Il est parfois très difficile de donner des précisions
sur les dates de certains événements historiques, et
encore plus difficile de préciser les dates de
naissance, même des grands saints. Il en est ainsi pour
saint Claude. Ainsi, selon une tradition multiséculaire
de la région de Salins dans le Jura, Claude serait né
vers l'an 607, au château de Bracon près de Salins,
d'une famille d'origine romaine du nom de Claudia. Son
père était gouverneur de la ville. Encore très jeune,
Claude eut la chance d'être élevé dans la crainte de
Dieu.
Quand il eut sept ans, Claude fut confié à des
précepteurs qui le formèrent, à la fois dans les
connaissances profanes, et dans les Lettres sacrées.
Très intelligent et pieux, il aimait lire les livres de
piété, et la vie des saints. Il aimait aller à l'église
tous les jours et il y demeurait longtemps les dimanches
et les jours de fête. On a écrit qu'il cultivait la
vertu et fuyait les gens et les lieux qui l'auraient
éloigné de son idéal. Il fut vite admiré et aimé de tous
à cause de la sûreté de son jugement et de sa charité.
Claude fut, encore tout jeune, envoyé dans l'armée. Il
était, en tant que patrice, c'est-à-dire "officier"
chargé de veiller sur les frontières: celles-ci allaient
alors du Jura jusqu'à l'actuel canton du Valais en
Suisse romande.
Mais, vers l’âge de 20 ans, en 627, il
quitta l'armée au nom de sa foi, et demanda à être reçu
en l'état ecclésiastique, au chapitre de la cathédrale
de Besançon. Le saint archevêque Donat le reçut parmi
ses chanoines (le terme de chanoines - du grec canôn, règle,
désignait en ce temps-là des prêtres vivant auprès d'un
évêque, tout en suivant une règle religieuse). Saint
Donat venait d'écrire une règle pour ses clercs qui
vivaient sous son obédience.
Devenu, à Besançon, chanoine de Saint Donat, Claude se
plongea dans l'étude des Saintes Écritures.
Son zèle était tel qu'il devint rapidement le modèle des
autres clercs, et ses compétences firent qu'il fut
bientôt chargé d'enseigner dans l'école ecclésiastique
fondée par saint Donat. Après douze années de vie
ascétique au chapitre de Besançon, il se retira au
monastère de Condat,
ou monastère de Saint-Oyand qui était, avec Luxeuil,
très prospère en ce temps-là. En 644, Claude fut élu
higoumène (c'est-à-dire abbé) par les moines de Condat.
Il avait 34 ans.
Malgré ses réticences, en 685, il fut choisi pour
succéder à Saint-Gervais comme évêque de Besançon.
Grâce aux biens qui lui furent
restitués par Clovis II, roi de Neustrie et de
Bourgogne, et premier de ceux qu'on appellera les "rois
fainéants ",
Claude put
effectuer d’importants travaux de rénovation dans son
monastère et introduire la règle de saint Benoît.
Dès qu'il le put, et afin de rétablir la discipline qui
s'était relâchée dans son monastère, il résilia sa
charge d'évêque et retourna dans son monastère qui, de
nouveau, prospéra. Ceci se passait en 693; Claude était
alors âge de 86 ans. Il vécut encore six ans dans son
monastère.
Le 1er ou le 2 juin 699, Claude fut
légèrement malade. Trois jours plus tard il appela tous
ses moines auprès de lui et leur enseigna une ultime
fois l'amour de Dieu, le mépris des choses du monde et
leur demanda de supporter avec résignation son proche
trépas. Le cinquième jour de sa maladie, à trois heures
de l'après-midi, assis sur le siège où il lisait et
priait habituellement, il éleva ses mains et son regard
vers les cieux et rendit doucement son âme au Seigneur.
C'était le 6 juin 699, quatrième année du règne de
Childebert III.
Sa sépulture fut modeste et resta longtemps oubliée,
mais sa mémoire était déjà vénérée. Au XIIème siècle, on
découvrit que son corps était demeuré intact. C'est
alors que les miracles commencèrent et que saint Claude
fut surnommé le thaumaturge; on ajouta ce titre à celui
de saint qu'on lui donnait déjà. (En effet, au IXème
siècle, un document atteste que le corps de saint Claude
se trouvait à l'abbaye de Saint-Oyand). En mars, 1794,
le corps de saint Claude fut brûlé par ordre des
autorités révolutionnaires.
Paulette Leblanc |