Sainte Jeanne de
Valois, fille du roi Louis XI, vint au monde toute laide et
contrefaite, mais, en revanche, le Ciel
révéla
en elle, dès ses plus tendres années, une âme d'élite. Sa piété
envers la Sainte Vierge marquait son âme du sceau des prédestinés.
Elle avait cinq ans lorsque la Mère de Dieu daigna lui apprendre
qu'elle était appelée à fonder en Son honneur un Ordre dont le but
principal serait l'imitation de Ses vertus.
Jeanne fut mariée
malgré elle à un prince qui l'avait en aversion et ne la regarda
jamais comme son épouse. Après quelques années pleines d'épreuves
pour elle, le roi Louis XI étant mort, ce mariage, contracté en des
conditions déplorables, fut, à la demande du mari, déclaré nul par
le Souverain Pontife: "Que Dieu soit glorifié, dit alors la Sainte,
mes chaînes sont brisées; c'est Lui qui l'a voulu, afin que
désormais je puisse mieux Le servir que je ne l'ai fait jusqu'ici."
Ses adieux au prince
furent touchants: "Je vous dois, dit-elle, une grande
reconnaissance, puisque vous me retirez de la servitude du siècle.
Pardonnez-moi mes torts; désormais, ma vie se passera à prier pour
vous et pour la France."
Dès lors la prière
devint la compagne inséparable de Jeanne. Son ardent amour pour
Jésus-Christ lui fit embrasser les mortifications volontaires, et
plus d'une fois on la vit, à genoux au pied d'une Croix, se frapper
la poitrine avec une pierre et répandre un torrent de larmes, à la
pensée de ses péchés et des souffrances de Jésus-Christ. Elle
jeûnait et prolongeait ses veilles, ses prières et ses macérations
trois jours au moins par semaine.
Consoler les pauvres,
les servir à table, laver et baiser leurs pieds, voilà quelles
étaient les occupations chères à son coeur. Son humilité aurait
voulu cacher à tous les yeux les prodiges de sa charité; elle
n'aurait désiré que Dieu seul pour témoin, car elle ne cherchait que
Lui dans la pratique de toutes les vertus.
L'Eucharistie était sa
force mystérieuse; elle ne la recevait jamais que toute baignée de
larmes, et c'est au pied du Tabernacle qu'elle trouvait tous les
trésors de dévouement qu'elle prodiguait autour d'elle.
Elle put, avant sa
mort, fonder, selon la promesse de la Sainte Vierge, l'Ordre des
Annonciades. Une clarté extraordinaire parut pendant plus d'une
heure dans sa chambre, au moment de sa mort. On trouva son corps
couvert d'un cilice, avec une chaîne de fer.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |