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Les Permanents de Gethsémani
Méditation et Prière
Jésus a cherché des consolateurs mais n’en a pas trouvé: ses
apôtres dormaient, même le préféré, celui qu’Il aimait... Le jour de son Agonie
terrestre, il n’y avait pas de
consolateur pour Jésus: ses contemporains
l’avaient tous abandonné. Et le Père Le laissait seul pour subir les assauts de
Satan! Jésus, Homme et Rédempteur, Sauveur du monde, devait connaître toutes les
misères humaines. Jésus devait vivre dans sa chair humaine toutes les détresses
humaines...
Il n’y avait pas de consolateur pour Jésus, le Jour de son
Agonie, car c’était l’Heure, son Heure, une heure incommensurable qui durerait
jusqu’à la fin du monde.
Il n’y avait pas de consolateur pour Jésus, le Jeudi-Saint de
l’An 33 de notre temps terrestre. Ce Jour-là, Jésus devait souffrir seul. Plus
tard, bien plus tard, lorsque son Corps mystique sera trop martyrisé, trop
meurtri, trop douloureux, trop seul, Jésus cherchera encore des consolateurs.
Tout au long des siècles, pour consoler Jésus, le Père suscitera et mettra dans
la coupe de sa consolation des âmes consolatrices, des Permanents de Gethsémani,
mais des permanents mystiques.
Pour appréhender un peu ce mystère, il faut longuement
contempler Jésus dans son agonie du Gethsémani de tous les temps.
Vous êtes là Jésus, suppliant le Père de Vous épargner ce
Calice de votre plus grande douleur, la perte de tant d’âmes. Satan est là
aussi : il les étale devant Vous, ces âmes malheureuses qui se sont données à
lui, le Menteur. Et il insiste méchamment sur l’inutilité de votre Sacrifice, de
vos souffrances, de vos angoisses. Et Vous tremblez, Jésus, et Vous cherchez des
consolateurs, et Vous n’en trouvez pas...
Vous êtes là, Jésus, et Vous suez le sang, et Vous appelez le
Père qui déjà se tait. Le Père se tait, mais Il a tellement pitié de son Fils
qu’Il adoucit un peu sa rigueur, une rigueur nécessaire car elle est
rédemptrice, et Il Vous fait envoyer la Coupe de consolation...
Nous Vous contemplons Jésus, à Gethsémani, le Jardin du
Pressoir des Olives, plongé dans les ténèbres dont c’est l’Heure. Pourtant, dans
la Coupe de votre consolation, par moments, ces ténèbres semblent s’animer.
C’est comme si l’extrémité des racines du grand Arbre de votre Croix arrivaient
jusqu’au jardin, non loin de Vous. Et sur ces racines à peine visibles, il y a
comme de très faibles lueurs, celles de petits foyers de lumière qui y seraient
nés et qui s’alimenteraient et s’abreuveraient de leur sève nourrissante.
Jésus, dans le jardin des Olives, Vous connaissiez
l’existence de ces petits foyers, mais Vous ne pouviez seulement que les
deviner, car leur lumière n’était pas pour Vous à Gethsémani... Ces petits
foyers, dont le Père a permis que Vous deviniez la présence, sont comme des
permanents, les Permanents de Gethsémani.
Ces petits foyers de lumière, invisibles pour Vous ce soir du
Jeudi Saint, car leur lumière n’était pas pour Vous, ces Permanents de
Gethsémani, Vous les aviez devinés pourtant dans la Coupe de votre Consolation.
C’étaient des âmes que Vous aviez déjà sauvées mais que Vous laisseriez
momentanément sur la terre pour accueillir leurs frères. Oui, pour accueillir
tous ceux que votre Passion aura sauvés. Car ils sont là aussi, tous ceux qui
voudraient bien revenir vers Vous, ceux qui cherchent à revenir vers Vous, et
qui avancent lentement, comme aveugles, à tâtons. Si personne ne venait les
guider, c’est sûr, ils tomberaient...
Car elles reviennent de loin ces foules qui approchent des
racines du grand Arbre invisible de votre Croix. Elles reviennent des mondes
infernaux que Satan a multipliés sur la terre. Ils reviennent, nombreux, vos
enfants qu’on avait égarés, qu’on avait trompés. Ils reviennent des enfers, de
l’enfer de la drogue, de l’enfer des musiques sataniques, de l’enfer du sexe, de
l’enfer de l’argent et de la solitude. Ils reviennent de l’enfer des guerres, de
l’enfer de la faim. Ils reviennent de l’enfer des camps et des goulags, de
l’enfer du désespoir... Ils reviennent de l’enfer de la haine...
Jésus, grâce à votre Passion, ils ont compris, ces pauvres
enfants, que Vous étiez l’Amour, et que peut-être, même pour eux, çà existait
encore, l’Amour. Alors ils reviennent, avec un coeur meurtri, avec un coeur
plein de douleur, avec un coeur blessé, avec un coeur qui crie vers Vous. Mais
Vous Jésus, à Gethsémani, le Jour de votre Agonie An 33 de notre calendrier,
Vous ne pouviez rien faire... Car c’était Votre Heure, et l’Heure de la
Puissance des ténèbres. Et Vous ne deviez pas trouver de consolateur.
Pourtant il faut les accueillir ces petits, il ne faut pas
qu’ils repartent dans leur désespoir. Il faut les accueillir...
Alors les Permanents de Gethsémani murmurent une très douce
mélodie, très douce et apaisante malgré sa tristesse. C’est la mélodie du
regret, la mélodie du repentir, la mélodie du pardon. C’est déjà, mais très
faible, la mélodie de l’Amour qui se donne, de l’Amour qui pardonne, de l’Amour
qui accueille, de l’Amour qui embrasse...
Jésus, Vous entendez la mélodie des Permanents de Gethsémani
car c’est la mélodie de votre Coeur. Vous contemplez vos Permanents et malgré
votre Agonie, malgré votre douleur, Vous esquissez un sourire. Et Vous reprenez
vie, Jésus, et Vous Vous redressez car Satan est vaincu. Vous pouvez aller vers
vos ennemis, et commencer le Chemin de votre Croix...
Jésus, dans la Coupe de votre consolation, il y a tous les
Permanents de Gethsémani et nous sommes avec eux. Et nous Vous aimons Jésus.
Oui, Vous pouvez être consolé, Jésus, car vos Permanents, eux aussi, se
trouvaient tous, il n’y a pas encore si longtemps, dans ces cohortes d’âmes
échappées de l’Enfer. Et Vous les avez tous sauvés. Et Vous sauverez aussi tous
ceux qui ne sont pas encore arrivés à destination mais que vos Permanents
accueilleront pour qu’ils ne s’égarent plus.
Soyez consolé, Jésus, votre Passion n’a pas été vaine.
Écoutez la douce mélopée que chantent vos Permanents, la douce mélodie de
l’espoir, le refrain de votre Amour et de leur paix, le refrain du salut que
nous chantons avec eux, nous aussi, Permanents de Gethsémani, Permanents du XXIe
siècle !...
Jésus, Vous contemplez ce que le Père a mis dans la Coupe de
votre Consolation. Il y a la Croix, la Croix de notre salut que Vous embrassez
avec amour. Vous êtes au pied de votre Croix, celle qui a traversé les siècles,
Jésus, et ce pied semble malade quoique encore vivant, car les racines vivent
toujours. Les racines de l’Arbre de votre Croix vivent toujours car elles
s’alimentent de votre Sang, cette Sève sacrée, source de toute vie. Vous êtes
agenouillé Jésus, au pied de votre Croix... et Vous pleurez.
Un peu plus loin il y a les apôtres, ceux à qui Vous avez
demandé de veiller et de prier. Mais ils ne peuvent pas, ils sont trop tristes
et trop fatigués: ils dorment. Ce sommeil de la Nuit terrible, Vous le permettez
Jésus, car bientôt il sera pour eux une stupéfiante leçon d’humilité et d’amour
pour tous leurs frères pécheurs. Ils sauront alors que Vous seul êtes la force,
et que sans Vous ils ne peuvent rien: ils ne sont que des pauvres types sans
courage et sans gloire.
Jésus, Vous cherchez des consolateurs, mais ceux qui auraient
dû être là, pour Vous, ne le pouvaient pas : ils avaient un enseignement
terrible à recevoir de Vous. Et Vous offriez pour eux, à votre Père, l’Angoisse
horrible du combat seul à seul avec l’Ennemi. Mais le Père eut pitié, et Vous
envoya la Coupe de consolation.
Dans la Coupe de consolation, il y a tous ceux que Vous allez
sauver, que Vous avez sauvés. Et il y a tous ceux qui sont encore en chemin, qui
reviennent vers Vous, ou du moins qui essaient, car pour eux la route est
toujours dans les ténèbres. Ils cheminent difficilement, dans la nuit trop
sombre, ils cheminent privés de la signalisation indispensable, égarés, sans
espoir...
Ils cheminent à tâtons ceux qui viennent vers Vous, et voilà
qu’ils aperçoivent, là-bas, dans le jardin qu’on appelle Gethsémani, quelques
petites lumières. Oh ! ce n’est pas grand’chose, juste un espoir qui se lève, un
espoir qui appelle.
Et puis il y a aussi une douce musique, comme une musique
céleste qui apaise les cœurs et les rend attentifs.
Alors, ces pauvres âmes de la Coupe de consolation se hâtent
davantage et voici qu’elles arrivent, elles ne savent pas où, comme sur des
déformations du chemin. Oui, ce sont bien des racines... et sur ces racines des
lumières les accueillent, les lumières les dirigent... Car voici que ces pauvres
âmes qui commencent à se repentir ont rencontré les Permanents de Gethsémani.
Les Permanents de Gethsémani ? Ce sont des âmes que le
Seigneur a placées là pour accueillir leurs frères souffrants. Elles ne font
rien, ou presque : elles sont seulement là pour informer les âmes en recherche,
les âmes égarées, les âmes douloureuses. Elles ne font rien, ou presque : elles
donnent un sourire, une petite clarté, et puis un peu d’amour.
Parfois aussi elles chantent, doucement, juste pour
accompagner la mélodie céleste... Elles n’ont qu’une note à chanter, la leur,
celle de leur amour, de la Partition d’Amour, et elles doivent la chanter juste
pour conforter leurs frères en détresse, leurs frères qui reviennent des enfers,
de l’Enfer du monde sans Dieu. Elles sont les Permanents de Gethsémani !
Jésus les a placés ici, à Gethsémani, ces Permanents de
Gethsémani, victimes de son Amour, de sa Miséricorde. Des harmonies célestes,
ils n’entendent que quelques sons. Du merveilleux jardin qu’ils devinent, ils
n’aperçoivent à peine que quelques frondaisons: ils sont trop loin pour en voir
plus. Et ils ne peuvent pas s’approcher: ils doivent veiller, avec Jésus...
Ils doivent veiller et prier, les Permanents de Gethsémani,
dans la pénombre, sur les racines cachées de l’Arbre de la Vie qui les nourrit
discrètement... Ils doivent rester là, dans la foi, dans l’Amour qui se cache.
Ils doivent rester là pour accueillir les âmes qui reviennent...
Ils doivent rester là, à leur poste, dans la nuit. Ils n’ont
rien d’autre à faire que d’attendre les âmes qui reviennent et de les
accueillir, de leur donner un peu de leur lumière, un peu de leur chaleur,
petits foyers d’amour placés là par Jésus, petits foyers d’amour, victimes de
son Amour. Parfois un rayon de lune vient éclairer leur nuit et les encourager.
Ils peuvent chanter aussi, mais doucement, discrètement, pour ne pas troubler la
paix de ces lieux de repos, de ces lieux de repentir et d’espoir, de ces lieux
fécondés par le Sang de Jésus.
Jésus, nous Vous contemplons dans votre Agonie. Vous suppliez
le Père d’éloigner le Calice des âmes qui se perdent. Vous suppliez le Père
d’éloigner ce Calice de douleur et de désespoir, de sauver toutes les âmes, au
moins le petit reste des élus, ce reste dont parle si souvent l’Écriture. Vous
suppliez le Père de les sauver aussi les autres âmes, celles qui sont loin,
celles qui s’éloignent, celles que l’on trompe, celles qui doutent, celles qui
vous refusent. Vous suppliez le Père de les sauver toutes.
Nous sommes près de Vous, Jésus, petits foyers de lumière,
tout petits foyers de lumière, blottis sur une racine de votre immense Croix, au
jardin de votre Agonie. Tout est noir alentour, tout est sombre. Il n’y a que
quelques petits feux de signalisation, pour indiquer la route, pour diriger,
sans rien dire, quelques âmes qui cherchent à se dégager des marais enténébrés,
et qui sont un peu perdues dans le dédale indescriptible des chemins ténébreux
qui les conduisaient à leur perte. Quelques petits feux de signalisation pour
indiquer la direction vers l’Amour : “Vers l’espoir ! Vers les Béatitudes !
Vers les béatitudes des Permanents de Gethsémani...”
Nous sommes près de vous, Jésus, dans la coupe de votre
Consolation. Nous sommes près de vous, Jésus, sur les racines cachées de votre
grande Croix, là où Vous nous avez fait prendre racines, petites lucioles
inutiles et pourtant si utiles, simples panneaux de signalisation pour orienter
nos frères. Ce n’est qu’un peu d’amour, si nécessaire à votre Coeur. Ce n’est
qu’un peu d’amour qui, pour vous, et à Gethsémani, chante les béatitudes des
lucioles cachées, des petits foyers d’amour du jardin de votre Agonie, des
petits buissons ardents dans la Coupe de votre Consolation, les Béatitudes des
Permanents de Gethsémani.
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