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Saint
Alphonse Rodríguez, naquit à Ségovie, en Espagne, le
25 juillet 1533. Son père était un riche commerçant de
tissus et de laines. Pierre Favre, un des premiers
jésuites logea chez ses parents lors d'une mission à
Ségovie en 1541 et prépara Alphonse à sa première
communion. Puis Alphonse rejoignit son frère Diego au
collège d'Alcala, pour y étudier sous la direction des
Pères de la Compagnie de Jésus. Mais, en 1546, la mort
imprévue de son père l'obligea à cesser ses études. Sa
mère lui demanda de rentrer, n’étant pas en mesure, avec
9 enfants, de s’occuper seule du négoce paternel et de
l'administration des biens familiaux.
Douze ans
plus tard, en 1558, Alphonse se maria avec Maria Juarez
dont il eut trois enfants. De grandes épreuves
l'attendaient: en l'espace de trois ans il perdit
d’abord son fils Gaspar, puis sa fille Maria. En 1567,
sa femme décédait. Par ailleurs, les affaires familiales
périclitant, il dut fermer son commerce. Alphonse
Rodriguez se retira dans une chambre avec son fils
Alphonse à peine âgé de trois ans. Plein de sollicitude
pour l'âme de son enfant, il pria Dieu de l'appeler à
Lui s'il devait un jour L'offenser. Le Seigneur ravit ce
petit ange à sa tendresse quelques jours après sa
fervente prière.
Durant six
ans, Alphonse pratiqua dans le monde toutes les vertus
chrétiennes. A l'âge de trente-sept ans, de plus en plus
absorbé dans la pensée de la mort et de son salut
éternel, il ne songea plus qu'à entrer dans un Ordre
religieux. Sur le conseil d'un Père de la Compagnie de
Jésus, il commença à étudier le latin, mais le succès ne
répondit pas à ses efforts. Laissant ce projet de côté,
il pensa à se retirer auprès d'un ermite de Valence,
mais son confesseur l'en dissuada.
Alphonse
avait déjà trente neuf ans. Le 31 janvier 1571, il entra
au noviciat de la Compagnie de Jésus, au couvent de
Saint-Paul de Valence, en qualité de Frère coadjuteur.
Ses premiers pas dans la vie religieuse révélèrent le
haut degré de vertu où il était déjà parvenu. Après six
mois de noviciat, ses supérieurs l'envoyèrent sur l'île
de Majorque, au collège de la Sainte Vierge du mont Sion
où il prononça ses vœux simples et solennels le même
jour. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie…
Pendant
trente ans, à partir de 1579, saint Alphonse Rodriguez
se sanctifiera dans le modeste emploi de portier,
accueillant toutes les personnes qui se présentaient
avec le même empressement que si c'eût été
Notre-Seigneur Lui-même. Dans cet humble office de
portier de collège, Alphonse rayonnait de sagesse,
d’attention aux autres et d'esprit de service. Il
encourageait les étudiants, consolait ceux qui étaient
dans la peine, conseillait les inquiets et les
tourmentés et aidait les nécessiteux. Le matin, au son
de la cloche, il demandait à Dieu de le garder sans
péché durant le jour ; ensuite il se mettait sous la
protection de la Très Sainte Vierge en récitant Ses
Litanies. Son union à Dieu, étonnait et attirait les
visiteurs.
Rodriguez
avait 61 ans. Il était portier depuis quinze ans quand
on lui donna un adjoint ; cependant, son apostolat
spirituel et pastoral continua. Tous ceux qui passaient
le seuil du collège, étudiants frivoles ou jésuites
austères, tous bénéficiaient de l’influence spirituelle
d'Alphonse Rodriguez.
Le futur
saint Pierre Claver, étudiant jésuite arriva au collège
en 1605. Il aimait beaucoup parler avec Alphonse
Rodriguez de questions spirituelles. C’est même Alphonse
Rodriguez qui suggéra à Pierre Claver de se porter
volontaire pour être envoyé en mission en Amérique du
sud. Alphonse Rodriguez avait aussi reçu de Dieu le don
de prophétie et celui des miracles.
À partir de
1615, Frère Alphonse Rodriguez ne quittera plus son lit
que pour assister à la messe. Affligé depuis longtemps
d'une douloureuse maladie, le saint religieux reçut le
sacrement des infirmes. Ayant communié avec ferveur,
l'agonisant ferma les yeux et entra dans un ravissement
qui dura trois jours. Durant ce temps, son visage
demeura tout rayonnant d'une céleste clarté. Le 31
octobre 1617, le saint Jésuite revint à lui, prononça
distinctement le nom adorable de Jésus et Lui rendit son
âme, à l'âge de quatre-vingt-six ans.
Alphonse
Rodriguez fut canonisé le 8 janvier 1888, par le pape
Léon XIII, en même temps que Pierre Claver. Saint
Alphonse Rodriguez est le saint patron de tous les
Frères jésuites.
Nous devons
maintenant nous arrêter quelques instants pour découvrir
la vie spirituelle d'Alphonse Rodriguez, malheureusement
trop peu connue de ses contemporains. Le frère Alphonse
Rodriguez était très discret. Cependant, après sa mort,
les quatorze cahiers de ‘notes spirituelles’ qu'il avait
écrits à la demande expresse de son supérieur religieux,
furent découverts et ouverts. Ces cahiers révélèrent une
étonnante vie d’union à Dieu, et même des extases et des
visions. Ces cahiers, qui rapportent une expérience
personnelle d'obéissance et de présence de Dieu,
dévoilent une spiritualité orientée uniquement vers le
Christ.
Voici
quelques extraits des textes d'Alphonse Rodriguez :
“Très
souvent, je ne m'entretiens et ne converse qu'avec Jésus
et la sainte Vierge, sa très sainte Mère, les amours de
mon âme. Je leur rends compte de ce qui me concerne, car
je suis si nul, si grossier et si ignorant, que je ne
suis absolument bon à rien. Je recours donc à eux, en
leur racontant ce qui m'arrive, et je les prie de me
venir en aide et de me protéger, afin que je fasse tout,
suivant leur bon plaisir et non pas autrement. Mon cœur
plein d'amour pour Dieu est extrêmement désireux de lui
plaire; et pour lui être agréable, je suis prêt à
renoncer à tout en ce monde et à moi-même. Ayant égard à
mes bons désirs, et voyant que je traite tout avec lui
et avec la Sainte Vierge, que je ne veux que ce qu'ils
veulent, et que, dans mon recours à eux, je me remets
moi-même, mes intérêts et ceux du prochain entre leurs
mains, Dieu fait que tout réussisse et arrive selon ses
desseins. C'est avec un certain élan d'amour que je vais
trouver Jésus et Marie et converser avec eux; ils me
répondent avec une douce suavité et me font connaître
leur sainte volonté, en m'apprenant en même temps
comment l'exécuter. Dans cette douce familiarité que
j'ai avec Jésus et la sainte Vierge, je me comporte
comme un enfant encore au sein…” (Mémoire écrit en
juin 1615). Publié dans La vie admirable de saint
Alphonse Rodriguez, religieux.
Il convient
d'ajouter ici que, à sa prière incessante, Alphonse
Rodriguez se mortifiait beaucoup. Nous ne comprenons
plus, aujourd'hui, ce mot de mortification ni de
sacrifice. Pourtant, le sacrifice offert à Dieu est
comme une réparation et un soin, apportés aux blessures
que les hommes se font chaque fois qu'ils commettent des
péchés. Jésus, par sa mort, a réparé tous nos péchés,
mais Il demande parfois à ses saints, de participer avec
Lui, à la réparation des offenses faites à Dieu.
Paulette
Leblanc |