Catherine Labouré
Religieuse, Voyante, Sainte
1806-1876

28

NOVEMBRE

Catherine Labouré naquit le 2 mai 1806 à Fain-les-Moutiers, village de Bourgogne. Elle était la huitième enfant d'une famille de dix. Ses parents, Pierre et Madeleine Gontard, de souche paysanne, solide et équilibrée étaient des propriétaires fermiers. Dans cette famille où règnait tant d'amour fraternel, Dieu gardait la première place. On le priait tous les soirs, et Catherine apprendra ses prières bien avant de savoir lire. Malheureusement, la maman, épuisée par 17 maternités dont seulement dix enfants survivront, mourut le 9 octobre 1815, à 46 ans. La famille fut plongée dans une grande souffrance. Catherine, qui n'avait que neuf ans, monta, toute en larmes, sur une chaise pour embrasser la statue de la Sainte Vierge. Elle dit: "Maintenant, tu seras ma maman." 

Bientôt, Marie-Louise, la sœur aînée de Catherine, entre chez les filles de la Charité:+ Catherine n’a que douze ans et ses frères plus âgés ont presque tous quitté la ferme. Alors tenant la main de sa petite sœur Tonine, elle déclare à son père: "À nous deux, nous ferons marcher la maison." Ce qui n’était pas une mince responsabilité, vue l'importance de l'entreprise de son père. Catherine devint en effet, maîtresse de la plus grosse exploitation de Fain. Et il fallait aussi veiller aux repas des nombreux ouvriers agricoles, au soin des bêtes et à l’ensemble de la vie familiale. Mais Catherine savait s'organiser.

Catherine avait déjà entendu l'appel à la vie consacrée. Depuis sa communion, elle allait tous les matins à la messe de cinq heures. C'est aussi à cette époque qu'elle fit un rêve étonnant: elle rencontrait un prêtre inconnu qui lui disait: "Un jour vous serez heureuse de venir à moi. Dieu a ses desseins sur vous. Ne l’oubliez pas!" Sur le moment Catherine n’y prêta aucune attention. Ce n’est que plus tard qu’elle comprendra…  

La famille Labouré était assez cultivée et les aînés avaient tous fait des études. Mais depuis la mort de sa femme, Pierre, le père, n’avait plus eu le temps de s’occuper des cadets si bien qu’à dix-huit ans, Catherine ne savait ni lire ni écrire. Une tante s’en émut et Catherine apprendra à lire à Châtillon, près de Paris. Ce séjour à Chatillon sera capital pour Catherine, car c’est alors qu'elle visitera le couvent des filles de la Charité, et découvrira "par hasard" l’identité du prêtre inconnu de son rêve: Monsieur Vincent.  

Catherine a maintenant vingt-quatre ans. Jusqu'alors son père s'était fortement opposé à son départ. Enfin, grâce au soutien de l'un de ses frères, Catherine, put entrer comme novice à la Maison-Mère des Filles de la Charité, rue du Bac, à Paris. Nous sommes le 21 avril 1830. Physiquement Catherine est une grande jeune fille, forte et très équilibrée. Rien en elle ne pouvait laisser présager la mission très particulière que le Seigneur lui confiera pendant son noviciat, entre 1830 et 1831, au cours de trois visions de la Vierge Marie. Mais, auparavant, la jeune religieuse novice verra, lors de chaque consécration, la présence réelle du Christ dans l’hostie, sans que jamais personne autour d’elle ne s’en doute –son confesseur excepté-, qui lui ordonna de "chasser ces imaginations." Catherine obéit. Du moins, elle essaya… Maintenant, nous sommes dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830. Catherine est réveillée par un petit enfant qui lui dit: "Ma sœur, tout le monde dort bien; venez à la chapelle; la Sainte Vierge vous y attend.  

Catherine croit rêver; toutefois elle se lève, s'habille et suit l'enfant "portant des rayons de clarté partout où il passait." Arrivée dans la chapelle, Catherine s'arrête près du fauteuil du prêtre placé dans le chœur, et elle entend alors  "comme le froufrou d'une robe de soie." Son petit guide dit:

— Voici la Sainte Vierge.

Catherine hésite à croire. Mais l'enfant répète d'une voix plus forte:

— Voici la Sainte Vierge.  

Pendant une heure et demie ou deux heures, la Vierge Marie s'entretiendra avec Catherine; cette dernière, agenouillée devant la Vierge assise dans le fauteuil du prêtre, a posé ses mains sur les genoux de Marie qui lui dit, entre autres: 

— Mon enfant, le Bon Dieu veut vous charger d’une mission. Vous serez inspirée dans vos oraisons; rendez-en compte. Les malheurs viendront fondre sur la France… Mais venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur.  

La Sainte Vierge déplora aussi les abus auxquels se laissaient aller nombre de communautés où les règles n'étaient plus observées correctement, puis elle revint sur le sort du pays:

— La protection de Dieu est toujours là d’une manière toute particulière et saint Vincent protègera la communauté. Et je serai moi-même avec vous.


Le 27 novembre 1830, eut lieu une deuxième apparition, au cours de la méditation, vers 17h30. Catherine vit d'abord comme deux tableaux vivants. Sur le premier, la Sainte Vierge se tenait debout sur le demi-globe terrestre, ses pieds écrasant un serpent. Elle portait dans ses mains un petit globe doré surmonté d'une croix qu'elle éleva vers le ciel. Catherine entendit:

— Cette boule représente le monde entier, la France et chaque personne en particulier.

Le deuxième tableau sortait des mains ouvertes de la sainte Vierge, dont les doigts portaient des anneaux de pierreries et des rayons d'un éclat ravissant. Catherine entendit au même instant une voix qui disait:

— Ces rayons sont le symbole des grâces que je répands
sur les personnes qui me les demandent.

Comme Catherine s'étonnait de la présence d'anneaux qui restaient ternes, Marie précisa à propos des anneaux et de certains rayons qui restent ternes en jaillissant de ses doigts:

— Ce sont les grâces que l’on oublie de me demander. 

Puis un ovale se forma autour de l'apparition et Catherine vit s'inscrire tout autour cette invocation en lettres d'or:

Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous."

Une autre  voix se fit entendre:

— Faites frapper une médaille sur ce modèle. Les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces. 

Enfin le tableau se retourna et Catherine vit le revers de la médaille: en haut une croix surmontait l'initiale de Marie; en bas se trouvaient deux cœurs, l'un couronné d'épines, l'autre transpercé d'un glaive.  

Enfin, au mois de décembre 1830, pendant l'oraison, Catherine entendit de nouveau un froufrou, mais cette fois derrière l'autel. Le même tableau de la médaille se présenta auprès du tabernacle, un peu en arrière. Une voix dit:

— Ces rayons sont le symbole des grâces que la Sainte Vierge obtient aux personnes qui les lui demandent... Maintenant, vous ne la verrez plus.  

C'était la fin des apparitions. 

En novembre 1830, lors de la 2ème apparition, Marie avait demandé la frappe d’une médaille qui représenterait la deuxième vision, et portant ces mots: Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. Un mois plus tard, le 30 janvier 1831, Catherine prononçait ses vœux et revêtait l’habit des filles de Saint Vincent. Seul, le Père Aladel, son confesseur, connaissait son secret, car la Sainte Vierge lui avait demandé de garder l’anonymat jusqu’à la fin.  

Comme la Sainte Vierge le lui avait demandé, Catherine qui avait raconta ces faits à son confesseur, le Père Aladel, et à lui seul, lui fit part des requêtes de la Sainte Vierge. Le Père Aladel les accueillit fort mal, et interdit à Catherine d'y penser. Le choc fut rude. Mais après les émeutes des Trois Glorieuses, les 27, 28 et 29 juillet 1830, qui mettront fin au règne de Charles X, le confesseur de Catherine commencera, au vu des événements, à la prendre au sérieux.

Après deux ans d'enquête et d'observation de la conduite de Catherine, le Père Aladel informa l'archevêque de Paris, sans lui révéler l'identité de Catherine. La requête fut approuvée et les médailles furent frappées et devinrent extrêmement populaires, notamment durant l'épidémie de choléra de 1832.

En quelques années, ces médailles réalisées en 1832, allaient faire tant de miracles (guérisons, conversions), -le curé d’Ars lui-même avait mis sa paroisse sous le patronage de cette médaille de Marie- que très vite on la nomma la médaille miraculeuse. Lors de l'épidémie de choléra à Paris, on en avait distribué des milliers. En Italie, c’est la "Vierge de la médaille" qui convertit Alphonse Ratisbonne. Dans le monde entier, en moins de dix ans, des millions de médailles furent distribuées. 

Remarques concernant l'Histoire: 

Lors des apparitions, la Vierge Marie avait en outre demandé à Catherine de fonder une confrérie d’enfants de Marie. En 1837, les Filles de la Charité et les Lazaristes répondirent à ce vœu en fondant les Enfants de Marie Immaculée. 

La doctrine de l'Immaculée Conception n'était pas encore officielle, mais la médaille avec les mots: "Ô Marie, conçue sans péché" émut le pape Pie IX qui fit proclamer, le 8 décembre 1854, le dogme de l'Immaculée Conception. Et, en 1858, à Lourdes la Vierge Marie se présentait à Bernadette Soubirous par ces mots: "Je suis l'Immaculée Conception." 

Maintenant nous devons continuer l'histoire personnelle de Catherine Labouré. Lorsqu'elle eut prononcé ses vœux, sœur Catherine fut affectée à Reuilly, près de Picpus, faubourg déshérité du sud-est de Paris. Là elle sera garde-malade, cuisinière, fermière et jardinière, jusqu'à la fin de sa vie, dans l'incognito le plus total, tandis que la médaille se répandait miraculeusement dans le monde entier…  

Il n'y a plus rien de miraculeux dans la vie humble de Catherine Labouré. Pourtant, en mars 1848, pendant la Commune, Catherine portera à bout de bras l’hospice que la plupart des sœurs avaient été obligées de fuir. Elle ira distribuer la médaille de la Vierge jusque sur les barricades. Lorsqu’elle apprit que les insurgés avaient saccagé l’église Notre-Dame-des-Victoires, elle déclara: "Ils ont touché à Notre-Dame; ils n’iront pas plus loin". Au printemps suivant, la rébellion tombait. Lors de la guerre de 1870-1871, Catherine, comme tous les Parisiens, subit le siège de Paris par les troupes prussiennes, la famine puis les troubles de la Commune de Paris. Curieusement, des révolutionnaires venaient demander des médailles au couvent. 

Catherine mourut le 31 décembre 1876, quarante-six ans après les apparitions; elle n'avait jamais révélé son secret à d'autres qu'à son directeur spirituel. En 1933, à l'occasion de sa béatification, on ouvrit le caveau de la chapelle de Reuilly. Le corps de Catherine, retrouvé intact, fut transféré dans la chapelle de la rue du Bac et installé sous l'autel de la Vierge au Globe. Catherine sera canonisée le 27 juillet 1947, par Pie XII.

Paulette Leblanc

 

 

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