C’est le matin, très tôt. L’aurore paraît à peine.
Jésus, tes disciples dorment encore, mais Toi, Tu es déjà
sorti. Tu aimes prier ainsi dans la fraîcheur du matin. Tu aimes retrouver le
Père dans le silence de l’aube naissante. Ton Cœur alors s’émerveille de ta
création, du ciel déjà rougeoyant, du chant des oiseaux qui s’éveillent, de la
splendeur des arbres en fleurs, de la vie qui jaillit de partout en ce matin de
printemps. Ton Cœur se fond avec le Cœur du Père. Vos deux personnes divines, le
Père et le Fils maintenant incarné, s’étreignent dans leur éternel baiser
d’amour, l’Esprit d’où jaillit l’unité de leur Trinité sainte.
Jésus, Tu es avec le Père. Pendant un court instant Tu vas
oublier tes soucis d’homme pour Te baigner dans ta personne divine et retrouver
les forces dont ton Corps aura bientôt besoin pour affronter les souffrances
humaines. Jésus, Tu pries, Tu Te perds dans le Père et Tu revis la Trinité...
Jésus, Tu pries, Tu es heureux. Spontanément montent de ton
Cœur d’homme les paroles des psaumes que ton Cœur de Dieu avait inspirées à des
âmes choisies pour qu’elles découvrent la réalité de l’amour de Dieu Créateur.
Ces paroles des psaumes, Tu les connais mieux que quiconque puisque c’est Toi
qui les as données aux hommes. Et puis, ces paroles divines, ton humanité les a
aussi apprises dans sa petite enfance. Elles font comme partie de Toi, de ton
humanité très sainte, à la fois humaine et divine.
Jésus, nous Te contemplons, nous Te regardons prier dans la
fraîcheur printanière de cette aurore naissante. Nous Te regardons, Jésus, et
nous T’entendons: Tu parles au Père avec une grande confiance, mais une
confiance comme voilée d’une angoisse qui se révèle à peine, mais qui pourtant
existe. Ô Jésus, même dans tes joies les plus parfaites, y aurait-il déjà, comme
en filigranes, l’ombre de ta Croix? Car, Jésus, il semble que Tu pries les
paroles du psaume 5...
1-Ô Père, prête l’oreille à mes paroles, écoute mon
gémissement...
5-Car Tu n’es pas un Dieu qui prend plaisir au mal...
6-... Tu détestes tous ceux qui font le mal.
9-Conduis-moi dans les sentiers de la justice. À cause de mes ennemis, aplanis
ma route.
10-Car leur bouche n’est que mensonge, leur cœur ne fait qu’ourdir contre Moi
des projets astucieux...
12-Que se réjouissent ceux qui se confient en Toi. Qu’ils soient dans une joie
perpétuelle. Étends sur eux ta protection et ils triompheront en Toi, tous ceux
qui aiment ton saint Nom.
13-Car Tu bénis le juste, Seigneur, et ta bienveillance l’enveloppe comme d’un
bouclier.
– Ô Père, délivre-Moi du mal et de ceux qui en veulent à ma
vie!
Jésus, Tu étais un homme, sur la terre, un homme véritable,
mais Tu étais Dieu aussi, Tu étais toujours la deuxième Personne de la Très
sainte Trinité, UN avec le Père.
Dieu et homme, Jésus, Tu étais. Que se passait-il en Toi?
Comment ta pensée humaine se formait-elle en Toi? Que savais-Tu de l’avenir, de
ton avenir, de ta Passion, de ta Croix? Quelle vision avais-Tu du monde à venir?
Avais-Tu comme nous de vagues pressentiments, étranges, inquiétants, obscurs et
imprécis, mais cependant assez présents et nets dans leur apparence floue, pour
faire naître la crainte et donner de l’angoisse ? Jésus, l’énorme masse des
péchés du monde T’écrasait-elle déjà, préparant ton Agonie future ? Que
connaissais-Tu des siècles à venir, qui au lieu d’accueillir l’Amour que Tu nous
préparais, ne vivraient que de la haine ?
Jésus, nous Te contemplons dans la fraîcheur et dans la joie
d’une aube printanière. Nous Te contemplons heureux, uni au Père, accueillant la
volonté toujours bonne du Père. Tu es heureux, Jésus, Tu souris et tes mains
s’élèvent pour l’offrande du matin. Nous sommes avec Toi, Jésus, dans ta paix,
dans ta joie... Pourtant ton Corps frémit. Tu essuies une larme, et Tu tombes à
genoux. Jésus, que se passe-t-il ? Tu Te prosternes et Tu gémis : “Père, que
ta volonté soit faite !”
Jésus, Tu Te relèves maintenant, comme fortifié, et Tu
chantes: “Tu bénis le juste, Seigneur, et ta bienveillance l’enveloppe comme
d’un bouclier.”
Jésus, nous T’adorons. Nous ne comprenons pas ta souffrance
cachée, ta douleur mystérieuse, prémices de la Passion de ta Grande Passion.
Nous comprenons seulement que toute ta vie fut Passion, que chaque étape de ta
vie fut une station de ton long chemin de Croix.
Oui, nous comprenons, Jésus, que ta vie tout entière fut
Passion pour sauver tous les hommes... tous les hommes tes frères.
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