Olivia Pietrantoni, Livia pour sa famille, naquit le 27
mars 1864, près de Rieti, petite ville située à une
cinquantaine de kilomètres au nord-est de Rome. Elle
était la deuxième enfant d'une famille qui en comptera
11.
Ses parents, Francesco Pietrantoni et Caterina
Costantini, étaient des agriculteurs et des fermiers,
travaillant leur propre terre ou des terrains qu'ils
étaient obligés de louer pour assurer la subsistance de
toute la nombreuse famille. Pourtant, fervents
chrétiens, et malgré leur pauvreté, ils étaient toujours
prêts à aider leurs voisins. C'est ainsi que l'enfance
et la jeunesse de Livia baignèrent dans une atmosphère
laborieuse, honnête, pieuse et charitable.
Dès
l'âge de sept ans, Livia dut seconder ses parents dans
les tâches ménagères et auprès de ses nombreux frères et
sœurs. En même temps elle travaillait au transport des
sacs de cailloux et de sable destinés à la construction
d'une route: la route d'Orvinio à Poggio Moiano. Quand
elle eut douze ans, au moment de la récolte des olives,
en hiver, elle devait s'embaucher comme saisonnière. De
plus, Livia travaillait dans les champs et prenait soin
des bêtes. On comprend que, dans ces conditions, Livia
ne pouvait aller à l'école que très irrégulièrement. Et
pourtant, extrêmement attentive, et surtout très douée,
elle aidait ses compagnes qui lui donnaient le titre de
"professeur".
Signalons ici qu'elle fut confirmée dès l'âge de quatre
ans, et vers 1876, à l'âge de 12 ans, elle fit sa
première communion. Sa vie de prière devint alors
particulièrement remarquable. Puis Livia décida de
donner toute sa vie au Christ, et d'entrer en religion.
Elle disait: "C'est le Christ qui sera son Amour, le
Christ, son Époux." Et cela malgré les moqueries de
son entourage qui l'accusaient de manquer de courage
pour faire son travail et de choisir une solution de
paresse. Il faut dire qu'à l'époque, l'atmosphère
italienne était très hostile à la religion. Aussi Livia
répondait-elle: "Je choisirai une congrégation où
l'on doit travailler jour et nuit." Dès lors, elle
refusa toutes les propositions de mariage qui lui
étaient offertes.
Quand elle eut 22 ans, Livia alla à Rome avec son oncle
afin d'être reçue par les Sœurs de la Charité de sainte
Jeanne-Antide Thouret. Après avoir longtemps hésité, la
supérieure, quelques mois plus tard, l'acceptait.
C'était le 23 mars 1886. Livia entra au postulat puis au
noviciat, et elle reçut le nom d'Agostina. Elle sera
d'abord chargée de soigner les enfants de l'hôpital du
Saint-Esprit. Puis, elle s'occupera des tuberculeux,
maladie qu'elle contractera, mais dont elle guérira
miraculeusement.
Ici
nous devons indiquer que l'hôpital du Saint-Esprit
fonctionnait depuis déjà 700 ans et que les nombreux
saints qui y avaient travaillé l'avait fait surnommer
"l'école de la charité chrétienne". Parmi ces
saints, nous devons citer: Charles Borromée, Joseph
Calasanz, Jean Bosco, Camille de Lellis... et, en 1886,
notre Agostina.
Dans
la seconde moitié du XIXe
siècle, cet hôpital du Saint-Esprit n'était plus
véritablement un hôpital religieux. Les Capucins qui
l'avaient tenu pendant longtemps avaient dû retirer tous
les crucifix. Eux-mêmes furent expulsés; les religieuses
ne furent pas chassées, car elles étaient trop
populaires, mais elles avaient reçu l'ordre de ne jamais
parler de Dieu. Cependant, Sœur Agostina avait
discrètement aménagé un petit espace privé où elle avait
trouvé une place pour la Vierge Marie. Sœur Agostina
avait même promis à Marie des veilles plus nombreuses,
de plus grands sacrifices, pour obtenir la grâce de la
conversion des malades les plus obstinés. Dans ce "petit
coin", les malades pouvaient venir prier. Là aussi, au
cours de son travail, Sœur Agostina passait parfois pour
prier pour ses patients, y compris pour un certain
Joseph Romanelli, malade adulte particulièrement
détestable, qui, par ses obscénités épuisait tout le
personnel y compris les médecins. Sœur Agostina
accueillait avec beaucoup d'amour sa maman aveugle
lorsqu'elle venait rendre visite à son malade.
Malheureusement de Joseph Romanelli on pouvait tout
attendre, et tout le personnel de l'hôpital s'en
plaignait, aussi, quand après une nouvelle "crise", aux
dépens des femmes qui travaillaient à la buanderie, le
Directeur le chassa de l'hôpital. Dans sa rage, il
chercha une cible et la pauvre Agostina était la victime
toute désignée. Un jour, rencontrant Sœur Agostina il
lui dit: "Je te tuerai de mes mains! Sœur Agostina,
tu n'as plus qu'un mois à vivre!" Ce n'était pas une
plaisanterie. Sœur Agostina redoubla pour lui de
générosité: elle était prête à payer de sa propre vie le
prix de l'amour, sans fuir, sans accuser. Bientôt
Romanelli la surprit et la frappa sans qu'elle put
s'échapper: elle mourut des coups reçus, mais elle avait
eu le temps de lui pardonner et de prier pour lui.
C'était le 13 novembre 1894.
Agostina avait juste 30 ans. Elle fut béatifiée le 12
novembre 1972 par le pape Paul VI et canonisée le 18
avril 1999, par le Pape Jean-Paul II. À cette occasion,
le pape rapporta ce que Sœur Agostina disait de ses
malades si difficiles à soigner: "En
eux je sers Jésus-Christ... je me sens enflammée de
charité pour tous, prête à affronter n'importe quel
sacrifice, même à verser mon sang pour la charité."
Paulette
Leblanc |