Paulette LEBLANC
Jeanne Jugan
(1792-1879)
Fondatrice des
Petites Sœurs des Pauvres
Décembre 2007
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Quelques
rappels historiques
L’année 1792 était
pleine d’inquiétudes: la Révolution battait son plein; le Roi Louis
XVI était en prison: il sera guillotiné le 21
janvier 1793. Les
prêtres avaient dû choisir entre l’obéissance au pape ou le serment
à La constitution civile du Clergé. Le curé qui avait baptisé
Jeanne Jugan était un prêtre jureur, un ancien moine du
Mont-Saint-Michel. Bientôt l’église sera transformée en magasin à
fourrage pour les besoins des troupes. Et dans quelques mois
commencera la guerre de Vendée, et la “chouannerie”. Pendant
plusieurs années ce ne seront plus que violences, exécutions
sommaires, insécurité et misères qui marqueront pendant longtemps
tous les habitants de l’Ouest de la France.
La ville de Cancale
était pauvre. La faim et les maladies y sévissaient fréquemment.
L’hiver 1794-1795 fut particulièrement terrible. Les conséquences se
firent rapidement sentir: outre les méfaits de la guerre, il fallait
se méfier des bandes mendiantes, voire criminelles qui semaient la
terreur dans les campagnes. Il n’y avait aucune aide sociale pour
apaiser toutes ces misères, mais les familles savaient s’entraider,
et prier.
Il n’y avait plus de
catéchisme organisé durant ces années-là, mais, en secret, quelques
personnes mieux formées, dont certaines appartenaient au Tiers-Ordre[1]
de Saint Jean Eudes, catéchisaient les enfants. Enfin, après la
signature du Concordat entre Bonaparte et le pape Pie VII, l’église
de Cancale fut réouverte et rendue au culte.
Pendant la durée de
l’Empire, la vie reprit peu à peu. Sur le plan religieux, grâce au
Concordat, la vie chrétienne revivait aussi. Les missions se
multipliaient. Mais la pauvreté était toujours grande partout en
France. On subissait encore les conséquences des guerres de
Napoléon, et les récoltes de 1816 et 1817, particulièrement
mauvaises, jetaient sur les chemins beaucoup de pauvres gens qui
pouvaient facilement se transformer en bandits... Ainsi, en 1816,
une affiche apposée par la municipalité de Saint-Servan nous apprend
que la ville, de dix mille habitants, comptait quatre mille
“individus” réduits à la mendicité et secourus par son Bureau de
Bienfaisance et son Hôpital[2] pompeusement
appelé “Hôpital civil de la Marine”.
Nous savons qu’à cette
époque, vers 1820, les deux-tiers de la population française étant
illettrée, la presse était peu lue. Le suffrage universel n’existait
pas encore: seuls les riches pouvaient voter. Par contre, les crises
économiques se répercutaient dans toutes les provinces: mauvaises
récoltes (de pommes de terre et de céréales), disettes, épidémies...
La révolution de 1830 passa presque inaperçue dans la plupart des
provinces, mais les bandes errantes de chômeurs ou de bandits
faisaient grandir l’insécurité. Le nombre d’indigents que les villes
devaient secourir était énorme. Ce fut l’époque où Frédéric Ozanam
fonda à Paris les Conférences de Saint Vincent de Paul. (1833)
[1] Fondé
au XVIIème siècle. Ces sœurs trottines, comme on les
appelaient, jouèrent un rôle considérable pour la
transmission de la foi.
[2] Au
début du XIXème siècle, les hôpitaux n’étaient le plus
souvent que des hauts-lieux de mendicité.
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