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3 QUATRIÈME SEMAINE Premier jour Première contemplation Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, apparut à Notre-Dame (cf. Mystères, 299). 218 L'oraison préparatoire ordinaire. 219 Le premier prélude est l'histoire de la contemplation. Ici, je me rappellerai comment, Jésus ayant rendu le dernier soupir sur la croix, son corps resta séparé de son âme, sans cesser d'être uni à la Divinité ; comment son âme bienheureuse, unie aussi à la Divinité, descendit aux enfers, délivra les âmes des Justes et revint au sépulcre ; comment, enfin, le Sauveur, étant ressuscité, apparut en corps et en âme à sa Mère bénie. 220 Le second est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me représenterai la disposition du saint Sépulcre, et la maison où se trouve Notre-Dame ; considérant en particulier les appartements qui la composent et spécialement la chambre et l'oratoire de la Mère du Sauveur. 221 Le troisième est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans cet exercice, je demanderai la grâce de ressentir une vive allégresse et une joie intense de la gloire et de la joie immense de Jésus-Christ, notre Seigneur. 222 Le premier, le second et le troisième point seront les mêmes que dans la contemplation de la Cène (194). 223 Dans le quatrième, je considérerai comment la Divinité, qui semblait se cacher dans la Passion, paraît et se manifeste dans la Résurrection par des effets de puissance et de sainteté qui n'appartiennent qu'à elle. 224 Dans le cinquième, je considérerai comment Notre-Seigneur Jésus-Christ exerce auprès des siens l'office de consolateur, le comparant à un ami qui console ses amis. 225 Je terminerai par un ou plusieurs colloques conformes au sujet de la contemplation, et je réciterai l'Oraison dominicale. Remarques
226 Première remarque. ‹ Dans les contemplations suivantes, on parcourra tous
les
mystères glorieux depuis la Résurrection jusqu'à l'Ascension inclusivement, dans
l'ordre
marqué à la série des mystères (299,312), en gardant la même méthode que dans la
Semaine
de la Passion. 227 Deuxième remarque. Communément parlant, c'est dans cette quatrième Semaine, plutôt que dans les trois précédentes, que l'on peut se contenter de faire quatre exercices au lieu de cinq ; le premier, immédiatement après le lever ; le second, à l'heure de la messe ou avant le dîner, au lieu de la première répétition ; le troisième à l'heure des vêpres, au lieu de la seconde répétition ; le quatrième, qui sera une application des sens sur les trois exercices du jour, avant le souper. On remarquera toujours les endroits les plus importants, qui auront excité en nous de plus vives émotions intérieures, qui nous auront fait éprouver plus de goût spirituel, et l'on s'y arrêtera davantage. 228 Troisième remarque. Quoique dans toutes les contemplations, on ait déterminé le nombre des points, par exemple : trois, cinq, etc., celui qui fait les Exercices n'en a pas moins la liberté de les augmenter ou de les diminuer, selon qu'il le trouvera plus avantageux. Pour cela, il lui sera très utile, avant de commencer une contemplation, de prévoir et de fixer en nombre certain les points qui doivent la partager.
229 Quatrième remarque. Dans cette semaine, on modifiera de la manière
suivante la
deuxième, la sixième, la septième et la dernière des dix additions. Contemplation pour obtenir l'amour divin 230 Commençons par reconnaître deux vérités : la première, que l'on doit faire consister l'amour dans les œuvres bien plus que dans les paroles. 231 La seconde, que l'amour réside dans la communication mutuelle des biens. D'un côté, la personne qui aime donne et communique à celle qui est aimée ce qu'elle a, ou de ce qu'elle a, ou ce qu'elle peut donner et communiquer ; de l'autre, la personne qui est aimée agit de même à l'égard de celle qui l'aime. Si l'une a de la science, elle la communique à celle qui n'en a pas ; j'en dis autant des honneurs et des richesses, et réciproquement. L'oraison préparatoire ordinaire. 232 Le premier prélude est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me considérerai en la présence de Dieu, notre Seigneur, sous les yeux des anges et des saints qui intercèdent pour moi. 233Le second est la demande de la grâce que l'on veut obtenir. Ici, je demanderai la connaissance intime de tant de bienfaits que j'ai reçus de Dieu, afin que dans un vif sentiment de gratitude, je me consacre sans réserve au service et à l'amour de sa divine Majesté.
234 Dans le premier point, je rappellerai à ma mémoire les bienfaits que j'ai
reçus : ceux
qui me sont communs avec tous les hommes, la création, la rédemption, et ceux
qui me sont
particuliers, considérant très affectueusement tout ce que Dieu, notre Seigneur,
a fait pour
moi, tout ce qu'il m'a donné de ce qu'il a, et combien il désire se donner
lui-même à moi,
autant qu'il le peut, selon la disposition de sa divine Providence.
235 Dans le second point, je considérerai Dieu présent dans toutes les
créatures. Il est dans
les éléments, leur donnant l'être ; dans les plantes, leur donnant la végétation
; dans les
animaux, leur donnant le sentiment ; dans les hommes, leur donnant
l'intelligence ; il est en
moi-même de ces différentes manières, me donnant tout à la fois l'être, la vie,
le sentiment
et l'intelligence. Il a fait plus : il a fait de moi son temple ; et, dans cette
vue, il m'a créé à la
ressemblance et à l'image de sa divine Majesté.
236 Dans le troisième point, je considérerai Dieu agissant et travaillant pour
moi dans
tous les objets créés, puisqu'il est effectivement dans les lieux, dans les
éléments, dans les
plantes, dans les fruits, dans les animaux, etc., comme un agent, leur donnant
et leur
conservant l'être, la végétation, le sentiment, etc. 237 Dans le quatrième point, je contemplerai que tous les biens et tous les dons descendent d'en haut : ma puissance limitée dérive de la puissance souveraine et infinie qui est au-dessus de moi ; de même la justice, la bonté, la compassion, la miséricorde, etc. ; comme les rayons émanent du soleil, comme les eaux découlent de leur source, etc. Ensuite, je réfléchirai sur moi-même, comme il a été dit, et je terminerai par un colloque suivi de l'Oraison dominicale. De trois manières de prier Première manière I. Sur les commandements de Dieu 238 La première manière de prier consiste à réfléchir sur les dix commandements de Dieu, les sept péchés capitaux, les trois puissances de l'âme et les cinq sens corporels. Aussi, est-ce plutôt un exercice spirituel très utile à l'âme et qui la dispose à offrir à Dieu une prière qui lui soit agréable, qu'une méthode ou manière de faire oraison proprement dite.
239 Addition En premier lieu, on fera l'équivalent de la seconde addition de
la Seconde
semaine (131). Cet exercice préliminaire consiste à se reposer un peu l'esprit
avant de
commencer à prier, ce que je ferai assis ou en me promenant, comme il me
semblera plus
avantageux, considérant attentivement où je vais et à quelle fin. Cette addition
doit se faire 240 Dans une prière préparatoire, je demanderai à Dieu, notre Seigneur, la grâce de connaître en quoi j'ai manqué aux dix commandements. Je lui demanderai aussi la grâce et le secours nécessaires pour me corriger à l'avenir et l'intelligence parfaite de ses préceptes, afin de les garder plus fidèlement, à la plus grande gloire et à la plus grande louange de sa divine Majesté. 241 Puis, venant au premier commandement, je considérerai et j'examinerai comment je l'ai observé et en quoi je l'ai transgressé. Cet examen durera ordinairement le temps de dire trois fois le Pater et trois fois l'Ave Maria. Si dans cet espace de temps je découvre des fautes, j'en demanderai pardon à Dieu et je réciterai l'Oraison dominicale. Je ferai la même chose pour chacun des dix commandements.
242 Remarque. Lorsqu'on s'examine sur un commandement que l'on ne
transgresse pas
ordinairement, il n'est point nécessaire de s'y arrêter aussi longtemps. Mais,
en général, on
donnera plus ou moins de temps à la considération d'un précepte et à la
recherche des fautes
commises contre ce précepte, suivant que l'on se trouvera plus ou moins sujet à
y manquer. 243 Après avoir achevé l'examen sur tous les commandements, et m'être accusé moi-même devant Dieu, je lui demanderai la grâce et le secours qui me sont nécessaires pour me corriger à l'avenir, et je terminerai par un colloque à Dieu, notre Seigneur, conformément à l'exercice que je viens de faire. II. Sur les péchés capitaux 244 Après l'addition (239), on fera l'oraison préparatoire comme dans l'exercice précédent. L'unique différence est qu'il s'agit ici de péchés que l'on doit éviter et que là il s'agissait de commandements que l'on doit observer. On suivra, du reste, l'ordre que nous avons tracé (241) ; on observera pour le temps la règle que nous avons donnée, et on terminera par un colloque. 245 Pour obtenir une connaissance plus claire des fautes que nous aurons commises, nous considérerons les vertus opposées aux sept péchés capitaux, et, afin que notre résolution de les éviter soit plus efficace, nous nous efforcerons, par de saints exercices, d'acquérir et de posséder les sept vertus contraires à ces vices. III. Sur les trois puissances de l'âme 246 On suivra le même ordre et on gardera la même règle que pour les commandements, sans omettre l'addition, l'oraison préparatoire et le colloque. IV. Sur les cinq sens 247 Pour les cinq sens corporels, la méthode est toujours la même ; la matière seule est changée. 248 Remarque. Celui qui, dans l'usage de ses sens, veut imiter Jésus-Christ, notre Seigneur, se recommandera dans l'oraison préparatoire à sa divine Majesté ; et, après s'être examiné sur chacun des sens, il récitera la Salutation angélique ou l'Oraison dominicale. Et celui qui, dans l'usage de ses sens, désire imiter Notre-Dame, la priera, dans l'oraison préparatoire, de lui obtenir cette grâce de son Fils et Seigneur ; et, après l'examen de chaque sens, il récitera l'Ave Maria. Seconde manière de prier 249 La seconde manière de prier consiste à peser attentivement la signification de chaque parole d'une prière. 250 L'addition de la première manière de prier doit se faire également dans la seconde. 251 L'oraison préparatoire sera relative à la personne à laquelle s'adresse la prière que l'on va méditer. 252 Après l'addition et l'oraison préparatoire, à genoux ou assis, selon la disposition du corps et l'attrait de l'âme, les yeux fermés ou fixés en un même endroit, sans les laisser errer de côté et d'autre, on dira la première parole du Pater, et on s'arrêtera sur cette parole autant de temps que l'on trouvera de significations, de comparaisons, de goût et de consolation intérieure dans la considération du titre de Père. On fera de même sur chaque parole de l'Oraison dominicale, ou de toute autre prière que l'on voudra méditer selon cette manière de prier. 253 Première règle. On emploiera une heure à méditer ainsi toute l'Oraison dominicale, et après l'avoir terminée, on récitera vocalement ou mentalement, de la manière ordinaire, c'est-à-dire sans pause, la Salutation angélique, le Symbole, la prière Anima Christi et le Salve Regina. 254 Deuxième règle. S'il arrive qu'une ou deux paroles fournissent, même pendant l'heure entière, une matière suffisante à la réflexion, et que l'on trouve à les méditer, du goût et de la consolation spirituelle, on ne se mettra point en peine de passer outre ; mais, l'heure écoulée, on récitera de la manière ordinaire le reste de l'Oraison dominicale. 255 Troisième règle. Supposé que l'on se soit arrêté une heure entière sur une ou deux paroles de l'Oraison dominicale, le jour suivant, quand on voudra reprendre la même prière, on dira de la manière ordinaire la parole, ou les paroles que l'on a déjà méditées ; puis on commencera à réfléchir sur celle qui suit immédiatement, comme il a été dit dans la seconde règle (254). 256 Première remarque. Après avoir terminé en un ou plusieurs jours l'Oraison dominicale, on méditera, selon la même méthode, la Salutation angélique, et ensuite les autres prières en sorte que l'on continue pendant quelque temps cet exercice sans interruption. 257 Seconde remarque. ‹ A la fin de l'oraison, on s'adressera à la personne que l'on a priée, et on lui demandera en peu de paroles les vertus ou les grâces dont on éprouve un plus pressant besoin. Troisième manière de prier
258 La troisième manière de prier est comme en mesure. 259 Première règle. Le jour suivant, ou à une autre heure du même jour, où l'on désirerait prier de cette manière, on récitera la Salutation angélique en mesure, et les autres prières selon la manière ordinaire de prier, et ainsi des autres que nous avons indiquées. 260 Seconde règle. Celui qui voudrait prier plus longtemps selon cette troisième manière peut réciter de suite plusieurs des prières marquées ou même toutes ; mais toujours en ne proférant qu'une parole d'une respiration à l'autre, comme il a été expliqué (258). Les mystères de la vie de Jésus-Christ notre Seigneur 261 Remarque. Dans les mystères suivants, les paroles qui sont entre guillemets sont de l'Évangile même, et non pas les autres. ‹ Chaque mystère sera ordinairement divisé en trois points, afin que l'on puisse les méditer et les contempler avec une plus grande facilité.
262 De l'Annonciation de Notre-Dame.
S. Lc, I, 26-38
263 De la Visitation de Notre-Dame à Elisabeth
S. Lc, I, 39-56
264 De la Naissance de Jésus-Christ, notre Seigneur.
S. Lc, II, 1-14
265 De l'adoration des pasteurs.
S. Lc, II, 8-20
266 De la Circoncision.
S. Lc, II, 21
267 Des trois rois mages
S. Mt,II, 1-12
268 De la Purification de Notre-Dame et de la Présentation de l'Enfant Jésus.
S. Lc, II, 22-39
269 De la fuite en Égypte.
S. Mt, II, 13-18
270 Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, revint d'Égypte.
S. Mt, II, 19-23
271 De la vie de Jésus-Christ, notre Seigneur, depuis douze ans jusqu'à trente.
S. Lc, II, 51-52
272 De la venue de Jésus-Christ au Temple, à l'age de douze ans.
S. Lc, II, 41-50
273 Comment Jésus-Christ fut baptisé.
S. Mt, III, 13-17
274 Comment Jésus-Christ fut tenté.
S. Mt,IV, 1-11 ; S. Lc, IV, 1-13
275 De la vocation des Apôtres.
276 Du premier miracle de Notre-Seigneur aux noces de Cana, en Galilée.
S. Jn,III,1-11
277 Comment Jésus-Christ chassa du Temple ceux qui y vendaient.
S. Jn II, 13-22
278 Du discours que fit Jésus-Christ sur la montagne.
S. Mt, V, VI, VII
279 Comment Jésus-Christ, notre Seigneur,apaisa une tempête sur la mer de
Galilée.
S. Mt, VIII, 23-27
280Comment Jésus-Christ marcha sur les eaux.
S. Mt, XIV, 22-23
281 Comment les Apôtres reçoivent la mission de prêcher.
S. Mt, X, 1-42
282 De la conversion de Madeleine.
S. Lc, VII, 36-50
283 Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, donna à manger à cinq mille hommes.
S. Mt, XIV, 13-21
284 De la Transfiguration de Jésus-Christ.
S. Mt, XVII, 1-9
285 De la résurrection de Lazare.
S. Jn, XI, 1-45
286 Du repas fait à Béthanie.
S. Mt, XXVI, 6-10
287 Le dimanche des Rameaux.
S. Mt, XXI, 1-17
288 De la prédication dans le Temple.
S. Lc, XIX, 47-48
289 De la cène.
S. Mt, XXVI, 17-30 ‹ S. Jn, XIII, 1-30
290 Des mystères qui se sont accomplis depuis la cène jusqu'au jardin
inclusivement.
S. Mt,. XXVI, 30-46 ‹ S. Mc, XIV, 26-42
291 Des mystères qui se sont accomplis depuis le jardin jusqu'à la maison d'Anne
inclusivement.
S. Mt, XXVI, 47-57 ; S. Mc, XIV, 43-53 ;
S. Lc, XXII, 47-54 ‹ S. Jn, XVIII, 3-24
292 Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison d'Anne jusqu'à la maison de Caïphe
inclusivement.
S. Mt, XXVI, 57-75
293 Des mystères qui se sont accomplis
depuis la maison de Caïphe jusqu'à celle de
Pilate
inclusivement.
S. Mt, XXVII, 1-23 ; S. Mc, XV, 1-14 ; S. Lc, XXIII, 1-5–; S. Jn, XVIII, 28-40.
294 Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Pilate jusqu'à celle
d'Hérode.
S. Lc, XXIII, 6-11
295 Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison d'Hérode jusqu'à celle de
Pilate.
S. Mt, XXVII, 24-30 ; S. Mc, XV, 15-19 ; S. Lc, XXIII, 11-23 ; S. Jn, XIX, 1-6.
296 Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Pilate jusqu'au
Crucifiement
inclusivement.
S. Jn, XIX, 13-22.
297 Des mystères qui se sont accomplis sur la Croix.
S. Jn, XIX, 23-37
298 Des mystères qui se sont accomplis depuis la Croix jusqu'au sépulcre
inclusivement.
S. Jn, XIX, 30-42 299 De la Résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur, et de sa première apparition. Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie. Quoique l'Écriture n'en fasse pas mention, elle nous le donne assez à entendre, en disant qu'il apparut à tant d'autres. Elle suppose que nous avons l'intelligence, et que nous ne voulons pas mériter le reproche que le Sauveur fit un jour à ses Apôtres : « Êtes-vous encore sans intelligence ? »
300 De la seconde apparition.
S. Mc, XVI, 1-11
301 De la troisième apparition.
S. Mt, XXVIII, 8-10
302 De la quatrième apparition.
S. Lc, XXIV, 12-34
303 De la cinquième apparition.
S. Lc, XXIV, 13-35
304 De la sixième apparition.
S. Jn, XX, 19-23
305 De la septième apparition.
S. Jn,XX, 24-29
306 De la huitième apparition.
S. Jn, XXI, 1-25
307 De la neuvième apparition.
S. Mt, XXVIII, 16-20 ‹ S. Mc, XVI, 14-18
308 De la dixième apparition.
I Cor, XV, 6
309De la onzième apparition.
I Cor, XV, 7
310 De la douzième apparition.
311 De la treizième apparition.
I Cor, XV, 8
312 De l'Ascension de Jésus-Christ, notre Seigneur.
Actes I, 1-12 Discernement des esprits 313 Règles propres à faire discerner et sentir, en quelque manière, les divers mouvements excités dans l'âme, soit par le bon esprit, afin de les recevoir ; soit par le mauvais, afin de les repousser. Elles conviennent particulièrement à la première Semaine. 314 Première règle. A l'égard des personnes qui vont de péché mortel en péché mortel, la conduite ordinaire de l'ennemi est de leur proposer des plaisirs apparents, leur occupant l'imagination de jouissances et de voluptés sensuelles, afin de les retenir et de les plonger plus avant dans leurs vices et dans leurs péchés. ‹ Le bon esprit, au contraire, agit en elles d'une manière opposée : il aiguillonne et mord leur conscience, en leur faisant sentir les reproches de la raison. 315 Deuxième règle. Dans les personnes qui travaillent courageusement à se purifier de leurs péchés, et vont de bien en mieux dans le service de Dieu, notre Seigneur, le bon et le mauvais esprit opèrent en sens inverse de la règle précédente. Car c'est le propre du mauvais esprit de leur causer de la tristesse et des tourments de conscience, d'élever devant elles des obstacles, de les troubler par des raisonnements faux, afin d'arrêter leur progrès dans le chemin de la vertu ; au contraire, c'est le propre du bon esprit de leur donner du courage et des forces, de les consoler, de leur faire répandre des larmes, de leur envoyer de bonnes inspirations, et de les établir dans le calme, leur facilitant la voie et levant devant elles tous les obstacles, afin qu'elles avancent de plus en plus dans le bien. 316 Troisième règle. De la consolation spirituelle. J'appelle consolation un mouvement intérieur qui est excité dans l'âme, par lequel elle commence à s'enflammer dans l'amour de son Créateur et Seigneur, et en vient à ne savoir plus aimer aucun objet créé sur la terre pour lui-même, mais uniquement dans le Créateur de toutes choses. La consolation fait encore répandre des larmes, qui portent à l'amour de son Seigneur l'âme touchée du regret de ses péchés, ou de la Passion de Jésus-Christ, notre Seigneur, ou de toute autre considération qui se rapporte directement à son service et à sa louange. Enfin, j'appelle consolation toute augmentation d'espérance, de foi et de charité, et toute joie intérieure qui appelle et attire l'âme aux choses célestes et au soin de son salut, la tranquillisant et la pacifiant dans son Créateur et Seigneur. 317 Quatrième règle. De la désolation spirituelle. J'appelle désolation le contraire de ce qui a été dit dans la troisième règle : les ténèbres et le trouble de l'âme, l'inclination aux choses basses et terrestres, les diverses agitations et tentations qui la portent à la défiance, et la laissent sans espérance et sans amour, triste, tiède, paresseuse, et comme séparée de son Créateur et Seigneur. Car comme la consolation est opposée à la désolation, les pensées que produit l'une sont nécessairement contraires à celles qui naissent de l'autre. 318 Cinquième règle. Il importe, au temps de la désolation, de ne faire aucun changement, mais de demeurer ferme et constant dans ses résolutions, et dans la détermination où l'on était avant la désolation, ou au temps même de la consolation. Car, comme c'est ordinairement le bon esprit qui nous guide et nous conseille dans la consolation, ainsi, dans la désolation, est-ce le mauvais esprit, sous l'inspiration duquel nous ne pouvons prendre un chemin qui nous conduise à une bonne fin. 319 Sixième règle. Quoique nous ne devions jamais changer nos résolutions au temps de la désolation, il est cependant très utile de nous changer courageusement nous-mêmes, je veux dire notre manière d'agir, et de la diriger tout entière contre les attaques de la désolation. Ainsi, il convient de donner plus de temps à la prière, de méditer avec plus d'attention, d'examiner plus sérieusement notre conscience, et de nous adonner davantage aux exercices convenables de pénitence. 320 Septième règle. Que celui qui est dans la désolation considère comment le Seigneur, pour l'éprouver, le laisse à ses puissances naturelles, afin qu'il résiste, comme de lui-même, aux diverses agitations et tentations de l'ennemi ; car il le peut avec le secours divin qui lui reste toujours, quoiqu'il ne le sente pas, parce que le Seigneur lui a soustrait cette ferveur sensible, cet amour ardent, cette grâce puissante, ne lui laissant que la grâce ordinaire, mais suffisante pour le salut éternel. 321 Huitième règle. Que celui qui est dans la désolation travaille à se conserver dans la patience, vertu directement opposée aux attaques qui lui surviennent ; et qu'il espère qu'il sera bientôt consolé, pourvu qu'il emploie comme nous l'avons dit dans la sixième règle, les moyens nécessaires pour vaincre la désolation.
322 Neuvième règle. La désolation a trois causes principales. 323 Dixième règle. Que celui qui est dans la consolation pense comment il se comportera au temps de la désolation, et qu'il fasse dès lors provision de courage pour le moment de l'épreuve.
324 Onzième règle. Qu'il s'efforce aussi de s'humilier et de s'abaisser
autant qu'il lui est
possible, pensant de combien peu de chose il est capable au temps de la
désolation, lorsqu'il
est privé de la grâce sensible ou de la consolation. Au contraire, celui qui est
dans la
désolation se rappellera qu'il peut beaucoup avec la grâce, qu'elle lui suffit
pour résister à 325 Douzième règle. Notre ennemi ressemble à une femme : il en a la faiblesse et l'opiniâtreté. C'est le propre d'une femme, lorsqu'elle se dispute avec un homme, de perdre courage et de prendre la fuite aussitôt que celui-ci lui montre un visage ferme ; l'homme, au contraire, commence-t-il à craindre et à reculer, la colère, la vengeance et la férocité de cette femme s'accroissent et n'ont plus de mesure. De même, c'est le propre de l'ennemi de faiblir, de perdre courage et de prendre la fuite avec ses tentations, quand la personne qui s'exerce aux choses spirituelles montre beaucoup de fermeté contre le tentateur, et fait diamétralement le contraire de ce qui lui est suggéré. Au contraire, si la personne qui est tentée commence à craindre et à supporter l'attaque avec moins de courage, il n'est point de bête féroce sur la terre dont la cruauté égale la malice infernale avec laquelle cet ennemi de la nature humaine s'attache à poursuivre ses perfides desseins. 326 Treizième règle. Sa conduite est encore celle d'un séducteur : il demande le secret et ne redoute rien tant que d'être découvert. Un séducteur qui sollicite la fille d'un père honnête, ou la femme d'un homme d'honneur, veut que ses discours et ses insinuations restent secrets. Il craint vivement, au contraire, que la fille ne découvre à son père, ou la femme à son mari, ses paroles trompeuses et son intention perverse ; il comprend facilement qu'il ne pourrait alors réussir dans ses coupables desseins. De même, quand l'ennemi de la nature humaine veut tromper une âme juste par ses ruses et ses artifices, il désire, il veut qu'elle l'écoute et qu'elle garde le secret. Mais si cette âme découvre tout à un confesseur éclairé, ou à une autre personne spirituelle qui connaisse les tromperies et les ruses de l'ennemi, il en reçoit un grand déplaisir ; car il sait que toute sa malice demeurera impuissante, du moment où ses tentatives seront découvertes et mises au grand jour. 327 Quatorzième règle. ‹ Enfin, il imite un capitaine qui veut emporter une place où il espère faire un riche butin. Il assoit son camp, il considère les forces et la disposition de cette place, et il l'attaque du côté le plus faible. Il en est ainsi de l'ennemi de la nature humaine. Il rôde sans cesse autour de nous ; il examine de toutes parts chacune de nos vertus théologales, cardinales et morales, et, lorsqu'il a découvert en nous l'endroit le plus faible et le moins pourvu des armes du salut, c'est par là qu'il nous attaque et qu'il tâche de remporter sur nous une pleine victoire. 328 Autres règles qui traitent plus à fond la même matière du discernement des esprits. Elles conviennent surtout à la Seconde semaine. 329 Première règle. C'est le propre de Dieu et de ses Anges, lorsqu'ils agissent dans une âme, d'en bannir le trouble et la tristesse que l'ennemi s'efforce d'y introduire et d'y répandre la véritable allégresse et la vraie joie spirituelle. Au contraire, c'est le propre de l'ennemi de combattre cette joie et cette consolation intérieure par des raisons apparentes, des subtilités et de continuelles illusions.
330 Deuxième règle. Il appartient à Dieu seul de donner de la consolation à
l'âme sans
cause précédente, parce qu'il n'appartient qu'au Créateur d'entrer dans l'âme,
d'en sortir, et
d'y exciter des mouvements intérieurs qui l'attirent tout entière à l'amour de
sa divine
Majesté. Je dis sans cause, c'est-à-dire sans aucun sentiment précédent ou
connaissance 331 Troisième règle. Lorsqu'une cause a précédé la consolation, le bon et le mauvais ange peuvent également en être l'auteur ; mais leur fin est bien différente. Le bon Ange a toujours en vue le profit de l'âme qu'il désire voir croître en grâce et monter de vertu en vertu. Le mauvais ange, au contraire, veut toujours arrêter ses progrès dans le bien pour l'attirer enfin à ses intentions coupables et perverses. 332 Quatrième règle. C'est le propre de l'ange mauvais, lorsqu'il se transforme en ange de lumière, d'entrer d'abord dans les sentiments de l'âme pieuse, et de finir par lui inspirer les siens propres. Ainsi, il commence par suggérer à cette âme des pensées bonnes et saintes, conformes à ses dispositions vertueuses ; mais bientôt, peu à peu, il tâche de l'attirer dans ses pièges secrets et de la faire consentir à ses coupables desseins. 333 Cinquième règle. Nous devons examiner avec grand soin la suite et la marche de nos pensées. Si le commencement, le milieu et la fin, tout en elles est bon et tendant purement au bien, c'est une preuve qu'elles viennent du bon Ange ; mais si, dans la suite des pensées qui nous sont suggérées, il finit par s'y rencontrer quelque chose de mauvais ou de dissipant, ou de moins bon que ce que nous nous étions proposé de faire, ou si ces pensées affaiblissent notre âme, l'inquiètent, la troublent, en lui ôtant la paix, la tranquillité et le repos dont elle jouissait d'abord, c'est une marque évidente qu'elles procèdent du mauvais esprit, ennemi de notre avancement et de notre salut éternel. 334 Sixième règle. Quand l'ennemi de la nature humaine aura été découvert et reconnu à sa queue de serpent, c'est-à-dire par la fin pernicieuse à laquelle il nous porte, il sera utile à la personne qui aura été tentée de reprendre aussitôt la suite des bonnes pensées qu'il lui a suggérées, d'en examiner le principe, et de voir comment, peu à peu, il a tâché de la faire déchoir de la suavité et de la joie spirituelle dans laquelle elle était, jusqu'à l'amener à sa fin dépravée. L'expérience qu'elle acquerra par cette recherche et cette observation lui fournira les moyens de se mettre en garde dans la suite contre les artifices ordinaires de l'ennemi.
335 Septième règle. Le bon Ange a coutume de toucher doucement, légèrement
et
suavement l'âme de ceux qui font chaque jour des progrès dans la vertu ; c'est,
pour ainsi
dire, une goutte d'eau qui pénètre une éponge. Le mauvais ange, au contraire, la
touche
durement, avec bruit et agitation, comme l'eau qui tombe sur la pierre. Quant à
ceux qui
vont de mal en pis, les mêmes esprits agissent sur eux d'une manière tout
opposée.
336 Huitième règle. ‹ Lorsque la consolation spirituelle est sans cause qui
l'ait précédée, il
est certain qu'elle est à l'abri de toute illusion, puisque, comme nous l'avons
dit dans la
seconde de ces règles, elle ne peut venir que de Dieu, notre Seigneur. Cependant
la personne
qui reçoit cette consolation doit apporter beaucoup d'attention et de vigilance
à distinguer le
temps même de la consolation du temps qui la suit immédiatement. De la distribution des aumônes 337 Règles à observer dans le ministère de la distribution des aumônes.
338 Première règle. Si je distribue des aumônes à des parents, à des amis ou
à des
personnes pour lesquelles je me sens de l'affection, je dois observer quatre
points dont il a
été fait mention dans la matière de l'Élection (184,187). 339 Le second consiste à me représenter un homme que je n'ai jamais vu ou connu et à qui je désire toute la perfection à laquelle il peut atteindre dans l'exercice de son emploi ; puis je ferai moi-même, ni plus ni moins, ce que je voudrais qu'il fît dans la distribution de ses aumônes, prenant pour moi la règle que je lui conseillerais de suivre et que je juge être conforme à la plus grande gloire de Dieu et à la plus grande perfection de son âme. 340 Le troisième, à examiner, comme si je me trouvais à l'article de la mort, comment je voudrais m'être comporté dans l'exercice de mon emploi ; et, me réglant sur ce que je désirerais alors avoir fait, le mettre en pratique maintenant. 341 Le quatrième, à considérer ce que je penserai au jour du jugement. Comment voudrais-je alors m'être acquitté de ce ministère ? Quelle règle voudrais-je avoir suivie ? C'est celle que je dois suivre à cette heure. 342 Deuxième règle. ‹ Lors donc que l'on ressent de l'inclination ou de l'affection pour les personnes entre lesquelles on désire répartir les aumônes, il faut d'abord suspendre sa détermination, puis faire sur les quatre points de la règle précédente des réflexions sérieuses, recherchant et examinant la source de l'affection que l'on éprouve, et ne se décider à faire l'aumône qu'après avoir, conformément à cette première règle, ôté entièrement et rejeté de son cœur toute affection déréglée. 343 Troisième règle. Bien que l'on puisse légitimement accepter des bénéfices ecclésiastiques pour en distribuer le fruit, quand on se sent appelé de Dieu, notre Seigneur, à cet état, il est cependant certain que dans la détermination de la quantité qu'il est permis de s'appliquer à soi-même et de celle que l'on doit distribuer aux autres, on peut avec raison craindre d'excéder et de blesser sa conscience. Il sera donc bon de réformer sa conduite en consultant les règles présentes. 344 Quatrième règle. Pour les raisons que nous avons déjà exposées et pour beaucoup d'autres, le meilleur et le plus sûr, lorsqu'il s'agit de dépenses personnelles et domestiques, est toujours de restreindre et de diminuer de plus en plus, jusqu'à se rapprocher autant que possible du Pontife souverain, notre règle et notre modèle, qui est Jésus-Christ, notre Seigneur. C'est conformément à cette règle que le Concile de Carthage, auquel assista saint Augustin détermine et ordonne que l'ameublement de l'évêque soit commun et pauvre. Ceci doit s'appliquer à tous les états ; ce qui n'empêche pas d'avoir égard et de se conformer à ce que le rang et la condition réclament. Saint Joachim et sainte Anne, pour citer un exemple de personnes engagées dans le mariage, divisaient leurs biens en trois parts. Ils donnaient la première aux pauvres ; ils consacraient la seconde au culte divin et au service du Temple ; ils se servaient de la troisième pour leur entretien et celui de leur maison. Sur les scrupules 345 Règles utiles pour la connaissance et le discernement des scrupules et des insinuations trompeuses de notre ennemi. 346 Première règle. On nomme assez communément scrupule un jugement libre et volontaire par lequel nous prononçons qu'une action est péché lorsqu'elle ne l'est pas ; par exemple, lorsqu'il arrive à quelqu'un de juger qu'il a péché en mettant le pied par hasard sur deux brins de paille en forme de croix. Or ceci est plutôt, à proprement parler un jugement erroné qu'un scrupule. 347 Deuxième règle. Mais après avoir marché sur cette croix, ou après avoir fait, dit ou pensé une chose quelconque, il me vient du dehors la pensée que j'ai péché ; d'un autre côté, il me semble intérieurement que je n'ai pas péché. J'éprouve en cela du trouble, en tant que je doute et ne doute pas : or c'est là à proprement parler un scrupule et une tentation que l'ennemi fait naître en moi. 348 Troisième règle. Il faut abhorrer la première sorte de scrupule, dont il est question dans la première règle, parce qu'elle n'est qu'erreur. Quant à la seconde, indiquée dans la seconde règle, elle est très utile, durant quelque temps, à l'âme qui s'adonne aux Exercices spirituels ; car elle sert grandement à la rendre plus nette et plus pure, en la séparant entièrement de toute apparence de péché, selon cette parole de saint Grégoire : « C'est le propre des bonnes âmes de reconnaître une faute là où il n'y a pas de faute : Bonarum mentium est, ibi culpam agnoscere, ubi culpa nulla est. » 349 Quatrième règle. L'ennemi considère attentivement si une âme est peu scrupuleuse, ou si elle est timorée. Si elle est timorée, il tâche de la rendre délicate à l'extrême pour la jeter plus facilement dans le trouble et l'abattre. Il voit, par exemple, qu'elle ne consent ni au péché mortel, ni au péché véniel, ni à rien de ce qui a l'ombre de péché délibéré ; il tâchera, puisqu'il ne peut la faire tomber dans l'apparence même d'une faute, de lui faire juger qu'il y a péché là ou il n'y a point de péché, comme dans une parole ou une pensée sans importance. Au contraire, si l'âme est peu scrupuleuse, l'ennemi s'efforcera de la rendre moins scrupuleuse encore. Par exemple, si jusqu'ici elle ne faisait aucun cas des péchés véniels, il tâchera qu'elle fasse peu de cas des péchés mortels : et si elle faisait encore quelque cas des péchés mortels, il la portera à y faire beaucoup moins d'attention ou à les mépriser entièrement. 350 Cinquième règle. L'âme qui désire avancer dans la vie spirituelle doit toujours procéder d'une manière contraire à celle de l'ennemi. S'il veut la rendre peu délicate, qu'elle tâche de se rendre délicate et timorée ; mais si l'ennemi s'efforce de la rendre timorée à l'excès pour la pousser à bout, qu'elle tâche de se consolider dans un sage milieu pour y demeurer entièrement en repos. 351 Sixième règle. Lorsqu'une âme pieuse désire dire ou faire quelque chose qui ne s'écarte, ni des usages de l'Église, ni des traditions de nos pères, et qu'elle croit propre à procurer la gloire de Dieu, notre Seigneur, s'il lui vient du dehors une pensée ou une tentation de ne point dire ou faire cette chose, sous prétexte de vaine gloire ou d'autre défaut, qu'elle élève son entendement à son Créateur et Seigneur ; et si elle voit que cette parole ou cette action tend au service de Dieu, ou du moins ne lui est pas contraire, qu'elle fasse ce qui est diamétralement opposé à ce que lui suggère la tentation, répondant à l'ennemi avec saint Bernard : « Ce n'est pas pour toi que j'ai commencé, ce n'est pas pour toi que je cesserai : Nec propter te incepi, nec propter te finiam. » De la soumission à l'Église
352 Règles à suivre pour ne nous écarter jamais des véritables sentiments que
nous devons
avoir dans l'Église militante. 354 Deuxième règle. Louer la confession sacramentelle, la réception du très saint sacrement de l'Eucharistie au moins une fois dans l'année, beaucoup plus tous les mois, et plus encore chaque semaine, avec les dispositions requises et convenables. 355 Troisième règle. Louer l'usage d'entendre souvent la sainte Messe ; louer de même les chants ecclésiastiques, la psalmodie et les prières, même prolongées, dans l'église ou dans tout autre lieu convenable. Approuver la détermination de certaines heures pour la célébration de l'Office divin, pour la récitation des Heures canoniales et de toute autre prière. 356 Quatrième règle. Louer beaucoup les ordres religieux, la virginité et la continence et ne pas louer autant le mariage. 357 Cinquième règle. Louer les vœux de religion, d'obéissance, de pauvreté, de chasteté, et les autres par lesquels on s'oblige à des œuvres de surérogation et de perfection. Or, il est à remarquer que le v¦u ayant essentiellement pour matière les choses qui se rapprochent davantage de la perfection évangélique, on ne doit point faire v¦u de ce qui s'en éloigne, comme d'entrer dans le commerce ou de s'engager dans le mariage. 358 Sixième règle. Louer l'usage de prier les Saints et de vénérer leurs reliques ; louer les stations, les pèlerinages, les indulgences, les jubilés, les faveurs spirituelles accordées par les souverains Pontifes dans l'intention d'obtenir de Dieu le triomphe de l'Église sur les infidèles, l'usage de brûler des cierges dans nos temples. 359 Septième règle. ‹ Louer les lois de l'Église relativement aux jeûnes et aux abstinences du Carême, des Quatre-Temps, des Vigiles, du vendredi et du samedi ; louer aussi les pénitences, non seulement intérieures, mais encore extérieures. 360 Huitième règle. ‹ Louer le zèle pour la construction et l'ornement des églises ; louer de même l'usage des tableaux et des statues et les vénérer en vue des objets qu'ils représentent. 361 Neuvième règle. ‹ Louer enfin tous les préceptes de l'Église, et être toujours prêt à chercher des raisons pour les justifier et les défendre, et jamais pour les condamner ou les blâmer. 362 Dixième règle. Nous devons être plus portés à approuver et à louer les règlements, les recommandations et la conduite de nos supérieurs qu'à les blâmer : car, supposé que quelques-unes de leurs dispositions ne soient pas, ou puissent ne pas être dignes d'éloges, il est toujours vrai, à raison des murmures et du scandale, qu'il y a plus d'inconvénients que d'utilité à les condamner, soit en prêchant en public, soit en parlant devant le bas peuple ; ce qui l'irriterait contre ses supérieurs temporels ou spirituels. Cependant, comme il est dangereux de parler mal des supérieurs en leur absence devant le peuple, ainsi peut-il être utile de manifester l'irrégularité de leur conduite aux personnes mêmes qui ont le pouvoir d'y porter remède. 363 Onzième règle. Louer la théologie positive et scolastique ; car, comme c'est particulièrement le propre des Docteurs positifs, tels que saint Jérôme, saint Augustin, saint Grégoire et les autres, d'exciter les affections et de porter les hommes à aimer et à servir de tout leur pouvoir Dieu, notre Seigneur ; ainsi le but principal des Scolastiques, tels que saint Thomas, saint Bonaventure, le Maître des Sentences et ceux qui les ont suivis, est de définir et d'expliquer, selon le besoin des temps modernes, les choses nécessaires au salut éternel, d'attaquer et de manifester clairement toutes les erreurs et les faux raisonnements des ennemis de l'Église. En effet, plus récents que les premiers, non seulement ils se servent avantageusement de l'intelligence de la sainte Écriture et des écrits des saints Docteurs positifs ; mais éclairés et enseignés eux-mêmes par la vertu divine, ils s'aident encore, pour notre instruction, des Conciles, des canons et des constitutions de notre Mère la sainte Église. 364 Douzième règle. Évitons de faire des comparaisons entre les personnes encore vivantes et les saints qui sont dans le ciel ; car on est grandement exposé à se tromper en ce point. Gardons-nous donc de dire : Cet homme est plus savant que saint Augustin ; celui-ci est un autre saint François, s'il ne le surpasse ; celui-là est un autre saint Paul en vertu, en sainteté, etc. 365 Treizième règle. Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons toujours être disposés à croire que ce qui nous paraît blanc est noir, si l'Église hiérarchique le décide ainsi. Car il faut croire qu'entre Jésus-Christ, notre Seigneur, qui est l'Époux, et l'Église, qui est son Épouse, il n'y a qu'un même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de nos âmes, et que c'est par le même Esprit et le même Seigneur qui donna les dix commandements qu'est dirigée et gouvernée notre Mère la sainte Église. 366 Quatorzième règle. Quoiqu'il soit très vrai que personne ne puisse se sauver sans être prédestiné et sans avoir la foi et la grâce, il faut s'observer beaucoup dans la manière de parler et de discourir sur ce sujet. 367 Quinzième règle. Nous ne devons parler ni beaucoup ni souvent de la prédestination ; mais si on en dit parfois quelque chose, que l'on évite de donner au peuple l'occasion de tomber dans quelque erreur et de lui faire dire ce que l'on entend quelquefois : Si je dois être damné ou sauvé, c'est une affaire déjà décidée ; mes actions bonnes ou mauvaises ne feront pas qu'il en arrive autrement. Et, sur ce raisonnement, on tombe dans l'indolence, et on néglige les œuvres utiles au profit de l'âme et nécessaires au salut. 368 Seizième règle. Il faut également prendre garde qu'à force de parler sans explication et sans distinction de l'excellence et de la vertu de la foi, on ne donne occasion au peuple de devenir négligent et paresseux pour les bonnes œuvres, soit avant la conversion, lorsque la foi n'est pas encore animée par la charité, soit après. 369 Dix-septième règle. Ne nous arrêtons pas et n'insistons pas tellement sur l'efficacité de la grâce, que nous fassions naître dans les cœurs le poison de l'erreur qui nie la liberté. Il est permis sans doute de parler de la foi et de la grâce, autant qu'il est possible avec le secours divin, pour la plus grande louange de la divine Majesté ; mais non de telle manière, surtout en des temps si difficiles, que les œuvres et le libre arbitre en reçoivent quelque préjudice, ou soient regardés, celui-ci comme un vain mot, et celles-là comme inutiles. 370 Dix-huitième règle. Bien que nous devions surtout désirer que les hommes servent Dieu, notre Seigneur, par le motif du pur amour, nous devons cependant louer beaucoup la crainte de la divine Majesté ; car, non seulement la crainte filiale est pieuse et très sainte, mais la crainte servile même, lorsque l'homme ne s'élève pas à quelque chose de meilleur et de plus utile, l'aide beaucoup à sortir du péché mortel ; et, lorsqu'il en est sorti, il parvient facilement à la crainte filiale, qui est tout agréable et chère à Dieu, parce qu'elle est inséparablement unie à son amour.
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