JULIENNE DE NORWICH
Ermite et auteur mystique
(1342-apr. 1416)

Anglaise née à Norwich en 1342, une époque bien tourmentée : la Guerre de Cent Ans venait de débuter ; la peste noire allait commencer sa meurtrière balade en Europe ; les papes résidaient en Avignon, ce qui allait générer le Schisme d’Occident (1378-1417)… Ajoutons à cela révoltes sociales, famines, catastrophes naturelles. C’est tout un monde bien ébranlé.

On ne sait presque rien de la vie de Julienne jusqu’à 1373 : le 13 mai elle a eut une expérience mystique de Dieu au cours d’une maladie : il s’agit de seize visions ou révélations, notamment sur la Passion du Christ. Ensuite, elle va vivre comme "recluse" dans un ermitage collé à l’église de Saint Julien de sa ville natale (voilà le pourquoi du nom sur lequel elle est connue).

Sur ces expériences mystiques elle rédige rédige alors une première version de son expérience, Le Livre des Révélations de l’Amour de Dieu. Vingt ans plus tard, elle revient sur son texte pour l'élargir. Car pendant ces années elle a pu mûrir tout ce qu’elle avait appris.

Ces récits traitent des mystères les plus profonds de la foi chrétienne (prédestination, connaissance de Dieu, problème du mal). La principale de ces quinze Révélations porte sur l'amour divin, qui est compatible avec la crainte, mais une crainte filiale, agréable à Dieu. Son regard, touché pour cet Amour, devient clairement optimiste et lumineux, message de joie et espérance dont son monde avait bien besoin.

L'enseignement de Julienne est fait de confiance : « Chercher est aussi bon que contempler. » Dieu soutient ses élus, même quand ils ont péché.

Pour mieux nous faire comprendre cet amour ineffable de Dieu, voici l’un de ses plus beaux textes et la miséricorde divine est mise en évidence :

Dieu est notre Mère

“C’est une caractéristique de Dieu de faire vaincre le bien sur le mal.

Ainsi Jésus Christ, qui a Lui aussi vaincu le mal par le bien, est notre véritable Mère: nous recevons notre “Être” de Lui — et c’est ici que commence Sa Maternité — et avec cela la douce Protection et Garde de l’Amour qui ne cesseront jamais de nous entourer. 

Comme il est vrai que Dieu est notre Père, il est également vrai que Dieu est notre Mère.

Et Lui m’a montré cette vérité en chaque chose, mais spécialement dans ces douces paroles, lorsqu’ il dit : “Je le suis”.

C’est-à-dire, je suis la Puissance et la Bonté du Père ; je suis la Sagesse de la Mère ; je suis la Lumière et la Grâce qui est amour heureux ; je suis la Trinité ; je suis l’Unité, je suis la souveraine Bonté de chaque genre de chose ; je suis Celui qui te fait aimer ; je suis Celui qui te fait désirer ; je suis la satisfaction infinie de tous les vrais désirs. (...)

Notre Père céleste, Dieu tout puissant, qui est l’Etre, nous connaît et nous aime depuis toujours: dans une telle connaissance, par Sa merveilleuse et profonde charité, et par le consentement unanime de toute la sainte Trinité, Il voulut que la Seconde Personne devienne notre Mère, notre Frère, Notre Sauveur.

Il est donc logique que Dieu, étant notre Père, soit aussi notre Mère. Notre Père veut, notre Mère opère, et notre bon Seigneur, l’Esprit Saint, confirme ; il nous convient donc d’aimer notre Dieu, en qui nous avons l’Etre, de le remercier avec dévotion et de le louer pour nous avoir créés, de prier ardemment notre Mère pour obtenir miséricorde et pitié, et de prier notre Seigneur, l’Esprit Saint, pour obtenir aide et grâce. 

Et je vis avec la complète certitude que Dieu, avant de nous avoir créés, nous a aimés, et son amour n’a jamais diminué et ne diminuera jamais. Dans cet amour, Il a fait toutes Ses oeuvres, et dans cet amour, Il meut toute chose pour notre bien ; et dans cet amour, notre vie est éternelle.

Par la création, nous avons eu un commencement, mais l’amour avec lequel Il nous a créés, était en Lui depuis toujours : et, dans cet amour, nous avons notre origine.

Et tout ceci nous le verrons en Dieu, éternellement”[1].

Si est tout fait à propos de dire que ces Révélations (Revelations of Divine Love) portent la marque des inquiétudes d'une âme religieuse devant les divisions que connaît alors l'Église d'Angleterre, il n’est pas moins judicieux d’affirmer que Julienne de Norwich a exercé, de son vivant, un rôle considérable, assez comparable à celui de Catherine de Sienne ou de Brigitte de Suède ; Norwich fut un centre de pèlerinage très actif.


[1] Des “Révélations de l’amour divin” de sainte Julienne de Norwich (1342-1416), (LIX, LXXXVI).

 

 

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