
Jésus console ses apôtres
Depuis déjà plusieurs mois, Jésus a vaincu Satan qui L’a
quitté, au moins momentanément: “On ne tente pas le Seigneur Dieu!” Après la
grande tentation Jésus est allé vers sa mission: la Rédemption du monde, son
Grand œuvre. Jésus est
descendu chez les hommes, dans le monde âpre des hommes
pécheurs. Et pour combattre le Prince de ce monde caché dans le cœur de chaque
homme, Jésus a choisi l’humilité et la douceur. Jésus n’utilisera aucun des
moyens exceptionnels et grandioses que Satan lui suggérait. Jésus ne régnera pas
sur le monde dont Il n’est pas: son Royaume à Lui, Jésus, n’est pas de ce monde,
son Royaume est dans le cœur de ceux qui L’aiment, et qui L’aimeront
éternellement.
Depuis plusieurs mois Jésus accomplit l’œuvre du Père qui est
aussi la sienne. Tout le monde va à Lui qui guérit les malades, nourrit les
affamés, et secourt les pauvres en détresse. Mais, surtout, Jésus prêche l’Amour
et l’amour que l’on doit à Dieu. Le petit peuple des pauvres de biens et des
pauvres de cœur reconnaît Dieu en Lui, mais les savants, les docteurs qui savent
tout, ou croient tout savoir, les pharisiens qui observent si bien la Loi, voici
que tous ces gens bien placés, et, à leurs yeux, si parfaits devant la Loi de
Moïse, s’inquiètent: cet homme est dangereux.
Jésus est dangereux car Il prêche l’amour. Il prêche la
justice, une justice toute nouvelle car l’ancienne, celle que Dieu avait confiée
à Moïse, on l’avait oubliée pour la remplacer par une justice humaine. La
justice que Jésus prêche, c’est la vraie sainteté, et çà, c’est dangereux. Oui,
Jésus bouscule tous les petits conforts et les compromissions... Cet homme
dérange tout, Il est très dangereux.
Jésus, depuis longtemps déjà, sent croître contre Lui une
hostilité qui ne se cache même plus. Jésus sent cette hostilité devenue ouverte
et en souffre: se serait-Il trompé dans son choix initial? Aurait-Il choisi le
mauvais chemin? Aurait-Il dû prendre d’autres moyens, ceux que les hommes
attendent?
Jésus est le Verbe de Dieu, le Fils du Dieu vivant. Jésus
est UN avec le Père, mais Il est homme aussi, pleinement homme, et Satan
recommence à rôder... Satan introduit des doutes dans son esprit et dans son
Cœur d’homme: certainement, Il s’est trompé de route: aux hommes, sots comme ils
sont, il faut des miracles extraordinaires. Seuls, à ces hommes bornés,
conviennent les spectacles grandioses, les miracles retentissants. Ces hommes
stupides réclament des honneurs et des satisfactions. “Tu vois, insinue Satan,
si Tu leur avais tenu les discours qu’ils désirent, ils ne se révolteraient pas
contre Toi...”
Jésus, chasse Satan, et machinalement récite quelques
psaumes:
2-Pitié pour moi, ô Dieu, on me harcèle. Tout le jour mes
tyrans me harcèlent,
3-et me regardent me débattre. Qu’ils sont nombreux mes adversaires!
Mais,
4-c’est en Toi, Seigneur que je me confie le jour où je
prends peur.
5-...En Dieu je me confie, et je n’ai plus de crainte...
Jésus avance toujours sur le chemin qui conduit à Emmaüs.
Quelques pharisiens et ses apôtres Le suivent, mais de loin, car cette fois
encore, les discours sont peu amènes. Les apôtres essaient bien de tempérer les
remarques blessantes, mais sans trop de conviction: les opinions tranchantes des
docteurs les ont ébranlés dans leur foi, et ils ne savent plus très bien ce
qu’ils doivent penser. Jésus paraît ne rien entendre, pourtant Il souffre:
6-d’entendre tout le jour des paroles blessantes, des menaces de ces gens
qui ne pensent qu’à lui faire du mal! 7-qui s’ameutent et se cachent, qui
l’épient comme pour surprendre son âme.
À ce moment Jésus dit tout haut: 11-Mais en Dieu je me
confie et je n’ai plus de crainte. (Ps. 56 [55])
Ô mon Dieu!-garde-moi comme la prunelle de tes yeux,
place-moi en secret à l’ombre de tes ailes. (Ps. 17 [16])
Soudain la tentation devient plus forte et l’Ennemi déroule
devant Lui des scènes agressives qui blessent son Cœur aimant. Mais Jésus est
toujours vainqueur de Satan car Il Se fie en Dieu et Il prie le Père des Cieux :
9- Préserve-moi de la vue de ces violents, de ces
méchants, de mes ennemis qui déjà m’encerclent.
11-Ils me surveillent et soudain ils m’encerclent, ils se préparent pour me
jeter à terre.
12-Je crois voir un lion impatient de déchirer, ou son
lionceau tapi dans sa cachette. (Ps. 17 [16])
Oh ! Père, éloigne de moi ces visions de l’Enfer. Vois :
5-les flots de la mort m’enveloppent, les torrents
diaboliques m’épouvantent,
6-je suis pris dans les filets du monde infernal, je vois devant moi les pièges
de la mort,
7-dans mon angoisse, je crie vers Toi, mon Dieu... (Ps. 18 [17])
Brusquement Jésus s’arrête, comme pour attendre ses apôtres.
Mais Il est livide, décomposé. Que se passe-t-il, dans l’esprit de Jésus?
La tentation a-t-elle pris un autre tour ? Voit-Il maintenant le
spectacle de sa mort sur la Croix ?
8-Alors la terre a tremblé, elle s’est ébranlée, les
fondements des cieux en ont frémi, ils tremblaient en voyant sa colère.
9-Une vapeur montait à ses narines, de sa bouche s’échappait un feu dévorant, il
en sortait des charbons embrasés.
– Oui, commente Jésus, c’est Yahvé qui se manifestait pour
justifier l’Innocent que l’on accablait, l’Innocent qui 22-suivait les voies
du Seigneur, l’Innocent qui n’avait pas péché, qui ne s’était pas écarté de son
Dieu.
Yahvé se manifestait et
12-Tout autour de lui, un rideau de ténèbres, de lourds
nuages amoncelés formaient sa tente.
13-Un éclat le précédait, grêles et grêlons de feu.
14-Puis dans les cieux éclata son tonnerre: le Seigneur faisait entendre sa
voix.
– Oui, Père, s’écrie Jésus, Tu le sais, 23-Tous tes
jugements sont présents devant moi...
26-Et devant toi, je suis sans reproche... (Ps. 18
[17])
La lumière du jour baisse de plus en plus. Les pharisiens et
les docteurs de la Loi sont partis... Ils savent à quoi s’en tenir sur Celui qui
se prétend le Messie. Dans leur cœur, la mort de Jésus est déjà accomplie, et
Jésus le sait.
Les douze apôtres ont rejoint Jésus, pas très fiers:
– De quoi parliez-vous donc, en chemin? demande Jésus.
Pourquoi ne M’avez-vous pas rejoint plus tôt? Ne laissez jamais s’installer la
tentation dans vos cœurs. Sachez que tous ceux qui Me suivront seront tentés par
le démon, lequel, pour mieux les tromper, utilisera, mais en détournant son
sens, même la prière que Dieu Lui-même leur a donnée dans les psaumes. Ainsi :
13-À quoi bon garder un cœur pur et conserver les mains
nettes,
14-si tout le jour je reçois des coups, et chaque matin une nouvelle leçon? (Ps.
73 [72])
22-Oui, quoique fidèle, je suis pauvre et malheureux, et j’en porte la
blessure au-dedans de moi.
23-Je m’en vais comme une ombre qui décline, comme la sauterelle emportée par le
vent.
24-Je suis un prétexte pour leurs insultes, et quand ils me voient, ils se font
des signes. (Ps. 109 [108])
– Maître, pourquoi les pharisiens sont-ils si acharnés contre
Toi? demande Jean.
– C’est vrai, Maître, ajoute Pierre en pleurant, nous ne
savions pas comment répondre à leurs affirmations calomnieuses.
Les autres disciples baissent la tête...
– Priez, mes amis, priez sans cesse, sans jamais vous lasser,
le Seigneur vous écoutera. Louez Dieu sans vous lasser, et répétez souvent:
21-Pour moi, Seigneur, fais honneur à ton nom et
sauve-moi, car tu es bon,
25-Viens à mon aide, Seigneur, sauve-moi, car tu es bon. (Ps. 109 [108])
Jésus et ses apôtres sont arrivés à Emmaüs. Les disciples qui
habitent là rejoignent leur famille pour offrir un gîte et de la nourriture au
Maître et à ses amis. Jésus accepte volontiers: une halte amicale, après une
journée éprouvante, est toujours bien accueillie. Et les apôtres, fatigués,
troublés, ont besoin d’être rassurés.
Le repas fut excellent. Les apôtres retrouvent la paix dans
leurs cœurs bouleversés. Et puis, Jésus est si bon, si plein d’amour et de
miséricorde. La confiance renaît, comme naturellement, quand Jésus les invite à
prier. C’est d’abord l’expression de l’angoisse subie :
2-Je crie, j’appelle le Seigneur, je le supplie; vers le
Seigneur ma voix s’élève.
3-Devant lui je déverse ma plainte, devant lui je redis ma détresse,
4-et mon esprit défaille en moi... Sur ce chemin où j’avance ils m’ont tendu un
piège.
5-Regarde sur ma droite, et vois: pas un qui me reconnaisse. Tout espoir de fuir
s’est envolé, et personne ne s’inquiète pour moi.
7-Sois attentif à mon appel et vois mon sort pitoyable. Délivre-moi de ceux qui
me poursuivent et se savent plus forts que moi. (Ps. 142 [141])
– Toujours vous devrez ainsi vous tourner vers le Père quand
la détresse vous saisira, quand l’avenir sera comme bouché devant vous, quand
vous ne pourrez plus voir que les croix qui vous attendent. Puis, lorsque le
calme sera revenu dans votre intelligence, lorsque la paix aura retrouvé sa
place dans vos âmes, n’oubliez pas ces paroles d’espérance, 1-Élèvez vos
regards vers les monts... D’où viendra le secours?
– N’oubliez pas: 2-Le secours est dans le nom du
Seigneur qui a fait le Ciel et la terre. En effet: 3-le Seigneur
laisserait-il broncher ton pied, dormirait-il, celui qui te garde ?
4-Mais non, il ne sommeille pas, il ne dort pas, le
gardien d’Israël.
5-Le Seigneur te protège et te garde à l’abri de son ombre, il est là, à ta
droite. (Ps. 121 [120])
– Dans le Cœur de Dieu, vous serez toujours en sécurité.


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