ANGÈLE MÉRICI
vierge, fondatrice de la Compagnie de Sainte Ursule
(1474-1540)

27

JANVIER

Angèle Mérici naquit vers 1474 en Italie du Nord, à Desenzano del Garda près de Brescia, en Lombardie. C’était alors une région splendide mais souvent ravagée par des guerres. Son père, agriculteur, possédait une ferme "Les Greeze", ce qui permettait à toute la famille de vivre décemment du fruit de ses récoltes. Cette famille, modeste mais très chrétienne, menait une vie simple et équilibrée. Le soir, le père, Jean Mérici, lisait à ses enfants un épisode de la vie des Saints, ce qui marqua très fortement la petite Angèle, enfant gaie aimant prier. Déjà, elle s’attachait à Jésus, son "unique trésor".

Encore adolescente, Angèle perdit, en quelques mois, ses parents et l’une de ses sœurs. Après ces deuils, l'oncle et la tante d'Angèle, les Biancosi, prirent Angèle chez eux à Salò, ainsi que l’un de ses frères. Là, elle partagea la vie quotidienne de son cousin Barthélémy, et connut désormais une vie citadine plus aisée mais frivole. Son oncle et sa tante auraient voulu la marier, mais Angèle, qui avait déjà entendu l’appel de Dieu, préférait passer son temps avec le Christ, dans la prière et une vie simple, plutôt que de s’adonner aux plaisirs mondains. Angèle retournait parfois à la ferme des Greeze, et, un jour, pendant qu’elle travaillait au lieu-dit "Brudazzo", elle reçut sa vocation. Soudain Angèle vit, sur une échelle élevée vers le ciel, des jeunes filles monter et descendre. Dieu lui révélait ainsi qu'elle fonderait un jour une nouvelle famille religieuse qui accomplirait une mission dans l’Église.

Âgée de 18 ans, afin de pouvoir se consacrer au Seigneur librement et d’être admise régulièrement à la table eucharistique (fait rare à cette époque), Angèle demanda à entrer dans le Tiers-Ordre de Saint-François d’Assise, et devient Sœur Angèle. Elle travaillait, priait, participait à la Messe et communiait le plus souvent possible. Elle jeûnait et menait la vie simple au service des autres qu’elle désirait.

En 1516, ses supérieurs franciscains l’envoyèrent à Brescia pour une mission de consolation: Catarina Patengola qui avait perdu son mari et ses fils à la guerre, avait perdu le goût de vivre. Angèle resta deux ans chez Catarina qui se rétablit. Angèle quitta alors la maison de Catarina, mais décida de rester à Brescia. Elle accepta l’hospitalité d’un certain Antonio Romano chez qui elle habitera pendant 14 ans. Dans la petite pièce où elle demeurait, elle pouvait recevoir librement tous ceux qui venaient lui demander conseil. Angèle accompagnait, consolait, apaisait les colères, réconciliait et conseillait tous ceux qui venaient l’interroger… Son accueil était toujours plein de charité. Le duc de Milan, François Sforza, lui demandera d’être sa mère spirituelle.

À partir de 1524, Angèle entreprit plusieurs pèlerinages avec d'autres pèlerins, notamment en Terre Sainte, à Rome et à Varallo, un lieu où l’on construisait des petites chapelles dans la montagne. Dans ces petites chapelles, des scènes de la vie du Christ étaient représentées, pour les Chrétiens dans l’impossibilité de se rendre en Palestine. En 1529, une des nombreuses guerres qui ont ravagé l'Italie, obligea la population de Brescia à fuir. Angèle partit à Crémone, où elle continua à recevoir tous ceux qui la sollicitaient. Enfin, ce fut le retour à Brescia. Mais le temps passait et Angèle se sentit soudain pressée d'accomplir la mission que le Seigneur lui avait demandée dans sa jeunesse: elle devait  fonder une "Compagnie" de femmes qui vivraient leur consécration au Seigneur sans se retirer de leur milieu de vie. Là où elles seraient, elles vivraient leur vie de prière tout en restant attentives aux besoins des autres.

Alors, peu à peu, Angèle rassembla des jeunes filles intéressées par ce genre de vie, mais elle ne leur donna encore aucune consigne particulière. Elles devaient demeurer célibataires dans le monde et être entièrement disponibles. Pour Angèle Mérici, il s’agissait de rénover une société très éprouvée par les guerres et le protestantisme. Il fallait, disait-elle, changer les choses, transformer cette société souvent éloignée de Dieu. Mais comment faire pour garder ensemble des femmes célibataires qui vivent dans le monde? Il fallait d'abord mettre en œuvre l'obéissance fondamentale à Dieu et à l’Église. Il fallait se retrouver souvent pour analyser les problèmes et décider des solutions; il fallait savoir choisir. Il fallait aussi se faire mutuellement et avec beaucoup de charité, certaines remarques en vue d'améliorer les rapports. On appelait cela la "correction fraternelle", car celles qui adhéraient à la future Compagnie Sainte Ursule devaient progresser pour faire progresser le monde.

Régulièrement, ces jeunes filles se retrouvaient pour vivre l’Eucharistie, et s’aider à vivre leur consécration. Pourtant, il fallait aller plus loin. Aussi, le 25 novembre 1535, les 28 premières jeunes filles qui le désiraient, participèrent-elles à la Messe, puis se donnèrent au Seigneur, sans prononcer de vœu public; elles inscrivirent simplement leur nom dans un registre: ce fut le jour de la fondation de la Compagnie de Sainte-Ursule. Pourquoi sainte Ursule? Tout simplement parce que Angèle aimait beaucoup Ste Ursule, une martyre du 4ème siècle. Cette martyre serait donc la patronne de sa Compagnie Sainte Ursule. Bientôt des laïcs qui avaient fait le choix, de vivre du charisme d’Angèle Mérici devinrent ses "Associés", et demandèrent aux Ursulines de leur transmettre leur spiritualité afin de vivre l’Évangile à la manière d’Angèle.

Âme captivée par le Seigneur, Angèle Le trouvait partout dans le cœur des personnes qu'elle croisait et des services qu'elle leur rendait. Totalement désintéressée, elle entraînait ceux qui la fréquentaient à s’engager à leur tour, avec une ouverture fraternelle qu’elle désignait d’un seul mot: "lapiacevolezza". Animatrice éclairée du laïcat fervent qui gravitait autour d’elle, Angèle Merici, fidéle à l’Église, créait une œuvre qui n’avait pas de précédent et qui se dessinait au fur et à mesure qu’elle-même se laissait faire par Dieu. La grande innovation de cette fondation était de vivre comme des moniales mais sans un cloître véritable, donc sans un monastère fermé par une clôture. Pourtant, elles avaient un minimum de vie commune, et elles étaient vraiment consacrées à tous ceux qui avaient besoin d’elles. Mais ce genre de vie ne pouvait être mis en œuvre que durant un certain temps, même si le 8 août 1536, le cardinal évêque de Vérone avait approuvé la première règle des sœurs ursulines de sainte Angèle. En effet, ce genre de vie: des femmes consacrées qui ne vivaient pas enfermées dans un monastère était une grande innovation en plein XVIe siècle, au temps des schismes protestants. Et il est assez surprenant qu’un cardinal-évêque ait pu accepter ce que sainte Angèle souhaitait de tout son cœur. Ce minimum de vie commune était une véritable révolution. En fait, sainte Angèle anticipait sur des communautés qui ne verront le jour que longtemps plus tard notamment au XIXe siècle.

Le 27 janvier 1540, Angèle décédait. Elle avait soixante cinq ans.

Après le Concile de Trente (1545-1563), la Compagnie Sainte Ursule dut se transformer en Ordre religieux. Les filles d’Angèle furent donc obligées d'entrer dans des cloîtres. Mais, grâce à leur zèle apostolique elles purent continuer à être apôtres en devenant éducatrices. Dès lors, les Ursulines devinrent des formatrices, spécialement au service de la jeunesse, selon la mission que l’Église leur avait confiée. Et des changements durent être apportés petit à petit à la règle de sainte Angèle pour satisfaire aux traditions.

Pour finir, nous citerons des recommandations qu'Angèle dicta pour ses ursulines : "Je vous supplie de vouloir bien vous efforcer d’attirer avec amour celles qui veulent se joindre à vous. Conduisez-les avec douceur et bonté. Ne soyez pas autoritaires et dures avec elles... N’oubliez jamais que c’est libérer les âmes que de relever le courage des faibles et des timides. Il faut donc les corriger avec amour. Prêchez surtout par l’exemple à chacune d’entre elles. Et n’hésitez pas à leur parler de la grande joie qui les attend au ciel."

Paulette Leblanc

 

 

pour toute suggestion ou demande d'informations