Saint Jean-Baptiste De La Salle
(1651-1719)

Quatrième partie

La pédagogie de Saint-Jean Baptiste De La Salle

2
La vie des Frères des Écoles Chrétiennes

 

2-1-La vie de tous les jours[1]

La plupart des aspects de ce qui doit être la vie ordinaire des Frères sont abordés dans les Règles communes. Ainsi:

        – Tout doit se faire en commun: les exercices, les repas les promenades des jours de congé. Les Frères habiteront dans la même maison et coucheront autant que possible dans le même dortoir, et ils ne sortiront jamais seuls.

        – Les exercices de piété sont essentiellement l’oraison, la messe, et la communion au moins deux fois par semaine, l’action de grâce après la communion d’au moins une demi-heure, la confession toutes les semaines, le chapelet tous les jours.

        – Les mortifications corporelles ne sont pas de règle, sauf l’abstinence de viande du samedi de Noël jusqu’à la purification. Les Frères devront aussi jeûner tous les vendredis.

Les exercices journaliers

Les exercices journaliers des Frères sont réglés, lorsqu’ils sont dans leur communauté, comme s'ils étaient des religieux vivant dans les couvents ordinaires. Ainsi de 4h30 du matin jusqu’à 8 heures (commencement des classes) tout est minutieusement pris en compte. Et l’emploi du temps continue ainsi jusqu’à neuf heures un quart (9h15) heure du coucher.

Des exercices particuliers sont également prévus pour les dimanches et les jours de fête. L’emploi du temps et les exercices pour les jours de congé, et les jours extraordinaires: jours des morts, veille et jour de Noël, carême, etc... sont bien pris en charge.

Les vacances ont leur règlement spécial; la retraite annuelle se fait pendant les vacances.

Enfin, les Frères doivent avoir une estime toute particulière pour la régularité et le respect de leur Règle et de ses obligations.

2-2-Les difficultés et les opportunités de la vie des Frères[2]. Conseils divers.

Les Règles communes n’oublient pas non plus la manière de se comporter avec les malades qui recevront tout ce dont ils ont besoin, mais qui auront égard de souffrir patiemment leur mal ayant souvent en vue la patience de Notre Seigneur Jésus-Christ. On ne tardera pas à leur faire recevoir les derniers sacrements[3]. Les prières pour les morts et les circonstances pour les dire sont également bien précisées.

Les voyages des Frères sont réglementés: ils feront leurs voyages à pied... ils liront tous les jours une page du Nouveau Testament et une page de l’Imitation de Notre Seigneur Jésus-Christ... ils feront oraison en marchant...

Le courrier est également très surveillé et la manière de commencer et de finir les lettres, bien définies.

2-3-Les devoirs de ceux qui enseignent les autres

2-3-1-Les Frères sont des prophètes

Les grands prophètes et ceux qui enseignent les autres sont la voix qui prépare les cœurs à recevoir la grâce de Dieu. Et pour cela, il faut commencer par la charité et l’humilité, pour ne pas être “comme un airain sonore ou une cymbale retentissante.” Jean-Baptiste ajoute que c’est aussi par le mouvement de l’Esprit de Dieu que tous ceux qui annoncent son royaume parlent encore aujourd’hui.

Les Frères doivent aimer à se retirer du monde dès qu’ils le peuvent, afin que, dans le monde, ils soient uniquement occupés à l’œuvre de Dieu et à faire vivre Jésus dans les âmes de ceux qui ne le connaissent pas.

2-3-2-Pour bien enseigner il faut d'abord savoir

Avant d’entrer dans les détails du dogme catholique et d’en déduire les devoirs des chrétiens, Jean-Baptiste De La Salle propose dans la préface du premier tome (DA) un bref résumé des données essentielles de la religion chrétienne dont la connaissance est indispensable. Hélas! la plupart des chrétiens de son temps sont chrétiens sans savoir ce que c’est que de l’être... C’est ce qui fait qu’ayant dessein de former un chrétien, et de lui donner les moyens de mener une vie qui soit digne de son état et du nom qu’il porte, on a cru qu’il était nécessaire de lui faire d’abord connaître ce que c’est que la religion chrétienne dont il faire gloire d’être...

Mais que signifie le mot “religion”?

On appelle religion (et c’est la chrétienne) un état (ou une société) d’un très grand nombre de personnes de différentes nations, qui se sont engagées à rendre à Dieu leurs devoirs, et en public et en particulier, en la manière que Jésus-Christ l’a enseigné...

2-3-3-Ce que l'on doit à Dieu

Nous devons à Dieu quatre choses dont on s’acquitte dans la religion chrétienne: nous devons le connaître, l’adorer, l’aimer et lui obéir. Nous connaissons Dieu par la foi. Nous l’adorons par la prière et par le sacrifice. Nous lui obéissons en observant ses saints commandements et ceux de son Église, et en évitant le péché qu’il nous défend. Nous ne pouvons l’aimer qu’en possédant sa grâce qui nous rend agréables à lui, et cette grâce ne nous est donnée que par la prière, et par les sacrements.

Ces quatre choses comprennent tout ce qui se pratique et s’apprend dans la religion chrétienne et catholique...

On donne le nom de chrétiens à tous ceux qui sont de cette religion, et ce nom qui vient du Christ signifie disciple et imitateur de Jésus-Christ.

2-3-4-La vie religieuse des Frères[4]

Les Frères des Écoles Chrétiennes ne furent pas tout de suite reconnus comme des religieux: leur vocation était trop nouvelle pour être acceptée immédiatement par l’Église. Pourtant les obligations auxquelles ils étaient soumis, faisaient déjà d’eux de véritables religieux, par:

        – leur habit,

        – leur façon de vivre les vertus évangéliques: la pauvreté, la chasteté, l’obéissance, l’obligation du silence, la modestie et l’humilité

2-4-Conseils aux parents

Les parents qui confient leurs enfants aux écoles chrétiennes ont aussi des devoirs vis-à-vis d’eux. Le directeur d'une école chrétienne se fera un devoir d’y veiller et de faire observer ces quelques conseils:

En ce qui concerne les enfants:

        – Que l’enfant soit assidu à l'école et qu'il n'y manque jamais sans permission; qu'il soit exact à se trouver tous les jours à l'école, le matin à 7 h. 1⁄2, et après midi à une heure.

        – Qu'il ne manque pas au catéchisme et à la grand-messe les dimanches et fêtes, sans une grande nécessité et sans permission; sans quoi il sera renvoyé.

        – Que l'écolier soit propre en ses habits, et qu'il ne vienne à l’école que proprement vêtu et blanchement.

En ce qui concerne les parents:

        – Que les parents n'écoutent point les plaintes que leurs enfants leur pourraient faire, soit contre le maître, soit contre sa conduite, mais que, lorsqu'ils se plaindront de quelque chose, ils se donnent la peine de venir parler au maître, sans que leurs enfants y soient présents…

        – Que les parents ne donnent pas d'argent à leurs enfants, et qu'ils ne souffrent pas qu'ils en aient, pour peu que ce soit; cela étant ordinairement une des principales causes pour lesquelles ils se dérèglent. (CE 22)


[1] Rèles communes (RC), chapitres 1 à 6 et chapitre 16

[2] RC Chapitres 22 à 32

[3] On mourait beaucoup à cette époque, et souvent très jeune

[4] RC chapitres 17 à 21

    

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