(Première épître de Saint Jean)
Généralement nous lisons trop vite les Évangiles et les
épitres des apôtres. Pourtant, parfois, nous sommes comme
poussés à nous arrêter sur un texte que nous croyons
connaître parfaitement. C'est alors que nous découvrons que
ce texte que nous savons presque par cœur, en réalité, c'est
comme si nous le lisions pour la première fois. Et le monde
nous apparaît sous un jour totalement nouveau. Ainsi, nous
pensons tout savoir de la Première Épître de Saint Jean, et
très souvent nous entendons des gens en citer des phrases
entières pour appuyer leurs affirmations. Nous-mêmes, nous
agissons parfois de la même façon. Mais avons-nous raison?
Connaissons-nous vraiment cette Épître de l'Amour, de la
Lumière; savons-nous que Jean nous rappelle que nous ne
connaissons vraiment Dieu qui est tout Amour, que si nous
gardons ses commandements? Et nous souvenons-nous que
c'est seulement quand nous observons les commandements de
Dieu, que nous demeurons dans son amour?

Immédiatement nous sursautons: Jean a-t-il vraiment affirmé
une telle chose? Mais alors, notre monde qui n'observe plus
les commandements de Dieu, ne demeure plus dans son amour?
Pourtant le Père a bien envoyé son Fils pour nous délivrer
de nos péchés? Oui, mais si nous voulons demeurer de nouveau
en Dieu, nous devons revenir à l'observance de ses
commandements. Pour comprendre tout cela, nous allons
commencer par lire quelques versets de la première épître de
Saint Jean.
Jean commence par nous dire que
Dieu est Lumière
Jean écrit: "La vie a été manifestée, et nous l'avons vue
et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la
vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été
manifestée, ce que nous avons vu et entendu, nous vous
l'annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en
communion avec nous. Or, notre communion est avec le
Père et avec son Fils Jésus Christ. Et nous écrivons ces
choses, afin que notre joie soit parfaite." (1 Jean 1, 2
à 4)
"Dieu est lumière, et il n'y a point en lui de ténèbres.
Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que
nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne
pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la
lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous
sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son
Fils nous purifie de tout péché."
(1 Jean 1, 5 à 7)
Comment savons-nous que nous
connaissons Dieu?
"Voici à quel signe nous savons que nous Le connaissons: si
nous gardons ses commandements.
(1 Jean 2, 3) Bien-aimés, ce n'est pas un commandement
nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien que
vous avez eu dès le commencement; ce commandement ancien,
c'est la parole que vous avez entendue. Toutefois, c'est un
commandement nouveau que je vous écris, ce qui est vrai en
lui et en vous, car les ténèbres se dissipent et la lumière
véritable paraît déjà. Celui qui dit qu'il est dans la
lumière, et qui hait son frère, est encore dans les
ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière,
et aucune occasion de chute n'est en lui. Mais celui qui
hait son frère est dans les ténèbres, il marche dans les
ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres ont
aveuglé ses yeux." (1 Jean 2, 7 à 11)
Nous sommes enfants de Dieu si
nous aimons et si gardons les commandements de Dieu.
"Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous
soyons appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes. Si le
monde ne nous connaît pas, c'est qu'il ne l'a pas connu.
Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et
ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; mais nous
savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons
semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est.
(1 Jean 3, 1 et 2) Celui qui pèche est du diable, car
le diable pèche dès le commencement. Le Fils de
Dieu a paru afin de détruire les œuvres du diable. (1
Jean 3, 7) C'est par là que se font reconnaître les
enfants de Dieu et les enfants du diable. Quiconque ne
pratique pas la justice n'est pas de Dieu, non plus que
celui qui n'aime pas son frère. (1 Jean 3, 10)
Ce qui vous a été annoncé et ce que vous avez entendu dès le
commencement, c'est que nous devons nous aimer les uns
les autres. (1
Jean 3, 11)
Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie,
parce que nous aimons les frères. Celui qui n'aime pas
demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un
meurtrier, et vous savez qu'aucun meurtrier n'a la vie
éternelle demeurant en lui. Nous avons connu l'amour
(Jésus), en ce qu'il a donné sa vie pour nous; nous aussi,
nous devons donner notre vie pour les frères.
(1 Jean 3, 14 à 16)
Et c'est ici son commandement: que nous croyions au nom de
son Fils Jésus Christ, et que nous nous aimions les uns les
autres, selon le commandement qu'il nous a donné. Celui
qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui;
et nous connaissons qu'il demeure en nous par l'Esprit qu'il
nous a donné.
(1 Jean 3, 23 et 24)
Dieu est Amour, et celui qui
demeure dans l'amour demeure en Dieu.
Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres; car l'amour
est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît
Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car
Dieu est amour. L'amour de Dieu a été manifesté envers
nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde,
afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste, non
point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous
a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour
nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous
devons aussi nous aimer les uns les autres.
(1 Jean 4, 7 à 11)
Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a
envoyé le Fils comme Sauveur du monde. Celui qui confessera
que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui
en Dieu. Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour
nous, et nous y avons cru. Dieu est amour; et celui qui
demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en
lui."
(1 Jean 4, 14 à 16)
Jean apporte en quelque sorte une conclusion: Nous, "nous
aimons Dieu, parce que Dieu nous a aimés le premier. Si
quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est
un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit,
comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? Et nous
avons de lui ce commandement: que celui qui aime Dieu aime
aussi son frère.
(1 Jean 4, 19 à 21)
Nous venons de relire le texte essentiel, le commandement
de l’Amour mis en œuvre. Mais, il peut sembler aussi que
ce texte a été parfois mal
interprété
car Jean dit aussi:
Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu, et
quiconque aime celui qui l'a engendré aime aussi celui qui
est né de lui. Nous connaissons que nous aimons les
enfants de Dieu, lorsque nous aimons Dieu, et que nous
pratiquons ses commandements.
Car
l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements.
Et ses commandements ne sont pas
pénibles, parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe
du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c'est notre
foi. (1
Jean 5, 1 à 4)
Donc, nous n’aimons vraiment nos frères que lorsque nous
aimons Dieu d'abord, et que nous pratiquons ses
commandements. Nous devons d’abord aimer Dieu et Le
servir; ensuite, tout naturellement, nous aimerons nos
frères. Mais Dieu d’abord...
Jésus, nous Te prions, laisse-nous T’aimer. Laisse-nous Te
servir comme Tu le désires, et nous servirons vraiment nos
frères.
Maintenant, poursuivons la lecture de Saint Jean, mais avec
Jésus, pour que nous puissions découvrir le sommet de son
Amour: son Eucharistie.
C'est lui, Jésus Christ, qui est venu avec de l'eau et
du sang; non avec l'eau seulement, mais avec l'eau
et avec le sang; et c'est l'Esprit qui rend témoignage,
parce que l'Esprit est la vérité. Car il y en a trois
qui rendent témoignage: l'Esprit, l'eau et le sang, et les
trois sont d'accord.
(1 Jean 5, 6 à 8) Comme c’est étrange! En écrivant sa
lettre, Jean se retrouve en même temps au Cénacle et au pied
de la Croix, quand le soldat romain transperça le Cœur de
Jésus. Jean devait aussi repenser à la scène du Baptême de
Jésus, dans l’eau du Jourdain. C’était la première fois
qu’il rencontrait Jésus, et c’était dans l’eau. Et l’Esprit
était là, qui rendait témoignage à Jésus; et le Père aussi
était là qui révélait la Trinité sainte. Lorsqu’il écrivit
sa lettre, Jean revivait et revoyait le mystère de Jésus, le
mystère de notre salut.
Il y en a trois qui rendent témoignage: l’Esprit, l’eau et
le sang.
Cela est bien difficile à comprendre: comment l’eau et le
sang peuvent-ils témoigner? L’Esprit, c’est facile à
comprendre. Le sang aussi: le sang de Jésus versé pour nous,
sa vie humaine donnée pour nous sauver du péché: “Ma vie,
on ne me la prend pas, mais c’est Moi qui la donne...”
Le sang de Jésus versé pendant sa Passion et sur la Croix,
c’est le témoignage de l’amour total. Mais l’eau?
L’eau apparaît peu dans
l’Évangile: au Jourdain, et quand Jésus demande à boire à la
Samaritaine: “Si tu
savais le don de Dieu et Celui qui te demande à boire!... Il
t’aurait donné de l’eau vive... Qui boira l’eau que je lui
donnerai n’aura plus jamais soif, car elle deviendra en lui
source d’eau vive jaillissant en vie éternelle.”
L’eau vive! La grâce de Dieu répandue sur le monde... Le
pardon de Dieu et sa Miséricorde offerts à tous ceux qui
reviennent vers Lui. L’eau vive, le Sang de Jésus qui nous
lave de tous nos péchés. L’eau dans laquelle se sont baignés
"les élus qui ont lavé leur robe dans le sang de
l’Agneau..." (Ap, 7, 14)
Quand le soldat romain transperça le Cœur de Jésus qui
venait de rendre l’Esprit, il en sortit de l’eau et du sang.
Jean en rend témoignage, et son témoignage est véridique,
car il a vu. Jean est d’ailleurs le seul avec le soldat
romain à avoir vu... Ces deux-là recevaient pour la première
fois la grâce sensible de la Rédemption du monde...
Autant que nous puissions en juger, Marie ne vit pas le Cœur
transpercé de Jésus ni le sang et l’eau qui s’écoulaient:
elle pleurait trop. Marie-Madeleine non plus. Jean écrit en
effet dans son Évangile: "Et celui qui l'a vu en rend
témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu'il dit
vrai." (Jean, 19, 35) Seuls un juif très pur et un païen
romain virent et furent aspergés par ce sang et cette eau.
Jean devint l’apôtre de l’amour, et le centurion romain fut
le premier païen converti, en fait le premier chrétien. Que
ces mystères sont grands et impénétrables!!!
Le témoignage de Dieu est infiniment plus grand que le
témoignage des hommes. Et "le témoignage de Dieu consiste
en ce qu'il a rendu témoignage à son Fils. Celui qui croit
au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même; celui qui ne
croit pas Dieu le fait menteur, puisqu'il ne croit pas au
témoignage que Dieu a rendu à son Fils.
Et voici ce témoignage, c'est que Dieu
nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son
Fils. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le
Fils de Dieu n'a pas la vie.
(1 Jean 5, 9 à 12)
Ce texte est difficile. Il est
en effet tellement sublime qu’il dépasse infiniment tout ce
que nous pouvons penser et imaginer.
"Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans
son Fils. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le
Fils de Dieu n'a pas la vie."
Essayons d’expliquer ces paroles sublimes. C’est par son
Fils que Dieu nous redonne la vie éternelle, car cette vie
EST dans son Fils, c’est le Fils qui est la Vie pour nous.
Et c’est le Fils qui nous donne sa Vie éternelle... mais
comment? Par sa Parole et par son Eucharistie. Jésus a donné
librement sa vie pour nous, pour que nous ayons sa Vie
éternelle. Sa mort est pour nous la Parole sublime qui donne
la Vie. Mais il fallait un signe sensible, une nourriture
visible pour les pauvres êtres que nous sommes.
Le Fils a la Vie, et celui qui a le Fils a sa Vie. Jésus
donc, avant de retourner au Père nous laissa son Corps en
nourriture, et son Sang en breuvage. Chaque jour nous
pouvons nous nourrir de la Vie... et, ensuite seulement,
aller vers les frères que nous aimons parce que Dieu les a,
comme chacun d’entre nous, aimés le premier. Dieu fait les
premiers pas vers nous; c’est vers Dieu que nous devons
d’abord nous tourner, car Dieu doit toujours être le
premier servi. Alors seulement nous serons préservés du
péché; alors seulement nous aimerons vraiment... C’est Saint
Jean qui nous le dit:
"Quiconque est né de Dieu ne pèche point; celui qui est né
de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas.
Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier
est sous la puissance du malin. Nous savons aussi que le
Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intelligence
pour connaître le Véritable; et nous sommes dans le
Véritable, en son Fils Jésus Christ. C'est lui qui est le
Dieu véritable, et la vie éternelle. Petits enfants,
gardez-vous des idoles."
(1 Jean 5, 18 à 21)
Petits enfants, gardez-vous des idoles!... Nous voulons
toujours "faire", et trop souvent nous oublions l'essentiel:
aimer d'abord notre Père des cieux, prier Dieu, et avec sa
grâce observer ses commandements. Et immédiatement nous
pensons: et si, parmi les idoles placées sur notre chemin
par le malin, il y avait cette interprétation erronée de la
pensée de Jean: servir d'abord les hommes avant de servir
Dieu, avant d'observer sa Loi d'amour?
D'où notre résolution: nous commencerons toujours de nous
tourner vers Dieu et de Lui demander sa grâce, avant
d'entreprendre nos activités humaines, même les meilleures.
Paulette Leblanc |