Anselme de Cantorbéry
Évêque, Saint
(1033-1109)

21

AVRIL

Anselme que l'on appellera Anselme de Cantorbéry, ou Anselme du Bec, naquit à Aoste en 1033 (ou 1034) de parents de la haute noblesse. Son Père, Gandulf et sa mère Ermenberge auraient été parents du comte Hubert de Maurienne et de la comtesse Mathilde de Toscane. Vers l'âge de quinze ans, Anselme aurait voulu devenir moine, mais bien vite les tentations de l'adolescence l'en détournèrent; Anselme se livra aux plaisirs de la vie mondaine. Vers 1056, après la mort de sa mère, il quitta son père pour aller en France "à la recherche du plaisir", ce qui ne l'empêche pas de poursuivre en même temps ses études. Et c'est ainsi qu'à 25 ou 26 ans sa vraie vocation se réveillera à l'abbaye du Bec en Normandie où il était venu pour étudier, attiré par la renommée de l'école créée et dirigée par le moine Lanfranc, prieur de l'abbaye du Bec, sous la direction de qui il étudiera la dialectique et la rhétorique. En 1059, Anselme devint moine, au Bec; il avait 27 ans.

La douceur d'Anselme lui gagnera vite les cœurs, et en 1063, après le départ de Lanfranc nommé à Cantorbéry, il sera nommé prieur au Bec et mènera de front cette charge avec son intense réflexion théologique: selon lui, puisque Dieu est le créateur de la raison, celle-ci, loin de contredire les vérités de la foi, doit pouvoir en rendre compte. En 1078, Anselme est élu Abbé du Bec quelques jours après la mort du Bienheureux Herluin, fondateur de l'abbaye du Bec.

À cette époque, des relations étroites existaient entre l'Abbaye du Bec et les monastères anglais proches de Cantorbéry. Ceci explique qu'en 1093, lors d'une visite de ces monastères, Anselme se retrouva élu évêque de Cantorbéry et archevêque. Ce fut une rude tâche, et son attachement à l'indépendance de l’Église contre les prétentions des rois d'Angleterre lui valut plusieurs exils. Par exemple, en février 1095, Anselme fut accusé par Guillaume de Saint-Calais, ecclésiastique et proche conseiller des deux premiers rois normands d'Angleterre, Guillaume le Conquérant et Guillaume II le Roux, d'avoir violé son vœu de fidélité au roi qu'il avait prononcé au concile de Rockingham. Ce concile avait été convoqué par Guillaume II le Roux, suite à une dispute qui l'opposait à l'archevêque: le roi voulait soumettre l'Église à son autorité, tandis qu'Anselme voulait aller à Rome pour recevoir son pallium des mains du pape Urbain II. Or, ce dernier était opposé à l'antipape Clément III, et le roi n'avait reconnu aucun des deux. Anselme accusé de placer sa loyauté envers le pape Urbain II au-dessus de celle qu'il devait au souverain, dut partir en exil.

Confronté à ces épisodes consternants de la vie politique de quelques rois d'Angleterre,  Saint Anselme aspirait à retrouver la paix du cloître, mais le pape ne l'autorisa pas à quitter sa charge. Ce fut donc au milieu des tracas occasionnés par sa réforme de l’Église d'Angleterre qu'il voulut  consacrer les dernières années de sa vie "à la formation morale du clergé et à la recherche théologique. Il mena à bien une œuvre théologique, métaphysique et philosophique qui lui vaudra le titre de "Docteur magnifique". En effet, Anselme cherchait surtout à fortifier la foi chrétienne en l'appuyant sur la raison. Il est considéré comme l'un des plus grands écrivains mystiques de l'Occident médiéval

Anselme mourut le 21 avril 1109 et fut inhumé dans la cathédrale de Cantorbéry. Il fut canonisé en 1494 et proclamé docteur de l'Église en 1720.

Voici maintenant quelques remarques concernant la spiritualité et la théologie de saint Anselme: on a écrit que son activité théologique "se développa suivant trois volets: la foi comme don gratuit de Dieu qui doit être accueillie avec humilité, l'expérience qui est l'incarnation de la Parole dans la vie quotidienne, et la connaissance qui n'est pas seulement le fruit de raisonnements mais aussi celui de l'intuition contemplative... Son amour de la vérité  et sa soif constante de Dieu... peuvent être pour le chrétien d'aujourd'hui un encouragement à rechercher sans cesse le lien profond qui nous unit au Christ... Le courage dont il fit preuve dans son action pastorale, qui lui causa souvent de l'incompréhension et même d'être exilé, doit inspirer les pasteurs, les consacrés et tous les fidèles dans l'amour de l’Église du Christ". (source: VIS 090923 - 450).

Notons que "La clarté et la rigueur de sa pensée avaient pour but de porter l'esprit vers la contemplation de Dieu, soulignant que le théologien ne saurait compter sur sa seule intelligence mais devait cultiver une foi profonde."

Saint Anselme de Cantorbéry a profondément marqué, d'abord l’Abbaye du Bec, puis le diocèse de Cantorbéry, par sa foi lucide, son humilité, sa douceur, son esprit de paix et sa tendresse filiale envers la Vierge Marie.

L’Église lui doit de remarquables traités de théologie.

Paulette Leblanc

 

 

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