla est. »

349  Quatrième règle. L'ennemi considère attentivement si une âme est peu scrupuleuse, ou si elle est timorée. Si elle est timorée, il tâche de la rendre délicate à l'extrême pour la jeter plus facilement dans le trouble et l'abattre. Il voit, par exemple, qu'elle ne consent ni au péché mortel, ni au péché véniel, ni à rien de ce qui a l'ombre de péché délibéré ; il tâchera, puisqu'il ne peut la faire tomber dans l'apparence même d'une faute, de lui faire juger qu'il y a péché là ou il n'y a point de péché, comme dans une parole ou une pensée sans importance. Au contraire, si l'âme est peu scrupuleuse, l'ennemi s'efforcera de la rendre moins scrupuleuse encore. Par exemple, si jusqu'ici elle ne faisait aucun cas des péchés véniels, il tâchera qu'elle fasse peu de cas des péchés mortels : et si elle faisait encore quelque cas des péchés mortels, il la portera à y faire beaucoup moins d'attention ou à les mépriser entièrement.

350  Cinquième règle. L'âme qui désire avancer dans la vie spirituelle doit toujours procéder d'une manière contraire à celle de l'ennemi. S'il veut la rendre peu délicate, qu'elle tâche de se rendre délicate et timorée ; mais si l'ennemi s'efforce de la rendre timorée à l'excès pour la pousser à bout, qu'elle tâche de se consolider dans un sage milieu pour y demeurer entièrement en repos.

351  Sixième règle. Lorsqu'une âme pieuse désire dire ou faire quelque chose qui ne s'écarte, ni des usages de l'Église, ni des traditions de nos pères, et qu'elle croit propre à procurer la gloire de Dieu, notre Seigneur, s'il lui vient du dehors une pensée ou une tentation de ne point dire ou faire cette chose, sous prétexte de vaine gloire ou d'autre défaut, qu'elle élève son entendement à son Créateur et Seigneur ; et si elle voit que cette parole ou cette action tend au service de Dieu, ou du moins ne lui est pas contraire, qu'elle fasse ce qui est diamétralement opposé à ce que lui suggère la tentation, répondant à l'ennemi avec saint Bernard : « Ce n'est pas pour toi que j'ai commencé, ce n'est pas pour toi que je cesserai : Nec propter te incepi, nec propter te finiam. »

De la soumission à l'Église

352  Règles à suivre pour ne nous écarter jamais des véritables sentiments que nous devons avoir dans l'Église militante.
353  Première règle. Renoncer à tout jugement propre et se tenir prêt à obéir promptement à la véritable Épouse de Jésus-Christ, notre Seigneur, c'est-à-dire à la sainte Église hiérarchique, notre Mère.

354  Deuxième règle. Louer la confession sacramentelle, la réception du très saint sacrement de l'Eucharistie au moins une fois dans l'année, beaucoup plus tous les mois, et plus encore chaque semaine, avec les dispositions requises et convenables.

355  Troisième règle. Louer l'usage d'entendre souvent la sainte Messe ; louer de même les chants ecclésiastiques, la psalmodie et les prières, même prolongées, dans l'église ou dans tout autre lieu convenable. Approuver la détermination de certaines heures pour la célébration de l'Office divin, pour la récitation des Heures canoniales et de toute autre prière.

356  Quatrième règle. Louer beaucoup les ordres religieux, la virginité et la continence et ne pas louer autant le mariage.

357  Cinquième règle. Louer les vœux de religion, d'obéissance, de pauvreté, de chasteté, et les autres par lesquels on s'oblige à des œuvres de surérogation et de perfection. Or, il est à remarquer que le v¦u ayant essentiellement pour matière les choses qui se rapprochent davantage de la perfection évangélique, on ne doit point faire v¦u de ce qui s'en éloigne, comme d'entrer dans le commerce ou de s'engager dans le mariage.

358  Sixième règle. Louer l'usage de prier les Saints et de vénérer leurs reliques ; louer les stations, les pèlerinages, les indulgences, les jubilés, les faveurs spirituelles accordées par les souverains Pontifes dans l'intention d'obtenir de Dieu le triomphe de l'Église sur les infidèles, l'usage de brûler des cierges dans nos temples.

359  Septième règle. ‹ Louer les lois de l'Église relativement aux jeûnes et aux abstinences du Carême, des Quatre-Temps, des Vigiles, du vendredi et du samedi ; louer aussi les pénitences, non seulement intérieures, mais encore extérieures.

360  Huitième règle. ‹ Louer le zèle pour la construction et l'ornement des églises ; louer de même l'usage des tableaux et des statues et les vénérer en vue des objets qu'ils représentent.

361  Neuvième règle. ‹ Louer enfin tous les préceptes de l'Église, et être toujours prêt à chercher des raisons pour les justifier et les défendre, et jamais pour les condamner ou les blâmer.

362  Dixième règle. Nous devons être plus portés à approuver et à louer les règlements, les recommandations et la conduite de nos supérieurs qu'à les blâmer : car, supposé que quelques-unes de leurs dispositions ne soient pas, ou puissent ne pas être dignes d'éloges, il est toujours vrai, à raison des murmures et du scandale, qu'il y a plus d'inconvénients que d'utilité à les condamner, soit en prêchant en public, soit en parlant devant le bas peuple ; ce qui l'irriterait contre ses supérieurs temporels ou spirituels. Cependant, comme il est dangereux de parler mal des supérieurs en leur absence devant le peuple, ainsi peut-il être utile de manifester l'irrégularité de leur conduite aux personnes mêmes qui ont le pouvoir d'y porter remède.

363  Onzième règle. Louer la théologie positive et scolastique ; car, comme c'est particulièrement le propre des Docteurs positifs, tels que saint Jérôme, saint Augustin, saint Grégoire et les autres, d'exciter les affections et de porter les hommes à aimer et à servir de tout leur pouvoir Dieu, notre Seigneur ; ainsi le but principal des Scolastiques, tels que saint Thomas, saint Bonaventure, le Maître des Sentences et ceux qui les ont suivis, est de définir et d'expliquer, selon le besoin des temps modernes, les choses nécessaires au salut éternel, d'attaquer et de manifester clairement toutes les erreurs et les faux raisonnements des ennemis de l'Église. En effet, plus récents que les premiers, non seulement ils se servent avantageusement de l'intelligence de la sainte Écriture et des écrits des saints Docteurs positifs ; mais éclairés et enseignés eux-mêmes par la vertu divine, ils s'aident encore, pour notre instruction, des Conciles, des canons et des constitutions de notre Mère la sainte Église.

364  Douzième règle. Évitons de faire des comparaisons entre les personnes encore vivantes et les saints qui sont dans le ciel ; car on est grandement exposé à se tromper en ce point. Gardons-nous donc de dire : Cet homme est plus savant que saint Augustin ; celui-ci est un autre saint François, s'il ne le surpasse ; celui-là est un autre saint Paul en vertu, en sainteté, etc.

365  Treizième règle. Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons toujours être disposés à croire que ce qui nous paraît blanc est noir, si l'Église hiérarchique le décide ainsi. Car il faut croire qu'entre Jésus-Christ, notre Seigneur, qui est l'Époux, et l'Église, qui est son Épouse, il n'y a qu'un même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de nos âmes, et que c'est par le même Esprit et le même Seigneur qui donna les dix commandements qu'est dirigée et gouvernée notre Mère la sainte Église.

366  Quatorzième règle. Quoiqu'il soit très vrai que personne ne puisse se sauver sans être prédestiné et sans avoir la foi et la grâce, il faut s'observer beaucoup dans la manière de parler et de discourir sur ce sujet.

367  Quinzième règle. Nous ne devons parler ni beaucoup ni souvent de la prédestination ; mais si on en dit parfois quelque chose, que l'on évite de donner au peuple l'occasion de tomber dans quelque erreur et de lui faire dire ce que l'on entend quelquefois : Si je dois être damné ou sauvé, c'est une affaire déjà décidée ; mes actions bonnes ou mauvaises ne feront pas qu'il en arrive autrement. Et, sur ce raisonnement, on tombe dans l'indolence, et on néglige les œuvres utiles au profit de l'âme et nécessaires au salut.

368  Seizième règle. Il faut également prendre garde qu'à force de parler sans explication et sans distinction de l'excellence et de la vertu de la foi, on ne donne occasion au peuple de devenir négligent et paresseux pour les bonnes œuvres, soit avant la conversion, lorsque la foi n'est pas encore animée par la charité, soit après.

369  Dix-septième règle. Ne nous arrêtons pas et n'insistons pas tellement sur l'efficacité de la grâce, que nous fassions naître dans les cœurs le poison de l'erreur qui nie la liberté. Il est permis sans doute de parler de la foi et de la grâce, autant qu'il est possible avec le secours divin, pour la plus grande louange de la divine Majesté ; mais non de telle manière, surtout en des temps si difficiles, que les œuvres et le libre arbitre en reçoivent quelque préjudice, ou soient regardés, celui-ci comme un vain mot, et celles-là comme inutiles.

370  Dix-huitième règle. Bien que nous devions surtout désirer que les hommes servent Dieu, notre Seigneur, par le motif du pur amour, nous devons cependant louer beaucoup la crainte de la divine Majesté ; car, non seulement la crainte filiale est pieuse et très sainte, mais la crainte servile même, lorsque l'homme ne s'élève pas à quelque chose de meilleur et de plus utile, l'aide beaucoup à sortir du péché mortel ; et, lorsqu'il en est sorti, il parvient facilement à la crainte filiale, qui est tout agréable et chère à Dieu, parce qu'elle est inséparablement unie à son amour.

    

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