Aujourd'hui, nous allons parler de François-Régis Clet.
Attention! Il ne faut pas confondre François-Régis Clet
avec Jean-François Régis, Jésuite apôtre du Velay et du
Vivarais, et qui vécut de 31 janvier 1597 au 31 décembre
1640. Notre François-Régis Clet, enfant de Césaire Clet
et de Claire Bourquy, naquit le 19 août 1749 à Grenoble,
dans le département de l'Isère. Il était le dixième
d'une famille de quinze enfants. Son père, Césaire Clet,
était marchand de toiles à Grenoble. Sa famille
maternelle était apparentée à Henri Beyle (Stendhal).
François
Régis commença ses études au collège de Grenoble, et il
les continua chez les Lazaristes de Lyon. En 1769, âgé
de vingt ans, il entra au séminaire chez les Lazaristes
de Lyon. Là, il fit sa profession religieuse en mars
1771 et fut ordonné prêtre le 27 mars 1773. Il fut alors
envoyé comme professeur de théologie morale au séminaire
d'Annecy. Le Père François-Régis Clet faisait
l'admiration de tous par sa haute vertu et par la
profondeur et la précision de son enseignement. Ses
connaissances, en effet, étaient particulièrement
étendues, à tel point qu'on l'avait surnommé "la
bibliothèque vivante". Quinze ans plus tard, en
1788, le chapitre général de sa Congrégation le nommait
responsable du grand séminaire et de la maison-mère des
Lazaristes, à Paris. Il ne devait pas remplir longtemps
cette charge, car l'année suivante éclatait la
Révolution Française. Le 13 juillet 1789, la Maison
Saint Lazare, ouverte par Saint Vincent de Paul, était
mise à sac. L'avenir en France se faisait sombre. Le
Père Clet pensa qu'il lui restait encore assez de forces
pour travailler à l'apostolat chez les infidèles: il
demanda et obtint la faveur de se consacrer aux missions
de la Chine. En 1791 il partait pour la Chine.
Désirant être missionnaire, le père Clet avait demandé à
partir en mission. Sa demande fut rapidement ac-cordée,
car un bateau était justement en partance pour Macao, au
sud-est de la Chine. Une défection inatten-due facilita
encore les choses. Après six mois de navigation le Père
Clet arriva à Macao le 15 octobre 1791 et il y resta
quelques mois. Il se rendit ensuite, sous un
déguisement, dans la région du Kiang-si (ou Jianhxi): il
était le premier missionnaire européen. Malgré toute son
intelligence et sa ténacité, le Père Clet n'arrivait pas
à apprendre correctement la langue locale; de plus, il
supportait mal le climat. Il partit donc dès 1793, pour
le Hou-kouang, et il devient le supérieur de la mission
où il demeura pendant vingt sept ans pour évangéliser
trois provinces: le Jiangxi, Hubei, et le Hunan. Il
était seul pour administrer plus de dix mille chrétiens
dispersés sur un très grand espace.
La
vie de François-Régis Clet était simple et austère: il
vivait comme les pauvres du pays. Son grand esprit de
mortification s'accommodait des régimes les plus divers,
et c'est à pied qu'il faisait ses longs voyages. Doux et
humble, il montrait cependant une grande fermeté
inspirée par un jugement sain et droit.
Malgré l'état de persécution sourde et permanente qui
sévissait en Chine, le Père François-Régis, grâce aux
précautions prises par les chrétiens pour le soustraire
aux recherches des mandarins, put exercer son ministère
apostolique pendant vingt-sept ans. Il connut les
persécutions de 1805, de 1811, et surtout la grande
persécution de 1818. Trahi par un chrétien, il fut
arrêté en juin 1819 près de Nan-Yang-Fou et jeté en
prison où il endura d’atroces tortures. Puis le
prisonnier dut rejoindre la ville où il devait être
jugé. On le chargea d'une cangue:
instrument de torture
portatif inventé par les chinois et ayant la forme d'une
planche percée de trois trous dans lesquels on
introduisait la tête et les mains du supplicié. On lui
mit aussi
des
fers aux pieds, aux mains et au cou. Ainsi "équipé"
François-Régis Clet dut marcher pendant vingt jours pour
rejoindre la ville de Ou-Tchan-Fou. Durant cette très
pénible épreuve, il eut cependant la consolation de
retrouver un prêtre chinois et dix autres chrétiens,
avec lesquels il pouvait prier.
Notons que pendant le cours de son jugement, François
Régis Clet fut traité avec la plus extrême inhumanité. À
l'un de ses juges, le saint confesseur se permit de
dire: “Mon frère, vous me jugez maintenant, dans peu
de temps mon Seigneur Lui-même vous jugera.”
Quelques mois plus tard, le magistrat, tombé en
disgrâce, était exécuté.
Le Père Clet fut condamné
à mort. En attendant la confirmation de la sentence par
l’empereur, François-Régis écrivit: "Je me prépare à
la mort en répétant souvent avec Saint Paul: ‘si je vis,
c’est pour Jésus-Christ et la mort sera pour moi un
gain'." Enfin, l'empereur Tsiatsïn déclara que
"l'Européen Liou
avait trompé et corrompu beaucoup de monde en prêchant
la religion chrétienne, et qu'il devait être étranglé."
François-Régis Clet fut mis à mort par strangulation le
17 février 1820. Il était âgé de 72 ans, dont vingt-neuf
passés dans la mission de Chine.
Béatifié le 27 mai 1900 par le pape Léon XIII,
François-Régis Clet sera canonisé le 1er
octobre de l'an 2000 avec les cent-vingt Martyrs de
Chine.
Paulette Leblanc |