Troisième enfant sur six d’une famille d’agriculteurs,
Pierre Romançon naquit à Thuret, petit village du
diocèse de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, le 14
juin 1805. Il ira, à Riom, faire ses études chez les
Frères des écoles chrétiennes, fondées par saint
Jean-Baptiste de la Salle. Encore très jeune, il perdit
deux de ses sœurs, sa mère, et un frère. À peine âgé de
15 ans, Pierre fut admis, en février 1820, avec
difficulté, au noviciat de Clermont. Le jour de la fête
de la Sainte Trinité, il prit l’habit religieux et
devint Frère Bénilde, nom d'une jeune sainte espagnole
martyrisée à Cordoue en 853.
Toute la vie de Frère Bénilde sera exclusivement
con-sacrée à l'enseignement. De 1821 à 1841, il fut
insti-tuteur à Aurillac, Moulins, Limoges, Billom et
Cler-mont-Ferrand.
En
1841, il fut nommé directeur de l’école de Saugues, près
de Riom. Il y travaillera paisiblement et efficacement,
comme enseignant et directeur. Bientôt, la petite école
deviendra le centre de la vie sociale et intellectuelle
du village, avec des classes du soir pour les adultes et
un accompagnement pour les élèves les moins doués. Il
montrait une grande affection envers tous les enfants
qui lui étaient confiés. En dehors de sa classe, frère
Bénilde s'occupait aussi du catéchisme, des visites aux
malades, et de tout ce qui pouvait concerner sa
vocation. Il était estimé par tous les habitants de
Saugues, en particulier de l'inspecteur, du maire, et du
curé. En effet, il se considérait humblement au service
des jeunes, soucieux de leur éducation, de leurs
con-naissances humaines, et surtout de leur foi. Pourtant
sa vie fut souvent difficile, car il eut à faire face à
de nombreuses difficultés matérielles, et à des
oppositions vives de certains notables locaux opposés à
tout ce qui concernait la religion.
Il
faut ajouter ici, que, dans toutes ses activités, Frère
Bénilde révélait sa haute sainteté marquée par l'union
continuelle à Dieu: on l'appelait "l'homme du chapelet".
Il était rigoureusement fidèle à la Règle de son
Institut: "Pour être un saint, disait-il, il
n'y a pas chez nous grand-chose à faire; il n'y a qu'à
observer la Règle". C'est également ce qu'il
transmettait aux frères dont il avait la charge. Frère
Bénilde était réputé sévère, mais en réalité ceux qui
avaient fait l'expérience de son gouvernement et de sa
mission éducative, reconnaissaient surtout son immense
charité. Dans ses rapports avec les gens du monde, il
montrait, certes, une indomptable fermeté, mais sa vertu
et sa bonté venaient à bout des difficultés qui ne lui
manquèrent pas.
Frère Bénilde avait un grand sens religieux, évident
pour tous ceux qui l'approchaient: à la messe avec les
élèves à l’église paroissiale, dans l’enseignement du
catéchisme, dans la préparation des garçons à la
première communion, dans les visites aux malades. Il y
eut parfois des rumeurs de guérisons miraculeuses. Frère
Bénilde était surtout particulièrement efficace pour
faire naître des vocations. À sa mort, on compta plus de
200 Frères et un nombre impressionnant de prêtres qui
avaient été ses élèves à Saugues.
En
résumé, on peut confirmer ce qui fut dit de lui:
"Son abnégation
profonde et son observance rigoureuse de la règle de son
institut, transfigurées par son affection pour les
enfants, furent la marque de sa sainteté.
Les
petits riens de chaque jour que Dieu nous demande
d'accepter furent les principaux éléments de sa sainteté
reconnue par tous ceux qui l'approchèrent. Frère Bénilde
savait aussi maintenir l'espérance dans les cœurs, en
répétant sans cesse: "Notre Père céleste, qui est bon
aujourd'hui, le sera encore demain."
Frère Bénilde mourut le 13 août 1862. Il n'avait que 57
ans. Son tombeau devint très vite un lieu de pèlerinage…
Il fut béatifié le 4 avril 1948 par le pape Pie XII qui
résuma sa vie en une formule: "Il fit les choses
communes d’une manière non commune." Le Pape Paul VI
le canonisa le 29 octobre 1967. Longtemps après saint
Jean-Baptiste de la Salle, le fondateur des Frères des
Écoles Chrétiennes, Frère Bénilde sera le premier Frère
élevé sur les autels. Son corps repose à l'église Saint
Médard de Saugues.
Petite remarque:
Frère Bénilde jouait de l'accordéon pour apprendre la
musique à ses élèves, pour se distraire avec ses frères,
mais aussi pour accompagner les chants à l'église. Comme
il n'y avait pas encore de Saint Patron pour les
accordéonistes, Frère Bénilde fut proposé en 1990. La
première célébration fut dite par l'Archevêque de
Chambéry, Monseigneur Feidt, le dimanche 12 août 1990.
Maintenant, nous allons prier saint Bénilde qui aimait à
dire:
"Sans la foi, ce serait un rude métier que le nôtre.
Mais tout change avec la foi."
Voici la prière:
"Seigneur, tu as mis au
cœur de Saint Bénilde la passion de faire connaître
l'Évangile aux enfants; suscite encore dans ton église
des éducateurs qui se dévouent tout entiers à la
formation humaine et religieuse des jeunes."
Paulette
Leblanc |