Connaissance

Paulette Leblanc

Récemment j'ai regardé un film étonnant sur les origines de la vie, consacré à la formation de la terre. Ce film scientifique est obligé d'adapter des images récentes, qui n'appartiennent pas à cette période, car au moment de la formation de la terre, nous n'existions pas encore: Dieu nous préparait ce qui aurait dû être notre paradis terrestre... Je dois dire que ce film est assez terrifiant, car les débuts de la création de la terre sont durs, surtout lorsqu'on voit certaines séquences, qui sont probablement des enregistrements concernant les anneaux de Saturne. Des blocs de roches emportés dans une ronde sans fin se bousculent, se cognent, s'agglutinent... Puis, ce qui sera la Terre ayant pris une bonne taille, des météorites en grand nombre viennent la frapper, explosent, se mêlent à ce qui la constituent. Et bientôt le feu intérieur s'allume, provoqué par des réactions atomiques.

 

Le désordre de tout ceci semble monstrueux, et pourtant il y a un but précis: l'homme. Quelle intelligence que celle qui, depuis le bigbang, depuis des milliards d'années, met en ordre une création naissante et encore informe! Pour arriver à quoi? À la Terre, insignifiante planète perdue dans un cosmos sans limite apparente. Et la Terre, quand elle sera prête, devra nous recevoir!...  La Terre insignifiante devra recevoir et nourrir des êtres infimes, nous! Infimes, mais vivants... Et d'où vient cette vie? On est en train de découvrir que les acides aminés, qui constituent la matière des corps vivants, auraient été apportés sur la terre par les météorites.

 

Quand la Terre fut enfin prête, Dieu créa l'Homme; homme et femme Il le fit. Et Dieu mit l'Homme dans le Paradis terrestre. Tout aurait été parfaitement bien si un être intelligent, à qui Dieu avait confié une partie de la gestion du cosmos, ne s'était pas rebellé contre son créateur. Comment peut-on se rebeller contre Dieu? C'est la question que je me pose constamment et à laquelle je vais essayer de répondre en prenant des exemples très terre à terre, et pour cause: car je ne connais rien d'autre.

 

Donc, pendant que Lucifer supervisait la gestion du cosmos, gestion assurée par les anges que Dieu avait créés, Dieu poursuivait sa création. Oui, Dieu avait créé les immensités de l'univers, mais, avant, Il avait dû créer, petit à petit, tous les éléments qui le constitueraient: particules formant les atomes, molécules, vibrations, ondes diverses dont les ondes électromagnétiques dont certaines constituent la lumière, etc, etc... Tout cela, infiniment microscopique ou insaisissable, devait être fignolé, amélioré, façonné et adapté à toutes les fonctions qui seraient les leurs.

 

Dieu pouvait maintenant inventer et fabriquer les acides aminés qui seraient les constituants indispensables à la vie. Car Dieu visait une vie qui ne serait pas seulement spirituelle comme Lui et les anges qu'Il avait créés, mais une vie qui intégrerait en elle-même toutes les composantes de ses créations. Dieu pensait à l'Homme. Quelle serait belle, cette créature qui serait à la fois comme un résumé de toute la création matérielle, associée à une étincelle de son Esprit à Lui, le Dieu créateur. Et à cette créature, que Dieu aimait déjà tellement dans sa Pensée, Il ajouterait encore ce qui était comme l'Essence même de son Être: l'Amour. Oui, Dieu aimait déjà l'Homme, et l'Homme pourrait aimer Dieu... Quel bonheur pour Dieu et pour l'Homme! Et quelle intimité les unirait éternellement, Dieu aimant les hommes, et les hommes, aimés de Dieu, aimant Dieu jusqu'à en être amoureux!...

 

Chaque fois qu'Il pensait à l'Homme, Dieu se réjouissait et en secret, Il souriait... Et déjà Dieu pensait à de nouveaux projets: de toutes ses créatures, Dieu ferait un Corps magnifique, un Corps unique, le Corps mystique de son Fils, son Verbe, sa Parole, dont les composantes seraient tous les hommes, donc la matière et l'Esprit, réalisant ainsi l'unité de sa création, à l'image son Unité à Lui, Dieu UN tout en étant Trinité: Père, Fils et Esprit. Mais pour que cette Unité fût réalisée, il fallait que Dieu s'incarnât et devînt un homme ordinaire. Le Père "soupira" de bonheur...

 

Le bonheur de Dieu était si grand qu'Il ne put s'empêcher d'en parler à son Fils et à son Esprit, qui, forcément étaient d'accord. Oui, le Fils s'incarnerait, prendrait un Corps d'homme; cet homme serait à la fois Dieu et homme, Esprit et matière. Merveille des merveilles: ainsi Dieu serait "vu" à la fois par les êtres spirituels, qui pouvaient déjà "voir" Dieu, et par les êtres charnels, les hommes, qui ne pouvaient pas encore Le "voir". Déjà cet Homme-Dieu avait un Nom: Jésus.

 

Dieu le Père, dans sa joie, appela Lucifer, ce grand ange si intelligent, vraiment fait de lumière. Dieu le Père lui montra Jésus, son Fils unique incarné dans un corps d'Homme. Et le Père demanda à Lucifer de L'adorer, Lui Dieu, à travers cet Homme. Jésus.

 

Lucifer fut bouleversé. Comment, lui, le numéro 1 de toutes les créatures, lui esprit pur pourrait-il adorer un homme, un être fait de matière et d'un peu d'esprit, et si inférieur à lui. Non! Lui, Lucifer, n'adorerait jamais cet homme, fût-il aussi "un peu Dieu". D'ailleurs Lucifer prit la résolution de détruire l'humanité dès qu'elle serait créée... Le mal était né. La connaissance du bien et du mal aussi...

 

Revenons à l'Incarnation. Dans l'infinie immensité de la création matérielle, la terre est minuscule. Et les hommes sur la terre, ne sont que des atomes de poussière. Les chiffres mathématiques, si on les utilise, donnent le vertige. Et Dieu, le Créateur de tout, Dieu veut entrer dans un corps d'homme? Je me perds complètement... Vraiment, c'est incroyable, impossible: l'infini ne peut pas entrer dans un fini, et qui plus est, un fini infiniment petit. Et pourtant! Pourtant, c'est la réalité!

 

Voici que j'essaie de rejoindre quelques intuitions des grands mystiques: toute la création est dans la main de Dieu. Donc, nous sommes en Dieu, nous baignons en Dieu et tout de nous vient de Dieu. Nous ne sommes pas Dieu, mais de simples créatures, totalement dépendantes de Dieu. Pourtant, puisqu'avant la création il n'y avait rien, c'est bien de son Être, de sa Pensée, de son Essence que Dieu a fait la création, et qu'Il nous a faits... Chaque homme peut se dire: je suis infiniment petit et fini, mais je suis en Dieu, je respire Dieu qui est ma vie. Je ne suis pas Dieu, mais je suis un désir de Dieu. C'est parce que Dieu me désirait qu'Il m'a fait. Et Dieu me veut du bien. Et Dieu me demande de L'aimer... C'est cela mon bonheur, mon bonheur en Dieu. Car Dieu est plus intime à chacun de nous que chacun en particulier. L'Homme est un désir de Dieu; comment imaginer une telle merveille?

 

Mais l'Ennemi veille, et le mal me veut du mal. Le mal c'est celui qui dérègle la nature, qui me retire de Dieu. Je patauge. Pourtant c'est encore en Dieu que je patauge. Je ne suis pas encore prêt à plonger en Dieu, mais je patauge en Lui, et je m'éclabousse de Dieu car, malgré mes misères et mes faiblesses, Dieu est plus intime à moi-même que moi. Et l'intimité que l'Homme désire tellement avec Dieu, c'est Dieu qui met en l'Homme ce désir. Mais depuis que Lucifer a fait tomber Adam et Ève, depuis qu'il a introduit dans le monde des hommes la connaissance du bien et du mal, le mal me surveille. Le mal surveille tous les hommes et attend le moindre faux pas de leur part pour les éloigner de Dieu. Il suffirait d'un rien pour que je plonge en Dieu et m'éloigne ainsi définitivement du mal. Mais ce mal est parfois si tentant quand Lucifer le fait miroiter dans sa fausse lumière...  Seigneur, donne-moi la force de plonger en Toi; donne à tous les hommes le courage de refuser la connaissance du bien et du mal, qui est parfois si tentante.

 

Seigneur, fais-nous entrer dans ton intimité; fais surtout que nous acceptions l'intimité que Tu désires établir en nous, et que si souvent nous refusons... 

Paulette Leblanc

 

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