Dina Bélanger
Religieuse, Bienheureuse
(1897-1929)

4

SEPTEMBRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sa vie

Toutes nos informations concernant Dina Bélanger ont été trouvées dans son Autobiographie. 

Dina Bélanger naquit à Québec, au Canada, le 30 avril 1897, dans la paroisse Saint-Roch. Sa famille était aisée et très pieuse. La petite Dina accompagnait sa mère dans des visites aux pauvres. "J’accompagnais maman, écrit-elle, dans ses visites de charité. Toute ma vie, j’ai vu mes parents ouvrir les mains bien grandes pour secourir les pauvres, donner d’abondantes aumônes à droite et à gauche, consoler par leurs paroles religieuses et encourageantes, par des visites multipliées et prolongées, par les soins les plus empressés — et combien de fois les plus vils et les plus repoussants —, consoler, dis-je, et secourir les affligés, les malades souffrants… Leur bonheur a toujours été de donner dans le silence et le secret." Les parents de Dina savaient aussi parler du bon Dieu, de la Sainte Vierge, des anges et des saints.

Ayant plusieurs parentes religieuses, Dina visita souvent des communautés religieuses à Montréal avec ses parents; c’est en assistant à une prise d’habit d’une cousine qu’elle ressentit pour la première fois le désir de devenir une religieuse. À l’âge de cinq ans, préparée par sa mère, elle fit sa première confession. À l’âge de six ans, elle entra à l'école primaire de la Congrégation Notre-Dame. À l’école, Dina s’appliqua avec succès au travail et à l’étude.

C’est à partir de l’âge de 10-11 ans, que la piété de Dina s’affirma ainsi que son amour pour Jésus-Eucharistie. Elle écrit: “Une fois, Jésus, dans son ostensoir d’or captiva tout mon être; je le regardais fixement, sans bouger; je lui disais intérieurement: Jésus, je sais que c’est vous qui êtes là, dans l’hostie. Ô montrez-vous donc aux yeux de mon corps; je désire tant vous voir! Je le contemplai très longtemps. Le désir de le voir m’enflammait; le doux Prisonnier répondit à ma naïve supplique par une grande augmentation de foi en sa présence réelle au Saint Sacrement. Ce fut une grâce de choix.” Vers l’âge de 17 ans, Dina se livra à l’amour divin en qualité de victime. 

Très musicienne, Dina devint pianiste, puis complétera ses études musicales supérieures à New York. Elle devint une véritable virtuose et donna de nombreux concerts au profit d'œuvres de charité entre 1918 et 1921. Ses succès artistiques étaient nombreux à cette époque. Le Seigneur lui fit une grande grâce afin de la faire grandir dans l’humilité. Elle écrit: “J’apprenais à chérir l’humilité comme une perle inestimable, et je désirais l’acquérir un jour... Combattre quand le Sauveur manie les armes, c’est une joie. Je revenais souvent à la pensée: je n’ai de valeur que ce que je vaux devant Dieu…" C'est à cette époque qu'elle entra dans le Tiers-Ordre de saint Dominique. 

Le 11 août 1921 elle entra chez les Religieuses de Jésus-Marie, à Sillery, et prit le nom de Sœur Marie Sainte Cécile de Rome. Atteinte de tuberculose pulmonaire elle mourut le 4 septembre 1929, dans sa trente troisième année. Elle fut béatifiée par le pape Jean-Paul II le 20 mars 1993. 

Nous allons maintenant aborder un thème peu fréquent: nous allons parler de Dina Bélanger, mystique. Attention! Être mystique cela ne signifie pas avoir des visions ou de grandes révélations. C'est tout simplement vivre dans une profonde union à Dieu, en désirant seulement faire sa volonté, toute sa volonté. Voyons comment cela se manifesta chez Dina Bélanger. 

À partir de l’âge de vingt ans, Dina sembla s’établir dans une étroite union avec Dieu. Elle bénéficia de quelques faveurs divines qu’elle ne comprenait pas et qui l’effrayaient un peu. Elle écrit: “À certains moments, la voix de Jésus se faisait entendre au fond de mon cœur. Sa lumière présentait aux yeux de mon imagination des tableaux que je ne connaissais pas. Au sujet de cette voix et de ces tableaux, j’ai prié beaucoup. J’étais assurée que c’étaient là les enseignements de mon divin Maître: ce qui parle d’obéissance, d’humiliation, de renoncement ne peut venir que de lui. La faveur que j’implorais était de ne pas me laisser prendre aux pièges du démon qui est capable d’inventions si rusées et si habiles, de ne pas être victime des chimères de mon imagination...”

Un jour le Seigneur lui enseigna comment reconnaître ses interventions à Lui, et comment faire la différence entre sa voix divine et celle du démon qui veut jouer les imitations: “Le Sauveur ne se fait entendre que dans le recueillement, la paix, le silence. Sa voix est si douce que, en l’âme, tout doit se taire; c’est une mélodie suave. Le langage satanique est bruyant: c’est l’agitation, la précipitation, le trouble, la brusquerie.” 

Jésus donna deux guides à Dina: l’Hostie et l’Étoile: “L’Hostie, c’était Lui-même; l’Étoile, c’était sa Sainte Mère. Il me représenta un chemin d’épines dans lequel il était passé le premier et où il désirait me voir marcher. D’abord les épines étaient peu nombreuses; elles se multipliaient à mesure que j’avançais... Et je voyais sans cesse l’Hostie et l’Étoile, qui figuraient Jésus et Marie, au-dessus de ma route, un peu en avant de moi...  

Cela se produisait dans mon imagination; le tableau était net et clair. Aux heures où Jésus me le présentait, je l’apercevais plus fidèlement que je voyais une image matérielle avec les yeux de mon corps... Mon Seigneur m’apprit que j’avais une mission à remplir... Il me montra la nécessité et l’importance de m’y préparer... Je compris que le salut d’un grand nombre d’âmes y était attaché..." Dina ressentait la difficulté qu'elle avait pour exprimer ces choses, car notre langage humain est trop pauvre. Elle eut également connaissance des grandes grâces quelle recevait ainsi que de la multitude des dons qu'elle recevait, comme une chaîne précieuse mais fragile: une seule infidélité pouvait rompre la chaîne et lui faire manquer sa mission. Aussi renouvela-t-elle sa résolution de répondre à tous les désirs de Jésus. Et Jésus lui fit comprendre qu'Il voulait se servir d'elle parce qu'elle n'était rien et qu'Il prouvait ainsi sa puissance par la faiblesse de Dina. Cet enseignement, Jésus le renouvela souvent. 

Jésus initia ainsi Dina à la vie d'union à Dieu. Elle aimait causer intérieurement avec Jésus. Elle écrit encore: "L’idéal divin m’apparaissait comme exigeant de moi que je devienne une très grande sainte. Je n’étais pas capable de désirer moins." Alors, Dina compris qu'elle devait réparer envers le Cœur divin outragé de Jésus, qu'elle devait consoler Notre Seigneur et prier pour l’amendement des âmes aveuglées, pour les prêtres, les religieux, les religieuses, les personnes consacrées ayant une lourde responsabilité. 

Voyons maintenant ce que fut la vie religieuse de Dina. Nous savons que le 11 août 1921, elle entra chez les Religieuses de Jésus-Marie, à Sillery[1]. Elle portera désormais le nom de Sœur Marie Sainte Cécile de Rome. Jésus lui fit comprendre que "la vraie joie intérieure se reflète sur le visage; les divines leçons lui enseignèrent le secret de toujours sourire... " 

On lui confia l’enseignement du piano à quelques élèves. Sa vie intérieure s’approfondit. À l’Automne 1922, Dina dut passer quelques semaines à l’infirmerie. C'est alors qu'elle commença à écrire, essentiellement des poésies. Elle comprit vite que son travail, c’était le travail de Jésus. Elle écrit: “C’est si bien son travail à lui que souvent je sais à peine ce que j’écris, j’y suis poussée par une force douce et supérieure et, quand je me relis, j’ai maintes fois la surprise d’avoir émis des idées sans les avoir pensées.”  

Le Seigneur demanda aussi à Dina de consoler son Cœur outragé dans la Sainte Eucharistie. Dina reviendra à de nombreuses reprises sur le désir de Jésus: être consolé. Elle indiquera aussi "que c’est dans l’éternité seulement que nous comprendrons un peu la peine qu’éprouve Notre Seigneur à cause de nos péchés, de nos négligences, de nos manques d’amour!” Mais ces mystères sont difficiles à comprendre. Jésus s’abaisse jusqu’à nous, suppliant qu’on lui verse quelques gouttes de baume sur les plaies de son Cœur! “Ô mystère de l’amour d’un Dieu!" Et la plus grande souffrance de Jésus "c'est celle de son Cœur Eucharistique... délaissé et méprisé!” 

Le noviciat de Dina se poursuit. Sa faim de l’Eucharistie croît toujours. La Sainte Vierge l’assiste souvent dans son action de grâces. Le Seigneur éduque toujours Dina, et Il insiste pour que jamais elle ne néglige ses devoirs d’état. Nous sommes en 1922. Une nouvelle étape se préparait. En mai 1923, Dina était heureuse, et voici quelques-uns de ses souhaits:

 

Je voudrais, Jésus, ô ma vie,
Submerger mon âme ravie
 Dans ton Cœur d'Époux et de Roi,
L'anéantir d'amour pour toi. 

Je voudrais parcourir le monde,
Lui donner la paix qui m'inonde,
Écrire en feu dans chaque cœur:
Mon Dieu, vous êtes mon bonheur! 

Je voudrais que partout sur terre
Les hommes te sachent leur Père;
Que ton Nom soit sanctifié
Et ton Règne glorifié. 

Je voudrais voir dans la nature
Ta raisonnable créature
Éviter le moindre méfait
Et vivre en toi d'amour parfait.
 

 

Bientôt, comme la plupart des grands mystiques, Dina découvrira le lien existant entre l’amour et la souffrance: “L’amour m’apparaissait comme unissant la souffrance et la joie; je les voyais naître toutes deux dans le Cœur de Jésus.[2] Durant le mois d'octobre 1923, jusqu'au 2 novembre, Jésus enseigna à Dina la pratique du parfait abandon. Elle devait tout lui remettre, et lui, Jésus, se chargerait de penser, d'agir, à sa place.  

Jésus va alors lui faire commencer ses vrais travaux littéraires et se servir de sa main pour redire aux âmes "qu'il les aime d'un amour qu'elles ne comprennent pas…" Et quelques jours plus tard Il ajouta: 

– Je veux parler, dans un écrit, de l’amour excessif dont mon Cœur est embrasé pour les âmes; je veux me plaindre d’être oublié, refusé; je veux demander de l’amour comme un pauvre supplie pour obtenir un morceau de pain. Ah! Je les aime tant, les âmes, et si souvent, je ne suis pas compris et pas aimé! Non, l’Amour n’est pas aimé!  Oui, Jésus veut faire parler son Cœur Eucharistique, langage de l'amour qu'Il utilise le plus souvent de nos jours. 

Dina ne devait s’occuper de rien d’autre que de se laisser faire, et de laisser faire Marie, la Mère bénie. Les jours passent... Le 15 août 1924, à la fin de la retraite de la communauté qui eut lieu du 6 au 15 août, mais que Dina vivra à l’infirmerie, elle connut ce que qu'il est convenu d'appeler une mort mystique. En fait, c'est à une vie nouvelle qu'elle était alors appelée: vie d'union à Dieu de plus en plus intime. Dina ne veut que ce que Jésus veut: “Rien de plus, mais rien de moins.” Désormais Dina vivra dans le Cœur de Dieu, perdue, anéantie en lui, abandonnée totalement à l’action de la Trinité Sainte en son être. Elle a conscience que les mots de la terre ne peuvent plus exprimer ses pensées et ses sentiments, car, dit-elle: “Pour parler justement de la vie du ciel, il faudrait le langage du ciel...”  

Le 3 octobre 1924 Dina prononce le vœu du plus parfait, simplement pour dire à Dieu qu'elle l'aimait et qu'elle s'abandonnait à son action. Dina ne veut plus que ce que Dieu désire: rien de plus. Elle est heureuse, mais cela ne l'empêche pas d'être dans la nuit. Elle regarde et ne voit rien. Jésus seul la conduit et lui apprend les leçons de l'anéantissement et les délices de l'abandon et du silence: pour elle, le silence traduit mieux sa reconnaissance et son bonheur. À partir du 2 septembre 1926, Dina participera, tous les jeudis et vendredis, au calice de la Passion de Jésus. Dina sera de plus en plus associée à l’Agonie de Jésus.  

Le Samedi 22 janvier 1927, le Saint-Sacrement était exposé et Dina méditait: ”J’éprouvais déjà la présence de mon divin Maître, mais il y avait quelque chose de plus que dans l’union ordinaire, pourtant si intime du jeudi au vendredi. En effet, Notre Seigneur m’accorda une grande faveur: les stigmates d’amour de ses plaies sacrées. De son Cœur divin, des flammes rayonnaient sur les mains, les pieds et le cœur de mon être anéanti dans le sien. La très sainte Vierge posa ces flammes sur mes membres et Jésus y imprima les stigmates d’amour de ses plaies sacrées... Depuis mes membres sont comme consacrés par une impression divine.” Dina venait de recevoir les stigmates invisibles. 

Le 20 mars 1927 Dina, très fatiguée, est de nouveau à l'infirmerie, et Jésus lui demande de contempler "l'union d'amour de son Cœur avec son divin Père." Malgré tout son amour et tout son renoncement, elle laisse parfois échapper quelques plaintes. Ainsi, en avril 1928, Dina écrit: "Je suis bien fatiguée physiquement… Malgré ma véritable joie intérieure, ma joie de volonté, mes larmes me montaient à mes yeux… C'est une faiblesse qui m'humilie beaucoup… et je crains toujours de manquer de générosité et de faire de la peine à Jésus." 

En mai 1928 sa fatigue devient encore plus pesante. Cependant à partir du 26 août 1928 l'action du Seigneur en elle prend un caractère nouveau: Dina est contente de tout et contente surtout du Bon Dieu. Elle participe à la joie du Cœur de Jésus au ciel et à la joie des élus, et elle s'écrie:  

– Oh! Si nous connaissions la sainte Béatitude des élus en Dieu, rien ne nous coûterait pour en acquérir le moindre degré! 

Jésus lui fait aussi comprendre que, même ici-bas, "on ne peut s'approcher de son Cœur sans être heureux, parce qu'il est le Foyer de la joie et du bonheur." Le 30 avril 1929, Dina entre définitivement à l’infirmerie plus ne plus en sortir[3]. À partir de juillet 1929 Dina n’a même plus la force d’écrire. Le mercredi matin 4 septembre 1929 elle se sentit soudain plus faible. Elle conserva sa connaissance jusqu’à la fin, son regard fixé sur l’image du Cœur Eucharistique. Elle mourut vers trois heures de l’après-midi.

Paulette Leblanc

Fête le 4 septembre


[1]La Congrégation des Religieuses de Jésus-Marie a été fondée à Lyon en 1818. Son but: l’éducation de la jeunesse. La Maison-mère est à Lyon, et la Maison générale est à Rome.
[2] Padre Pio (saint Pio) dira plus tard: "L'amour ne peut être que douleur…"
[3] Dina était atteinte de tuberculose.

 

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