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Saint Jean-Baptiste
De La Salle Première partie
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Il pouvait y avoir plusieurs écoles
dans un même quartier, mais le soir les Frères se regroupaient dans leur
“maison” proche de leur lieu de travail, et
9-1-Les défections Nous nous souvenons du départ des premiers frères qui trouvaient trop rude la vie communautaire demandée par Jean-Baptiste De La Salle. Tout au long de sa vie il fut affronté à ce problème. Parfois ces défections eurent des conséquences beaucoup plus graves. Nous avons déjà mentionné l’École Dominicale chère au cœur de Mr de la Chétardie. Malheureusement les deux Frères qui devaient en assurer le développement, ambitionnant des situations plus rémunératrices, quittèrent l’Institut en 1702, entraînant la chute de cette œuvre. Mr de la Chétardie rendit Jean-Baptiste responsable de cet échec. On voulut destituer Jean-Baptiste de sa charge, mais les Frères liés par vœu à Jean-Baptiste De La Salle, refusèrent à l’unanimité et l’Association fut sauvée. 9-2-Les jalousies Jean-Baptiste De La Salle avait souvent rencontré des difficultés avec ceux que l’on appelait alors les maîtres-écrivains. À Paris, en octobre 1705, les actions des maîtres-écrivains reprenaient contre les Frères qui, en mai 1706 furent contraints d’abandonner leurs classes. À Rouen, à l’Hôpital Général, la situation devenait intenable. C’est alors que les Frères, excédés, épuisés, rédigèrent, à l’attention de Jean-Baptiste, un mémoire résumant leurs plaintes et leurs revendications: il fallait sortir “du Bureau”[1], car: - les Frères étaient trop peu nombreux face à la multitude des écoliers. - Les maîtres s’épuisaient et les élèves étaient mal enseignés, - L’excès de travail ruinait les santés, la discipline, l’ordre, etc... - Les Frères n’avaient plus le temps de vaquer ni à leurs exercices, ni à l’oraison. - Le fruit des écoles en souffrait, car ”l’école sans les exercices ne va pas bien.” Et pour J.B. De La Salle, “une école va bien quand son bon fonctionnement lui permet d’atteinde sa finalité pastorale: ‘faire des élèves de bons chrétiens.’” Jean-Baptiste comprit le désarroi de ses Frères qui quittèrent l’Hôpital Général; les anciens maîtres reprirent leur travail. Les Frères furent logés dans une petite maison de Rouen où ils vécurent pendant cinq ans dans un dénuement extrême. De son côté Jean-Baptiste, jamais épargné, fut accusé de perdre l’esprit, d’avoir “la tête démontée”. Mais Dieu n’a-t-Il pas sauvé le monde par la folie de la Croix. C’est curieux comme bien peu de personnes le comprennent! 9-3-Les procès 9-3-1-Persécutions à Paris Le 20 juillet 1703 Jean-Baptiste logeait son noviciat rue de Charonne, à Paris, sur le faubourg saint Antoine, et en novembre il y installa l’École Dominicale qu’il avait réussi à réouvrir. Son succès déclencha la jalousie des maîtres des autres écoles, et mobilier et matériel pédagogique furent mis sous séquestre. Après bien des péripéties, Jean-Baptiste fut condamné à n’enseigner “que les pauvres reconnus comme tels.” Jean-Baptiste fit appel, mais lui et dix frères furent condamnés à payer une amende qu’ils ne pouvaient pas payer. La condamnation, dûment confirmée, fut affichée à la porte de l’école, mais les parents l’arrachèrent. Pourtant les Frères ne pouvaient plus rester à Paris; ils furent dispersés en province. 9-3-2-L’affaire Jean-Charles Clément Depuis 1703 des écoles s’étaient ouvertes en Avignon, à Marseille, Mende, Valréas, Alès, Grenoble... Jean-Baptiste s’efforçait de répondre aux demandes des évêques. L’institut était également à Rome, mais si petitement, si pauvrement... Bientôt des Frères visiteurs furent envoyés régulièrement dans les écoles: l’institut se consolidait. Nous sommes en 1707, et Jean-Baptiste rencontre Jean-Charles Clément. Ce jeune homme de 23 ans est clerc. Plein d’admiration pour les Frères, il voudrait intéresser Mr De La Salle à un projet qui lui tient à cœur: redonner vie au séminaire de maîtres pour la campagne. Mais mineur et sans argent, il réussit à obtenir que Jean-Baptiste avance l’argent nécessaire. Après des épisodes étonnants: Jean-Charles est devenu archiprêtre de Saint Calais et chanoine du Mans. Sa juridiction couvre 4 prieurés, 19 cures du diocèse du Mans, 2 prieurés et 5 cures du diocèse de Chartres. Il est devenu puissant. Son père, chirurgien à la cour du roi, est anobli. Que se passa-t-il ensuite? La justice royale va s’acharner contre Jean-Baptiste De La Salle jusqu’à le faire accuser de subornation de mineur et d’extorsion de fonds!!! Les Clément n’auront plus à rembourser Jean-Baptiste qui devra, en outre, rembourser les frais engagés par le jeune clerc pour l’entretien des élèves maîtres. Finalement le séminaire de maîtres pour la campagne sera fermé. On croit rêver. 9-3-3-La cabale de 1713 Nous sommes en 1712. Jean-Baptiste est à Marseille pour fonder de nouvelles écoles. C’est alors que les jansénistes, qui ne l’aimaient pas à cause de sa fidélité au pape, lancèrent une série de calomnies, lesquelles malheureusement furent accueillies favorablement. Quelques Frères douloureusement ébranlés quittèrent l’Institut. Jean-Baptiste s’était réfugié à la Sainte-Baume, puis à Saint Maximin, et c’est là que Frère Timothée lui apporta des nouvelles terribles: le noviciat de Marseille avait fermé ses portes après le départ des Frères, et le Frère Ponce, visiteur pour le Midi, s’était enfui en emportant la caisse... Jean-Baptiste se mit à douter; il quitta Marseille et se retira à Mende pendant plusieurs mois. Qu’est-ce que Dieu voulait faire de lui? Avril 1714. Les Frères des écoles chrétiennes exigent le retour de Jean-Baptiste à la tête de l’Institut, au nom de son vœu d’obéissance: c’était donc un ordre. Jean-Baptiste dut s’incliner. Il sera de retour à Paris le 10 août 1714. Curieusement, ses principaux ennemis décédèrent durant cette période, et Jean-Charles Clément, accusé d’entreprises contre l’état sera envoyé enchaîné loin de Paris. 9-4-Les miracles Les persécutions accompagnèrent Jean-Baptiste tout au long de sa vie. Mais il faut noter que, parfois, le Seigneur permettait de vrais miracles, comme pour l’encourager à pousuivre sa mission. - Ainsi, en juillet 1687, il est appelé d’urgence auprès du Frère Directeur de l’école de Guise, très malade. Jean-Baptiste part à pied de Reims [2]; la chaleur lui provoque des hémorragies nasales... La nuit venue Jean-Baptiste se repose un peu, passe plusieurs heures en prière, puis repart dès trois heures du matin. Il célèbre la messe à Laon et atteint Guise, monté sur un cheval. Arrivé à Guise il embrasse le Frère directeur qui guérit et peut reprendre sa classe. - En septembre 1702, Frère Timothée fut envoyé à Chartres. Il souffrait d’une grave loupe au genou. Avant de se mettre en route [3] il demanda à Jean-Baptiste de le bénir, et constata, à son arrivée, qu’il était guéri.” [1] De l’Hôpital Général [2] Les Frères accomplissaient alors tous leurs voyages à pied. [3] Ainsi que nous l'avons dit ci-dessus, les Frères accomplissaient alors tous leurs voyages à pied. |