Frédéric Jansoone
Franciscain, Bienheureux
(
9 novembre 1838 - 4 août 1916)

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AOÛT

Frédéric Jansoone, dernier né d'une famille de huit enfants, est né à Ghyvelde, village du diocèse de Lille, dans le nord de la France, tout près de la frontière belge. Mais, de par ses origines, il est des Flandres belges et sa langue maternelle est le flamand. Son père, Pierre Antoine, est un petit fermier qui travaille dur et finit par parvenir à une certaine aisance. Sa mère, Marie-Isabelle Bollengier est cultivée et raffinée. L’éducation donnée à la famille est stricte, très chrétienne, tant dans le domaine de la charité que de la foi. Toutefois, Frédéric connaîtra vite la souffrance, car son père mourut en 1848 alors qu’il n'avait pas encore 10 ans. 

Frédéric fréquenta l'école de son village natal, puis le collège d'Hazebrouk et l'Institut Notre-Dame-des-Dunes de Dunkerque. C'était un garçon très doué pour les études; en 1852 il avait pu commencer ses Humanités (c'est ainsi que l'on appelait les études secondaires) au collège d'Hazebrouck. mais il dut les arrêter en 1855, afin d’aider sa famille aux prises avec de graves difficultés financières. Il s’engagea alors comme commis-voyageur dans une entreprise de textiles, comme représentant de commerce, domaine où il excella. Pendant sept ans, il travailla. Après la mort de sa mère, en 1861, il put reprendre ses études. Deux ans après, en juin 1864, il entra chez les Franciscains d’Amiens. 

Il fut ordonné prêtre le 17 août 1870. Il exerça alors différents ministères au sein de sa congrégation et devint supérieur à Bordeaux, dans une maison qu'il avait fondée avec deux autres confrères en 1871. En 1876, il fut envoyé en Terre Sainte, où, de 1878 à 1888, il occupa le poste de Vicaire Custodial. Il fut ensuite envoyé au Canada, dans la paroisse de Notre-Dame du Cap, à Trois-Rivières, au Québec.  

Frédéric était arrivé à Notre-Dame du Cap le 13 juin 1888. Le 22 juin, se produisit dans la petite église dédiée à la Vierge du Rosaire au sanctuaire de Notre-Dame du Cap, un miracle étonnant, appelé plus tard "Le prodige des yeux". Vers 19 heures, trois hommes priaient dans la petite église: le curé Désilets, le père Frédéric et M. Pierre Lacroix. Pendant qu'ils priaient il se produisit un évènement que le Père Frédéric a lui-même raconté : "La statue de la Vierge, qui a les yeux entièrement baissés, avait les yeux grandement ouverts; le regard de la Vierge était fixe; elle regardait devant elle, droit à sa hauteur. L'illusion était difficile: son visage se trouvait en pleine lumière par suite du soleil qui luisait à travers une fenêtre et éclairait parfaitement tout le sanctuaire. Ses yeux étaient noirs, bien formés et en pleine harmonie avec l'ensemble du visage. Le regard de la Vierge était celui d'une personne vivante; il avait une expression de sévérité, mêlée de tristesse. Ce prodige dura approximativement de cinq à dix minutes.

Que fut la vie de Frédéric au Québec?

Tout d'abord de nombreuses prédications: au Cap-de-la-Madeleine, au sanctuaire de la Réparation à Pointe-aux-Trembles à Montréal, chez les Franciscaines Missionnaires de Marie à Québec et dans toute la province. Il écrivit aussi des articles pour les Annales du Très Saint Rosaire et la Revue eucharistique, revues qu'il avait fondées en 1892, et de nombreuses autres revues populaires de piété. Il rédigea aussi des livres d'édification comme La vie de Notre-Seigneur et la Vie de Saint François.  Enfin, notre bienheureux s'impliquait beaucoup dans la gestion, la direction et le financement du Commissariat de Terre Sainte, ainsi que dans le soutien et le développement des pèlerinages au sanctuaire de Notre-Dame-du-Cap.

Un professeur, Hermann Giguère, associé à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval et supérieur général du Séminaire de Québec écrira de lui: "Le Père Frédéric représente bien cette spiritualité de la renaissance catholique du milieu du XIXème siècle fondée sur les confréries, sur la prédication visant la conversion et sur la fidélité aux obligations de la religion." Hermann Giguère écrivit aussi: "Son originalité restera d'avoir donné jusqu'au bout le témoignage de la primauté du surnaturel et du spirituel ardemment défendu et annoncée à des milliers de gens dans un langage populaire et avec des moyens qui les rejoignaient et les nourrissaient."

Lorsque les Oblats de Marie Immaculée le relayeront, en 1902, la vie du Père Frédéric Jansoone, fut, jusqu'à sa mort, fortement liée à la communauté de la Basilique Notre-Dame du Cap. Frédéric Jansoone mourut le 4 août 1916, á Montréal, d'un cancer à l'estomac, à l'âge de 77 ans. Son corps fut transporté à Trois-Rivières et enseveli dans la chapelle Saint-Antoine (crypte de la chapelle des Franciscains).

Frédéric Jansoone fut béatifié le 25 septembre 1988  à Rome  par Jean Paul II. Sa fête, au Canada est le 5 août. Ailleurs, c'est le 4 août.

Quelques compléments sur les actions de Frédéric Jansoone

Nous savons que Frédéric Jansoone fut ordonné prêtre à Bourges le 17 août 1870, juste avant la guerre franco-allemande. Sa date d’ordination avait été avancée, afin de lui permettre d’exercer des fonctions sacerdotales comme aumônier dans un hôpital militaire. Après quoi, il fut supérieur à Bordeaux, puis envoyé en Palestine où de nombreux franciscains tenaient la “Custodie de Terre Sainte”. Nommé assistant du supérieur ou ‘gardien’ il eut à assumer de lourdes responsabilités matérielles. Ainsi, c'est à lui que l’on doit la construction de l’église Sainte Catherine de Bethléem (où se célèbre chaque année, en mondovision, la messe de minuit de Noël). Avec un sens diplomatique aigu il s’ingénia aussi à établir des accords entre les différentes confessions chrétiennes, notamment pour leur présence respective dans la basilique du Saint-Sépulcre et celle de Bethléem. Il fit de grandes recherches d’archives et publia une synthèse qui est encore la base de la gestion des sanctuaires de Palestine. Il animait aussi de nombreux pèlerinages, ce qui lui donna l’occasion de rencontrer un prêtre canadien.

Frédéric fut envoyé par ses supérieurs au Québec, en 1881; deux mandats lui étaient confiés: instaurer là-bas la quête du Vendredi-Saint en faveur des Lieux-Saints et visiter les fraternités du Tiers Ordre Franciscain afin d'évaluer les possibilités d'une restauration de l'ordre des Frères mineurs au Canada (le dernier Franciscain, un Récollet, était mort en 1849). Après un nouveau séjour en Terre Sainte, Frédéric revint au Québec,  avec la mission de mettre sur pied un Commissariat de Terre sainte à Trois-Rivières, en attendant qu'il soit possible d'établir une communauté régulière, ce qui fut fait en 1903. Ce sera la première maison franciscaine depuis 1849. Le Père Frédéric prêchait dans tous les diocèses du Québec et jusqu'en Nouvelle-Angleterre; sa prédication, toute franciscaine, était basée sur la Passion et la Résurrection; elle se voulait  simple mais non dépourvue de sentiments, et qui provoquait souvent les larmes des auditeurs.

Jean-Paul II dira de lui: "Il ne cesse d’entraîner ceux qui l’écoutent à s’engager dans la vie évangélique selon les voies tracées par le Tiers-Ordre franciscain et tout autant dans l’apostolat très concret de la vie familiale et professionnelle." 

Il célébrait l’Eucharistie avec une ferveur émouvante. Sa vie montre bien que "l’esprit de contemplation, loin de freiner le zèle apostolique, le fortifie." Directeur des pèlerinages au sanctuaire de Notre Dame du Rosaire, à Cap-de-la-Madeleine, il joua un rôle important dans le développement du culte marial au Québec. Malgré son activité débordante, le Père Frédéric maintenait en lui un esprit de prière et de pénitence hors du commun. Son austérité de vie, son extrême pauvreté, son amour de prédilection pour les pauvres, sa bonté toute simple, sa patience et sa sérénité dans les épreuves, toutes ces vertus l'ont fait comparer à un nouveau François d'Assise. Il contribua largement à répandre l'esprit franciscain au Canada et donna une impulsion décisive à la restauration de l'Ordre franciscain dans ce pays.

 

 

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