02
LE DÉMON DANS LES ÉVANGILES
1-Le
démon
Celui qui croit
que Jésus est vraiment le Verbe de Dieu, la Parole divine
incarnée, ne peut pas mettre sa parole en doute. Et
lorsqu'on prend la peine de lire attentivement les
Évangiles, on ne peut qu'être frappé par le grand
nombre
de fois auxquelles il est fait référence à Satan, aux
démons, aux ténèbres, aux esprits impurs... Notre Seigneur
Lui-même a constamment mis en garde ses disciples contre les
mensonges de Satan. Non seulement Il les a mis en garde,
mais Il leur a fortement conseillé de prier sans cesse pour
être délivré du démon, comme cela est précisé dans la grande
prière qu'Il nous a laissée: le Notre Père:
"Notre
Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié; que
votre règne arrive; que votre volonté soit faite sur la
terre comme au ciel. Donnez-nous aujourd'hui le pain
nécessaire à notre subsistance; et remettez-nous nos dettes,
comme nous-mêmes remettons à ceux qui nous doivent; et ne
nous laissez pas succomber à la tentation,
mais
délivrez-nous du Malin."
(Matthieu 6, 9 à 13)
1-1-La
tentation
1-1-1-Les tentations de Jésus
Saint Matthieu
et saint Luc décrivent longuement la tentation de Jésus au
désert avant de commencer sa vie publique. Saint Marc y fera
allusion, mais plus discrètement. Nous remarquerons que dans
ces textes le diable est nommé à plusieurs reprises. En
effet, c'est toujours le diable, ou Satan, qui est à
l'origine de toutes les tentations. Matthieu raconte:
"Alors Jésus
fut conduit par l'Esprit dans le désert pour être tenté par
le diable. après avoir jeûné quarante jours et quarante
nuits, il eut faim. Et le tentateur, s'approchant,
lui dit: 'Si vous êtes fils de Dieu, dites que ces pierres
deviennent des pains.' Il lui répondit: 'Il est écrit:
L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole
qui sort de la bouche de Dieu.' Alors le diable
l'emmena dans la ville sainte, et, l'ayant posé sur le
pinacle du temple, il lui dit: 'Si vous êtes fils de Dieu,
jetez-vous en bas; car il est écrit: Il donnera pour vous
des ordres à ses anges, et ils vous prendront sur leurs
mains, de peur que votre pied ne heurte contre une pierre.'
Jésus lui dit: 'Il est écrit aussi: Tu ne tenteras point le
Seigneur, ton Dieu.' Le diable, de nouveau, l'emmena
sur une montagne très élevée, et lui montrant tous les
royaumes du monde, avec leur gloire, il lui dit: 'Je vous
donnerai tout cela, si, tombant à mes pieds, vous vous
prosternez devant moi. Alors Jésus lui dit: 'Retire-toi,
Satan; car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton
Dieu, et tu ne serviras que lui seul.' Alors le diable
le laissa, et voilà que des anges s'approchèrent pour le
servir." (Matthieu 4, 1 à 11)
Le récit de
saint Luc est très voisin de celui de Matthieu, avec
cependant quelques détails supplémentaires: "Jésus,
rempli de l'Esprit-Saint, revint du Jourdain, et il fut
conduit par l'Esprit dans le désert, pendant quarante jours
pour être tenté par le diable. Il ne mangea rien
durant ce temps-là, et, quand ces jours furent passés, il
eut faim. Le diable lui dit: 'Si vous êtes le fils de
Dieu, dites à cette pierre qu'elle devienne du pain.' Jésus
lui répondit: 'Il est écrit: L'homme ne vit pas seulement de
pain.' Et après l'avoir conduit jusque sur une montagne,
le diable lui montra en un instant tous les royaumes de
la terre, et lui dit: 'Je vous donnerai toute cette
puissance avec leur gloire, car elle m'a été remise et je la
donne à qui je veux. Si donc vous vous prosternez devant
moi, elle sera toute à vous.' Jésus répondit: 'Il est écrit:
Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui
seul.' Le diable le conduisit à Jérusalem, et le posa
sur le pinacle du temple et lui dit: 'Si vous êtes Fils de
Dieu, jetez-vous d'ici en bas; car il est écrit: Il donnera
pour vous des ordres à ses anges pour vous garder, et Ils
vous prendront sur leurs mains, de peur que votre pied ne
heurte contre une pierre.' Jésus lui dit: 'Il est écrit: Tu
ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.' Ayant épuisé toute
tentation, le diable s'éloigna de lui jusqu'au temps
marqué." (Luc 4, 1 à 13)
L'Évangéliste
saint Marc, sur le sujet de la tentation de Jésus au
désert, est beaucoup plus succinct: "L'Esprit le poussa
au désert où il demeura quarante jours, tenté par Satan;
il était parmi les bêtes sauvages, et les anges le
servaient." (Marc 1, 12 et 13)
Vers la fin de
sa vie publique, Jésus vécut une autre tentation, plus
étrange car provoquée par l'intermédiaire de son apôtre
Pierre. Jésus voulait ainsi faire comprendre que même les
meilleurs parmi les hommes peuvent devenir l'instrument de
Satan sans qu'ils en soient responsables. Ainsi saint
Matthieu n'hésite pas à écrire: "Jésus commença depuis
lors à déclarer à ses disciples qu'il fallait qu'il allât à
Jérusalem, qu'il souffrît beaucoup de la part des anciens,
des grands prêtres et des scribes, qu'il fût mis à mort et
qu'il ressuscitât le troisième jour. Pierre, le prenant à
part se mit à le reprendre, disant: 'À Dieu ne plaise,
Seigneur! cela ne vous arrivera pas.' Mais lui, se
tournant, dit à Pierre:
— Va-t'en!
Arrière de moi, Satan! Car tu m'es un scandale..."
(Matthieu 16, 21 à 23)
1-1-2-Comment les disciples de Jésus doivent-ils
résister aux tentations?
Jésus a voulu
être tenté par le diable afin de montrer aux hommes comment
ils devront, eux aussi, résister aux tentations. Leur
meilleure arme, c'est la prière que Jésus leur enseigne,
le Notre Père.
Il
convient de noter ici que ce n'est jamais Dieu qui nous
tente, comme le laisserait entendre certaine traductions,
mais toujours le démon. Aussi Jésus nous demande-t-Il de
prier le Père céleste, "de ne pas nous laisser succomber à
la tentation." La traduction souvent utilisée dans la
liturgie: "ne nous soumets pas à la tentation" serait à
revoir, car elle peut conduire à des erreurs théologiques
sérieuses.
1-1-3-Comment les docteurs de la Loi, du temps de
Jésus, ont-ils cherché à Le tenter?
À plusieurs
reprises les pharisiens et les docteurs de la Loi ont essayé
de tenter Jésus en le mettant dans une situation fausse.
Ainsi, selon saint Luc, ils posent la question: "Nous
est-il permis, ou non, de payer l'impôt à César? Ayant
compris leur fourberie, Jésus leur dit: 'Pourquoi me
tentez-vous? Montrez-moi un denier. De qui sont l'image
et l'inscription?' Ils dirent: 'De César.' Jésus leur dit:
'Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui
est à Dieu.' Et ils ne purent le prendre en faute devant le
peuple; pris d'admiration pour sa réponse, ils gardèrent le
silence". (Luc 20, 22 à 26)
1-2-Jésus et les démons
1-2-1-Jésus chasse les démons
Dès le début de
son Évangile, Saint Marc rapporte une scène qui se passe à
Capharnaüm, un jour du sabbat. Jésus entre dans la
synagogue, et se met à enseigner. Tout l'auditoire est
stupéfait de son enseignement, car il les enseignait comme
ayant autorité, et non comme les scribes. Mais voici une
scène nouvelle: "Or il y avait justement dans leur
synagogue un homme possédé d'un esprit impur, qui
s'écria: 'Ah! Qu'avons-nous affaire ensemble, Jésus de
Nazareth? Vous êtes venu pour nous perdre? Je sais qui vous
êtes, le saint de Dieu.' Jésus lui commanda avec force:
'Tais-toi et sors de cet homme!' Et l'esprit impur
l'abattit, poussa un grand cri et sortit de lui.
Et tous
furent saisis de stupeur à ce point qu'ils se demandaient
entre eux: 'Qu'est ceci? Un enseignement nouveau, avec
autorité! Et il commande aux esprits impurs, et ils
lui obéissent!'
Et sa
renommée se répandit aussitôt dans toute la région de la
Galilée. Jésus guérit beaucoup de malades affligés de
diverses infirmités, et il chassa beaucoup de démons;
mais il ne laissait pas les démons parler, parce
qu'ils le connaissaient. Et il allait, prêchant dans leurs
synagogues, par la Galilée entière, et chassant les
démons." (Marc 1, 23 à 39)
Tout au long de
son récit, Marc rapporte des scènes ayant frappé les
esprits. Ainsi, il n'hésite pas à dire que Jésus guérissait
beaucoup de gens et que "les esprits impurs, en le
voyant, se prosternaient devant lui et s'écriaient: 'Vous
êtes le Fils de Dieu!' Mais il leur commandait avec grande
force de ne pas le faire connaître." (Marc 3, 11 et 12)
Voici d'autres
rappels de scènes où Jésus chasse les démons et guérit les
malades. Tout d'abord un épisode remarquable où possession
et maladie peuvent nous apparaître comme liés. Une foule
nombreuse entourait les disciples de Jésus qui discutaient
avec des scribes. Jésus leur demanda de quoi ils
discutaient, lorsque quelqu'un se manifesta: "Maître, je
vous ai amené mon fils, qui a un esprit muet. Partout
où il s'empare de lui, il le jette contre terre, et il
écume, grince des dents et se raidit. Et j'ai dit à vos
disciples de le chasser, et ils ne l'ont pu." Jésus leur
répondit: "Ô génération incrédule, jusques à quand
serai-je près de vous? Jusques à quand vous supporterai-je?
Amenez-le-moi. Et ils le lui amenèrent. À la vue de Jésus
l'esprit jeta aussitôt l'enfant à terre, lequel, tombé sur
le sol, se roulait en écumant. Et Jésus demanda au père:
— Depuis
combien de temps cela lui arrive-t-il?
— Depuis
l'enfance, dit-il. Et souvent il l'a jeté dans le feu et
dans l'eau pour le faire périr. Mais, si vous pouvez quelque
chose, venez à notre aide par pitié pour nous. Jésus lui
dit:
— Si vous
pouvez! Tout est possible à celui qui croit.
Aussitôt le
père de l'enfant s'écria:
— Je crois!
Venez au secours de mon manque de foi!
Jésus,
voyant la foule, commanda avec force à l'esprit impur,
lui disant:
— Esprit
muet et sourd, je te le commande, sors de lui et ne rentre
plus en lui. Et ayant poussé un grand cri et l'ayant jeté à
terre avec violence, l'esprit sortit; et l'enfant devint
comme mort, si bien que beaucoup disaient: 'Il est mort.'
Mais Jésus, l'ayant pris par la main, le fit lever, et il se
tint debout.
Lorsqu'il
fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en
particulier: 'Pourquoi n'avons-nous pu le chasser?' Jésus
leur dit que ce genre de démon ne pouvait être chassé
que par la prière et le jeûne." (Marc 9, 17 à 29)
Saint Luc fait
un récit comparable: "Le jour suivant, lorsqu'ils furent
descendus de la montagne, une foule nombreuse se porta à sa
rencontre. Et voilà que de la foule un homme s'écria:
— Maître, je
vous en prie, jetez un regard sur mon fils, car c'est mon
unique. Un esprit s'empare-t-il de lui qu'aussitôt il pousse
des cris, et il l'abat en le faisant écumer; à grand'peine
le quitte-t-il après l'avoir tout meurtri. J'ai prié vos
disciples de le chasser, et ils ne l'ont pu.
Jésus
répondit:
— Ô
génération incrédule et perverse, jusques à quand serai-je
près de vous et vous supporterai-je? Conduis ici ton fils.
Et comme il approchait, le démon le jeta par terre et
l'abattit. Mais Jésus commanda avec force à l'esprit
impur et guérit l'enfant, et il le rendit à son père. Et
tous étaient stupéfaits devant la grandeur de Dieu."
(Luc 9, 37 à 43)
Chasser les démons
est, pour Jésus un acte souvent spectaculaire en raison des
réactions des démons. L'exemple des démons se
précipitant vers un troupeau de porcs est particulièrement
significatif. Saint Matthieu nous rapporte une scène
étonnante:
"Quand Jésus fut arrivé sur
l'autre rive, au pays des Gadaréniens,
vinrent à sa rencontre deux démoniaques qui sortaient
des tombeaux; ils étaient si méchants que personne ne
pouvait passer par ce chemin. Et ils se mirent à crier:
'Qu'avons-nous à faire ensemble, Fils de Dieu? Êtes-vous
venu ici pour nous tourmenter avant le temps?' Or il y
avait, à quelque distance d'eux, un fort troupeau de porcs
qui paissaient. Et les démons lui firent cette
prière: 'Si vous nous chassez, envoyez-nous dans ce troupeau
de porcs.' Il leur dit: 'Allez.' Ils sortirent et passèrent
dans les porcs. Et voici que tout le troupeau se précipita
par les pentes escarpées dans la mer, et ils périrent dans
les eaux."
(Matthieu 8, 28 à 32)
Saint Marc est
encore plus précis, bien qu'il ne présente qu'un seul
possédé. Il raconte: "Ils arrivèrent à l'autre rive de la
mer, au pays des Géraséniens. Et comme il venait de sortir
de la barque, vint à sa rencontre, sortant des tombeaux,
un homme possédé d'un esprit impur, qui avait sa demeure
dans les tombeaux; et nul ne pouvait plus le lier, même avec
une chaîne, car on l'avait souvent lié avec des entraves et
des chaînes, et il avait brisé les chaînes et broyé les
entraves, et personne n'était capable de le dompter.
Continuellement, de nuit et de jour, il était dans les
tombeaux et sur les montagnes, poussant des cris et se
meurtrissant avec des pierres. Ayant aperçu Jésus de loin,
il accourut, se prosterna devant lui, et, ayant poussé des
cris, il dit d'une voix forte:
— Qu'avons-nous à faire ensemble, Jésus, fils du Dieu très
haut? Je vous adjure, par Dieu, ne me tourmentez point.
C'est qu'il
lui disait:
— Esprit
impur, sors de cet homme. Et il lui demanda
aussi:
— Quel est
ton nom?
Et il lui
dit:
— Mon nom
est Légion, car nous sommes nombreux. Et il le priait
instamment de ne pas les envoyer hors du pays. Or, il y
avait là, près de la montagne, un grand troupeau de porcs
qui paissaient. Et ils lui firent cette prière:
— Envoyez-nous dans les porcs, afin que nous entrions
dedans.
Il le leur
permit; et les esprits impurs sortirent et entrèrent
dans les porcs; et le troupeau, qui était d'environ deux
milles, se précipita par les pentes escarpées dans la mer,
et ils se noyèrent dans la mer. Ceux qui les gardaient
s'enfuirent, et ils racontèrent la chose dans la ville et
dans la compagne. Et on vint voir ce qui était arrivé.Ils
venaient à Jésus pour voir le démoniaque qui était assis,
vêtu et dans son bon sens, lui qui avait eu la Légion: ils
furent saisis de frayeur. Et ceux qui avaient vu leur firent
le récit de ce qui était arrivé au possédé et aux
porcs. Alors ils se mirent à le supplier de s'éloigner de
leur territoire." (Marc 5, 1 à 17)
Saint Luc situe
cet épisode dramatique d'une manière plus précise: "Jésus
cheminait par les villes et par les bourgs, prêchant et
annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu; et les Douze
étaient avec lui, ainsi que quelques femmes qui avaient été
guéries d'esprits mauvais et de maladies: Marie,
surnommée la Magdaléenne, de laquelle étaient sortis sept
démons; Jeanne, femme de Khouza intendant d'Hérode,
Suzanne et plusieurs autres, qui les assistaient de leurs
biens...
Ils
abordèrent au pays des Gergéséniens,
qui est vis-à-vis de la Galilée. Lorsqu'il fut débarqué à
terre, vint à sa rencontre un homme de la ville, qui était
possédé par des démons, qui depuis longtemps ne
portait aucun vêtement et qui ne demeurait pas dans une
maison, mais dans les tombeaux. Ayant aperçu Jésus, il
poussa des cris, tomba à ses pieds et dit d'une voix forte:
— Qu'avons-nous à faire ensemble, Jésus, Fils du Dieu
très-haut? De grâce, ne me tourmentez point.
C'est qu'il
ordonnait à l'esprit impur de sortir de cet homme.
Bien des fois en effet il s'en était emparé, et on le tenait
lié avec des chaînes et des entraves, bien gardé, mais,
rompant les liens, il était poussé par le démon dans
les lieux déserts. Jésus lui demanda : 'Quel est ton nom?'
Il dit: 'Légion, car nous sommes nombreux.' Et ils le
priaient de ne pas leur enjoindre de s'en aller dans
l'abîme. Or, il y avait là un assez grand troupeau de
porcs qui paissaient sur la montagne; et ils lui firent
cette prière: qu'il leur permît d'entrer en eux; et il le
leur permit. Sortant de l'homme, les démons entrèrent
dans les porcs; et le troupeau, prenant sa course, se
précipita par les pentes escarpées dans le lac, et s'y noya.
Ceux qui le gardaient, à la vue de ce qui venait d'arriver,
s'enfuirent, et ils racontèrent la chose dans la ville et
dans la campagne. Ils sortirent pour voir ce qui était
arrivé: ils vinrent à Jésus et trouvèrent l'homme de qui
les démons étaient sortis, assis aux pieds de Jésus,
vêtu et dans son bon sens; ils furent saisis de frayeur.
Ceux qui avaient vu leur racontèrent comment avait été guéri
celui qui avait été possédé du démon. Et toute la
gent du territoire des Gergéséniens lui demanda de
s'éloigner d'eux, car ils étaient saisis d'une grande
crainte. Et lui monta en barque pour s'en retourner. L'homme
de qui les démons étaient sortis lui demandait la
grâce de rester avec lui, mais il le congédia en disant:
'Retourne dans ta maison, et fais le récit de tout ce que
Dieu a fait pour toi.' Et il s'en alla et publia par toute
la ville tout ce que Jésus avait fait pour lui." (Luc 8,
1 à 39)
1-2-2-Jésus est critiqué après avoir chassé des démons
Nous avons vu
plus haut que, parfois Jésus détectait la présence de
Satan avant même que ce dernier ait pu agir. C'est
ainsi, alors que sa Passion approchait, et disant à ses
disciples que le Fils de l'homme devait souffrir beaucoup,
qu'Il invectiva Pierre en disant:
— Arrière de
moi, Satan! car tu n'as pas le sens des choses de
Dieu, mais celui des choses des hommes." (Marc 8, 31 à
33)
Le sens des
choses des hommes! Jésus l'avait précédemment montré avec
beaucoup d'insistance: "Il enseignait dans une synagogue
un jour de sabbat. Et il y avait là une femme tenue depuis
dix-huit ans par un esprit impur qui la rendait infirme:
elle était courbée et ne pouvait absolument pas lever la
tête. L'ayant vue, Jésus l'appela et lui dit:
— Femme, tu
es délivrée de ton infirmité.
Et il lui
imposa les mains. Aussitôt elle se redressa, et elle
glorifiait Dieu. Mais le chef de la synagogue, indigné de ce
que Jésus avait guéri le jour du sabbat, prit la parole et
dit à la foule:
— Il y a six
jours pour travailler; venez donc vous faire guérir ces
jours-là et non pas le jour du sabbat.
Le Seigneur
lui répliqua:
— Hypocrites! Est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat,
ne détache pas de la crèche son bœuf ou son âne pour le
mener boire? Et cette femme, une fille d'Abraham, que
Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas
la délivrer de ce lien, même le jour du sabbat?
Pendant
qu'il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient couverts
de confusion, et toute la foule se réjouissait de toutes les
choses merveilleuses accomplies par lui." Jésus ayant
été averti qu'Hérode voulait le faire tuer Il dit:
"Allez-vous-en dire à ce renard: voici que je chasse les
démons et que j'opère des guérisons aujourd'hui et
demain, et le troisième jour je suis au bout de ma course."
(Luc 13, 1 à 32)
Jésus chasse
beaucoup de démons et guérit les malades. Les foules courent
après Lui, et cela ne semble pas plaire aux Docteurs de la
Loi. Les évangélistes donnent de nombreux exemples de
l'opposition manifestée par les chefs du peuple.
Un jour, on
présenta à Jésus un muet possédé du démon. "Le démon
chassé, le muet parla, et les foules, saisies d'admiration,
dirent: 'Jamais rien de semblable ne s'est vu en Israël.'
Mais les Pharisiens disaient:
— C'est par
Belzéboul le chef des démons qu'il chasse les
démons." (Matthieu 9, 32 à 34)
Un autre jour,
"on lui amena un possédé aveugle et muet, et il le
guérit, de sorte que le muet parlait et voyait. Et toutes
les foules, saisies d'étonnement, disaient: 'N'est-ce pas là
le fils de David?' Mais les Pharisiens, entendant cela,
dirent: 'Il ne chasse les démons que par Béelzéboul,
chef des démons.' Jésus, connaissant leurs pensées, leur
dit: Tout royaume divisé contre lui-même va à la ruine, et
toute ville ou maison divisée contre elle-même ne pourra
subsister. Si Satan chasse Satan, il est divisé
contre lui-même: comment donc son royaume pourra-t-il
subsister? Et si moi je chasse les démons par
Béelzéboul, par qui vos fils les chassent-ils? C'est
pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par
l'Esprit de Dieu que je chasse les démons, le royaume de
Dieu est donc arrivé à vous."
Jésus leur
donne alors un grave avertissement: "Lorsque l'esprit
impur est sorti d'un homme, il va par des lieux arides,
cherchant du repos, et il n'en trouve point. Alors il dit:
'Je retournerai dans ma maison, d'où je suis sorti.' Et
revenu, il la trouve libre, nettoyée et ornée. Alors il s'en
va prendre avec lui sept autres esprits plus mauvais que
lui, et, étant entrés, ils y fixent leur demeure, et le
dernier état de cet homme devient pire que le premier. Ainsi
en sera-t-il pour cette génération mauvaise." (Matthieu
12, 22 à 45)
Saint Luc donne
de ces faits une version presque identique. Il écrit:
"Jésus chassait un démon, qui était muet. Or, quand
le démon fut sorti, le muet parla, et les foules furent dans
l'admiration. Mais quelques-uns d'entre eux dirent: 'C'est
par Béelzéboul, le chef des démons, qu'il chasse les
démons.' D'autres, pour le mettre à l'épreuve, lui
demandaient un signe venant du ciel. Connaissant leurs
réflexions, Jésus leur dit: 'Tout royaume divisé contre
lui-même va à la ruine et les maisons tombent l'une sur
l'autre. Et si Satan aussi est divisé contre
lui-même, comment son royaume
pourra-t-il subsister, puisque
vous dites que c'est par Béelzéboul que je chasse les
démons? Mais si moi, je chasse les démons par
Béelzéboul, par qui vos fils les chassent-ils? C'est
pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par
le doigt de Dieu que je chasse les démons, le royaume
de Dieu est donc arrivé à vous. Lorsque l'homme fort et bien
armé garde son palais, ce qu'il possède est en sûreté. Mais
qu'il en survienne un plus fort qui le vainque, il lui
enlève toutes les armes dans lesquelles il mettait sa
confiance, et il distribue ses dépouilles. Qui n'est pas
avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi
disperse. Lorsque l'esprit impur est sorti d'un
homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos. N'en
trouvant point, il dit: Je retournerai dans ma maison, d'où
je suis sorti, et revenu, il la trouve nettoyée et ornée.
Alors il s'en va prendre sept autres esprits plus mauvais
que lui et, étant entrés, ils y fixent leur demeure, et le
dernier état de cet homme devient pire que le premier."
(Luc 11, 14 à 26)
Marc donne un
autre avertissement: "Et les scribes, qui étaient
descendus de Jérusalem, disaient: 'Il a Béelzéboul!' et:
'C'est par le chef des démons qu'il chasse les
démons.' Jésus les appela et leur dit en parabole:
'Comment Satan peut-il chasser Satan? Si un royaume est
divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister; et si
une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne
pourra subsister. Si donc Satan s'élève contre
lui-même et se divise, il ne peut pas subsister, mais il est
fini. Nul ne peut entrer dans la maison de l'homme fort et
piller ses meubles, sans avoir auparavant lié l'homme fort;
alors seulement il pillera sa maison. En vérité, je vous le
dis, tous les péchés seront remis aux enfants des hommes,
même les blasphèmes qu'ils auront proférés. Mais celui qui
aura blasphémé contre l'Esprit-Saint n'obtiendra jamais de
pardon: il est coupable d'un péché éternel.'" Jésus tint
ce langage parce qu'ils disaient: "Il a un esprit
impur." (Marc 3, 22 à 30)
Jean, dont le
rôle n'est pas de redire ce que d'autres ont déjà raconté,
se montre beaucoup plus concis. Il rappelle simplement:
"Il s'éleva de nouveau une division parmi les Juifs à
l'occasion de ce discours. Plusieurs d'entre eux disaient:
'Il est possédé d'un démon, il a perdu le sens:
Pourquoi l'écoutez-vous?' D'autres disaient: Ce ne sont pas
là les paroles d'un possédé; est-ce qu'un démon peut
ouvrir les yeux des aveugles?" (Jean 10, 19 à 21)
1-2-3-Jésus donne à ses disciples le pouvoir de
chasser les démons
Dès le début de
sa vie publique, dès qu'Il eut choisit ses Apôtres, Jésus
leur donna pouvoir sur les démons. Marc écrit: "Étant
monté dans la montagne, Jésus appela ceux que lui-même
voulut; et ils vinrent à lui. Il en établit douze pour les
avoir avec lui et pour les envoyer prêcher, avec pouvoir
de chasser les démons." (Marc 3, 13 à 15) "Étant
partis, ils prêchèrent que l'on se repentît. Ils chassaient
beaucoup de démons, et ils oignaient d'huile beaucoup
de malades et les guérissaient. " (Marc 6, 12 et 13)
Matthieu et Luc
confirment: "Sur votre chemin, annoncez ceci: 'Le royaume
des cieux est proche.' Guérissez les malades, ressuscitez
les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons:
vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement."
(Matthieu 10, 7 et 8)
"Ayant
convoqué les Douze, il leur donna puissance et autorité
sur tous les démons, et pour guérir les maladies. Et il
les envoya prêcher le royaume de Dieu et guérir les malades,
et il leur dit : " Ne prenez rien pour la route, ni bâton,
ni besace, ni pain, ni argent, et ne pas avoir deux
tuniques." (Luc 9, 1 à 3) "Les soixante-dix revinrent
tout joyeux, disant: 'Seigneur, même les démons nous
sont soumis par votre nom.' Il leur dit: 'Je voyais Satan
qui tombait du ciel comme un éclair. Voici que je vous
ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les
scorpions, le pouvoir aussi sur toute la puissance de
l'ennemi, et rien ne pourra vous nuire. Du reste, ne vous
réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais
réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les
cieux.' " (Luc 9, 17 à 20)
Un jour, Jean
s'inquiète: prenant la parole, il dit: "Maître, nous
avons vu quelqu'un qui chassait les démons en votre
nom, et nous voulions l'en empêcher, parce qu'il ne vous
suit pas avec nous. Jésus lui dit: Ne l'empêchez pas, car
celui qui n'est pas contre vous est pour vous." (Luc 9,
49 et 50)
1-2-4-Les démons redoutent Jésus
Nous avons vu à
plusieurs reprises que les démons avaient peur de Jésus.
L'épisode ci-dessous nous le confirme: "Il y avait dans
la synagogue un homme possédé de l'esprit d'un démon
impur, qui s'écria très fort: 'Ah! Qu'avons-nous à faire
ensemble, Jésus de Nazareth? Vous êtes venu pour nous
perdre? Je sais qui vous êtes: le saint de Dieu.' Et Jésus
lui commanda avec force: 'Tais-toi et sors de lui.' Et le
démon, l'ayant jeté par terre, sortit de lui sans lui
avoir fait aucun mal. Et la stupeur fut sur tous, et ils
s'entretenaient entre eux, disant: 'Quelle parole que
celle-là ! Il commande avec autorité et puissance aux
esprits impurs, et ils sortent!' Et un bruit circulait à son
sujet en tout endroit de la région." (Luc 4, 33 à 37)
1-2-5-Jésus prie
Comme tous les
autres hommes, les Apôtres pourront être, un jour ou
l'autre, la proie des démons. Mais Jésus a prié pour eux
"pour que leur foi ne défaille pas." La Passion de Jésus
est imminente. Jésus délivre ses derniers enseignements. Luc
raconte:
— "Simon,
Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous
passer au crible comme le froment. Mais moi, j'ai prié pour
toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu
seras revenu, affermis tes frères.
Pierre dit à
Jésus:
— Seigneur,
je suis prêt à aller avec vous et en prison et à la mort.
Mais Jésus
reprit:
— Je te le
dis, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd'hui que tu
n'aies trois fois nié me connaître. " (Luc 22, 31 à 34)
2-Le
péché et la présence de Satan
Dès le début de
son évangile, saint Matthieu présente saint Jean-Baptiste et
ceux qui venaient le rencontrer. Ces derniers, tous du
peuple juifs, savaient qu'ils étaient des pécheurs, et
devant Jean ils osaient l'avouer. "Et, confessant leurs
péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le
fleuve du Jourdain." (Matthieu 3, 3)
Plus tard Jésus
insistera sur la nécessité de se convertir, de renoncer à
ses péchés. Le manque de charité est l'un des plus grands
péchés, celui qui éloigne de Dieu: Matthieu rapporte les
paroles de Jésus:
"Ce n'est
pas celui qui m'aura dit: 'Seigneur, Seigneur!' qui entrera
dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la
volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me
diront en ce jour-là: 'Seigneur, Seigneur! n'est-ce pas en
votre nom que nous avons prophétisé? n'est-ce pas en votre
nom que nous avons chassé les démons? et n'avons-nous
pas, en votre nom, fait beaucoup de miracles?' Alors je leur
dirai hautement: Je ne vous ai jamais connus. Éloignez-vous
de moi, artisans d'iniquité!" (Matthieu 7, 21 à 23)
Les œuvres du
monde sont mauvaises; Jésus le rappelle souvent. Ainsi Jean
cite les paroles de Jésus qui dit à ses disciples:
— "Mon temps
n'est pas encore venu; mais votre temps à vous est toujours
prêt. Le monde ne saurait vous haïr; moi, il me hait, parce
que je rends de lui ce témoignage, que ses œuvres sont
mauvaises." (Jean 7, 6 et 7)
Pourtant, pour
ne pas pécher, il suffit d'observer les commandements de
Dieu. Jésus rappelle:
— Est-ce que
Moïse ne vous a point donné la Loi? Et nul de vous
n'accomplit la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire
mourir? La foule répondit: Vous êtes possédé du démon;
qui est-ce qui cherche à vous faire mourir?" (Jean 7, 19
et 20)
Les tensions
augmentent entre Jésus et les pécheurs, ceux qui sont
vraiment possédés du démon. Un jour, aux paroles de Jésus,
"les Juifs répondirent:
— N'avons-nous pas raison de dire que vous êtes un
Samaritain et que vous êtes possédé du démon?
Jésus
répondit:
— Il n'y a
point en moi de démon; mais j'honore mon Père, et
vous, vous m'outragez. Pour moi, je n'ai point souci de ma
gloire: il est quelqu'un qui en prend soin et qui fera
justice. En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un
garde ma parole, il ne verra jamais la mort.
Les Juifs
lui dirent:
— Nous
voyons maintenant qu'un démon est en vous. Abraham
est mort, les prophètes aussi, et vous, vous dites: Si
quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.
Êtes-vous plus grand que notre père Abraham, qui est mort?"
(Jean 8, 48 à 53)
Le temps passe;
l'heure de Jésus, l'heure de notre rédemption et de sa mort
sur la croix approche. Satan vient de prendre possession de
Judas, le traître, pour lui faire commettre le plus grand
péché qu'un homme ait commis. À la question de saint Jean,
l'apôtre que Jésus aimait, "Jésus répondit: 'C'est celui
à qui je présenterai le morceau trempé.' Et, ayant trempé du
pain, il le donna à Judas Iscariote, fils de Simon. Aussitôt
que Judas l'eut pris, Satan entra en lui; et Jésus
lui dit: 'Ce que tu fais, fais-le vite.'" (Jean 13, 26
et 27)
Maintenant
Jésus prévient que lui, Il observe les commandements de
Dieu, contrairement à ceux qui appartiennent au monde de
Satan. Il dit à ses Apôtres:
— "Je ne
m'entretiendrai plus guère avec vous, car le Prince de ce
monde vient et il n'a rien en moi. Mais afin que le
monde sache que j'aime mon Père, et que j'agis selon le
commandement que mon Père m'a donné, levez-vous, partons
d'ici." (Jean 14, 30 et 31)
Et Jésus partit
vers son Chemin de Croix.
3-L'enfer
Le mot "enfer"
est peu utilisé par les évangélistes qui emploient davantage
le terme "géhenne de feu" plus parlant pour les juifs du
temps de Jésus. Ainsi, saint Matthieu écrira: "Car je
vous dis que si votre justice ne surpasse pas celle des
Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez point dans le
royaume des cieux. Vous avez appris qu'il a été dit aux
anciens: 'Tu ne tueras point; mais qui tuera sera
justiciable du tribunal.' Et moi, je vous dis: Quiconque se
met en colère contre son frère sera justiciable du tribunal;
et qui dira à son frère: Raca! sera justiciable du
Sanhédrin; et qui lui dira: Fou! sera justiciable pour la
géhenne du feu. Si donc tu viens présenter ton
offrande à l'autel et que là tu te souviennes que ton frère
a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant
l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; et
alors viens présenter ton offrande... (Matthieu 5, 20 à
24)
Si ton œil
droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et
jette-le loin de toi: car mieux vaut pour toi qu'un seul de
tes membres périsse, et que ton corps tout entier ne soit
pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite est
pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de
toi: car mieux vaut pour toi qu'un seul de tes membres
périsse, et que ton corps tout entier n'aille pas dans la
géhenne." (Matthieu 5, 29 et 30)
Saint Matthieu
dira aussi: "Dans sa main est le van: il nettoiera son
aire, il amassera son froment dans le grenier, et il brûlera
la paille dans un feu qui ne s'éteint point. "
(Matthieu 3, 12)
3-1-Le
jugement dernier
Oui le
péché existe: c'est la transgression des commandements de
Dieu. Oui Dieu est miséricordieux: Il connaît nos
faiblesses, nos misères, mais aussi les pièges que Satan
nous tend et que nous ne voyons pas toujours. Mais le péché,
le péché dans lequel l'homme s'enferme et dont il ne veut
pas sortir, le péché contre le Saint-Esprit, sera toujours
puni. Jésus n'hésite pas à enseigner en expliquant les
paraboles de la semence qui tombe hors de la bonne terre, et
du bon grain et de l'ivraie: "Quiconque entend la parole
du royaume et ne la comprend pas, le Malin vient, et
il enlève ce qui a été semé dans son cœur: c'est le grain
qui a été semé le long du chemin...
Les
disciples demandent à Jésus de leur expliquer la parabole
de l'ivraie du champ. Jésus répondit: "Celui qui sème la
bonne semence, c'est le Fils de l'homme; le champ, c'est le
monde; la bonne semence, ce sont les fils du royaume;
l'ivraie, ce sont les fils du Malin; l’ennemi qui l'a
semée, c'est le diable; la moisson, c'est la
consommation des siècles; les moissonneurs, ce sont les
anges. Comme on ramasse l'ivraie et qu'on la brûle dans le
feu, ainsi en sera-t-il à la consommation des siècles. Le
Fils de l'homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son
royaume tous les scandales et ceux qui commettent
l'iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise du feu:
c'est là qu'il y aura les pleurs et les grincements de
dents." (Matthieu 13, 19 et
37
à 42)
Jésus ne
néglige jamais ce thème du jugement dernier. Ainsi, Luc est
très clair: "Malheur à toi, Corozaïn! Malheur à toi,
Bethsaïde! Car si les miracles qui ont été faits au milieu
de vous, avaient été faits dans Tyr et Sidon, il y a
longtemps qu'elles auraient fait pénitence, assises avec le
sac et la cendre. Aussi bien, il y aura, au jugement,
moins de rigueur pour Tyr et Sidon que pour vous. Et toi,
Capharnaüm, est-ce que tu seras élevée jusqu'au ciel? Tu
seras abaissée jusqu'aux enfers!" (Luc 9, 13 à
15)
Saint Matthieu
décrit une scène du jugement dernier:
"Alors Dieu
dira aussi à ceux qui seront à sa gauche: 'Allez-vous-en
loin de moi, les maudits, au feu éternel, qui a été
préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu
faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu soif, et
vous ne m'avez pas donné à boire; j'étais étranger, et vous
ne m'avez pas recueilli; nu, et vous ne m'avez pas vêtu;
malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.' Alors
eux aussi lui répondront: 'Seigneur, quand vous avons-nous
vu avoir faim, ou avoir soif, ou étranger, ou nu, ou malade,
ou en prison, et ne vous avons-nous pas assisté?' Alors il
leur répondra: En vérité, je vous le dis, chaque fois que
vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, c'est à
moi que vous ne l'avez pas fait. Et ceux-ci s'en iront au
supplice éternel, et les justes à la vie éternelle."
(Matthieu 25, 41 à 46)
3-2-Le
péché et l'enfer sont liés
3-2-1-Le riche et le pauvre Lazare
Le péché et
l'enfer sont liés incontestablement. L'un des meilleurs
exemples donnés par Jésus est la parabole du pauvre Lazare
méprisé par le riche. Saint Luc raconte: "Il y avait un
homme riche qui s'habillait de pourpre et de lin et qui,
chaque jour, festoyait splendidement. Un pauvre, nommé
Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères et
désireux de se rassasier de ce qui tombait de la table du
riche; et même, les chiens venaient lécher ses ulcères. Or
il arriva que le pauvre mourut, et il fut emporté par les
anges dans le sein d'Abraham. Le riche aussi mourut, et on
lui donna la sépulture.
Dans
l'enfer, il leva les yeux, en proie aux
tourments, et il aperçut de loin Abraham, et Lazare dans son
sein. Et il s'écria:
— Père
Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare pour qu'il
trempe dans l'eau le bout de son doigt et me rafraîchisse la
langue, car je souffre dans cette flamme.
Abraham dit:
— Mon
enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta
vie, et pareillement Lazare ses maux. Maintenant il est
consolé ici, et toi tu souffres. Et avec tout cela, entre
nous et vous a été établi un grand abîme, de sorte que ceux
qui voudraient passer d'ici vers vous ne le pourraient pas,
et que ceux de là-bas ne traversent pas non plus vers nous.
Et le riche dit:
— Je te prie
donc, père, de l'envoyer à la maison de mon père, car j'ai
cinq frères, pour leur attester ces choses de peur qu'ils ne
viennent, eux aussi, dans ce lieu de tourment.
Abraham
dit:
— Ils ont
Moïse et les prophètes: qu'ils les écoutent! Il dit:
— Non, père
Abraham; mais si quelqu'un de chez les morts va vers eux,
ils se repentiront. Il lui dit:
— S'ils
n'écoutent pas Moïse et les prophètes, même si quelqu'un
ressuscitait d'entre les morts, ils ne seraient pas
persuadés." (Luc 16, 19 à 31)
3-2-2-L'enseignement de Jésus
Jésus affirme
aussi que ceux qui font le mal sont bien malheureux:
— "Malheur
à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous
fermez au nez des hommes le royaume des cieux! Vous-mêmes en
effet n'entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui
sont pour entrer. Malheur à vous, scribes et Pharisiens
hypocrites, parce que vous dévorez les maisons des veuves,
cela sous le semblant de longues prières. C'est pourquoi
vous subirez une plus forte condamnation."
(Matthieu 23, 13 et 14)
Les mauvais
serviteurs n'échapperont pas à la condamnation. Après avoir
loué le serviteur fidèle, Jésus parle du mauvais serviteur:
— "Si un
méchant serviteur se dit en lui-même: 'Mon maître tarde', et
qu'il se mette à battre ses compagnons de service, qu'il
mange et boive avec les ivrognes, le maître de ce serviteur
viendra un jour où il ne s'y attend pas, et à l'heure qu'il
ne sait pas, et il le fendra en deux, et lui assignera
pour lot celui des hypocrites: là il y aura les pleurs et le
grincement des dents." (Matthieu 24, 45 à 51)
L'enseignement
de Jésus est très clair: le péché conduit à la mort, à la
géhenne du feu. Ces paroles de Jésus sont particulièrement
lumineuses:
— "Malheur
au monde à cause des scandales! C'est une nécessité qu'il
arrive des scandales; mais malheur à l'homme par qui le
scandale arrive! Si ta main, ou ton pied, est pour toi une
occasion de chute, coupe-le et jette-le loin de toi: il vaut
mieux pour toi entrer dans la vie manchot ou boiteux, que
d'être jeté, ayant deux mains ou deux pieds, dans le feu
éternel. Et si ton œil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le et jette-le loin de toi; il vaut mieux pour toi
entrer borgne dans la vie, que d'être jeté, ayant deux yeux,
dans la géhenne du feu." (Matthieu 18, 7 à 9)
Jésus va
bientôt commencer sa Passion. Judas a déjà décidé de le
livrer au Sanhédrin. Jésus donne un tout dernier
enseignement sur le lien qui existe entre le péché grave, et
nous connaissons la gravité du péché de Judas, et l'enfer:
"Le soir venu, Jésus vint avec les Douze. Pendant qu'ils
étaient à table et mangeaient, Jésus dit:
— Je vous le
dis en vérité, un de vous, qui mange avec moi, me trahira.
Et ils se
mirent à s'attrister, et chacun de lui dire:
— Serait-ce
moi?
Jésus leur
répondit :
— Un des
Douze, qui met avec moi la main au plat. Le Fils de l'homme
s'en va, selon ce qui est écrit de lui; mais malheur à
l'homme par qui le Fils de l'homme est trahi! Mieux
vaudrait pour cet homme-là qu'il ne fût pas né. " (Marc
14, 17 à 21)
3-3-Les ténèbres
Dans le langage
des juifs, le mot "enfer" est relativement peu utilisé;
Jésus parle souvent de la géhenne du feu, mais il se sert
aussi du terme: "les ténèbres", ou "les ténèbres
extérieures". Les ténèbres, ce sont les lieux où la lumière
manque; c'est là où ceux qui sont maudits seront privés de
la lumière de Dieu, donc plongés dans les ténèbres. Voici
quelques exemples de la manière dont Jésus se servit de ce
mot:
"Alors
que chaque jour j'étais avec vous dans le temple, vous
n'avez pas porté les mains sur moi. Mais c'est maintenant
votre heure et la puissance des Ténèbres." (Luc
22, 53)
"En lui
était la vie, et la vie était la lumière des hommes... Et la
lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres
ne l'ont point reçue." (Jean 1, 4 et 5)
3-3-1-Jésus est la lumière
"Or, voici
quel est le jugement: c'est que la lumière est venue dans le
monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres
que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Car quiconque fait le mal, hait la lumière, de peur que ses
œuvres ne soient blâmées. Mais celui qui accomplit la vérité
vient à la lumière, de sorte que ses œuvres soient
manifestées, parce qu'elles sont faites en Dieu." (Jean
3, 19 à 21)
"La foule
répondit à Jésus:
— Nous avons
appris par la Loi que le Christ demeure éternellement:
comment donc dites-vous: il faut que le Fils de l'homme soit
élevé? Qui est le Fils de l'homme?
Jésus leur
dit:
-La lumière
n'est plus que pour un temps au milieu de vous. Marchez,
pendant que vous avez la lumière, de peur que les
ténèbres ne vous surprennent: celui qui marche dans les
ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la
lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des
enfants de lumière." (Jean 12, 34 à 36)
3-3-2-Les ténèbres extérieures
Jésus raconte
une noce...
"Le roi
entra pour voir ceux qui étaient à table et il aperçut là un
homme qui n'était point revêtu d'un habit de noce; il lui
dit: 'Ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de
noce?' Et l'homme resta muet. Alors le roi dit aux servants:
'Liez-lui pieds et mains, et jetez-le dans les ténèbres
extérieures: là il y aura les pleurs et le grincement de
dents.' Car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus."
(Matthieu 22, 11 à 14)
3-4-Ceux que le Seigneur maudit
Parfois le
Seigneur se fâche contre ceux qui se croient des justes,
mais qui, en réalité, ne sont que des hypocrites.
"Malheur à
vous, scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous
courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, quand
il l'est devenu, vous faites de lui un fils de la géhenne,
deux fois pire que vous!" (Matthieu 22, 15) Et le
Seigneur poursuit ses malédictions...
Conclusion sur les évangiles
Jésus-Christ,
Verbe de Dieu incarné, donc Parole de Dieu; Jésus-Christ,
Fils du Père, UN avec le Père et uni au Père par l'Esprit au
sein de la sainte Trinité, est la Vérité et la Vie. Jésus ne
peut donc nous tromper. Si donc, au cours de sa vie publique
Il a tellement insisté sur le ou les démons, sur la manière
dont Il les a chassés, sur l'enfer et sur le jugement
dernier, c'est que Satan existe et cherche à nuire aux
hommes, c'est que l'enfer existe et que, lors du jugement
dernier, Dieu séparera les justes des méchants. Pourquoi,
alors, depuis quarante ans, de très nombreux chrétiens
ont-ils mis en doute ces vérités fondamentales. Ont-ils été
trompés par Satan qui, se faisant oublier, se préparait le
champ libre pour mieux tromper les hommes et en perdre
davantage?
Notre réponse
est immédiate: oui. Mais nous ne nous en sommes pas rendu
compte tout de suite, et nous voyons maintenant les ravages
auxquels ces nouvelles théories ont conduit l'Église du
Christ. C'est pour essayer de remédier à cet état de fait
que nous avons relevé dans les Évangiles tout l'enseignement
de Jésus sur ces sujets délicats, mais essentiels pour notre
éternité.
Nous aurions pu
en rester là, mais notre curiosité nous a conduits à aller
encore plus loin. L'Apocalypse de saint Jean a été pour nous
une nouvelle et surprenante révélation.
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