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Aubin, ou Albin, vient du nom latin: blanco, qui,
éthymologiquement, signifie blanc.
Saint Aubin naquit vers 468 ou 469, à Languidic près de
Vannes. Sa famille, d’origine anglo-saxonne, était venue
se fixer en Bretagne armoricaine ou Basse Bretagne. Les
hagiographes de saint Aubin racontent "que son
enfance, prévenue de toutes les grâces du Seigneur, fit
présager sa sainteté future; il ne connut du jeune âge
ni la légèreté, ni les défauts, et dès qu’il put
marcher, ce fut pour aller à Dieu et Le prier à l’écart,
loin du bruit, dans la compagnie des Anges."
Incontestablement Aubin n’était pas fait pour le
monde, au grand désespoir de sa noble famille…
Quoiqu'il en fut, Aubin embrassa très tôt la vie
religieuse dans le monastère de Tintillant ou Tincillac,
ou encore Nantilly, près de Saumur, non loin d'Angers.
Ce monastère observait la règle de saint Augustin. Aubin
se montra un moine si pieux que, rapidement, il dépassa
en vertus, en jeûnes et en oraisons les plus anciens et
les plus fervents religieux de son monastère. On
admirait surtout son recueillement continuel, même
lorsqu'il éta it obligé de sortir du monastère. Il
aurait même bénéficié d'une protection spéciale. Ses
hagiographes racontent encore: "Un jour, l’abbé du
monastère l’envoya dans un village voisin. Pendant qu’il
s’acquittait de sa mission, il tomba, sur la maison où
il était venu, une telle quantité de pluie, que le toit
s’entr’ouvrit et que toutes les personnes présentes
furent trempées: Aubin seul, à l’admiration de tous, fut
épargné; il ne tomba pas sur lui une goutte d’eau."
Aubin devint l'abbé du monastère en 504, vers l'âge de
trente-cinq ans. Il s'attacha alors à faire "revivre
parmi ses frères la ferveur des premiers temps et les
amena, par sa douceur et son exemple, à une perfection
rare, même dans les plus austères couvents."
Après la mort de leur évêque, Adelphe, les angevins
élirent Aubin, par acclamation, comme leur nouvel
évêque. Aubin résista d’abord à son élection, mais dut
finalement se soumettre; il fut donc ordonné prêtre en
529 par saint Mélaine de Rennes. Devenu évêque, Aubin
conserva ses habitudes de vie monastique, et pratiqua
une grande charité auprès de tous les malheureux qu'il
approchait: malades, pauvres, prisonniers. Par ailleurs,
il lutta avec détermination contre les mœurs violentes
et païennes de son temps. On retiendra, en particulier,
la lutte acharnée qu’il mena contre les mariages
consanguins et incestueux fréquents dans la noblesse
franque de l’époque. Il sut ainsi imposer le respect du
mariage aux grands seigneurs qui, à l'époque
mérovingienne, n'hésitaient pas à épouser leur sœur ou
leur fille, sans que les évêques réagissent...
Malgré les menaces de mort dont il fut l’objet afin de
le dissuader de poursuivre ce combat, l'évêque Aubin
obtint du roi Childebert 1er la réunion des
conciles d’Orléans de 538 et de 541 qui condamnèrent ces
mariages incestueux et excommunièrent ceux qui les
contractaient. Ces conciles d'Orléans pronon-cèrent
aussi la dégradation des prêtres licencieux.
Les
documents concernant saint Aubin signalent aussi la
tenue du Concile d'Angers en 540. Si les informations
sont assez peu claires sur la tenue de deux Conciles à
Orléans, nous sommes, par contre, certains qu'Aubin
participa au Concile d'Angers, comme interprète: en
effet, il connaissait le latin, le roman, et le breton.
Il fut, en particulier, l'interprète entre le roi
Childebert 1er et saint Tugdual qui fonda le
monastère de Tréguier et que l'on pense être l'un des
sept fondateurs de la Bretagne.
Aubin mourut à Angers le 1er mars 550, âgé de
quatre-vingts ans, de retour d’un voyage à Arles où il
était allé rendre visite à saint Césaire qui l’avait
soutenu dans sa lutte. Son corps fut d’abord enseveli
dans l’église Saint-Pierre d’Angers, puis ses reliques
furent transférées dès 556 dans la crypte de la
basilique Saint Étienne qui prit alors le nom de
Saint-Aubin.
Son
biographe, saint Venance Fortunat, évêque de Poitiers
(mort en 605), rapporte que saint Aubin était également
doué du don des miracles: il aurait délivré des
possédés; il ressuscita un jeune homme nommé Malabothe;
il libéra aussi de prison un innocent.
Saint Aubin est le Patron d'Angers, de Guérande, et de
nombreux villages de France dont certains portent son
nom. (On a répertorié 110 églises en France portant le
vocable de Saint aubin, et 83 communes). Son culte s'est
propagé hors de France, en Italie, en Espagne et en
Allemagne et jusqu'en Pologne. En Belgique, il est
notamment le patron de l'église de Bellevaux près de
Malmedy et de Honsfeld; une église lui est également
dédiée à Namur.
Aujourd'hui Saint Aubin est toujours invoqué lors des
maladies d'enfants. Il est devenu le patron des
boulangers et des pâtissiers. Il y a aussi un dicton
intéressant que tous les vignerons devraient connaître:
"Taille
au jour de Saint Aubin, Pour avoir de gros raisins".
Paulette Leblanc |