Eloi de Noyon
Évêque, Saint
(588-660)

1

DECEMBRE

Tous les français connaissent la chanson concernant le Roi Dagobert, et naturellement, le bon saint Éloi et son humour. Mais qui connaît la véritable histoire de Saint Eloi? Probablement personne. Aussi allons-nous, aujourd'hui, 1er décembre, combler cette grave lacune. 

Ce que nous connaissons de la vie de saint Éloi, nous le devons à son ami, saint Ouen. Donc, selon saint Ouen, Éloi naquit vers 588, à Chaptelat, près de Limo-ges dans le Limousin. Ses parents étaient de riches gallo-romains, propriétaires de plusieurs grands domaines qu'ils cultivaient eux-mêmes. Ils possédaient aussi des intérêts dans l'exploitation de mines d'or du Sud-Ouest aquitain. 

Éloi fut placé en apprentissage, par son père, à Limoges chez un orfèvre réputé, Abbon, fabriquant de monnaie. Éloi restera quelques années à Limoges, puis rejoindra Paris, en France, où il entrera au service de Bobbon, l'orfèvre du roi. Ce dernier, ayant reçu une importante commande du roi Clotaire II, le père de Dagobert, commande d'un trône d'or orné de pierres précieuses, en confiera la réalisation à Éloi. Au lieu d'un trône Éloi en fabriqua deux car il ne voulut pas garder pour lui la quantité d'or qui était en trop. Agir ainsi était chose très étonnante à son époque… Mais, selon saint Ouen, Éloi aurait été un jeune hom-me très pieux et très honnête. 

L'honnêteté d'Éloi lui fut très favorable, car dès ce moment, le roi Clotaire II le garda auprès de lui. Puis, Dagobert ayant succédé à son père, Éloi fut chargé, entre autres, de l'ornementation des  tombes de sainte Geneviève et de saint Denis. Il réalisa des châsses pour saint Germain, saint Séverin, saint Martin et sainte Colombe et de nombreux objets liturgiques pour la nouvelle abbaye de Saint-Denis. Plus tard, Éloi ayant toute la confiance du roi Dagobert 1er, remplit des missions des importantes et réussit notamment à amener le duc de Breta-gne à faire sa soumission en 636.  

Vers 631 ou 632, Éloi avait, avec la permission du roi Dagobert, fondé le monastère de Solignac. Il fonda aussi, à Paris, le monastère Saint-Martial, devenu par la suite couvent saint-Éloi. Un an après, en 633, dans sa propre maison de l'île de la Cité, il fonda le premier monastère féminin de Paris dont il confiera la charge à sainte Aure.  

Éloi était orfèvre et il est possible qu'il ait introduit cet art dans Limousin;  on sait, en effet, que, dès le 10ème siècle, l'abbaye Saint-Martial de Limoges était un foyer de joaillerie et d'émaillerie, les moines travaillant l'or et l'argent. L’orfèvre royal Éloi fut nommé successivement contrôleur des mines et métaux, maître des monnaies, puis grand argentier du royaume de Clotaire II, et, enfin, trésorier de Dagobert Ier. La tâche était souvent très difficile, mais Éloi était appuyé par le référendaire Dadon nommé aussi Ouen. Cependant, ministre et conseiller du roi, Éloi devait souvent "remettre à l'endroit" les décisions ou les mœurs royales. Un an après la mort de Dagobert qu'il avait assisté dans ses derniers moments, Éloi quitta la cour en même temps que saint Ouen qui y était conseiller référendaire et chancelier. Comme lui, il entra dans la cléricature et fut ordonné prêtre. Le même jour, le 13 mai 641, ils furent consacrés évêques, saint Ouen comme évêque de Rouen et, Éloi comme évêque de Noyon et Tournai, un diocèse qui s'étendait jusqu'à Courtrai, Gand et la Frise néerlandaise. Pendant les vingt années qui lui restaient à vivre, Éloi mul-tiplia les actions pour convertir au christianisme la population druidique des Flandres et des Pays-Bas toujours païennes et très superstitieuses. Il fit sienne la spiritualité de saint Colomban, le moine irlandais, et aimait se retirer dans l'oratoire d'Ourscamps-sur-Oise. Saint Éloi est également réputé fondateur de l'église de Dunkerque. Il voyageait aussi. Nous le trouvons au concile de Châlon-sur-Saône, en Aquitaine, à Uzès et à Marseille. Il mourut en 660, à la veille de partir pour Cahors. 

Nous avons remarqué qu'Éloi fut un excellent orfèvre, un homme de cour et même un ministre estimé et écouté. Mais où réside la sainteté de notre ami Éloi?

Malgré ses nombreuses charges, Éloi était un chrétien vertueux, aussi scrupuleux à suivre l'Evangile qu'à ménager l'or qu'on lui confiait. Afin de mieux aider les pauvres, il délaissait les vêtements somptueux et leur préférait des habits moins coûteux sous lesquels, d'ailleurs, il portait un  cilice. Il usait surtout de miséricorde envers les prisonniers de guerre tombés en esclavage. Il en rachetait jusqu'à cinquante à la fois: il en renvoyait certains chez eux; il en gardait aussi certains auprès de lui et beaucoup d'entre eux devinrent prêtres ou moines. Évêque, Éloi restait cependant le conseiller des grands: on peut citer par exemple, Erchinoald, le maire du palais de Neustrie ou la reine Bathilde, épouse de Clovis II. Par ailleurs, sur son chemin fleurissaient les prodiges: guérisons de malades ou délivrances de possédés, ou vin multiplié pour les pauvres.

Saint Éloi, s'étant un jour aperçu que la façade de la basilique Saint-Médard de Noyon menaçait ruine, prescrivit de la réparer et, malgré la saison, fit hâter les travaux: il savait, en effet, que sa fin était proche. Peu après, en effet, le 1er décembre 660, il rendait son âme à Dieu tout joyeux d'entrer en l'éternelle béatitude. Prévenue, la reine Bathilde vint assister à ses funérailles. Lorsqu'un an plus tard on voulut donner au saint une sépulture plus digne de lui, on retrouva son corps intact.  

Nous avons bien remarqué qu'honnête en son métier, ministre et monétaire intègre, saint Éloi fut également honnête et intègre avec Dieu. Ainsi la sainteté surnaturelle va-t-elle de pair avec les vertus humaines : qui ne trompe pas les hommes ne trichera pas non plus avec Dieu, et la réciproque sera vraie! 

À Paris, une église lui fut dédiée dans le quartier parisien des ferronniers d'art et des ébénistes; l'église Saint-Eloi fut reconstruite en 1967. Une autre église, détruite en 1793, lui était dédiée dans la rue des Orfèvres, près de l'hôtel de la Monnaie. Dans la cathédrale Notre-Dame, dans la chapelle Sainte-Anne, autrefois siège de leur confrérie, les orfèvres et joailliers de Paris ont placé sa statue et restauré son autel.

Saint Éloi est généralement considéré comme le saint patron des ouvriers qui se servent d'un marteau, comme, par exemple, les orfèvres, graveurs, forgerons, mécaniciens, chaudronniers, horlogers, etc.

Nous allons maintenant nous détendre un petit peu. Très populaire, saint Éloi a fait l'objet de nombreux dictons. Nous allons vous en citer quelques-uns:

— Si à la saint Éloi tu brûles ton bois, tu auras froid pendant trois mois. 

— Saint Éloi, de soleil gourmand, nous donne trois jours de beau temps. 

— À la saint Éloi, la nuit l'emporte sur le jour qui luit  et quand arrive la saint Éloi, laboureur, tu peux rester chez toi. 

Et pour conclure, voici:

Saint Éloi le gourmand, sa fête arrive deux fois par an.  

Eh! Oui, saint Éloi a deux fêtes: le 1er décembre et le 29 juin.  

Ces dictons concernent le "Saint Éloi d'hiver" appelé aussi le "Saint Éloi des pauvres", et le "Saint Éloi d'été" ou "Saint Éloi des riches"  fêté le 25 juin. Nous savons que saint Éloi est le saint Patron des orfèvres et des forgerons; il l'est aussi des maréchaux-ferrants, des forgerons, puis par extension par des charretiers, des laboureurs et des cultivateurs.

Paulette Leblanc

 

 

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