Jean de Vandières
Abbé à Gorze, Saint
+ 978

Toute la vie de ce saint homme n'offre presque qu'un enchaînement de choses extraordinaires, surtout les quarante ans pendant lesquels il vécut en solitaire et en religieux. Il naquit vers la fin du neuvième siècle à Vandière, village situé entre Metz et Toul. Son père était un homme simple, droit et irréprochable. Jean étudia d'abord à Metz, puis à Verdun, où il fit peu de progrès par la négligence de son maître. Son père étant mort et sa mère s'étant remariée, il fut chargé du soin du ménage, et acquit parce moyen beaucoup d'intelligence dans la conduite des affaires. Ses biens et ceux de sa famille s'augmentèrent considérablement pendant son administration. Il se lia alors avec plusieurs gentilshommes et quelques ecclésiastiques du pays, et tira de leur conversation un grand profit pour son âme. La réputation de probité dont il jouissait lui attira l'estime générale ; l'évêque de Verdun fit lui-même sa connaissance, et lui confia plusieurs affaires délicates. Jean sentit que pour s'acquitter avec fruit des emplois auxquels on l'avait appelé, il avait besoin de se perfectionner dans les sciences, et reprit par conséquent le cours de ses études sous la direction du vertueux Berner, archidiacre de Toul, homme savant et d'une rare piété.

Jean recherchait la société des personnes religieuses. Un jour qu'il s'entretenait avec une jeune fille nommée Géise, qu'on élevait au monastère de Saint-Pierre de Metz, il s'aperçut qu'elle portait un cilice. La vue de cet objet excita en lui le vif désir de parvenir à la perfection, et il résolut aussitôt de renoncer au monde et de se consacrer entièrement à Dieu : il s'appliqua donc à étudier l'Ecriture sainte, lut les canons des conciles, les ouvrages des Pères, les livres des cérémonies de l'Eglise, les Vies des saints, les règles des pénitences et même les capitulaires et autres ouvrages de droit civil. Muni de tous ces secours, il alla trouver un saint ermite, nommé Humbert, qui demeurait près de Verdun, et auquel il fit une confession générale de tous ses péchés. On croit que c’est alors qu'il renonça à l'usage des viandes, et qu'il promit de ne plus manger que des mets maigres. Il alla ensuite dans la forêt d'Argonne trouver un autre ermite nommé Lambert, mais dont il ne fut pas très content : celui-ci était fort ignorant, et ne faisait autre chose que d'accabler son corps par des austérités excessives. Toute la conduite de Jean retraçait celle des anciens anachorètes de la Thébaïde. Il partit pour l'Italie, visita les tombeaux des apôtres, les monts Gargan, Cassin, Vésuve, où il trouva partout de pieux .solitaires qui étaient parvenus à une grande sainteté. Après s'être édifié dans leur compagnie, il revint en Lorraine, où il fit la connaissance d'Einold, archidiacre de Metz, qui, touché de la vie sainte de Jean, vendit tous ses biens, en distribua le produit aux pauvres, et convint avec lui d'aller en Italie pour y terminer ses jours : mais l'évêque Adalbéron s'y opposa, et leur prescrivit de rester dans le diocèse de Metz. Ils entrèrent donc tous les deux dans l'abbaye de Gorze, située à quatre lieues de Metz, et fondée deux siècles avant par S. Chrodegang. Jean s'y présenta en 960 ; son séjour dans cette maison contribua puissamment à ranimer la discipline. Ses austérités furent si grandes, que l'abbé du monastère se vit souvent obligé de les modérer.

Comme l'empereur Otton fut obligé d'envoyer une ambassade en Espagne à Abdérame, roi des Maures, il demanda deux religieux à l'abbaye de Gorze. Jean fut donc nommé chef de cette ambassade, qui dura quatre ans. La fermeté et le courage du saint religieux l'emportèrent sur la fierté du roi barbare, qui témoigna d'abord de l'aversion pour lui, mais qui finit par rendre justice à ses vertus. Jean reçut du ciel des faveurs extraordinaires. De retour en France, il fut nommé abbé de Gorze, et conduisit pendant treize ans cette maison avec une rare prudence. Il mourut de la mort des justes à la fin du mois de février 978. Son nom se trouve dans plusieurs Martyrologes.

SOURCE : A. Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

 

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