Méditations de Jésus de Nazareth au Mont Tabor
Le Mont Tabor domine Nazareth qui n’est pas très éloigné:
quelques kilomètres
pouvant facilement être parcourus à pied. Aussi peut-on
raisonnablement penser que Jésus, pendant sa vie privée, s’est souvent éloigné
de l’agitation du village, pour se reposer, prier et retrouver le Père sur les
pentes du Mont Tabor.
Contemplons Jésus qui suit un petit sentier assez raide, mais
ombragé. C’est sûr, Jésus connaît bien ce chemin car Il monte sans regarder
autour de Lui, comme absorbé dans une profonde réflexion intérieure. Quand le
petit sentier quitte la fraîcheur des bosquets et s’expose aux pleins rayons du
soleil, Jésus semble comme inondé de lumière, et sa beauté paraît soudain
irréelle.
Discrètement, approchons-nous de Lui, et suivons-Le sur ce
chemin rocailleux, sinueux et mal tracé, mais si calme.
Jésus, monte d’un pas rapide, mais parfois Il ralentit un
moment quand les arbres ne masquent plus le paysage. Malgré la grande chaleur,
Il ne parait pas incommodé. Jésus n’est pas encore arrivé au sommet, mais voici
qu’Il s’arrête. Son regard s’attarde un peu sur Nazareth que l’on aperçoit,
là-bas... Puis ses yeux se lèvent vers le ciel. Que voit donc Jésus pour qu’Il
semble maintenant parler avec quelqu’un? Le Père Lui montrerait-Il la scène qui
précédera de peu sa Grande Passion, lorsque, pour affermir la foi de ses
disciples, Il se transfigurera, ici, devant eux? Moïse et Élie sont-ils, en ce
moment, présents, eux aussi?
Jésus que se passe-t-il? Tu sembles soudain plus majestueux,
mais comme fâché, comme si Tu chassais un indésirable. As-Tu déjà devant les
yeux quelques scènes de ta vie publique? Vis-Tu déjà un épisode de ta tentation
au désert? Ou bien, est-ce la même grande tentation qui se concrétisera plus
tard de façon si horrible, quand, descendant les pentes de cette montagne avec
Pierre, Jacques et Jean, les trois choisis, Tu devras éloigner de Toi le pauvre
Pierre qui ne comprendra rien à ta colère soudaine: “Arrière Satan! Tu m’es un
scandale...”
Pauvre Pierre! Ne le jugeons pas trop vite. Si nous avions
été à sa place, nous aurions parlé comme lui, et nous aussi, nous aurions dit:
“Jésus! Toi qui es bon, si puissant, si miséricordieux, Toi qui es l’Amour, on
ne peut pas Te traiter ainsi!... Qui d’ailleurs pourrait Te torturer et Te
crucifier? Non ce n’est pas possible!” Et Jésus nous aurait éloignés loin de
Lui, car c‘est Satan qui aurait parlé par notre bouche...
Aujourd’hui, Jésus n’a pas encore commencé sa vie publique,
son Heure n’est pas encore venue, et sa vie à Nazareth est une vie heureuse
entre Marie et Joseph. Mais ses visions paraissent avoir été terribles. Jésus
essuie la sueur qui baigne son front et s’assoit. De l’endroit où Il est, sur
les pentes du Tabor, Jésus, peut voir tout le lac de Génésareth. Il aperçoit
également Capharnaüm et Bethsaïde qui ne se convertiront pas à sa parole; malgré
ses miracles, elles ne feront pas pénitence, elles ne se convertiront pas...
L’angoisse de Jésus augmente: il semble qu’Il vive déjà, en
esprit, le refus de son Peuple et l’endurcissement de son cœur. Peut-être aussi,
Jésus, voit-Il la jeune Marie de Magdala, la grande pécheresse méprisée qui sera
un jour sa consolation: car sa seule vraie consolation, sa consolation à
Gethsémani et pendant tous les siècles, ce sera la conversion des pécheurs, le
retour à Dieu des âmes égarées, les brebis perdues ramenées au bercail? Jésus
les voit-Il toutes ces âmes pécheresses de tous les temps, qui seront pourtant
sa consolation au soir de sa grande Agonie?
Jésus, qui pourra jamais savoir comment les moments
apparemment les plus doux de ta vie privée ont été aussi comme de véritables
anticipations de ta Grande Passion? Jésus, dès ta naissance Tu étais le
Rédempteur. Lors de ta fuite en Égypte, Tu étais le Rédempteur. Au Temple, le
jour de ta majorité, Tu fis comprendre aux docteurs étonnés que Tu étais le
Messie promis. Beaucoup ne le comprirent pas et se scandalisèrent. Mais le cœur
des grands rabbins, Hallel et Gamaliel s’ouvrit. Hallel, déjà âgé, mourut
bientôt après, mais Gamaliel sera là, lors de ta Passion. Certains mystiques ont
dit qu’il deviendrait chrétien... Mais nous n’en sommes pas là.
Aujourd’hui Jésus, Tu es encore très jeune: vingt ans
peut-être, ou vingt cinq ans... Tu vis à Nazareth dans une Famille bénie, et Tu
es soumis à tes parents de la terre. Mais Tu sais que Tu dois aller à l’école du
Père, pour accueillir sa volonté.
Jésus, nous T’avons suivi en silence, sans savoir vraiment où
Tu nous conduirais. Nous Te suivons, sur le chemin de ta vie qui nous étonne car
nous pressentons que nous marchons déjà sur les premiers sentiers de ton long
chemin de Croix. Nous Te suivons, Jésus, quand Tu es heureux à Nazareth; nous Te
suivons sur tes chemins de prière qui Te mènent au Père. Nous Te suivons, Jésus,
sur ta longue route qui est pour Toi le Chemin de ton union avec la volonté du
Père, la volonté de la Trinité sainte. Voici que nous comprenons que partout où
nous Te suivons, nous Te suivons sur le Chemin de ta Croix.
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