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Sa vie
Toutes nos
informations concernant Dina Bélanger ont été trouvées
dans son Autobiographie.
Dina
Bélanger naquit à Québec, au Canada, le 30 avril 1897,
dans la paroisse Saint-Roch. Sa famille était aisée et
très pieuse. La petite Dina accompagnait sa mère dans
des visites aux pauvres. "J’accompagnais maman,
écrit-elle, dans ses visites de charité. Toute ma
vie, j’ai vu mes parents ouvrir les mains bien grandes
pour secourir les pauvres, donner d’abondantes aumônes à
droite et à gauche, consoler par leurs paroles
religieuses et encourageantes, par des visites
multipliées et prolongées, par les soins les plus
empressés — et combien de fois les plus vils et les plus
repoussants —, consoler, dis-je, et secourir les
affligés, les malades souffrants… Leur bonheur a
toujours été de donner dans le silence et le secret."
Les parents de Dina savaient aussi parler du bon Dieu,
de la Sainte Vierge, des anges et des saints.
Ayant plusieurs parentes religieuses, Dina visita
souvent des communautés religieuses à Montréal avec ses
parents; c’est en assistant à une prise d’habit d’une
cousine qu’elle ressentit pour la première fois le désir
de devenir une religieuse. À l’âge de cinq ans, préparée
par sa mère, elle fit sa première confession. À l’âge de
six ans, elle entra à l'école primaire de la
Congrégation Notre-Dame. À l’école, Dina s’appliqua avec
succès au travail et à l’étude.
C’est à
partir de l’âge de 10-11 ans, que la piété de Dina
s’affirma ainsi que son amour pour Jésus-Eucharistie.
Elle écrit: “Une fois, Jésus, dans son ostensoir d’or
captiva tout mon être; je le regardais fixement, sans
bouger; je lui disais intérieurement: Jésus, je sais que
c’est vous qui êtes là, dans l’hostie. Ô montrez-vous
donc aux yeux de mon corps; je désire tant vous voir! Je
le contemplai très longtemps. Le désir de le voir
m’enflammait; le doux Prisonnier répondit à ma naïve
supplique par une grande augmentation de foi en sa
présence réelle au Saint Sacrement. Ce fut une grâce de
choix.” Vers l’âge de 17 ans, Dina se livra à
l’amour divin en qualité de victime.
Très
musicienne, Dina devint pianiste, puis complétera ses
études musicales supérieures à New York. Elle devint une
véritable virtuose et donna de nombreux concerts au
profit d'œuvres de charité entre 1918 et 1921. Ses
succès artistiques étaient nombreux à cette époque. Le
Seigneur lui fit une grande grâce afin de la faire
grandir dans l’humilité. Elle écrit: “J’apprenais à
chérir l’humilité comme une perle inestimable, et je
désirais l’acquérir un jour... Combattre quand le
Sauveur manie les armes, c’est une joie. Je revenais
souvent à la pensée: je n’ai de valeur que ce que je
vaux devant Dieu…" C'est à cette époque qu'elle
entra dans le Tiers-Ordre de saint Dominique.
Le 11 août
1921 elle entra chez les Religieuses de Jésus-Marie, à
Sillery, et prit le nom de Sœur Marie Sainte Cécile de
Rome. Atteinte de tuberculose pulmonaire elle mourut le
4 septembre 1929, dans sa trente troisième année. Elle
fut béatifiée par le pape Jean-Paul II le 20 mars 1993.
Nous allons
maintenant aborder un thème peu fréquent: nous allons
parler de Dina Bélanger, mystique. Attention! Être
mystique cela ne signifie pas avoir des visions ou de
grandes révélations. C'est tout simplement vivre dans
une profonde union à Dieu, en désirant seulement faire
sa volonté, toute sa volonté. Voyons comment cela se
manifesta chez Dina Bélanger.
À partir de
l’âge de vingt ans, Dina sembla s’établir dans une
étroite union avec Dieu. Elle bénéficia de quelques
faveurs divines qu’elle ne comprenait pas et qui
l’effrayaient un peu. Elle écrit: “À certains
moments, la voix de Jésus se faisait entendre au fond de
mon cœur. Sa lumière présentait aux yeux de mon
imagination des tableaux que je ne connaissais pas. Au
sujet de cette voix et de ces tableaux, j’ai prié
beaucoup. J’étais assurée que c’étaient là les
enseignements de mon divin Maître: ce qui parle
d’obéissance, d’humiliation, de renoncement ne peut
venir que de lui. La faveur que j’implorais était de ne
pas me laisser prendre aux pièges du démon qui est
capable d’inventions si rusées et si habiles, de ne pas
être victime des chimères de mon imagination...”
Un jour le
Seigneur lui enseigna comment reconnaître ses
interventions à Lui, et comment faire la différence
entre sa voix divine et celle du démon qui veut jouer
les imitations: “Le Sauveur ne se fait entendre que
dans le recueillement, la paix, le silence. Sa voix est
si douce que, en l’âme, tout doit se taire; c’est une
mélodie suave. Le langage satanique est bruyant: c’est
l’agitation, la précipitation, le trouble, la
brusquerie.”
Jésus donna
deux guides à Dina: l’Hostie et l’Étoile: “L’Hostie,
c’était Lui-même; l’Étoile, c’était sa Sainte Mère. Il
me représenta un chemin d’épines dans lequel il était
passé le premier et où il désirait me voir marcher.
D’abord les épines étaient peu nombreuses; elles se
multipliaient à mesure que j’avançais... Et je voyais
sans cesse l’Hostie et l’Étoile, qui figuraient Jésus et
Marie, au-dessus de ma route, un peu en avant de moi...
Cela se
produisait dans mon imagination; le tableau était net et
clair. Aux heures où Jésus me le présentait, je
l’apercevais plus fidèlement que je voyais une image
matérielle avec les yeux de mon corps... Mon Seigneur
m’apprit que j’avais une mission à remplir... Il me
montra la nécessité et l’importance de m’y préparer...
Je compris que le salut d’un grand nombre d’âmes y était
attaché..." Dina ressentait la difficulté qu'elle
avait pour exprimer ces choses, car notre langage humain
est trop pauvre. Elle eut également connaissance des
grandes grâces quelle recevait ainsi que de la multitude
des dons qu'elle recevait, comme une chaîne précieuse
mais fragile: une seule infidélité pouvait rompre la
chaîne et lui faire manquer sa mission. Aussi
renouvela-t-elle sa résolution de répondre à tous les
désirs de Jésus. Et Jésus lui fit comprendre qu'Il
voulait se servir d'elle parce qu'elle n'était rien et
qu'Il prouvait ainsi sa puissance par la faiblesse de
Dina. Cet enseignement, Jésus le renouvela souvent.
Jésus
initia ainsi Dina à la vie d'union à Dieu. Elle aimait
causer intérieurement avec Jésus. Elle écrit
encore: "L’idéal divin m’apparaissait comme exigeant
de moi que je devienne une très grande sainte. Je
n’étais pas capable de désirer moins." Alors, Dina
compris qu'elle devait réparer envers le Cœur divin
outragé de Jésus, qu'elle devait consoler Notre Seigneur
et prier pour l’amendement des âmes aveuglées, pour les
prêtres, les religieux, les religieuses, les personnes
consacrées ayant une lourde responsabilité.
Voyons
maintenant ce que fut la vie religieuse de Dina. Nous
savons que le 11 août 1921, elle entra chez les
Religieuses de Jésus-Marie, à Sillery[1].
Elle portera désormais le nom de Sœur Marie Sainte
Cécile de Rome. Jésus lui fit comprendre que "la
vraie joie intérieure se reflète sur le visage; les
divines leçons lui enseignèrent le secret de toujours
sourire... "
On lui
confia l’enseignement du piano à quelques élèves. Sa vie
intérieure s’approfondit. À l’Automne 1922, Dina dut
passer quelques semaines à l’infirmerie. C'est alors
qu'elle commença à écrire, essentiellement des poésies.
Elle comprit vite que son travail, c’était le travail de
Jésus. Elle écrit: “C’est si bien son travail à lui
que souvent je sais à peine ce que j’écris, j’y suis
poussée par une force douce et supérieure et, quand je
me relis, j’ai maintes fois la surprise d’avoir émis des
idées sans les avoir pensées.”
Le Seigneur
demanda aussi à Dina de consoler son Cœur outragé dans
la Sainte Eucharistie. Dina reviendra à de nombreuses
reprises sur le désir de Jésus: être consolé. Elle
indiquera aussi "que c’est dans l’éternité seulement
que nous comprendrons un peu la peine qu’éprouve Notre
Seigneur à cause de nos péchés, de nos négligences, de
nos manques d’amour!” Mais ces mystères sont
difficiles à comprendre. Jésus s’abaisse jusqu’à nous,
suppliant qu’on lui verse quelques gouttes de baume sur
les plaies de son Cœur! “Ô mystère de l’amour d’un
Dieu!" Et la plus grande souffrance de Jésus
"c'est celle de son Cœur Eucharistique... délaissé et
méprisé!”
Le noviciat
de Dina se poursuit. Sa faim de l’Eucharistie croît
toujours. La Sainte Vierge l’assiste souvent dans son
action de grâces. Le Seigneur éduque toujours
Dina, et Il insiste pour que jamais elle ne néglige ses
devoirs d’état. Nous sommes en 1922. Une nouvelle étape
se préparait. En mai 1923, Dina était heureuse, et voici
quelques-uns de ses souhaits:
Je
voudrais, Jésus, ô ma vie,
Submerger mon âme ravie
Dans ton Cœur d'Époux et de Roi,
L'anéantir d'amour pour toi.
Je
voudrais parcourir le monde,
Lui donner la paix qui m'inonde,
Écrire en feu dans chaque cœur:
Mon Dieu, vous êtes mon bonheur!
Je
voudrais que partout sur terre
Les hommes te sachent leur Père;
Que ton Nom soit sanctifié
Et ton Règne glorifié.
Je
voudrais voir dans la nature
Ta raisonnable créature
Éviter le moindre méfait
Et vivre en toi d'amour parfait.
Bientôt, comme la plupart des grands mystiques, Dina
découvrira le lien existant entre l’amour et la
souffrance:
“L’amour m’apparaissait
comme unissant la souffrance et la joie; je les voyais
naître toutes deux dans le Cœur de Jésus.”
Durant le mois d'octobre
1923, jusqu'au 2 novembre, Jésus enseigna à Dina la
pratique du parfait abandon. Elle devait tout lui
remettre, et lui, Jésus, se chargerait de penser,
d'agir, à sa place.
Jésus va
alors lui faire commencer ses vrais travaux littéraires
et se servir de sa main pour redire aux âmes "qu'il
les aime d'un amour qu'elles ne comprennent pas…" Et
quelques jours plus tard Il ajouta:
– Je
veux parler, dans un écrit, de l’amour excessif dont mon
Cœur est embrasé pour les âmes; je veux me plaindre
d’être oublié, refusé; je veux demander de l’amour comme
un pauvre supplie pour obtenir un morceau de pain. Ah!
Je les aime tant, les âmes, et si souvent, je ne suis
pas compris et pas aimé! Non, l’Amour n’est pas aimé!
Oui, Jésus veut faire parler son Cœur Eucharistique,
langage de l'amour qu'Il utilise le plus souvent de nos
jours.
Dina ne
devait s’occuper de rien d’autre que de se laisser
faire, et de laisser faire Marie, la Mère bénie. Les
jours passent... Le 15 août 1924, à la fin de la
retraite de la communauté qui eut lieu du 6 au 15 août,
mais que Dina vivra à l’infirmerie, elle connut ce que
qu'il est convenu d'appeler une mort mystique. En fait,
c'est à une vie nouvelle qu'elle était alors appelée:
vie d'union à Dieu de plus en plus intime. Dina ne veut
que ce que Jésus veut: “Rien de plus, mais rien de
moins.” Désormais Dina vivra dans le Cœur de Dieu,
perdue, anéantie en lui, abandonnée totalement à
l’action de la Trinité Sainte en son être. Elle a
conscience que les mots de la terre ne peuvent plus
exprimer ses pensées et ses sentiments, car, dit-elle:
“Pour parler justement de la vie du ciel, il faudrait
le langage du ciel...”
Le 3
octobre 1924 Dina prononce le vœu du plus parfait,
simplement pour dire à Dieu qu'elle l'aimait et qu'elle
s'abandonnait à son action. Dina ne veut plus que ce que
Dieu désire: rien de plus. Elle est heureuse, mais cela
ne l'empêche pas d'être dans la nuit. Elle regarde et ne
voit rien. Jésus seul la conduit et lui apprend les
leçons de l'anéantissement et les délices de l'abandon
et du silence: pour elle, le silence traduit mieux sa
reconnaissance et son bonheur. À partir du 2 septembre
1926, Dina participera, tous les jeudis et vendredis, au
calice de la Passion de Jésus. Dina sera de plus en plus
associée à l’Agonie de Jésus.
Le Samedi
22 janvier 1927, le Saint-Sacrement était exposé et Dina
méditait: ”J’éprouvais déjà la présence de mon divin
Maître, mais il y avait quelque chose de plus que dans
l’union ordinaire, pourtant si intime du jeudi au
vendredi. En effet, Notre Seigneur m’accorda une grande
faveur: les stigmates d’amour de ses plaies sacrées. De
son Cœur divin, des flammes rayonnaient sur les mains,
les pieds et le cœur de mon être anéanti dans le sien.
La très sainte Vierge posa ces flammes sur mes membres
et Jésus y imprima les stigmates d’amour de ses plaies
sacrées... Depuis mes membres sont comme consacrés par
une impression divine.” Dina venait de recevoir les
stigmates invisibles.
Le 20 mars
1927 Dina, très fatiguée, est de nouveau à l'infirmerie,
et Jésus lui demande de contempler "l'union d'amour
de son Cœur avec son divin Père." Malgré tout son
amour et tout son renoncement, elle laisse parfois
échapper quelques plaintes. Ainsi, en avril 1928, Dina
écrit: "Je suis bien fatiguée physiquement… Malgré ma
véritable joie intérieure, ma joie de volonté, mes
larmes me montaient à mes yeux… C'est une faiblesse qui
m'humilie beaucoup… et je crains toujours de manquer de
générosité et de faire de la peine à Jésus."
En mai 1928
sa fatigue devient encore plus pesante. Cependant à
partir du 26 août 1928 l'action du Seigneur en elle
prend un caractère nouveau: Dina est contente de tout et
contente surtout du Bon Dieu. Elle participe à la joie
du Cœur de Jésus au ciel et à la joie des élus, et elle
s'écrie:
– Oh! Si
nous connaissions la sainte Béatitude des élus en Dieu,
rien ne nous coûterait pour en acquérir le moindre
degré!
Jésus lui
fait aussi comprendre que, même ici-bas, "on ne peut
s'approcher de son Cœur sans être heureux, parce qu'il
est le Foyer de la joie et du bonheur." Le 30 avril
1929, Dina entre définitivement à l’infirmerie plus ne
plus en sortir.
À partir de juillet 1929 Dina n’a même plus la force
d’écrire. Le mercredi matin 4 septembre 1929 elle se
sentit soudain plus faible. Elle conserva sa
connaissance jusqu’à la fin, son regard fixé sur l’image
du Cœur Eucharistique. Elle mourut vers trois heures de
l’après-midi.
Paulette
Leblanc
Fête le
4 septembre
[1]La
Congrégation des Religieuses de Jésus-Marie a
été fondée à Lyon en 1818. Son but: l’éducation
de la jeunesse. La Maison-mère est à Lyon, et la
Maison générale est à Rome.
Padre Pio (saint Pio) dira plus tard:
"L'amour ne peut être que douleur…"
Dina était atteinte de tuberculose.
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