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Saint Basile de Césarée est souvent présenté avec saint
Grégoire de Nazianze, son ami. Aujourd'hui, nous nous
attacherons surtout à saint Basile; nous découvrirons
saint Grégoire de Nazianze le 25 janvier.
Basile de Césarée, appelé également Basile le Grand,
est né vers
329,
à Césarée dans la région Cappadoce, en Turquie. Il
appartenait à une chrétienne d'avocats et de rhéteurs,
famille riche et influente qui eut 10 enfants. Famille
de saints également: sa grand-mère,
Macrine l'Ancienne,
avait suivi les enseignements de saint
Grégoire le Thaumaturge
qu'elle transmit à sa famille. La mère de Basile,
Emmélie, devenue veuve, et sa sœur,
Macrine la Jeune,
se fi-rent "religieuses". Deux des frères de Basile,
Grégoire de Nysse
et Pierre de Sé-baste, devinrent évêques comme lui.
Basile étudia d'abord auprès de son père. Puis, il fut
confié à des écoles de grammairiens de Césarée. D'une
intelligence hors pair, il poursuivit ses études à
Constantinople
et à
Athènes
en
351.
Il apprit la
rhétorique, la grammaire, la littérature grecque
classique dont les écrits d'Homère, d'Euripide et de
Sopho-cle. Il eut pour condisciple le futur empereur
Julien, qui sera appelé plus tard Julien l'apostat.
C'est là, à Athènes, qu'il se
lia d'amitié avec un de ses camara-des:
Grégoire de Nazianze.
Cette amitié fut renforcée par la foi très forte que
vi-vaient les deux amis à Athènes, ville où ils
côtoyaient de nombreux païens.
Les
deux hommes avaient le même attrait pour la vie
contemplative et monastique.
Remarque:
Julien doit son surnom d'"apostat" à sa volonté de
rétablir le pa-ganisme dans l'empire romain, alors qu'il
avait été élevé dans la religion chré-tienne, plus
précisément dans l'arianisme, sous la direction des
évêques Eusène de Nicomédie, puis Georges de Capadoce.
Nous
sommes en 356. De retour à Césarée, Basile commença une
carrière de rhéteur, mais il y renonça après un long
voyage à travers l'Égypte, la Palestine, la Syrie et la
Mésopotamie, où il rencontra plusieurs ascètes. À la
mort de son père, en 358, il vendit ses biens. Sur les
instances de sa sœur
Macrine
qui, nous le savons déjà,
vivait une vie d'ascète,
avec sa mère, alors veuve, Basile demanda le baptême
qu'il reçut des mains de l'évêque de Césarée, Dianée;
puis il décida de mener une vie monacale. Il se retira
alors dans la solitude de la région du Pont, en Turquie,
au bord de la rivière Iris, près du lieu où vivait la
commu-nauté de femmes réunies autour de sa mère et de sa
sœur. Sur la rive opposée, il créa un ermitage avec
plusieurs de ses compagnons. C'est là que Basile reçut
des visites de Grégoire de Nazianze et qu'il commença à
développer une règle de vie monacale. Cette règle est la
base des Règles de l'ordre de saint Basile, les-quelles
deviendront la principale règle monastique de
l'Église
d’Orient. Saint Benoît s'inspirera beaucoup de ce
document pour rédiger sa règle, fondement du monachisme
en occident.
La
vie de saint basile sera de nouveau très mouvementée. En
362 il dut quitter son monastère afin d'assister
l'évêque de Césarée de Cappadoce, Dianus, qui mourut peu
de temps après. Le successeur de Dianus, Eusèbe ordonna
basile prêtre, vers 364, et le prit comme auxiliaire
pour l'aider à la gestion de l'évêché et prêcher à
Césarée. Cependant Basile était resté en contact avec
son monas-tère à travers une abondante correspondance.
Après avoir fondé plu-sieurs mo-nastères, à la mort
d'Eusèbe, Basile fut élu en 370, évêque de Césarée,
métropo-lite de Cappadoce et exarque du diocèse civil du
Pont. Par son action, Basile acquit vite l'affection de
son peuple: il créa des hôpitaux et des hospices et
surtout une véritable cité hospitalière, la Basiliade.
Il tenta de rétablir une unité des croyants,
pour renouer pleinement avec
l'Occident et l'Église d'Antioche. Effet, Basile eut à
défendre
la foi de Nicée contre l'arianisme.
Nous
devons ici vous donner quelques précisions. Une autre
raison de la venue de Basile auprès de l'évêque de
Césarée était de conseiller ce dernier face aux
persécutions de l'empereur Julien. En effet, l'avènement
de Julien comme em-pereur avait occasionné des troubles
graves à Césarée. Par ailleurs, des divisions graves se
manifestaient au sein du clergé, à cause de l'arianisme.
En 364, Basile avait dû rédiger un traité intitulé
Contre Eunomius, dans lequel il montrait la gravité
des idées d'Eunome, évêque de Cyzique, en Turquie, qui
niait la Trinité. Les autres écrits de saint Basile
comprennent des traités dogmatiques, dont plusieurs sur
le Saint-Esprit et la Trinité, des traités ascétiques,
pédagogiques et liturgiques, et un grand nombre de
sermons et de lettres. Sa renommée fut telle qu'on lui
attribua aussi quantité d'autres traités, d'homélies et
de lettres qu'il n'avait pas rédigés.
Basile de Césarée, âgé de 50 ans, mourut le 1er
janvier 379, à Césarée. Il fut reconnu Docteur de
l'Église le 20 septembre 1568 par le pape Pie V. Saint
Basile est vénéré en tant que saint par les orthodoxes
comme par les catholiques. Il est fêté le 2 janvier en
Occident, et, en orient, le premier janvier, son dies
natali. Il est également fêté le 31 janvier, lors de
la "fête des trois docteurs œcuméniques" avec Jean
Chrysostome et Grégoire de Nazianze.
Une
fois élu évêque de Césarée, Basile fit tout son possible
pour résister à l'aria-nisme, notamment en allant à
l'encontre de l'empereur Valens qui tentait d'im-poser
l'arianisme. Même menacé d'exil ou de supplice Basile
refusa de professer la foi de l'arianisme.
Saint Basile recherchait sans cesse l'unité de l'Église,
par ses écrits hostiles aux divisions dans l'Église. Il
écrivit, entre autres: "Le monde qui a été créé, nous
fait bien connaître la puissance et la sagesse du
Créateur, mais non son essence. La puissance du Créateur
ne s'y révèle pas nécessairement tout entière. Il se
peut même que le bras de l'Artiste divin n'y déploie pas
toute sa force... En tout cas, le dilemme d'Eunomius ne
saurait nous étreindre. Si nous ne connaissons pas
l'essence de Dieu, nous ne connaissons rien de Lui. Si,
pour être vraie, la connaissance devait être la pleine
compréhension, que saurions-nous des choses finies
elles-mêmes, qui par tant de côtés, nous échappent. Et
il s'agit de l'infini! Connaître l'essence divine, c'est
avant tout connaître l'incompréhensibilité de Dieu."
Nous
allons insister maintenant sur la règle des Basiliens.
Au cours de ses voyages en orient, Basile avait observé
les différentes formes de vie consacrée. À partir de
cette expérience il développa, en collaboration avec
Grégoire de Na-zianze, une forme inédite de monachisme,
qui deviendra l'Ordre de saint Basi-le. Mais en quoi
consistait cette nouvelle vie monastique?
Basile estimait que les grandes colonies de moines qui
existaient en Égypte étaient trop actives et trop
bruyantes. Quant aux nombreux ermitages, ils manquaient
d'humilité et de charité. Basile leur écrivit: "Si
vous vivez à l'écart des hommes comment pourrez-vous
vous réjouir avec les heureux et pleurer avec ceux qui
souffrent? Notre-Seigneur a lavé les pieds de ses
apôtres: vous qui êtes seul, à qui les laverez-vous? Et
comment vous exercerez-vous à l'humilité, vous qui
n'avez personne devant qui vous humilier?" Basile
désira donc que les monastères se réunissent dans un
couvent de taille raisonnable, et que le supérieur de
chaque couvent puisse être en rapport suivi avec chaque
frère."
De
plus, Basile de Césarée s'opposa à l'austérité
systématique qu'il avait obser-vée lors de son séjour
en Orient. Même s'il pratiquait une vie de d'ascète, il
refusait les trop grandes privations, celles-ci devant
rester modérées. Dès lors, il recommandait aux futurs
novices de ne pas se dépouiller de leurs biens en
embrassant la vie religieuse, mais de les considérer
comme consacrés à Dieu, afin de les employer pour des
bonnes œuvres. La règle de Basile contribua à rapprocher
les moines du clergé séculier. Dans les monastères
orientaux, les moines avaient l'interdiction de devenir
prêtres. Basile souhaita la présence de prêtres dans les
monastères, contrairement à ce qui pratiquait alors
couram-ment. Basile insista pour que les monastères
soient proches des villes, certes coupés physiquement et
moralement du monde, afin de pouvoir aider à
l'instruction chrétienne des populations qui se
convertissaient.
Les
règles rédigées par saint Basile furent reconnues par le
pape Libère en 363. L'ordre de saint Basile se propage
rapidement en Orient, au point de devenir l'un des
ordres de référence de la vie cénobitique orthodoxe. La
règle de saint Basile est la seule règle monastique qui
a perduré jusqu'à nos jours dans les couvents d'Orient.
Paulette Leblanc |