Colette de Corbie
Religieuse franciscaines, Sainte
1381-1447

6

MARS

Colette Boellet née à Corbie, en Picardie. Sa famille, très pieuse, charitable et modeste, habitait à Corbie. Son père, Robert Boellet, était le maître menuisier de l'abbaye de Corbie; sa mère, Marguerite Moyon, se désolait parce qu'elle n'avait pas d'enfant. Aussi, ce couple très pieux, pria-t-il ardemment saint Nicolas. Et la naissance de Colette relève du miracle. Lorsque leur petite fille naquit, le 3 janvier 1381, la maman, Marguerite avait, croit-on, 60 ans. On lui donna le nom de Nicole, en souvenir du saint protecteur. Nicole, devint vite, Nico-lette, ou Colette,  diminutif familier.

Colette apprit à lire et à écrire, et elle reçut une éducation religieuse particulièrement soignée, très orientée vers la Passion de Jésus, particulièrement chère à sa très pieuse maman qui se confessait et communiait chaque semaine. Très pieuse, elle aussi, Colette, à l'âge de neuf ans, aurait reçu une révélation concernant l'esprit de l'ordre franciscain et la nécessité de le réformer. En 1399, Colette avait 18 ans lorsque ses parents moururent. Avant de mourir, son père l'avait confiée à Raoul de Roye, abbé de Corbie. Ce dernier voulut la marier, mais Colette refusa le mariage que l'abbé lui présentait et se dépouilla de tous ses biens en faveur des pauvres. Bientôt elle rencontra Jean Bassand, prieur du couvent des Célestins d'Amiens à qui elle fit part de son désir d'embrasser la vie reli-gieuse. Notons ici que les Célestins étaient des moines menant une vie érémitique tout en observant la Règle bénédictine.

Colette rejoignit alors les béguines de Corbie, mais elle n'y resta qu'un an, cet ordre ne lui paraissant pas assez rigoureux. Elle décida donc d’entrer chez les béné-dictines de Corbie, puis se dirigea vers les clarisses urbanistes de l'abbaye du Moncel près de Pont-Sainte-Maxence, toujours en Picardie.  Colette désirait y être servante, car elle se jugeait indigne d’y être religieuse. Mais là encore, elle trouva que les conditions de vie n'étaient pas assez sévères.  

Elle retourna alors à Corbie où elle rencontra le père Jean Pinet, gardien du couvent d'Hesdin en Artois, fervent franciscain désireux de faire revivre l’ordre d’après la Règle primitive. Il proposa à Colette de vivre en recluse sous la règle du tiers-ordre franciscain. L'abbé de Corbie accorda son autorisation en 1402. Colette devint alors ermite, et sera enfermée pendant trois ans dans un petit local attenant à l'église paroissiale. Là, elle mena une vie de prière et de charité; elle recevait aussi la visite d'habitants qui avaient besoin prières et de conseils. Mais le Seigneur avait d'autres vues sur Colette. 

Pour bien comprendre ce que deviendra la vie de sainte Colette, il nous faut faire un petit détour dans l'histoire. Le Grand Schisme d'Occident qui dura de 1378 à 1417 avait profondément divisé l'Église: les uns reconnaissait le pape de Rome; les autres s'y opposaient, se soumettant au pape d'Avignon. Par ailleurs, l'Ordre franciscain connaissait à cette époque, de grandes dissensions entre les partisans de l'observance stricte de la règle primitive de Saint François d'Assise, et les partisans d'une règle plus souple. En 1263, le pape Urbain IV accordait même aux couvents des clarisses l'autorisation de posséder des biens en commun ce qui était une incroyable entorse à la règle de pauvreté. 

Nous devons ajouter que la France des XIVe et XVe siècles, vivait également une époque très troublée: il nous suffit de citer la Guerre de Cent ans, la folie du roi Charles VI, sans oublier la guerre civile entre les Armagnacs et les bourguignons. À cela il faut ajouter la peste noire, apparue en 1348, et qui sévissait presque partout en Europe.   

Tandis qu'elle vivait recluse à Corbie, Colette reçut des visions de saint François d'Assise. Un jour, elle vit François qui la présentait à Dieu comme la réformatrice de son ordre. Une autre fois, un arbre mystérieux croissait et poussait ses rejetons jusque dans sa cellule. Refusant de croire à ces visions, Colette devint aveugle et muette. Elle comprit enfin que cela était sa mission; elle guérit et se mit à écrire ce qui lui avait été révélé. Et tout va s'accélérer. En 1406, une bulle pontificale délia Colette de son vœu de réclusion et l'autorisa à fonder un couvent de Clarisses réformées dans les diocèses d'Amiens, de Noyons et de Paris.  

Pour commencer à réaliser son œuvre, Colette fut grandement aidée par le Père Henri de Baume, franciscain, fervent partisan d'une réforme de son Ordre. Ce religieux gagna à la cause de Colette, la comtesse Blanche de Genève, puis Isabeau de Rochechouart, baronne de Brissay. C'est alors que Colette, le Père de Baume et la baronne de Brissay rencontrèrent à Cimiez, près de Nice, le pape Urbain XIII. Colette fut déclarée abbesse, dame et mère de toutes les personnes qui se rangeraient sous sa réforme. Il l'autorisa à accueillir dans le couvent qu'elle allait fonder des religieuses venues de couvents étrangers ou du tiers ordre franciscain. 

Ici, nous devons faire une petite remarque. Certains documents retrouvés au monastère de Cimiez, indiquent que c'est l'anti-pape Benoît XIII qu'elle aurait rencontré à Cimiez. Anti-pape, oui, mais dont la piété était réelle et profonde. Il aurait reçu la profession religieuse de sainte Colette selon la règle de Sainte Claire et la nomma abbesse de tous les monastères qu'elle sera amenée à fonder ou réformer. Cette décision sera confirmée par Alexandre V, pape de Rome.  

Colette voulut commencer sa première fondation à Corbie, pour en faire le berceau de la réforme franciscaine. Mais là, elle ne rencontra que des hostilités. Elle quitta la Picardie pour aller à Noyon: nouvel échec. Enfin,  elle trouva refuge en Franche-Comté, à Baume-le-Frontenay, dans le manoir d'Alard de Baume, le frère du Père Henri. Trois amies, premières moniales de l'Ordre réformé, l'accompagnèrent: Guillemette Chrétien, Marie Sénéchal et Jacquette Legrand. En 1410, avec l'accord du pape Alexandre V, elles purent s'établir à Besançon et ouvrir leur premier monastère. Colette, jusqu'à la fin de sa vie en 1447, réussit à fonder dix-sept autres couvents, en Savoie, en Artois, en Allemagne et en Belgique.

Sainte Colette avait 66 ans quand elle mourut à Gand, en Belgique, le 6 mars  1447. Elle fut béatifiée en 1625 et canonisée le 24 mai 1807 par le pape Pie VII.

Paulette Leblanc

 

 

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