Gérard de Brogne
Fondateur de l'Ordre de Malte, Bienheureux
dates incertaines

3

OCTOBRE

Nous sommes le 3 octobre. Nos calendriers indiquent que c'est le jour de la saint Gérard. Pour préparer cette émission, nous sommes allés consulter Internet qui, le plus souvent, nous donne de bonnes indications pour, au moins, commencer correctement la vie du saint dont on rappelle ce jour-là la mémoire, et la replacer dans l'Histoire. Las! Aujourd'hui, nous sommes bien embarrassés. Il y a de nombreux Gérard... Lequel choisir? Oui, lequel choisir, d'autant plus que, pour plusieurs d'entre eux, beaucoup de contradictions se manifestent. Quant aux dates, mieux vaut n'en pas parler… Que faire? Abandonner Gérard? Nos amis Gérard seraient bien déçus.   

Que faire? Après avoir lu et relu de nombreux textes, je me suis dit que le mieux serait d'abord de présenter, rapidement car il est impossible de faire autrement, le saint Gérard dont l'œuvre et la date de la mort sont à peu près sûrs: Gérard de Brogne, fondateur de l'abbaye de Brogne, décédé un 3 octobre. Saint Gérard de Brogne serait né vers 890. Il serait décédé vers 959. Il était le neveu de l'évêque de Liège. Ses parents possédaient la terre de Brogne, dans la province de Namur à quelques kms au nord-est de Maredsous. Ce grand domaine agricole, enclavé dans la forêt de Marlagne, était très étendu à cette époque. 

La vie de Gérard commença d'abord par la carrière des armes, auprès du comte de Namur, Béranger. Après la mort de son père, suite à une vision, il décida de se faire bénédictin. Il s'initia d'abord à la vie monastique à Saint Denis près de Paris, puis fonda une abbaye sur son domaine familial: l'abbaye de Brogne, dont il devint l'abbé en 923. À la demande du comte de Flandre, Gérard fut conduit à réformer de nombreuses abbayes de la région. Les princes de l'époque, en effet, sans être des saints, veillaient à la bonne tenue des monastères dans leurs états. Nous sommes presque certains que Gérard réforma l'abbaye de Saint-Ghislain ainsi que les deux abbayes de Gand, Saint-Bavon et Saint-Pierre, et celles de Saint-Bertin et de Saint-Amand

C'est sur la réforme de Saint-Bertin, en 949, que nous sommes le mieux informés, grâce à une chronique de Folcuin, moine de cette abbaye, écrite en 961-962. Selon lui, Gérard, premier abbé du monastère qu'il avait construit à Brogne, "travailla à restaurer la discipline monastique en Flandre et en Lotharingie, et ramena plusieurs monastères à l’observance primitive de la Règle."  

On peut ajouter que Gérard sut rétablir la discipline religieuse dans les monastères qui lui étaient confiés, en expulsant parfois des moines récalcitrants. Par ailleurs, l'œuvre de Gérard comporta également des aspects pratiques: renouvellement de la vie intellectuelle et liturgique notamment, à quoi il faut ajouter la prospérité matérielle des monastères. Gérard travailla aussi pour que monastères recouvrent leur indépendance vis-à-vis des seigneurs locaux. En effet Gérard prévenait ses moines: "Ne soyez ni trop riches ni trop nombreux, mes fils. Souciez-vous de la qualité plus que du nombre! Croyez-moi, la richesse et la prospérité attirent infailliblement la convoitise des princes." 

Gérard de Brogne, qui malgré toutes ses responsabilités avait su rester un moine doux et conciliant, s'endormit dans la paix dans son abbaye de Brogne. Il fut canonisé en 1131. Au XIIème siècle, la localité de Brogne, prit le nom de saint-Gérard. Voilà pour Gérard de Brogne, notre saint d'aujourd'hui. Mais comme nous ne voulons pas faire de jaloux, nous allons citer quelques autres saints ou bienheureux Gérard.

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Tout d'abord, voici Saint Gérard de Clairvaux. Gérard de Clairvaux, frère aîné de saint Bernard, aurait longtemps hésité à suivre son frère, chez les cisterciens. Il serait mort en 1138, en Italie, alors qu'il accompagnait son frère, saint Bernard, dans l'un de ses voyages.  

Voici maintenant Frère Gérard ou Pierre-Gérard de Martigues qui aurait fondé, à Jérusalem, vers 1113, un hôpital destiné à accueillir les pèlerins et à soigner les malades. Il fut aussi le fondateur de l'Ordre souverain militaire, hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, au début du 12ème siècle. Aujourd'hui, nous connaissons cet ordre sous le nom d'Ordre de Malte. Nous ne savons presque rien de Frère Gérard, sinon qu'il faisait l'admiration de tous ses aides et de ses confrères, en raison de sa foi et de sa bonté. Il serait décédé le 3 septembre 1120. Le Frère Gérard est considéré comme bienheureux par l’Église catholique. 

Attention! En raison d'une erreur de traduction, Frère Gérard de Martigues est souvent appelé Gérard Tenque ou Tum, ou Tune, ou encore Thom. Cette erreur ne fut relevée qu'en 1885, par Ferdinand de Hellwald. 

Maintenant nous vous devons quelques petites remarques: 

1°Les restes de Frère Gérard, probablement transférés, dès 1283, de Terre Sainte en Provence par les Hospitaliers, ont été conservés à Manosque pendant tout le moyen-âge jusqu'à la Révolution qui les détruisit; deux parcelles seulement furent sauvées et restèrent à Manosque. 

2°C'est une tradition universelle qui a béatifié Frère Gérard, et c'est avec l'auréole de la sainteté que son souvenir nous est parvenu. Les preuves absolues de la canonisation de Gérard manquent; mais le culte séculaire dont il fut l'objet pendant tout le moyen-âge est l'indice de la récompense céleste que la voix populaire attribua à ses vertus. Pour Gérard, l'épithète persistante de bienheureux (beatus), sous laquelle sa mémoire traversa les siècles, milite en faveur de sa canonisation. On sait que pendant le haut moyen-âge le terme beatus équivalait à celui de sanctus.  

Nous avons trouvé un autre Gérard: Gérard, moine bénédictin.

Le monastère de Seyr, près de La charité sur Loire, fondé en l'an 700, avait été détruit à plusieurs reprises par les Arabes et par les Barbares.  Saint Hugues, abbé de Cluny, envoya à Seyr, vers 1052-1056, le moine Gérard pour y fonder un nouveau monastère. Les pères de ce monastère  dont Gérard fut le premier prieur, dispensèrent aux pauvres tant d'amour, que Seyr changea de nom pour s'appeler La charité sur Loire. Si grande était la réputation de sainteté de ce moine Gérard, qu'il fut appelé pour fonder de nouveaux monastères à Auxerre, Nevers, Bourges, Meaux, Paris, etc. ... Lorsqu'il sentit sa fin approcher, il demanda à redevenir simple religieux à la Charité-sur-Loire où il s'endormit dans la paix du Seigneur.   

Et nous avons encore un autre bienheureux Gérard, contemporain, celui-là. Il s'agit du Bienheureux Gerhard Hirschfelder, (1907-1942), victime du nazisme. Prêtre, il résista au nazisme et mourut dans le camp de concentration de Dachau. Gerhard Hirschfelder fut béatifié à Münster le 19 septembre 2010 par le cardinal Meisner au nom du Pape Benoît XVI. Le 13 septembre 2010, le pape Benoît XVI, dit de lui: ""En contemplant ces figures de martyrs, il apparaît de façon toujours plus claire et exemplaire que certains hommes, en vertu de leur conviction chrétienne, sont disposés à donner leur vie pour la foi, pour le droit d’exercer librement leur croyance, pour la liberté d’expression, pour la paix et pour la dignité humaine..."

Paulette Leblanc

 

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