Jehanne d’Arc
Bergère, Guerrière, Sainte
1412-1431

Nul doute que beaucoup connaissent assez bien l’histoire de France pour savoir qui fut Jeanne d’Arc. On ne répétera sans doute pas tout ici, mais on va tâcher de résumer les traits importants décrivant la sainteté de notre héroïne.

Elle naquit vers 1412 en Champagne à Greux-Domremy. Maintenant Domremy est en Lorraine. Jehanne avait trois frères et une sœur. Son père était Jacques d’Arc et sa mère Ysabelle Romée.

Au Bois-Chenu, qu’on aperçoit de Domremy, des prophéties locales, auxquelles Jehanne affirma n’avoir jamais cru, annonçaient qu’une pucelle venant de ce bois ferait des merveilles. Toute jeune, Jehanne était pour le parti armagnac, et dit qu’elle eût voulu qu’on tranchât la tête au seul habitant de Domremy qui fût Bourguignon, si ç’eût été le bon plaisir de Dieu.

A treize ans, elle eut une Voix de Dieu pour l’aider à se gouverner : elle avait jeûné la veille, et voua alors sa virginité tant qu’il plairait à Dieu. Dès lors, la Voix ne cessa pour ainsi dire de la harceler : “Sois bonne enfant et Dieu t’aidera - Va au secours du roi de France — Il te faut aller en France”. Cette voix était accompagnée de la vision de saint Michel, de sainte Catherine et de sainte Marguerite.

Au début, Jehanne ne dit rien à personne. C’est en 1428 que la Voix fut plus pressante : “Va vers Robert de Baudricourt, en la ville de Vaucouleurs, afin qu’il te donne des gens pour t’accompagner.” Premier échec ; début 1429, le curé de Vaucouleurs vient même l’exorciser, à quoi elle proteste : “C’est mal fait à lui, dit-elle, car m’ayant entendue en confession il me pouvait bien connaître.”

Ayant annoncé à Baudricourt la défaite du roi à Harengs, survenue la veille, elle obtint alors son escorte. Quand on lui demande “Quand voulez-vous partir”, elle répond cette phrase qui la dépeint toute : “A cette heure mieux que demain ; demain mieux qu’après.”

Le 23 février 1429, vêtue d’habits masculins, les cheveux coupés en rond à la manière des jeunes garçons, Jehanne part avec Jean de Metz, Bertrand de Poulengy et Jean de Honnecourt. C’est le début de la longue chevauchée.

Mars 1429 : à Chinon, Jehanne reconnaît le dauphin : “En nom Dieu, gentil prince, c’est vous et non autre.” A Poitiers, où elle est longuement examinée, elle répond avec hardiesse et parfois avec ironie : “En nom Dieu, les gens d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire. — Avez-vous du papier et de l’encre ? Écrivez : Vous, Suffort, Classidas et la Poule, je vous somme de par le roi des Cieux que vous vous en alliez en Angleterre. — Il y a aux livres de Notre-Seigneur plus qu’aux vôtres.”

Blois en avril. A Orléans, les Anglais doivent lever le siège, vaincus par l’entrain de Jehanne qui a bousculé conseils, capitaines et hommes de guerre. Jargeau, Tours, Loches, Beaugency, Patay, Auxerre, Troyes, Châlons, Reims enfin où est sacré le roi, le 17 juillet. Puis Soissons, Château-Thierry, Coulommiers, Crécy-en-Brie, Provins, Saint-Denis le 26 août. Elle est blessée, et le roi ordonne le repli sur la Loire, au grand désespoir de Jehanne que ses Voix ne conseillent plus en faits de guerre.

Le 29 décembre 1429, Jehanne et sa famille sont anoblies par le roi Charles : la famille du Lys ne disparaîtra qu’un siècle plus tard.

Partie guerroyer à Melun, elle reçoit révélation qu’elle sera faite prisonnière avant la Saint-Jean (24 juin). A Lagny, à sa prière, un enfant reprend vie pour recevoir le baptême. C’est le 23 mai qu’elle est faite prisonnière à Compiègne. Le duc Jean de Luxembourg la visite avec dédain, et lui fait des outrages que le chroniqueur n’ose transcrire. Le calvaire commence. Les Voix l’invitent à “prendre tout en gré, car elle s’en ira en royaume de paradis.” A la centaine d’enfants qui l’entoure à Compiègne, elle dit : “Mes enfants et chers amis, je vous signifie qu’on m’a vendue et trahie ! Et que de bref je serai livrée à mort. Ainsi vous supplie que vous priiez Dieu pour moi, car jamais je n’aurai plus de puissance de faire service au roi ni au royaume de France.”

On sait que Jehanne n’osait se servir de son épée pour tuer, par délicatesse intime, quoiqu’elle entraînât valeureusement ses soldats à la victoire. Mais cette épée, elle la brisa sur le dos d’une prostituée qui était venue narguer les soldats dans le campement.

Jehanne était fervente, toute donnée à ses Voix. Elle restait parfois des heures, des nuits entières dans la prière d’oraison, sans multiplier les formules, mais en contemplant la volonté divine. Elle se confessait tous les deux jours, elle communiait deux fois la semaine. “J’aime mieux mourir que de commettre un péché mortel”.

Jehanne veut que soit accomplie la justice : elle ordonne que soit exécuté l’envoyé des Anglais, quand elle apprend que le sien a été mis à mort par l’ennemi contre toutes les lois de la guerre. Elle sait pardonner : un certain Glasdas l’avait insultée de la dernière façon, elle lui répondit : “Glasdas, Glasdas, rends-ti, rends-ti, au Rèy du Ciel. Tu m’as appelée… vilaine, mais grand pitié j’ai de ton âme et des tiens.” Après la défaite, elle fait rechercher parmi les noyés le corps de Glasdas pour le faire inhumer.

Une fois prisonnière, on la traîne de tous côtés. Jean de Luxembourg la tient trois jours au château de Clairoix, puis on l’emmène à celui de Beaulieu, de là à Beaurevoir. L’évêque de Beauvais la réclame alors, sous caution de dix mille francs-or. Fin septembre, à Arras ; mi-novembre à Rouen par le littoral : Derugy, Crotoy, Saint-Valery-sur-Somme, Eu et Dieppe. Au château de Bouvreuil, elle est liée et entravée dans une cage de fer, puis, après plusieurs semaines, attachée à une poutre par une chaîne, sous la garde de cinq hommes d’armes grossiers. On reprochera à Jehanne de refuser de quitter ses habits d’homme ; elle les quitta un moment, mais les reprit, expliquant à l’évêque qu’étant avec des soldats, il lui vaut mieux être ainsi, d’autant qu’on l’a trompée ne la mettant pas hors des fers, ni ne lui donnant messe ou sacrements : elle est alors accusée comme relapse.

Le procès se déroulera en plusieurs étapes, de janvier à mai, s’achevant après maintes péripéties, par la condamnation à être brûlée vive, comme hérétique et relapse.

Six fois, dans la fumée, on l’entend crier : “Jésus !”

Dans les cendres, on retrouva intacts le cœur et les entrailles, qui furent jetés à la Seine. Au XVIe siècle, il était question de quelques vêtements de Jehanne, qu’on a maintenant perdus.

En 1454, la mère et les frères de Jehanne réclamèrent la révision du procès, qui fut cassé en 1456. Jehanne est béatifiée en 1909, canonisée en 1920.

Cinq siècles après la mort de Jehanne d’Arc, Français et Anglais se retrouvèrent côte à côte à Orléans en 1929 lors des célébrations traditionnelles, les évêques anglais étant venus là avec l’ambassadeur d’Angleterre, pour fêter notre Héroïne.

 

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