Nous
avons tous entendu parler de la bataille de Roncevaux,
racontée mille et mille fois par les troubadours, dans leur
récit préféré, La chanson de Roland. Une grande
partie de ce récit est une légende, qui, comme toutes les
légendes, repose sur un sous-bassement historique. Voici la
réalité historique:
Le 15
août 778, une armée franque fut attaquée par des montagnards
Vascons, les Basques, dans le col de Roncevaux situé dans
les Pyrénées occidentales. Cette armée, commandée par le roi
franc, Charles 1er, futur empereur Charlemagne, revenait
d'une expédition menée contre les musulmans d'Espagne. Alors
qu'ils passaient les Pyrénées, probablement au col de
Roncevaux, en file indienne à cause des pentes très
escarpées de cette région, l'arrière-garde de l'armée,
hommes et bêtes furent attaqués par des pillards vascons.
Ces basques insoumis, profitaient de la situation pour
attaquer et piller la colonne de ravitaillement, à
l'arrière-garde de l'armée. Ils précipitèrent leurs ennemis
dans le ravin et récupérèrent tout ce qu'ils purent, puis
ils se dispersèrent aussitôt sans laisser au roi le temps de
réagir. On estime qu'il y eut beaucoup de morts dans
l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne: entre 10 000 et
15 000 hommes.
Cet
épisode dramatique est signalé dans les
Annales royales,
chronique du règne de Charlemagne, et c'est là qu'est
évoquée la mort du comte Roland, obscur préfet de la marche
de Bretagne. Ce n'est que trois siècles plus tard que des
poètes itinérants, les troubadours, se saisirent de ce fait
militaire et lui donnèrent une dimension épique nationale
avec la Chanson de Roland. Mais voici qui est très peu
connu.
Revenons
un peu en arrière. En 732, Charles Martel, le grand-père de
Charlemagne, avait battu les Arabes musulmans appelés les
Sarrasins, à Poitiers. Les Sarrasins, en effet,
voulaient aller jusqu'au centre de l'Europe, à partir des
terres occupées en Espagne, en traversant la France. À peine
50 ans plus tard, les Sarrasins réattaquaient à partir des
Pyrénées et occupaient Lourdes avec son château fort. Alors,
le petit fils de Charles Martel, Charlemagne, vénéré comme
saint en Allemagne, envoya ses garnisons à Lourdes pour
faire le siège et affamer l’occupant sans détruire la ville
de Lourdes. Pendant ce temps, son ami et neveu, l’archevêque
Tilpin de Reims (753-802)
qui accompagnait Charlemagne dans cette expédition,
négociait la paix avec le chef Sarrasin Mirat. Nous sommes
en 778.
Tilpin
négocia avec le chef musulman et lui dit:
– Je
comprends bien que tu ne veuilles pas te soumettre à un roi
de la terre, mais je te propose de te soumettre à la
Suzeraine des cieux, qui est aussi celle de la France, la
Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu. Ainsi tu pourras
garder la ville de Lourdes, mais en rendant tes armes et en
devenant un prince pacifique de la Très sainte Vierge Marie.
Mirat,
le chef musulman, fut tellement impressionné par la
proposition de l'Archevêque Tilpin, qu’il se convertit et
transforma Lourdes en ville mariale. C’est lui qui, selon la
légende, l’aurait appelée Louerda, ou "Rose" en langue
arabe. Mirat serait même allé jusqu'à la Vierge Noire, Notre
Dame Roses, au Puy, pour rendre hommage et se soumettre à la
Suzeraine de France. C'est ce nom qu'il aurait choisi lors
de son propre baptême.
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Voici
une autre version de cette histoire:
Depuis de nombreux jours, le
Sarrazin Mirat et ses Maures, enfermés dans le Château de
Lourdes, résistaient à Charlemagne et à ses Chevaliers,
malgré les assauts des assiégeants et de la famine. "Soudain,
de l'azur, en un vol à la fois puissant et majestueux,
surgit un aigle. Il survola le Fort et laissa tomber aux
pieds du Chef des Maures l'énorme truite qu'il tenait dans
son bec. Mirat prit le poisson, le contempla un moment,
puis, par dessus les remparts, le jeta aux soldats de
Charlemagne."
Pensant
que les Infidèles possédaient encore des vivres en
abondance, l'Empereur décida de lever le siège. C'est alors
que Turpin, Évêque du Puy, compagnon de Charlemagne, obtint
l'autorisation d'aller parlementer avec l'assiégé. L'homme
de Dieu, apportant le pardon de Charlemagne, convainquit
Mirat de le suivre pour remettre à Notre-Dame du Puy sa
reddition. Le jour de son baptême, Mirat prit le nom de
Lorus qui deviendra plus tard Lourdes.
Paulette
Leblanc – Janvier 2014 |