En
dehors des grands événements de son pontificat, on ne
connaît que très peu de choses de la vie intime de saint
Grégoire II, 89e
pape. Attention, il ne faut pas confondre Grégoire II,
notre saint d'aujourd'hui, avec saint Grégoire 1er
le Grand qui fut le 64e
pape, de 590 à 604, et dont la fête est le 3 septembre.
Le
saint qui nous concerne aujourd'hui, le pape Grégoire
II, serait né à Rome en 669. Il fut, à la fois
sacellaire, c'est-à-dire
haut responsable
financier de l'administration byzantine qui était
chargée, à l'origine, de la gestion du sakkellion, la
cassette, c'est-à-dire les problèmes financiers. Outre
cette fonction de sacellaire, Grégoire était
bibliothécaire de l'Église romaine. Encore diacre, il
aurait participé à des discussions entre l'Église
romaine et l'empereur de Byzance vers 692, discussions
qui révélèrent les dissensions existant déjà entre
l'Église de Rome et Byzance.
L'empereur de Byzance, Justinien II, qui régna de 685 à
695, voulait imposer ses taxes sur les territoires
soumis à la juridiction du Pape. Il en résulta des
conflits locaux qui s'étendirent rapidement au domaine
théologique lorsque l'empereur, prenant position dans le
domaine dogmatique, attaqua le culte des saintes Images
et déposa le patriarche de Constantinople. De militaire,
le conflit devint ainsi également doctrinal. L'exarque
de Ravenne, qui soutenait alors le Pape, réussit à
empêcher les Lombards, encore païens, de prendre part
aux campagnes militaires. Malgré tant de soucis, saint
Grégoire n'oubliait pas l'évangélisation des peuples
germaniques, et il accepta, et mandata, la mission de
saint Boniface. Du pontificat de Grégoire II, on retient
surtout cela et son combat pour le culte des icônes.
Voyons d'abord le souci de Grégoire II pour
l'évangélisation des peuples. Ordonné pape
le 19 mai 715, après 40 jours de vacance du Saint-Siège,
Grégoire II, dès la première année de son pontificat,
envoya Corbinien en mission évangélique en Allemagne.
Qui, en France, connaît saint Corbinien? Né en France,
dans le département de l'Essonne, Corbinien avait créé,
en 680, un monastère à Saint Germain Lès Arpajon. En
716, venu à Rome pour rencontrer le pape, il y fut sacré
évêque, par Grégoire II qui l'envoya en Bavière dans le
but d'évangéliser ce pays encore païen et fonder le
diocèse de Munich-Freising.
Revenons à Grégoire II. En 718, il demanda à Petronax de
redonner vie à l’Abbaye du Mont-Cassin, qui avait été
détruite par les Lombards 140 ans auparavant, en 580.
Saint Pétronax, moine bénédictin, est considéré comme le
second fondateur de l'abbaye du Mont Cassin.
Le 15 mai 719, Grégoire II confiait à Wynfrid de Wessex,
mieux connu sous le nom de saint Boniface de Mayence, la
mission d’évangéliser la Hesse et la Thuringe.
Mais
les querelles byzantines se faisaient de plus en plus
précises et graves, notamment pour ce qui concernait le
culte rendu aux icônes. De 717 à 741, régna l'empereur
Léon III dit l'Isaurien, c'est-à-dire le Syrien. Or, en
727, Léon III "invitait" Grégoire II à adhérer à ses
édits iconoclastes sous peine de déposition immédiate.
Grégoire II refusa et excommunia l'exarque de Ravenne
chargé d'exécuter ces édits. Grégoire, soucieux de
l'évangélisation des peuples, se tourna alors vers
l'Occident, au détriment des querelles byzantines. Il
insista fortement pour que les fidèles se gardent de
l'hérésie proclamée par l'empereur et empêcha les
Romains de payer l'impôt à Byzance. S'ensuivit toute une
série de conflits plus ou moins locaux.
En
728, Luitprand, roi des Lombards, prit Ravenne, et,
s'allia au pape à qui il fit don de Sutri et de son
territoire, situés dans la province de Viterbe, dans le
Latium (Italie centrale). Mais, un an plus tard, les
troupes de Luitprand et d'Eutychius, nouvel exarque de
Ravenne envoyé par Léon III, se présentèrent devant et
contre Rome. Alors, Grégoire II implora le secours de
Charles Martel, mais sans succès. Il décida donc d'aller
lui-même à la rencontre du roi Lombard, et parvint à le
convaincre d’abandonner le siège de Rome.
Mais
le pape Grégoire II épuisé par un pontificat aussi
éprouvé, décéda bientôt, le 11 février 731. Son
successeur Grégoire III, pape de 731 à 741, poursuivit
l'œuvre de son prédécesseur: il affronta Luitprand et
frappa les iconoclastes d'excommunication.
Grégoire II fut canonisé le 13 février 731, deux jours
seulement après sa mort.
Paulette
Leblanc |