Amédée de Lausanne
Noble, Moine, Abbé, Évêque, Saint
1110-1159

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SEPTEMBRE

 

Il y a plusieurs saints Amédée. Celui que nous fêtons aujourd'hui est saint Amédée d'Hauterives dit de Lausanne. Il vécut de 1110 à 1159.

Amédée d'Hauterive que nous fêtons le 1er septembre, est le fils d'Amédée 1er de Clermont, Seigneur de Hauterives et de Pétronille de Bourgogne. Il était apparenté à Fréderic Barberousse. En 1119, Amédée de Clermont, le père de notre saint, et seize autres chevaliers décidèrent d'entrer au monastère de Bonnevaux pour devenir moines. Ce monastère, aurait été construit en 1117. Amédée de Clermont emmena avec lui son fils âgé de 9 ans. L'abbé accepta tout le groupe, sauf le petit Amédée, bien trop jeune.

En 1121, Amédée 1er, de Clermont, prononça ses vœux, puis il quitta Bonnevaux pour aller à Cluny. Amédée 1er emmena son fils avec lui, et tous les deux furent accueillis chaleureusement. Peu de temps après, notre Amédée fut envoyé en Allemagne auprès de l’empereur Henri V qui le confia à de bons éducateurs. Après la mort de l’empereur, en 1125, Amédée, alors âgé de quinze ans, se retira à Claivaux, et se mit sous la conduite de saint Bernard.

Petit rappel historique: Le nombre de moines allant sans cesse croissant, il avait fallu agrandir le monastère; les travaux de Cluny III commencèrent vers 1080. En 1095, le pape Urbain II consacrait deux pierres d'autel et 3 chapelles au milieu du chantier. La nef ne fut dédicacée qu'en 1130, mais l'édifice était loin d'être achevé. Interrompu au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle, le chantier reprit au début du XIIIe siècle et vit l'achèvement de l'immense avant-nef en 1220. L'abbatiale devint alors, pour trois siècles, le plus grand édifice religieux d'Occident (187 mètres de long). 

En 1139 saint Bernard envoya notre Amédée comme abbé à Hautecombe, alors en grande difficulté. Amédée 1er, son père, fit alors une réflexion à son fils, concernant l'infertilité des terres où il devait se rendre; mais notre Amédée répondit que malgré le peu d'attrait de la contrée il ne saurait enlever à ses habitants les biens éternels que les peines de cette vie leur faisaient mériter. Et Amédée se donna tout entier à sa tâche.

La réputation d’Amédée devint telle qu’elle se répandit jusqu’à l’évêché de Lausanne qui était alors vacant. Le clergé et le peuple de la ville décidèrent de l’élire à cette tâche épiscopale. Amédée ne s’estimait pas digne d’une telle charge et la refusa plusieurs fois. C’est le pape qui, connaissant la prudence et la piété d’Amédée, confirma son élection, l’obligeant ainsi à se rendre à Lausanne. Il fut consacré évêque de Lausanne le 21 janvier 1145. Amédée s’adressa alors à Conrad III, qui remplissait le rôle d'empereur romain-germanique mais qui ne fut jamais intronisé officiellement,  pour lui recommander son église. Le pape Eugène III qui avait été religieux à Clairvaux en même temps qu’Amédée, confirma les donations faites à l’église de Lausanne. En 1146, Amédée assista à l’assemblée que Conrad III organisa à Spire, ville impériale du Saint Empire Romain Germanique.

Pendant ce temps, la situation en terre Sainte et surtout à Jérusalem, continuait à se dégrader. Aussi, vers 1147 saint Bernard prêcha-t-il la 2e croisade. Le comte de Maurienne, Amédée III de Savoie, oncle du roi de France, Louis VII le jeune, désirait s’y rendre, mais vue la jeunesse de son fils, il demanda à l'évêque de Lausanne, Amédée de Lausanne, son ami, de veiller sur son comté et sur son fils, Humbert. C'est ainsi qu'Amédée dut défendre Humbert, ainsi que son comté qui était assailli par son oncle, le frère du comte de Maurienne et par les d’Albon qui profitaient de l’absence d’Amédée de Maurienne. Par ailleurs, pendant son épiscopat, Amédée eut également affaire au comte de Genève et à ses tentatives d’assassinat, ce dernier voulant à se rendre maître de la ville de Lausanne. En 1155, l'empereur Frédéric 1er successeur de Conrad III confirma, comme l'avait fait Conrad III, les possessions et les droits de l’église de Lausanne. Cette même année, il nomma l'évêque Amédée, chancelier du royaume de Bourgogne.

En 1159, Amédée tomba gravement malade. Il mourut dans son palais épiscopal le 27 août 1159. Avant de mourir il donna l’absolution à tous ceux qu’il avait excommuniés, sauf à Humbert d’Aubonne qu’il cita pour le grand jour du jugement à cause des torts qu’il avait causés à l’église de Saint Livres. Livres vient de Saint-Libère qui fut pape de mai 352 à septembre 366. Amédée fut enterré dans l’église de Lausanne.

Lorsqu'on passe rapidement en revue, comme nous venons de le faire, les événements qui ont fait la vie d'Amédée de Lausanne, on peut se demander en quoi a pu consister sa sainteté. Les annales de l’Ordre de Cîteaux vont nous aider à répondre. En effet, nous ne devons jamais oublier qu'avant d'être évêque, Amédée fut d'abord un moine.

Les annales de l'Ordre de Cîteaux décrivent Amédée comme ayant un grand esprit de pénitence, de componction, et vivant dans la crainte du jugement de Dieu. Il examinait ses actions, veillait sur les âmes de ses fidèles. Protecteur des veuves et des orphelins, il était aussi le consolateur des prisonniers. Farouche partisan de la justice, il punissait avec sévérité les méchants.

Amédée avait une particulière dévotion pour sainte Agnès qui semble l'avoir accompagné pendant toute sa vie: en effet, Amédée naquit le jour de sa fête. C'est le jour de sa fête, qu’il fit sa profession monastique, et c'est encore un jour de la fête de sainte Agnès qu'il fut nommé abbé puis évêque. Amédée était aussi très attaché à la Vierge Marie comme le prouvent les huit homélies mariales qui sont parvenues jusqu'à nous, et qu’on avait coutume de lire dans l’église de Lausanne jusqu'en 1858.

Paulette Leblanc

 

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