Récemment j'ai
regardé un film étonnant sur les origines de la vie, consacré à la
formation de la terre. Ce film scientifique est obligé d'adapter des
images récentes, qui n'appartiennent pas à cette période, car au
moment de la formation de la terre, nous n'existions pas encore:
Dieu nous préparait ce qui aurait dû être notre paradis terrestre...
Je dois dire que ce film est assez terrifiant, car les débuts de la
création de la terre sont durs, surtout lorsqu'on voit certaines
séquences, qui sont probablement des enregistrements concernant les
anneaux de Saturne. Des blocs de roches emportés dans une ronde sans
fin se bousculent, se cognent, s'agglutinent... Puis, ce qui sera la
Terre ayant pris une bonne taille, des météorites en grand nombre
viennent la frapper, explosent, se mêlent à ce qui la constituent.
Et bientôt le feu intérieur s'allume, provoqué par des réactions
atomiques.

Le désordre de
tout ceci semble monstrueux, et pourtant il y a un but précis:
l'homme. Quelle intelligence que celle qui, depuis le bigbang,
depuis des milliards d'années, met en ordre une création naissante
et encore informe! Pour arriver à quoi? À la Terre, insignifiante
planète perdue dans un cosmos sans limite apparente. Et la Terre,
quand elle sera prête, devra nous recevoir!... La Terre
insignifiante devra recevoir et nourrir des êtres infimes, nous!
Infimes, mais vivants... Et d'où vient cette vie? On est en train de
découvrir que les acides aminés, qui constituent la matière des
corps vivants, auraient été apportés sur la terre par les
météorites.
Quand la Terre
fut enfin prête, Dieu créa l'Homme; homme et femme Il le fit. Et
Dieu mit l'Homme dans le Paradis terrestre. Tout aurait été
parfaitement bien si un être intelligent, à qui Dieu avait confié
une partie de la gestion du cosmos, ne s'était pas rebellé contre
son créateur. Comment peut-on se rebeller contre Dieu? C'est la
question que je me pose constamment et à laquelle je vais essayer de
répondre en prenant des exemples très terre à terre, et pour cause:
car je ne connais rien d'autre.
Donc, pendant que
Lucifer supervisait la gestion du cosmos, gestion assurée par les
anges que Dieu avait créés, Dieu poursuivait sa création. Oui, Dieu
avait créé les immensités de l'univers, mais, avant, Il avait dû
créer, petit à petit, tous les éléments qui le constitueraient:
particules formant les atomes, molécules, vibrations, ondes diverses
dont les ondes électromagnétiques dont certaines constituent la
lumière, etc, etc... Tout cela, infiniment microscopique ou
insaisissable, devait être fignolé, amélioré, façonné et adapté à
toutes les fonctions qui seraient les leurs.
Dieu pouvait
maintenant inventer et fabriquer les acides aminés qui seraient les
constituants indispensables à la vie. Car Dieu visait une vie qui ne
serait pas seulement spirituelle comme Lui et les anges qu'Il avait
créés, mais une vie qui intégrerait en elle-même toutes les
composantes de ses créations. Dieu pensait à l'Homme. Quelle serait
belle, cette créature qui serait à la fois comme un résumé de toute
la création matérielle, associée à une étincelle de son Esprit à
Lui, le Dieu créateur. Et à cette créature, que Dieu aimait déjà
tellement dans sa Pensée, Il ajouterait encore ce qui était comme
l'Essence même de son Être: l'Amour. Oui, Dieu aimait déjà l'Homme,
et l'Homme pourrait aimer Dieu... Quel bonheur pour Dieu et pour
l'Homme! Et quelle intimité les unirait éternellement, Dieu aimant
les hommes, et les hommes, aimés de Dieu, aimant Dieu jusqu'à en
être amoureux!...
Chaque fois qu'Il
pensait à l'Homme, Dieu se réjouissait et en secret, Il souriait...
Et déjà Dieu pensait à de nouveaux projets: de toutes ses créatures,
Dieu ferait un Corps magnifique, un Corps unique, le Corps mystique
de son Fils, son Verbe, sa Parole, dont les composantes seraient
tous les hommes, donc la matière et l'Esprit, réalisant ainsi
l'unité de sa création, à l'image son Unité à Lui, Dieu UN tout en
étant Trinité: Père, Fils et Esprit. Mais pour que cette Unité fût
réalisée, il fallait que Dieu s'incarnât et devînt un homme
ordinaire. Le Père "soupira" de bonheur...
Le bonheur de
Dieu était si grand qu'Il ne put s'empêcher d'en parler à son Fils
et à son Esprit, qui, forcément étaient d'accord. Oui, le Fils
s'incarnerait, prendrait un Corps d'homme; cet homme serait à la
fois Dieu et homme, Esprit et matière. Merveille des merveilles:
ainsi Dieu serait "vu" à la fois par les êtres spirituels, qui
pouvaient déjà "voir" Dieu, et par les êtres charnels, les hommes,
qui ne pouvaient pas encore Le "voir". Déjà cet Homme-Dieu avait un
Nom: Jésus.
Dieu le Père,
dans sa joie, appela Lucifer, ce grand ange si intelligent, vraiment
fait de lumière. Dieu le Père lui montra Jésus, son Fils unique
incarné dans un corps d'Homme. Et le Père demanda à Lucifer de
L'adorer, Lui Dieu, à travers cet Homme. Jésus.
Lucifer fut
bouleversé. Comment, lui, le numéro 1 de toutes les créatures, lui
esprit pur pourrait-il adorer un homme, un être fait de matière et
d'un peu d'esprit, et si inférieur à lui. Non! Lui, Lucifer,
n'adorerait jamais cet homme, fût-il aussi "un peu Dieu". D'ailleurs
Lucifer prit la résolution de détruire l'humanité dès qu'elle serait
créée... Le mal était né. La connaissance du bien et du mal aussi...
Revenons à
l'Incarnation. Dans l'infinie immensité de la création matérielle,
la terre est minuscule. Et les hommes sur la terre, ne sont que des
atomes de poussière. Les chiffres mathématiques, si on les utilise,
donnent le vertige. Et Dieu, le Créateur de tout, Dieu veut entrer
dans un corps d'homme? Je me perds complètement... Vraiment, c'est
incroyable, impossible: l'infini ne peut pas entrer dans un fini, et
qui plus est, un fini infiniment petit. Et pourtant! Pourtant, c'est
la réalité!
Voici que
j'essaie de rejoindre quelques intuitions des grands mystiques:
toute la création est dans la main de Dieu. Donc, nous sommes en
Dieu, nous baignons en Dieu et tout de nous vient de Dieu. Nous ne
sommes pas Dieu, mais de simples créatures, totalement dépendantes
de Dieu. Pourtant, puisqu'avant la création il n'y avait rien, c'est
bien de son Être, de sa Pensée, de son Essence que Dieu a fait la
création, et qu'Il nous a faits... Chaque homme peut se dire: je
suis infiniment petit et fini, mais je suis en Dieu, je respire Dieu
qui est ma vie. Je ne suis pas Dieu, mais je suis un désir de Dieu.
C'est parce que Dieu me désirait qu'Il m'a fait. Et Dieu me veut du
bien. Et Dieu me demande de L'aimer... C'est cela mon bonheur, mon
bonheur en Dieu. Car Dieu est plus intime à chacun de nous que
chacun en particulier. L'Homme est un désir de Dieu; comment
imaginer une telle merveille?
Mais l'Ennemi
veille, et le mal me veut du mal. Le mal c'est celui qui dérègle la
nature, qui me retire de Dieu. Je patauge. Pourtant c'est encore en
Dieu que je patauge. Je ne suis pas encore prêt à plonger en Dieu,
mais je patauge en Lui, et je m'éclabousse de Dieu car, malgré mes
misères et mes faiblesses, Dieu est plus intime à moi-même que moi.
Et l'intimité que l'Homme désire tellement avec Dieu, c'est Dieu qui
met en l'Homme ce désir. Mais depuis que Lucifer a fait tomber Adam
et Ève, depuis qu'il a introduit dans le monde des hommes la
connaissance du bien et du mal, le mal me surveille. Le mal
surveille tous les hommes et attend le moindre faux pas de leur part
pour les éloigner de Dieu. Il suffirait d'un rien pour que je plonge
en Dieu et m'éloigne ainsi définitivement du mal. Mais ce mal est
parfois si tentant quand Lucifer le fait miroiter dans sa fausse
lumière... Seigneur, donne-moi la force de plonger en Toi; donne à
tous les hommes le courage de refuser la connaissance du bien et du
mal, qui est parfois si tentante.
Seigneur,
fais-nous entrer dans ton intimité; fais surtout que nous acceptions
l'intimité que Tu désires établir en nous, et que si souvent nous
refusons...
Paulette Leblanc |