Louis-Marie
Grignion de Montfort
Prêtre, Fondateur, Saint
(1673-1716)

Le triomphe du Cœur de Jésus et de
la dévotion à la Sainte Vierge

Paradoxalement le siècle des encyclopédistes, dit Siècle des Lumières, fut aussi celui du triomphe du Cœur de Jésus. Mais le siècle précédent, “Siècle” de l’École Française de Spiritualité, avait longuement préparé cet avènement. De nombreux saints et saintes de cette époque avaient, comme saint Jean Eudes, Claude la Colombière et Marguerite-Marie, largement contribué à promouvoir le culte et l’adoration du Cœur de Jésus.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716), considéré comme le grand apôtre de Marie, a, lui aussi, amoureusement prêché l’Amour de Dieu et le Cœur de Jésus, tout au long de ses missions populaires. Il les a aussi proclamés ou chantés, soit dans ses écrits, soit dans ses cantiques aux strophes riches de théologie. Ainsi quelques-uns de ses très nombreux cantiques en effet, notamment le cantique 131, sont nettement orientés vers le culte au Cœur Eucharistique de Jésus: Louis-Marie Grignion de Montfort nous invite à reconnaître le Sacré-Cœur dans le Saint-Sacrement.

Le Cœur de Jésus est, par excellence, l’Adorateur du Père et le Médiateur de la Nouvelle Alliance. Cependant on ne peut pas séparer Jésus de sa Mère. Aussi la relation entre les Cœurs de Jésus et de Marie, dans le contexte eucharistique, est-elle fréquemment abordée par l’apôtre de la Sainte Vierge. 

Les populations de l’Ouest de la France, évangélisées par Grignion de Montfort, mémorisèrent sans effort, grâce à ses chants simples mais hautement théologiques, non seulement la catéchèse enseignée par l’Église, mais également les mystères de Dieu, et les mystères du Cœur de Jésus et de Marie. Sans le savoir Grignion de Montfort, poursuivant l’œuvre des grands acteurs de l’École Française,   préparait les populations de l’Ouest de la France et les générations suivantes, à affronter la tourmente révolutionnaire.

 

Nota:  Toutes les citations qui suivent, des écrits de Grignion de Montfort, ont été extraites des “Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil. Certains des éléments concernant sa vie proviennent de la Petite vie de L.-M. Grignion de Montfort de René Laurentin, publié par Desclée de Brouwer

1
Quelques aperçus de la vie de Louis-Marie Grignion de Montfort
[1]

 

1-1-La petite enfance

Louis-Marie est né à Montfort-La-Cane, en Bretagne, à 20 kilomètres de Rennes, le 31 janvier 1673. Il fut immédiatement placé en nourrice, et passa son enfance à Iffendic.

Son père, Jean-Baptiste, (1647-1716) de petite noblesse terrienne,   était avocat. Sa mère (1649-1718) a deux frères prêtres. Elle aura quatorze enfants. L’aîné étant mort à cinq mois, avant la naissance de Louis-Marie, c’est ce dernier qui sera considéré comme l’aîné de la famille dans laquelle on comptera trois prêtres, dont Louis-Marie, et deux religieuses.

On ne connaît que peu de choses de l’enfance de Louis-Marie, sauf peut-être son amour pour la pauvreté et pour tous les pauvres...

1-2-La jeunesse de Louis-Marie Grignion de Montfort

      1-2-1-L’adolescent

Louis-Marie quitte sa famille (qui compte déjà douze enfants) à l’âge de onze ans, pour aller à Rennes, dans un collège tenu par les Jésuites. Il loge chez son oncle prêtre. Il fut un élève intelligent, studieux, déjà enflammé de l’amour de Dieu. Dans ce collège Louis-Marie connut celui qui deviendra son ami, Claude-François Poullart des Places (1679-1709) futur fondateur de la Congrégation du Saint-Esprit: les Spiritains.

Il convient de noter que deux pères du collège, les Pères Bellier et Nepveu, très dévots à la Sainte Vierge, avaient déjà mis en honneur, un acte d’offrande de soi-même, en qualité d’esclave, de la Sainte Vierge, pour honorer sa maternité. 

      1-2-2-Le séminariste

En 1792, à presque vingt ans, Louis-Marie entre au séminaire, à Paris. Il veut être prêtre pour les pauvres; aussi, délibérément, choisit-il l’établissement fondé par le sulpicien Mr. de la Barmondière, pour les écoliers pauvres, au bout du jardin des petit et grand séminaires Saint-Sulpice. M. de la Marmondière estimait, en effet, que la pauvreté était une fidélité intégrale à l’Évangile. Le règlement de cet établissement comportait le conseil suivant:

“Ils auront une très grande dévotion envers la Très Sainte Vierge, qu’ils honoreront comme la maîtresse de cette maison.”

Louis-Marie a découvert sa voie: elle passera par Marie. La mort du Père de la Barmondière, le 18 septembre 1694 l’affecte beaucoup, mais il s’abandonne à Dieu. Il écrit[2], parlant du défunt: “Il avait eu la bonté de me recevoir pour rien... Il m’a fait tant de bien, il a vécu en saint, et il est mort en saint... Je ne sais pas encore comment tout ira... Quoiqu’il m’arrive, je ne m’en embarrasse pas. J’ai un Père dans les cieux qui est immanquable. Il m’a conduit ici, il m’y a conservé jusqu’ici. Il le fera encore avec ses miséricordes ordinaires. Quoique je ne mérite que des châtiments pour mes péchés, je ne laisse pas de prier Dieu et de m’abandonner à sa Providence.”

Après la mort du Père de la Barmondière, Louis-Marie s’en alla dans l’établissement de M. Boucher, encore plus pauvre. Mais la nourriture y était telle que bientôt il fut terrassé par la maladie. Il passa alors au petit Saint Sulpice.

Il convient de noter que dès cette époque, la vie trop sainte de Louis-Marie Grignion de Montfort, qui se nourrissait des écrits du Père Surin[3] commença à déranger: contradictions et moqueries ne lui manquèrent pas.

      1-2-3-La dévotion à la Vierge Marie

Marie était sa maîtresse, sa mère, son icône intérieure, et c’est Jésus qu’il trouve en elle. Il écrivit dans son premier ouvrage, Le secret de Marie:

                        Elle est mon Arche d’alliance
                        Où je trouve la sainteté...
                        Elle est ma divine oratoire,
                        Où je trouve toujours Jésus.
                        J’y prie avec beaucoup de gloire.
[4]  

En 1699 il fit, à pied, au nom du Séminaire, le pèlerinage à Notre-Dame de Chartres.

Il fut bientôt chargé de la Bibliothèque du séminaire où il découvrit Le petit psautier de la Vierge,[5] dans lequel il lut la formule qu’il citera souvent: “Totus tuus”. Il aimait aussi beaucoup cette citation de Bérulle: “Nous sommes obligés d’être esclaves de Jésus et de Marie par naissance et par renaissance: c’est-à-dire le baptême. Cette servitude n’est que le vœu du baptême.”

1-3-Le prêtre

      1-3-1-Le jeune prêtre

À cette époque, il fallait, pour être ordonné prêtre, justifier d’une rente assurant sa subsistance. Tout en y répugnant, par amour de la pauvreté, Louis-Marie fut donc obligé de prendre possession de la “chapellenie”, de 100 livres, de Saint Julien de Concelles, près de Nantes. Il fut ordonné prêtre le 5 juin 1700, et célébra sa première messe dans la chapelle de la Vierge, dont il avait eu la charge, en l’abside de Saint Sulpice.

      1-3-2-Quelle sera la mission de Louis-Marie Grignion de Montfort?

Le désir de Louis-Marie, après son ordination, aurait été de partir en mission lointaine. Son directeur spirituel s’y opposa. On aurait bien voulu en faire un sulpicien tant son intelligence et sa charité étaient exceptionnelles: mais, il était tout de même trop original!... Pourtant le peuple, mal formé, mal catéchisé avait  besoin de missionnaires. Louis-Marie s’inquiétait; il était mal dans sa peau. C’est alors que survint un événement décisif.

Nous sommes en avril 1701. Louis-Marie est à Fontevrault, invité à la prise d’habit de sa sœur Sylvie. Là, il rencontre Mme de Montespan, l’ancienne maîtresse de Louis XIV, devenue plus sage. Elle s’intéressa au jeune prêtre et le mit en relation avec l’évêque de Poitiers. À Poitiers, Louis-Marie fut bientôt envoyé à l’hôpital pour y servir les pauvres. Le désordre était grand dans l’administration de l’hôpital, et Louis-Marie, qui essayait de faire quelques réformes, dut partir; mais, curieusement, quelques jours après, l’intendant-économe, malade, mourait; quant à la directrice, jeune et pleine de santé, elle mourut aussi, subitement.

Montfort a vingt neuf ans. Il est estimé de tous: malades, pauvres et soignants. Il tente de fonder, avec quelques femmes pauvres, une communauté de religieuses. C’est là aussi qu’il rencontra Marie-Louise Trichet (7 mai 1684-28 avril 1759) la future fondatrice des Filles de la Sagesse, et Catherine Brunel.

En mars 1703, Louis-Marie Grignion de Montfort, de nouveau fortement contesté, doit quitter Poitiers. Marie-Louise Trichet reste, mais la vie ne lui sera pas facile. À plusieurs reprises elle tenta d’entrer dans divers couvents, mais toujours sans succès: elle demeura donc à l’hôpital, selon la consigne que lui avait donnée le Père de Montfort: “Ma fille, ne quittez pas cet hôpital durant dix ans.”

Les épreuves continuent. Voici le Père de Montfort à Paris, à la Salpêtrière où la misère des pauvres est extrême. Il reste avec eux pendant quatre mois, mais bientôt on le chasse. De décembre 1703 à mars 1704, il erre dans Paris, raillé, moqué, méprisé par ses confrères. Il songe à quitter le ministère... Heureusement les ermites du Mont Valérien, qui cherchent un soutien spirituel, le prennent dans leur communauté. On pense que c’est à ce moment qu’il écrivit L’amour de la Sagesse éternelle.

Mars 1704. Les pauvres de Poitiers multiplient les actions pour faire revenir vers eux “celui qui aime les pauvres.” Son retour à Poitiers est triomphal. Il remédie aux désordres de l’hôpital, puis son évêque, Mgr Claude de La Poype, accepte sa proposition de donner des missions dans son diocèse. Louis-Marie Grignion de Montfort a enfin trouvé sa voie... Il multiplie ses activités dans les quartiers pauvres: il catéchise, pourchasse l’ivrognerie et les blasphèmes, et écrit des cantiques sur les airs à la mode.

Tout semble bien aller, mais on ne veut plus de lui à l’hôpital... Le Père de Montfort va pouvoir réaliser sa vraie vocation: les missions. Mais il est dénoncé à son évêque, pour une curieuse histoire de livres infâmes brûlés sur la place publique, et il est expulsé. Où aller? Tous ses horizons sont bouchés. Au printemps 1706, Louis-Marie, désespéré part à Rome, à pied. (1500 kilomètres) Le 6 juin 1706 il est reçu par le pape Clément XI qui lui impose de rester en France et d’y prêcher des missions.

Louis-Marie a trente trois ans. Il ne lui reste que dix ans à vivre!

1-4-Enfin missionnaire (1706-1716)

Rentré en France, ayant enfin trouvé sa véritable vocation et bénéficiant de la bénédiction du pape, Louis-Marie s’attelle à la tâche. On le trouve à Dinan, à Saint-Brieuc, à Saint-Lô, Rennes, Nantes, Poitiers, Luçon, La Rochelle, Rouen et même à Paris...

Il est très demandé: il prêche, confesse, suscite de vraies conversions, et est à l’origine de bien des réconciliations. Mais il est aussi très redouté: il applique l’Évangile avec trop de radicalité. À sa mère, il écrit le 28 août 1704: “J’ai épousé la Sagesse et la Croix où sont tous mes trésors temporels et éternels de la terre et des cieux, mais si grands que, si on les connaissait, Montfort ferait envie aux riches et aux plus puissants rois de la terre. Personne ne connaît les secrets dont je parle, ou du moins très peu de personnes. Vous les connaîtrez dans l’éternité, si vous avez le bonheur d’être sauvée, car peut-être ne le serez-vous pas; tremblez et aimez davantage.”

Missionnaire en France, le Père de Montfort rencontrera toujours de nombreuses contradictions. Cependant, malgré toutes ces épreuves,  malgré les incompréhensions qui l’entravent, et même une tentative d’empoisonnement!... il poursuit ses missions.

Les conversions se font nombreuses, même parmi les calvinistes. On parle de guérisons miraculeuses, d’apparitions de la Vierge Marie. À l’automne 1712, il écrit le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge. Mais la publication fait problème: aussi de Montfort gardera-t-il secret son manuscrit.[6] 

C’est le pape qui fit de Louis-Marie Grignion de Montfort, à une époque où il cherchait sa voie, le missionnaire apostolique de la France.

Louis-Marie savait utiliser l’art populaire au profit de l’évangélisation: il composait des cantiques sur des chansons à la mode. Il utilisait des ritournelles pour faire passer ses messages. Il organisait des processions costumées qui plaisaient au peuple, en en faisant des repères pour la vie chrétienne... Il avait compris que l’homme n’est pas un pur esprit, et qu’il faut utiliser le corps pour rapprocher de Dieu l’être humain tout entier.

1-5-Les grandes épreuves

On ne peut pas passer sous silence la grande souffrance que vécut Louis-Marie lors de la clôture de la mission de Pontchâteau. Montfort avait mobilisé la population pour édifier un monumental Calvaire destiné à évoquer toute l’histoire de notre salut. L’inauguration était prévue pour le 14 septembre 1710, fête de la Sainte Croix. Mais, pour des raisons que nous ignorons, des dénonciations pleuvent: il faut démolir ce Calvaire qui pourrait “devenir un asile de bandits ou de mutins rebelles!!!...”

Le 13 septembre au soir, l’évêque interdit la bénédiction et ordonne la démolition... Louis-Marie pleura, mais se soumit. Sommé de disparaître, il se réfugie chez les Pères Jésuites, puis se replie sur Nantes pendant quelques mois, car son activité est bloquée partout. Cela lui donna le temps de fonder un hospice, car il n’en existait pas à Nantes, et d’écrire Le Secret de Marie.

Au début de 1711, Nantes est inondé. Louis-Marie se trouve parmi les sauveteurs.. Enfin, le 9 mai, il est reçu en audience par l’évêque de La Rochelle qui lui confie de nouvelles tâches. Montfort  multiplie les missions mais, de nouveau, ses adversaires se mobilisent: il ne fait pas bon être fidèle à l’Amour et à la volonté de Dieu! Un soir, le Père de Montfort est victime d’une tentative d’empoisonnement; il s’aperçoit que le bouillon qu’on lui a tendu et qu’il boit, est suspect. Mais le mal était fait, et sa santé va se détériorer très rapidement...

1-6-Les fondations

Le temps passait. Montfort était atterré par l’immensité du travail à faire, vu l’état d’abandon dans lequel se trouvait le peuple. Par ailleurs ses forces déclinaient rapidement, conséquence de la tentative d’empoisonnement dont il avait été victime. Il devait agir vite et tenter de sauvegarder son œuvre.

      1-6-1-En 1713

– Début 1713, il rédige les règles de la future Compagnie de Jésus, en vue des missions.

– Marie-Louise Trichet l’attend toujours à Poitiers, depuis 10 ans. Le Père de Montfort lui demande de rester à l’hôpital...

– Toujours en 1713, Montfort présente ses projets missionnaires à la Communauté du Saint-Esprit, fondée par son ami, Claude Poullard des Places.

      1-6-2-En 1714

– Montfort fonde, à la Rochelle, une école pour les enfants pauvres. Caractéristique essentielle: qui peut payer n’est pas admis.

– En juin ou juillet 1714, il fait une retraite chez les Pères Jésuites, puis, suppose-t-on, il rédige sa Lettre aux amis de la Croix. Louis-Marie a 41 ans. Il rencontre ensuite son ami, le chanoine Jean-Baptiste Blain à Rouen et, après lui avoir parlé de sa grande destruction, (le poison mis dans son bouillon, à La Rochelle) et écouté les remontrances de son ami, il déclara: “...Comme il y a plusieurs demeures dans la maison du Père céleste, il y a aussi plusieurs voies pour aller à Lui. Je les laisse marcher dans la leur. Laissez-moi marcher dans la mienne: celle que Jésus a enseignée par son exemple et par ses conseils... La plus courte... est la plus parfaite pour aller à Lui.”

Pour justifier les singularités dont on l’accusait, il répliqua “que s’il avait des manières singulières et extraordinaires, c’était bien contre son intention; que, les tenant de la nature, il ne s’en apercevait pas, et qu’étant propres à l’humilier, elles ne lui étaient pas inutiles; qu’au reste il fallait s’expliquer sur ce qu’on appelle “manières particulières et extraordinaires”, que si l’on entendait par là des actions de zèle, de charité, de mortification et d’autres pratiques de vertus héroïques et peu communes, il s’estimerait heureux d’être en ce sens singulier, et que si cette sorte de singularité était un défaut, c’était le défaut de tous les saints; qu’après tout on acquérait à peu de frais dans le monde le titre de singulier et qu’on était sûr de cette dénomination pour peu qu’on ne voulût pas ressembler à la multitude...” [7] 

C’est que le radicalisme évangélique de Louis-Marie était ressenti comme une leçon et un reproche. Son souci principal, essentiel, qui  qui bousculait le monde, c’était le salut de ses frères, de tous ses frères... Il n’était ni violent, ni sectaire: il était simplement logique avec sa foi et avec l’amour de Dieu qui lui brûlait le cœur.

      1-6-3-En 1715

En février, le jeune prêtre, Adrien Vatel devient le premier disciple de Louis-Marie. Bientôt ce sera le tour de René Mulot qui sera le premier supérieur de la Compagnie de Marie, les Pères Montfortains.

Le 23 mars, il donne ordre à Marie-Louise Trichet de quitter Poitiers et de le rejoindre à La Rochelle avec Catherine Brunet. Marie-Louise est nommée supérieure des Filles de la Sagesse. Le 1er août, Mgr de Champflour, évêque de La Rochelle, approuve les règles de la Sagesse.

Les missions se succèdent... Montfort trouve cependant le temps d’envoyer aux Filles de la Sagesse, son Livre L’Amour de la divine Sagesse. Et il envoie cette consigne à la Confrérie des Pénitents Blancs qu’il a fondée à Saint Pompain: “Vous n’aurez d’autre vue en ce pèlerinage que d’obtenir de Dieu, par l’intercession de la Sainte Vierge, de bons missionnaires, qui marchent sur les pas des apôtres, par un entier abandon à la Providence.” Mais la santé du Père de Montfort est ruinée. Son corps est usé, et il le sait. Pourtant, il continue sa tâche...

      1-6-4-En 1716

Les missions de Vouvant, de Saint-Pompain, de Villiers-en-Plaine sont des succès remarquables... Le 5 avril, début de la mission de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Montfort continue à prêcher. Mais le 22 avril il doit s’arrêter... Le 27 avril il dicte son testament à René Mulot et lui demande d’accepter sa succession et d’accompagner les Filles de la Sagesse.

Le 28 avril 1716, Louis-Marie Grignion de Montfort expirait. Plus de dix mille personnes l’accompagnèrent jusqu’à sa sépulture, dans la chapelle Notre-Dame de l’Église de Saint-Laurent-sur-Sèvre.

2
Le Message et la théologie de Louis-Marie Grignion de Montfort

2-1-Le message de Louis-Marie

Louis-Marie Grignion de Montfort fut, durant toute sa vie, un signe de contradiction. Il mourut jeune, laissant ses œuvres inachevées, et peu de disciples pour les continuer. Et puis, pourquoi tant de singularités, tant d’excès, au moins apparents? C’est que les singularités des saints sont, en réalité, les signes de leur sainteté, de leur amour pour Dieu et le prochain.

Louis-Marie savait que la Croix, inévitable dans toute vie donnée à Dieu, était sa force et la raison du succès de ses missions.

      2-1-1-La charité

Par dessus tout, le cœur de Louis-Marie brûlait de charité pour tous les pauvres. On le trouvait partout où il y avait du bien à faire: il soignait les incurables, portait secours aux populations atteintes, en 1711, par les débordements de la Loire, à Nantes; et toujours, il distribuait le peu qu’il avait... Quand il n’avait plus rien, il se faisait mendiant parmi les mendiants et les incitait même à servir leurs frères de misère. Il défendait les pauvres, tous les pauvres, mais évitait tous les excès démagogiques. Et surtout, il leur faisait découvrir la bonté de Dieu...

Le Père de Montfort a évangélisé tout l’ouest de la France; il reconnaissait les droits des hommes, mais il n’oubliait jamais de faire connaître et respecter les droits de Dieu et les exigences chrétiennes, y compris le pardon des offenses. Sa seule référence: Dieu seul.

      2-1-2-L’adoration 

Adorer, aimer, remercier Dieu, c’était pour Louis-Marie, l’unique source à laquelle il puisait pour accomplir inlassablement son œuvre, malgré les obstacles et les difficultés auxquelles il fut constamment affronté. Dieu seul! c’était son amour, son programme, sa force...

Louis-Marie avait, comme tous les saints, la conviction profonde de son néant, de sa pauvreté, de son état de pécheur. Son obéissance et son humilité firent souvent l’admiration de ses contemporains, même de ceux qui ne le comprenaient pas. Mais il vouait à Marie un culte profond et sage, une consécration totale qui le mena à la rencontre de Dieu. À Dieu seul, par Marie. Totus tuus...

2-2-Grignion de Montfort prophète

Grignion de Montfort fut aussi un prophète. Il attendait le triomphe final de Dieu, triomphe préparé, en quelque sorte, par Marie. Il laissait déjà entrevoir que les derniers temps seraient le Temps du Saint-Esprit et de Marie. Il “voyait” les derniers jours du temps, quand Marie serait dévoilée, et quand l’Esprit-Saint susciterait les apôtres de ces derniers temps:

            “Ce seront un feu brûlant et... ce seront des flèches aigües dans la main de la puissante Marie...

            Ce seront des nues tonnantes et volantes par les airs, au moindre souffle du Saint-Esprit qui, sans s’attacher à rien, ni s’étonner de rien, ni se mettre en peine de rien, répandront la pluie de la Parole de Dieu et de la vie éternelle...

            Ce seront des apôtres véritables des derniers temps à qui le Seigneur des vertus donnera la parole et la force pour opérer des merveilles...

            Et nous savons que ce seront de vrais disciples de Jésus-Christ qui, marchant sur les traces de sa pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseignant la voie étroite de Dieu... porteront sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la Croix, le Crucifix dans la main droite, le chapelet dans la gauche, les sacrés noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, la modestie et la mortification de Jésus-Christ sur leur cœur, dans toute leur conduite...

            Voilà les grands hommes qui viendront...

            Mais quand et comment cela se fera-t-il? Dieu, seul, le sait.

Avec le Saint-Esprit, Marie a produit la plus grande chose qui se puisse imaginer, Jésus, l’Homme-Dieu. À la fin des temps, c’est elle qui formera les grands saints, “car il n’y a que cette Vierge singulière... qui puisse produire, en union avec le Saint-Esprit, les choses singulières et extraordinaires.”(35) [8] 

Écoutons encore le Père de Montfort:

“Vers la fin du monde, les plus grands saints, les âmes les plus riches en grâce et en vertus, seront les plus assidus à prier la Très Sainte Vierge et à l’avoir toujours présente comme leur parfait modèle à imiter, et leur aide puissante pour les secourir.(46) J’ai dit que cela arriverait particulièrement à la fin du monde, et bientôt, parce que le Très-Haut avec sa Sainte Mère doivent se former de grands saints qui surpasseront autant en sainteté la plupart des autres saints, que les cèdres du Liban surpassent les arbrisseaux...(47) Ces âmes pleines de grâce et de zèle seront choisies pour s’opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la Sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, et conduites par son esprit... (48)

“C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé...(49) Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-d’œuvre de ses mains, dans ces derniers temps.”

Le Père de Montfort donne plusieurs raisons[9] de ce qu’il affirme avec tant de force:

Marie est très humble, “elle est l’aurore qui précède et découvre le Soleil de justice qui est Jésus-Christ... Étant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous la première fois, elle le sera encore lorsqu’il viendra la seconde... Celui qui trouvera Marie trouvera la vie, c’est-à-dire Jésus-Christ qui est la voie, la vérité, la vie...”

En conséquence[10], “Marie doit éclater plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans ces derniers temps... Marie doit être terrible au démon et à ses suppôts, comme une armée rangée en bataille...“ Principalement dans les derniers temps, Satan “suscitera bientôt de cruelles persécutions, et mettra de terribles embûches aux serviteurs fidèles et aux vrais enfants de Marie...(50) C’est principalement de ces dernières et cruelles persécutions, qui augmenteront jusqu’au règne de l’Antéchrist, qu’on doit entendre cette prédiction de Dieu portée à propos du serpent: “Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, et ta race et la sienne; elle-même t’écrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon.”(51)

Toutefois, c’est “l’humilité de Marie qui humilie Satan plus que le pouvoir divin....(52) Ce que Lucifer a perdu par orgueil, Marie l’a gagné par humilité...(53)

Mais le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c’est-à-dire à ses humbles esclaves et à ses pauvres enfants qu’elle suscitera pour lui faire la guerre... Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous comme le talon, foulés et persécutés comme le talon l’est à l’égard des autres membres du corps; mais en échange, ils seront riches en grâce de Dieu que Marie leur distribuera abondamment...(54)

Ils connaîtront les grandeurs de cette souveraine, et ils se consacreront entièrement à son service, comme ses sujets et ses esclaves d’amour... Ils connaîtront les miséricordes dont elle est pleine, et les besoins où ils sont de son secours, et ils auront recours à elle en toutes choses comme à leur chère avocate et médiatrice auprès de Jésus-Christ. Ils sauront qu’elle est le moyen le plus assuré, le plus aisé, le plus court et le plus parfait pour aller à Jésus-Christ.”(55)

2-3-La théologie de Louis-Marie Grignion de Montfort

      2-3-1-La dévotion à la Sainte Vierge[11] 

Dieu le Père et Marie

Montfort s’extasie sur la bonté du Père tout puissant qui “se montre aussi infiniment condescendant et faible en Marie, car il contracte en elle la condition de pauvres esclaves qu’il a reçue d’elle et veut partager avec nous...

Conformément à la doctrine des Pères de l’Église, expliquant “l’admirable échange par lequel Dieu se fait homme pour que l’homme devienne Dieu en Lui,” Louis-Marie ne craint pas d’écrire: “L’incompréhensible s’est laissé comprendre et contenir parfaitement par la petite Marie, sans rien perdre de son immensité... L’Inaccessible s’est approché, s’est uni étroitement, parfaitement, et même personnellement à notre humanité par Marie... Celui qui est a voulu venir à ce qui n’est pas... par Marie.”

La consécration à Marie

Le message de Louis-Marie Grignion de Montfort est très clair: on ne se consacre pas à Marie, on se consacre à Dieu, par Marie. On s’abandonne à la Mère de Jésus, on remet tout entre ses mains, car tout ce qu’on lui confie, elle le remet à Dieu. Il n’y a de consécration qu’à Dieu seul, mais Marie est la maman qui nous aide, nous conseille, et nous fait aimer Dieu.

Tout le monde connaît la version modernisée de la Consécration à Marie de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort. En voici le texte authentique et intégral que l’on trouve à la fin du traité sur L’Amour de la Sagesse éternelle:

“Moi, M... pécheur infidèle, je renouvelle et ratifie aujourd’hui entre vos mains les vœux de mon baptême: je renonce pour jamais à Satan, à ses pompes et à ses œuvres et je me donne tout entier à Jésus-Christ, la Sagesse Incarnée, pour porter ma croix à sa suite tous les jours de ma vie, et afin que je lui sois plus fidèle que je n’ai été jusqu’ici.

Je vous choisis aujourd’hui, en présence de toute la Cour céleste, pour ma Mère et Maîtresse. Je vous livre et consacre, en qualité d’esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m’appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, et à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l’éternité.

Recevez, ô Vierge bénigne, cette petite offrande de mon esclavage, en l’honneur et union de la soumission que la Sagesse éternelle a bien voulu avoir de votre maternité; en hommage de la puissance que vous avez tous deux sur ce petit vermisseau et ce misérable pécheur, et en action de grâce des privilèges dont la Sainte Trinité vous a favorisée.

Je proteste que je veux désormais, comme votre véritable esclave, chercher votre honneur et vous obéir en toutes choses.

Ô Mère admirable! présentez-moi à votre cher Fils, en qualité d’esclave éternel, afin que, m’ayant racheté par vous, Il me reçoive par vous.

Ô Mère de miséricorde! faites-moi la grâce d’obtenir la vraie sagesse de Dieu et de me mettre pour cela au nombre de ceux que vous aimez, que vous enseignez, que vous conduisez, que vous nourrissez et protégez comme vos enfants et vos esclaves.

Ô Vierge fidèle, rendez-moi en toutes choses un si parfait disciple, imitateur et esclave de la Sagesse divine Incarnée, Jésus-Christ, votre Fils, que j’arrive, par votre intercession, à votre exemple, à la plénitude de son âge (Éphésiens 4, 13) sur la terre et de sa gloire dans les cieux.”

Saint Louis-Marie de Montfort conclut son traité sur l’Amour de la Sagesse éternelle, par ces mots:

            Qui potest capiere capiat (Qui peut comprendre ceci le comprenne.)

            Quis sapiens et intelleget hæc? (Qui est sage pour comprendre ces merveilles?)

      2-3-2-Le Saint-Esprit et Marie

Avant d’entrer dans le secret de l’âme profondément mariale de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, il convient de noter que l’amour du Seigneur est son unique préoccupation, ainsi que le prouvent ses lettres dont beaucoup commencent par: “Le pur amour de Dieu règne dans nos cœurs!”

Louis-Marie Grignion de Montfort fut très dévot à Marie. Par elle, il se consacra à Jésus, et, à la fin de ses missions, il conseillait fortement à ses auditeurs d’en faire autant. Sous certains aspects il fut également le théologien de Marie, notamment sur les liens qui unirent le Saint-Esprit et la Mère de Jésus..

Le Père de Montfort comprit que le Saint-Esprit et Marie étaient inséparables. Il répétait sans cesse: “Marie accourt là où est l’Esprit, et l’ Esprit accourt là où est Marie.”

L’Esprit-Saint est l’Amour qui unit le Père et le Fils. Il est l’âme de l’Église. Mais l’Esprit-Saint est infiniment discret, infiniment inspirateur caché. Il semble s’effacer devant le Christ, Il s’efface devant ceux qu’Il inspire, Il s’efface devant Marie, et sa relation avec Marie est, elle aussi, indiciblement cachée. Pourtant, estime Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Marie est, mystérieusement, l’épouse de l’Esprit-Saint qui, à l’Annonciation, se comporta vis à vis de Marie, comme une puissance créatrice, une source jaillissante de vie.

Remarque: Le Père René Laurentin, dans sa Petite vie de L .M. Grignion de Montfort, estime que ce terme d’”épouse” est inadéquat. En effet, l’Esprit-Saint n’est pas le Père de Jésus, et “l’Incarnation du Fils unique de Dieu est virginale. Elle est l’action transcendante par laquelle Dieu assume la destinée humaine du Fils conçu en Marie.” [12]

Le Père de Montfort avait-il senti cette difficulté quand il disait de Marie qu’elle était le “Temple, un signe visible, une icône parfaite ou la transparence parfaite” de l’Esprit-Saint. Quoi qu’il en soit, c’est, précise Montfort, en Marie, que “l’Esprit-Saint, infécond dans la Trinité, a réalisé sa fécondité par la naissance du Fils de Dieu sur la terre.”

Logiquement, et conformément à sa réflexion, Montfort a perçu le lien qui unissait l’Esprit-Saint à Marie, davantage à l’Annonciation qu’à la Pentecôte. Il sentit si fortement ce lien qu’il en annonçait la révélation de plus en plus claire, pour les siècles à venir. Ainsi il a pu écrire dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge:

“Dans le second avènement de Jésus-Christ, Marie doit être connue et révélée par le Saint-Esprit, afin de faire, par elle, connaître, aimer et servir Jésus-Christ... Elle sera comme l’aurore qui précède et découvre le soleil de justice: Jésus-Christ.[13] 

Nous commençons à connaître un peu Saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Il est temps pour nous, maintenant, d’entrer davantage dans sa pensée, en méditant les écrits qu’il nous a laissés, et en essayant de mettre en valeur ses convictions les plus importantes.

Recherchons la sagesse, c’est un trésor caché.
Recherchons-la sans cesse, sans en être empêché.
Ô divine Sagesse, source de vérité,
Le monde vous délaisse, suivant la vanité.
(Cantique 125 - strophes 2 et 8)

3
Les grandes œuvres écrites du Père de Montfort

3-1-L’Amour de la Sagesse éternelle[14] 

Celui qui devait devenir l’apôtre par excellence de la Très Sainte Vierge Marie a d’abord longuement médité sur l’Amour de la Sagesse éternelle. Il écrivit un livre important, débordant du feu de l’Amour de Dieu: L’Amour de la Sagesse éternelle. 

L’Amour de la Sagesse éternelle est une œuvre moins connue que le Secret de Marie ou Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge. C’est seulement en 1929 qu’elle paraîtra dans son intégralité. Pourtant ce livre remarquable contient toute la spiritualité de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort. L’authenticité du manuscrit, resté intact, ne peut être mise en doute.[15] 

“Ô divine Sagesse!... s’exclame Louis-Marie, Vous avez tant  de beautés et de douceurs, Vous m’avez préservé de tant de maux et comblé de tant de bienfaits, et Vous êtes d’ailleurs si inconnue et si méprisée. Comment voulez-vous que je me taise?” (1)

Remarque importante:

La Sagesse, c’est Jésus Lui-même, la deuxième Personne de la Sainte Trinité. Il faut donc avoir toujours à l’esprit, quand le Père Grignion de Montfort parle de la Sagesse, que c’est de Jésus qu’il parle, de Jésus qui nous aime et de l’amour dont nous devons l’aimer.  Mais pour aimer, il faut d’abord connaître.

      3-1-1-Nécessité de la connaissance de la divine Sagesse

“Peut-on aimer ce qu’on ne connaît pas? Peut-on aimer ardemment ce qu’on ne connaît qu’imparfaitement? Pourquoi est-ce qu’on aime si peu la Sagesse éternelle et incarnée, l’adorable Jésus, sinon parce qu’on ne le connaît pas, ou très peu?” (8)

Or, pense Louis-Marie Grignion de Montfort se référant à Saint Bernard, “Jésus-Christ, la Sagesse éternelle, est tout ce que vous pouvez désirer. Désirez-le, cherchez-le, parce qu’il est cette unique et précieuse perle pour l’achat de laquelle vous ne devez pas faire difficulté de vendre tout ce que vous avez.”(9) 

D’ailleurs, Dieu le Père n’hésite pas à dire, dans le Cantique des Cantiques: “Goûtez et voyez. Enivrez-vous de mes douceurs éternelles; car mon entretien n’a rien de désagréable, ni ma compagnie d’ennuyeux, mais on n’y trouve que de la satisfaction et de la joie.”(10)

Car la Sagesse est le fondement véritable de la sainteté et de la vie éternelle:

“Voulons-nous, en vérité, avoir la vie éternelle, ayons la connaissance de la Sagesse éternelle.

“Voulons-nous avoir la perfection de la sainteté en ce monde, connaissons la Sagesse.

“Voulons-nous avoir en notre cœur la racine de l’immortalité, ayons en notre esprit la connaissance de la Sagesse: savoir Jésus-Christ, la Sagesse incarnée, c’est assez savoir; savoir tout et ne le pas le savoir, c’est ne rien savoir.(11)

C’est de la sagesse éternelle que Louis-Marie désire nous entretenir: “La Sagesse substantielle et incréée est le Fils de Dieu, la seconde Personne de la Très Sainte Trinité, autrement dit la Sagesse éternelle dans l’éternité, ou Jésus-Christ dans le temps... Dès son origine nous la contemplerons dans l’éternité, résidant dans le sein de son Père, comme l’objet de ses complaisances. Nous la verrons dans le temps, brillante dans la création de l’univers.  Nous la regarderons ensuite tout humiliée dans son incarnation et dans sa vie mortelle, et puis nous la trouverons glorieuse et triomphante dans les cieux.” (14)

      3-1-2-La Sagesse par rapport au Père

“La Sagesse éternelle est la vapeur de Dieu, la vertu de Dieu et l’effusion toute pure de la clarté du Tout-Puissant. C’est pourquoi elle ne peut être susceptible de la moindre impureté. Elle est l’éclat de la lumière éternelle, le miroir sans tache de la majesté de Dieu et l’image de sa bonté.” (16)

Paraphrasant Saint Jean, Louis-Marie de Montfort déclare: “Au commencement était le Verbe, -ou le Fils de Dieu, ou la Sagesse éternelle,- et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.” La Sagesse dit d’elle-même: “J’ai été établie dès l’éternité, et dès le commencement, avant que la terre fût créée. Les abîmes n’étaient pas encore lorsque j’étais déjà conçue... (18) La Sagesse est la Mère du pur amour, de la crainte, de la science et de l’espérance sainte... (26) Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif.” (28)

      3-1-3-Quand Dieu créait, la Sagesse présidait...

Louis-Marie fait dire à la Sagesse: “J’étais avec Dieu et je réglais toutes choses avec une justesse si parfaite tout à la fois et une variété si agréable, que c’était une espèce de jeu que je jouais pour me divertir et divertir mon Père... (32)

Qui est celui à qui la Sagesse s’est communiquée? Celui-là seul aura l’intelligence des mystères de la nature. (33) La sagesse les a révélés aux saints... Ils ont été quelquefois si surpris de voir la beauté, la douceur et l’ordre de la divine Sagesse dans les plus petites choses, comme une abeille, une fourmi, un épi de blé, une fleur, un petit ver de terre, qu’ils en tombaient dans l’extase et dans le ravissement.” (34)

      3-1-4-La Sagesse était encore présente lors de la création de l’homme

“Si la puissance et la douceur de la Sagesse éternelle ont tant éclaté dans la création, la beauté et l’ordre de l’univers, elle a brillé bien davantage dans la création de l’homme. (35) La Sagesse fit, pour ainsi dire, des copies et expressions brillantes de son entendement, de sa mémoire, et de sa volonté, et les donna à l’âme de l’homme pour être le portrait vivant de la divinité; elle alluma dans son cœur un incendie de pur amour pour Dieu, elle lui forma un corps tout lumineux, et elle renferma en lui, comme en raccourci, toutes les perfections différentes des anges, des bêtes et autres créatures...” (37)

Ô libéralité de la Sagesse éternelle envers l’homme! Ô heureux état de l’homme dans son innocence! (38) Mais malheur des malheurs!”... (39) car l’homme est devenu pécheur...

Heureusement il y a la Miséricorde de Dieu!

      3-1-5-La Sagesse éternelle est Miséricorde

“La Sagesse éternelle est vivement touchée du malheur du pauvre Adam et de tous ses descendants... Elle prête tendrement l’oreille à sa voix gémissante et à ses cris. Elle voit avec compassion les sueurs de son front, les larmes de ses yeux, les peines de ses bras, la douleur de son cœur et l’affliction de son âme... (41) Il me semble voir cette aimable souveraine... appeler la Sainte Trinité pour réparer l’homme, comme elle l’avait fait pour le former... Il se fait une espèce de combat entre la Sagesse éternelle et la Justice de Dieu.“ (42)

Louis-Marie continue: “Il me semble que j’entends cette Sagesse qui dit, qu’à la vérité, l’homme mérite, par son péché, d’être damné avec les anges rebelles, mais qu’il faut avoir pitié de lui, parce qu’il a plus péché par faiblesse et par ignorance que par malice... Elle montre les places du ciel vacantes par la chute des anges apostats...“ (43)

Pourtant, “la Sagesse éternelle voyant qu’il n’y avait rien dans l’univers qui fût capable d’expier le péché de l’homme... et voulant cependant sauver le pauvre qu’elle aimait d’inclination, trouve un moyen admirable. Chose étonnante, amour incompréhensible, qui va jusqu’à l’excès, cette aimable et souveraine princesse s’offre elle-même en sacrifice à son Père pour payer sa justice, pour calmer sa colère, et pour nous retirer de l’esclavage du démon et des flammes de l’Enfer, et nous mériter une éternité de bonheur. (45)

Son offre est acceptée; le conseil est pris et arrêté: la Sagesse éternelle, ou le Fils de Dieu, se fera homme dans le temps convenable et dans les circonstances marquées... (46) Car ses délices, dit-elle, sont d’être avec les enfants des hommes... (47) et c’est elle seule qui a formé tous les saints patriarches, les amis de Dieu, les prophètes et les saints de l’Ancien et du Nouveau Testament. C’est cette Sagesse éternelle qui a inspiré les hommes de Dieu et qui a parlé par la bouche des prophètes, et elle les a dirigés dans leurs voies, éclairés dans leurs doutes, soutenus dans leurs faiblesses et délivrés de tous maux.” (47)

“Écrions-nous donc: Heureuse mille fois une âme dans qui la Sagesse est entrée pour y faire sa demeure!”(51)

      3-1-6-Éloge de la Sagesse - Généralités

Louis-Marie Grignion de Montfort fait longuement l’éloge de la Sagesse, à partir des textes des Livres Sapientiaux. En voici le résumé:

– La Sagesse dispose tout avec douceur: “Rien n’est si doux que la Sagesse. Elle est douce en elle-même, sans amertume; douce à ceux qui l’aiment sans leur laisser aucun dégoût, douce dans sa conduite sans faire aucune violence... (53)

– La Sagesse éternelle a tant d’amour pour les âmes, qu’elle va jusqu’à les épouser et contracter avec elles un spirituel mais véritable mariage que le monde ne connaît point. (54)

– La Sagesse est Dieu même: voilà la gloire de son origine. Dieu le Père prend en elle toutes ses complaisances. (55)

– Elle seule est venue du ciel pour nous apprendre les secrets de Dieu; et nous n’avons point d’autre véritable Maître que cette Sagesse incarnée nommée Jésus-Christ. (56) Quiconque veut avoir une science des choses de la grâce et de la nature, qui ne soit pas commune, sèche et superficielle, mais extraordinaire, sainte et profonde, doit faire tous ses efforts pour acquérir la Sagesse sans laquelle un homme, quoique savant devant les hommes, n’est réputé pour rien devant Dieu. (58)

– Qui peut être pauvre avec la Sagesse qui est si riche et si libérale? Qui peut être triste avec la Sagesse qui est si douce, si belle et si tendre?... (59)

– Pour acquérir la Sagesse, il faut la chercher ardemment, c’est-à-dire être prêt à tout quitter, à tout souffrir et à tout entreprendre pour la posséder. (61)

– La Sagesse est un trésor infini, propre à l’homme, pour lequel l’homme est fait, et elle a des désirs infinis de se donner à l’homme.” (63)

      3-1-7-La Sagesse, c’est l’Amour qui se donne à l’homme

“Il y a une si grande liaison d’amitié entre la Sagesse éternelle et l’homme, qu’elle est incompréhensible. La Sagesse est pour l’homme, et l’homme est pour la Sagesse. C’est un trésor infini pour les hommes, et non pour les anges ou pour les autres créatures. (64) Cela vient de ce que l’homme, dans sa nature, est l’abrégé des merveilles de Dieu et son image vivante. “Et depuis que, par excès de l’amour qu’elle lui portait, elle s’est rendue semblable à lui en se faisant homme, et s’est livrée à la mort pour le sauver, elle l’aime comme son frère, son ami, son disciple, son élève, le prix de son sang, et le cohéritier de son Royaume...”  (64)

      3-1-8-La douceur de la Sagesse

“La Sagesse n’est que bonté et que douceur. C’est un don de l’amour du Père éternel et un effet de celui du Saint-Esprit. Elle est donnée par l’Amour et formée par l’Amour. Elle est donc toute d’amour, ou plutôt l’Amour même du Père et du Saint-Esprit. (118)

La Sagesse est douce dans son nom: Jésus Sauveur, celui qui sauve l’homme, dont le propre est d’aimer et sauver l’homme. (120) Elle est douce en son visage, en ses paroles, en ses actions...  Jésus est doux en toute sa conduite. (122 et 123)

Mais qui pourra expliquer la douceur de Jésus envers les pauvres pécheurs”, avec Marie-Madeleine la pécheresse, la Samaritaine, la femme adultère, les pécheurs publics, et même avec Judas?

Oh! que Jésus, la Sagesse incarnée est belle, douce et charitable! Qu’elle est belle dans l’éternité puisqu’elle est la splendeur du Père, le miroir sans tache et l’image de sa bonté, plus belle que le soleil et plus brillante que la lumière même! Qu’elle est belle dans le temps puisqu’elle a été formée par le Saint-Esprit, pure, sans aucun péché, et belle, sans aucune tache; puisqu’elle a charmé pendant sa vie les yeux et les cœurs des hommes, puisqu’elle est à présent la gloire des anges; qu’elle est tendre et douce envers les hommes, et particulièrement les pauvres pécheurs qu’elle est venue chercher dans le monde visiblement, et qu’elle cherche tous les jours invisiblement!” (126)

      3-1-9-La Sagesse est douce dans la gloire

“Quand la Sagesse incarnée et glorieuse a apparu à ses amis, elle leur a apparu non d’une manière tonnante et foudroyante, mais d’une manière douce et bénigne. Elle n’a pas pris la majesté d’une souveraine et du Dieu des armées, mais la tendresse d’un époux et la douceur d’un ami. Elle s’est quelquefois fait voir dans l’Eucharistie.” (128)

      3-1-10-L’incarnation de la Sagesse éternelle

La Sagesse éternelle et Marie

Au temps marqué par Dieu, la Sagesse éternelle se fit une demeure digne d’elle: elle créa Marie, “Marie, chef-d’œuvre du Très-Haut, miracle de la Sagesse éternelle, prodige de la toute Puissance, abîme de la grâce...” (106) Marie est si parfaite qu’elle ravit, non seulement les anges, mais Dieu Lui-même. “Son humilité profonde jusqu’au néant le charma; sa pureté toute divine l’attira; sa foi vive et ses prières fréquentes et amoureuses le forcèrent...

Oh! Qu’il fut grand l’amour de Marie qui a vaincu le Tout-Puissant!...  La Sagesse lui dépêcha l’archange Gabriel pour la saluer de sa part,... L’archange gagne, du cœur de Marie, malgré les résistances de son humilité profonde, le consentement ineffable que la Sainte Trinité avec tous les anges et tout l’univers attendaient depuis tant de siècles.” (107)

“Et voilà la grande merveille du ciel et de la terre, l’excès prodigieux de l’amour de Dieu: le Verbe s’est fait chair, la Sagesse éternelle s’est incarnée. Dieu est devenu homme sans cesser d’être Dieu; cet homme s’appelle Jésus-Christ, c’est-à-dire Sauveur.” (108)

      3-1-11-La Sagesse et l’Eucharistie

La Sagesse s’est faite homme pour s’approcher des hommes, et elle veut attirer tous les hommes à elle. Elle leur dit: “Venez à moi, venez tous à moi. C’est moi, ne craignez rien; pourquoi craignez-vous? Je suis semblable à vous, je vous aime... Je suis l’amie des pécheurs... Je suis le Bon Pasteur... Vous devez venir à moi, je vous purifierai, je vous consolerai. (70)

La Sagesse a voulu mourir pour nous montrer son amour. Mais, comme elle voulait rester avec les hommes, jusqu’à la fin des siècles, elle a inventé l’Eucharistie:

“Ô l’invention amoureuse de l’Eucharistie! Pour venir à bout de contenter son amour en ce mystère, elle ne fait point difficulté de changer et renverser toute la nature.” (71)

Dieu a sa Sagesse; et c‘est l’unique et véritable qui doive être aimée et recherchée comme un grand trésor... (74) On ne peut rien désirer de plus que la Sagesse.“ (73)

“Quand la Sagesse éternelle se communique à une âme, elle lui donne tous les dons du Saint-Esprit et toutes les grandes vertus dans un degré éminent, savoir:

– les vertus théologales: une foi vive, une espérance ferme, une charité ardente;

– les vertus cardinales: une tempérance réglée, une prudence consommée, une justice parfaite et une force invincible;

– les vertus morales: une religion parfaite, une humilité profonde, une douceur charmante, une obéissance aveugle, un détachement universel, une mortification continuelle, une oraison sublime...” (99)

      3-1-12-Pourquoi aimer la Sagesse? La Sagesse et la Croix

L’Amour de Jésus pour la Croix

Voici d’abord quels extraits du Cantique 19 de Louis-Marie qui nous montrent l’amour extrême de Jésus pour “l’objet” qui devait sauver le monde: 

Jésus-Christ a, par elle, enchaîné les enfers.
Il la trouva si belle qu’il en fit son honneur,
Sa compagne éternelle, l’épouse de son Cœur.
Dès sa plus tendre enfance, quand son cœur soupirait,
C’était vers la présence de la Croix qu’il aimait. (strophe 10)

 

Il l’a, dès sa jeunesse, recherchée à grands pas.
il est mort de tendresse et d’amour en ses bras.
Je désire un baptême s’écriait-il un jour,
La chère croix que j’aime, l’objet de mon amour. (strophe 11)

Revenons maintenant au Traité sur “L’Amour de la Sagesse éternelle”

“La raison la plus puissante d’aimer Jésus-Christ, la Sagesse, ce sont les douleurs qu’il a voulu souffrir pour nous témoigner son amour, (154) et les circonstances qui se rencontrent en ses souffrances... (155)

La seconde circonstance est la qualité des personnes pour lesquelles il souffre: ce sont des hommes, de viles créatures, et ses ennemis dont il n’avait rien à craindre ni à espérer... Jésus-Christ a fait paraître l’amour qu’il nous porte en mourant pour nous, lors même que nous étions encore pécheurs et par conséquent ses ennemis. (156) La troisième circonstance, c’est la multitude, la grièveté et la durée de ses souffrances... Il est appelé l’homme de toutes les douleurs... (157)

Bien plus, il nous a tant aimés qu’au lieu d’abréger ses peines il désirait les prolonger... C’est pourquoi, sur la Croix, il s’écria: “J’ai soif!” Cette soif provenait de l’ardeur de son amour, de la fontaine et de l’abondance de sa charité. Il avait soif de nous, et de se donner à nous et de souffrir pour nous.” (165)

C’est par la Croix que la Sagesse éternelle triomphera

“Ne croyez pas qu’après sa mort, (la mort de Jésus, la Sagesse éternelle) pour mieux triompher, elle se soit détachée de la Croix, elle ait rejeté la Croix. Tant s’en faut. Elle s’est tellement unie et comme incorporée avec la Croix, qu’il n’y a ni ange ni homme, ni créature au ciel et sur la terre qui l’en puisse séparer. Leur lien est indissoluble, leur alliance est éternelle; jamais la Croix sans Jésus, ni Jésus sans la Croix.“ (172)

“La Sagesse a renfermé tant de trésors, de grâces, de vie, et de joie dans la Croix, qu’elle n’en donne la connaissance qu’à ses plus grands favoris. Elle découvre bien souvent à ses amis, comme à ses apôtres, tous ses autres secrets, mais non pas ceux de la Croix, à moins qu’ils ne l’aient mérité par une très grande fidélité, et par de grands travaux. Oh! qu’il faut être humble, petit, mortifié, intérieur et méprisé du monde, pour connaître le mystère de la Croix qui est, aujourd’hui encore,... un objet de folie, de mépris et de fuite...“ (174)

Si la connaissance du Mystère de la Croix est une grâce si spéciale, qu’elle en est la jouissance et la possession réelle! C’est un don que la Sagesse éternelle ne fait qu’à ses plus grands amis, et encore après bien des prières, des désirs et des supplications.” (175)

“La Croix, quand elle est bien portée, est la cause, la nourriture et le témoignage de l’amour. Elle allume le feu de l’amour divin dans le cœur, en le détachant des créatures. Elle entretient et augmente cet amour... La Croix est le témoignage le plus assuré qu’on aime Dieu. C’est de ce témoignage dont Dieu s’est servi pour nous montrer qu’Il nous aime; et c’est aussi le témoignage que Dieu demande de nous pour lui montrer que nous l’aimons.” (176)

      3-1-13-Comment acquérir la sagesse?

Comment acquérir la Sagesse, cette vraie Sagesse qui ne se trouve point dans la terre, ni dans le cœur de ceux qui vivent à leur aise?“ Elle fait tellement sa demeure dans la Croix, que hors d’elle, vous ne la trouverez point dans ce monde.” 

Oui, mais comment l’acquérir cette divine Sagesse?

            – D’abord, en la désirant: “Le désir de la Sagesse conduit au Royaume éternel... C’est un grand don de Dieu puisque ce désir de la Sagesse est la récompense de la fidèle observation des commandements de Dieu... Mon fils, si vous désirez la Sagesse, conservez la justice, gardez les commandements, et Dieu vous la donnera.” (182)

            – Puis, en priant beaucoup: “Cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira, demandez et l’on vous donnera,” dit le Seigneur.

La Sagesse également nous dit: “Si vous voulez me trouver, il faut me chercher; si vous voulez entrer dans mon palais, il faut frapper à ma porte; si vous voulez me recevoir, il faut me demander...” (184)

Il faut demander la Sagesse avec une foi vive et ferme, sans hésiter, “avec une foi pure, sans appuyer sa prière sur des consolations sensibles, des visions ou des révélations particulières... Plus on a de foi, et plus on a de la sagesse; plus on a de sagesse, plus on a de la foi.” (187)

Il faut aussi que notre prière soit persévérante: “Il faut user d’une sainte importunité auprès de Dieu... et infailliblement, tôt ou tard, Dieu qui veut être importuné, se lèvera, ouvrira la porte de sa miséricorde et nous donnera les trois pains de la Sagesse: le pain de vie, le pain d’entendement et le pain des Anges.” (190)

Voici, à ce propos, quelques conseils de Louis-Marie Grignion de Montfort:

“Pour moi, je ne trouve rien de plus puissant, pour attirer le Règne de Dieu, la Sagesse éternelle, au-dedans de nous, que de joindre l’oraison vocale et la mentale, en récitant le Saint Rosaire et en méditant les 15 mystères qu’il renferme.” (193)

“Faites tout ce que vous faites en esprit d’oraison, c’est-à-dire pour l’amour de Dieu, et en présence de Dieu. [16]“  (Maxime 44)

“Estimez plus que toutes les choses extérieures celles qui sont dans le cœur. (Maxime 47)

            – Ensuite, il est nécessaire de savoir se mortifier. “Tous ceux qui sont à Jésus-Christ, la Sagesse incarnée, ont crucifié leur chair avec ses vices et ses concupiscences, portent actuellement et toujours la mortification de Jésus dans leurs corps, se font une continuelle violence, portent leurs croix tous les jours, et enfin sont morts et même ensevelis en Jésus-Christ... (194) Il faut détacher son cœur des biens, et les posséder comme ne les possédant point... (197) Il ne faut pas croire ni suivre les fausses maximes du monde... (199) Il faut savoir garder le silence: un homme silencieux est un homme sage... (200)

Il faut aussi, nécessairement, joindre la mortification du jugement et de la volonté par la sainte obéissance; parce que, sans cette obéissance, toute mortification est souillée de la volonté propre, et souvent plus agréable au démon qu’à Dieu. (202)

Ou encore:

“Mortifiez vos oreilles des discours mauvais, vains et inutiles.” [17](Maxime 30) et: “Mortifiez votre langue, en parlant peu, ne parlant que de moi ou des choses qui me regardent, et gardant un silence continuel, si vous pouvez, sur ce que vous avez fait de bien, sur les défauts de votre prochain et sur vos belles qualités.”  (Maxime 31)

            – Enfin, avoir une tendre et véritable dévotion à la Vierge Marie. Voici, écrit Saint Louis-Marie de Montfort “le plus grand des moyens et le plus merveilleux de tous les secrets pour acquérir la divine Sagesse, savoir: une tendre et véritable dévotion à la Sainte Vierge... Il ne s’est trouvé que Marie qui, par la sublimité de sa vertu, a atteint jusqu’au trône de sa divinité et a mérité ce bienfait infini. Elle est devenue la Mère, la Maîtresse et le Trône de la divine Sagesse. (203) Elle en est la Mère très digne, parce qu’elle l’a incarnée et mise au monde comme le fruit de ses entrailles... Qui veut avoir Jésus doit avoir Marie. (204)

Marie est la Maîtresse de la divine Sagesse... parce que Dieu le Fils, la Sagesse éternelle, étant soumis parfaitement à Marie comme à sa Mère, il lui a donné sur soi-même un pouvoir maternel et naturel qui est incompréhensible...(205)

Marie, par ses puissantes prières et sa maternité divine, obtient de Jésus tout ce qu’elle veut; elle le produit tous les jours dans les âmes qu’elle veut.

Ô qu’une âme qui a gagné les bonnes grâces de Marie est heureuse! Elle se doit tenir comme assurée de posséder bientôt la Sagesse... (206) C’est la volonté de Dieu que, depuis qu’il lui a donné son Fils, nous recevions tout par sa main, et il ne descend aucun don céleste sur la terre qu’il ne passe par elle comme par un canal. (207) Marie, de plus, est le trône royal de la Sagesse éternelle. C’est en elle qu’elle fait voir ses grandeurs, qu’elle étale ses trésors, et qu’elle prend ses délices... (208) Ce n’est donc que par Marie qu’on peut obtenir la Sagesse.” (209)

“Que faire donc pour rendre notre cour digne d’elle? Voici le grand conseil, voici l’admirable secret: faisons entrer, pour ainsi dire, Marie en notre maison en nous consacrant à elle, sans aucune réserve, comme ses serviteurs et esclaves... (211)

Marie est l’aimant sacré qui, étant dans un lieu, y attire si fortement la Sagesse éternelle, qu’elle n’y peut résister. Cet aimant l’a attirée sur la terre pour les hommes, et il l’attire encore tous les jours dans chaque particulier où il est. Si nous avons une fois Marie chez nous, nous avons facilement et en peu de temps, par son intercession, la divine Sagesse. Marie est, de tous les moyens pour avoir Jésus-Christ, le plus assuré, le plus aisé, le plus court et le plus saint.” (212)

      3-1-14-En quoi consiste la vraie dévotion à Marie selon le Traité de l’Amour de la Sagesse éternelle?

“Elle consiste dans une grande estime de ses grandeurs, une grande reconnaissance pour ses bienfaits, un grand zèle pour sa gloire, une invocation continuelle de son secours et une dépendance totale de son autorité, et un ferme appui et une confiance tendre en sa bonté maternelle. (215)

            1-La dévotion à Marie est toujours intérieure, sans hypocrisie et sans superstition.
            2-Elle est tendre, sans indifférence et sans scrupule.
            3-Elle est constante et sans changement et sans infidélité.
            4-Elle est sainte, sans présomption et sans dérèglement... (216)

Il ne faut pas être du nombre des dévots critiques et scrupuleux qui craignent de rendre trop d’honneur à la Sainte Vierge et de déshonorer le Fils en honorant la Mère.”(217)

La plus parfaite et la plus utile de toutes les dévotions à la Sainte Vierge, c’est de se consacrer tout à elle et tout à Jésus par elle en qualité d’esclave, en lui faisant une consécration entière et éternelle, de son corps, de son âme, de ses biens tant intérieurs qu’extérieurs, des satisfactions et des mérites de ses bonnes actions, et du droit qu’on a d’en disposer, enfin, de tous les biens qu’on a reçus par le passé, qu’on possède à présent et qu’on possédera à l’avenir... (219) Il faut mettre entre les mains de Marie tout ce que nous possédons, et le trésor même des trésors, Jésus-Christ, afin qu’elle nous le garde.” (221)

Mettons tout entre les mains de Marie

Mettons tout entre les mains de Marie. Elle est sage, elle est charitable, elle est libérale; elle est puissante, elle est fidèle. “Elle est la Vierge fidèle à Dieu et fidèle aux hommes par excellence... Attachons-nous à elle comme à une colonne qu’on ne peut renverser, comme à une ancre qu’on ne peut détacher, ou plutôt comme à la montagne de Sion qu’on ne peut ébranler.”(222)

Je vous salue donc, ô Marie immaculée, tabernacle vivant de la divinité, où la Sagesse éternelle cachée veut être adorée des anges et des hommes. Je vous salue, ô Reine du ciel et de la terre, à l’empire de qui tout est soumis, tout ce qui est au-dessous de Dieu. Je vous salue, ô Refuge assuré des pécheurs, dont la miséricorde n’a manqué à personne; exaucez les désirs que j’ai de la divine Sagesse, et recevez pour cela les vœux et les offres que ma bassesse vous présente.”(224)

Mettons tout entre les mains de Marie, consacrons-nous entièrement à elle, sans hésitation. En nous consacrant à Marie nous nous consacrons à la Sagesse éternelle incarnée.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort fut le grand apôtre de la Sainte Vierge, la Mère de Jésus-Christ présenté comme la Sagesse éternelle. Il est assez remarquable que la fin de son Traité sur L’Amour de la Sagesse éternelle se termine par des exposés substantiels concernant la nécessité de la dévotion à la Sainte Vierge, et la grande valeur de la consécration à Jésus-Christ.

La vraie dévotion à la Sainte Vierge sera la grande œuvre du Père de Montfort. Toutefois, avant de développer les arguments du Père de Montfort sur cette dévotion à Marie, il a paru utile de présenter “Le secret admirable du Rosaire”, puis d’aborder un autre thème, très chéri du Père: la Croix de Jésus.

À la communauté naissante des Filles de la Sagesse, le Père de Montfort écrit:

“Il faut se renoncer et porter sa croix à la suite de Jésus-Christ, sous la conduite de Marie.”

3-2-Le Secret Admirable du Très saint Rosaire.[18] 

      3-2-1-La pratique du Rosaire

Louis-Marie Grignion de Montfort fut incontestablement un grand ami de la Croix. Mais il fut aussi l’Apôtre, par excellence, de la dévotion à la Sainte Vierge. L’un des grands moyens de rendre à Marie l’amour et le culte qui lui sont dus, c’est le Très Saint Rosaire. De son traité sur Le Secret admirable du Très Saint Rosaire, nous extrairons, d’une part, ce qui touche à la dévotion à Marie, d’autre part, ce qui a trait à l’Amour de Dieu.

      3-2-2-Le Rosaire dans la dévotion à Marie[19] 

Le Père de Montfort, missionnaire du peuple, dont la vocation était de renouveler l’esprit du christianisme chez les chrétiens, avait écrit très tôt: “Toute notre perfection consiste à être conformes, unis et consacrés à Jésus-Christ... Tout se réduit donc à trouver un moyen facile d’obtenir de Dieu la grâce de devenir un saint. Or je dis que pour trouver cette grâce de Dieu, il faut trouver Marie... et j’ai appris, par ma propre expérience, la force de la pratique du Rosaire pour convertir les cœurs les plus endurcis.”

D’après les informations dont on dispose, il semble que le petit livre: Le Secret admirable du Très Saint Rosaire, n’ait pas été publié du vivant de son auteur. Pourtant, il est presque certain que ce texte a été rédigé avant les Règles des Prêtres de la Compagnie de Marie et pour ces prêtres.[20] 

“La pratique du Rosaire est vraiment grande, sublime et divine. C’est le Ciel qui nous l’a donnée; il l’a donnée pour convertir les pécheurs les plus endurcis et les hérétiques les plus obstinés. Dieu y a attaché la grâce dans cette vie et la gloire dans l’autre. [21] (1)

Celui qui est fidèle à le dire, malgré la grandeur de ses péchés, dévotement et jusqu’à la mort, recevra une couronne de gloire qui ne se flétrira jamais... (4) Le rosier mystique, c’est Jésus et Marie dans la vie, dans la mort, et dans l’éternité. (5)

Les feuilles vertes de ce rosier mystique expriment les mystères joyeux de Jésus et de Marie; les épines, les douloureux; et les fleurs, les glorieux. Les roses en boutons sont l’enfance de Jésus et de Marie; les roses ouvertes représentent Jésus et Marie dans les souffrances, et les roses épanouies montrent Jésus et Marie dans leur gloire et leur triomphe. La rose réjouit par sa beauté: voilà Jésus et Marie dans les mystères joyeux. Elle pique par ses épines: les voilà dans les mystères douloureux. Elle réjouit par la suavité de son odeur: les voilà enfin dans les mystères glorieux.” (6)

Louis-Marie Grignion de Montfort énonce quelques bienfaits du Rosaire, puis il cite longuement le Bienheureux Alain de la Roche, dominicain, à qui la Sainte Vierge révéla ce qui suit, lors d’une apparition de Jésus et de Marie à Saint Dominique, Jésus dit:

“Dominique, je me réjouis de voir que tu ne t’appuies pas sur ta propre sagesse, et que tu travailles avec humilité au salut des âmes, plutôt que de chercher à plaire aux hommes vains.

Mais beaucoup de prédicateurs veulent tout de suite tonner contre les péchés les plus graves, ignorant qu’avant de donner un remède pénible, il faut préparer le malade à le recevoir et à en profiter. C’est pourquoi ils doivent d’abord exhorter leurs auditeurs à l’amour de l’oraison, et spécialement à mon angélique psautier, (le Rosaire) car, si tous commencent à prier de la sorte, il n’est pas douteux que la divine clémence ne soit propice à ceux qui persévèrent. Prêche donc mon Rosaire.” (15)

Plus tard, pendant qu’il célébrait la Messe, Jésus dit à Alain:

– Quoi donc, tu me crucifies encore derechef?

– Comment, Seigneur ? répondit Alain tout épouvanté.

– Ce sont tes péchés qui me crucifient, et j’aimerais mieux être crucifié encore une fois que de voir mon Père offensé par les péchés que tu as autrefois commis. Et tu me crucifies encore à présent, parce que tu as la science et ce qui est nécessaire pour prêcher le Rosaire de ma Mère et par ce moyen instruire et retirer plusieurs âmes du péché; tu les sauverais et tu empêcherais de grands maux ; et, ne le faisant pas, tu es coupable des péchés qu’ils commettent.

Ces terribles reproches firent résoudre le Bienheureux Alain de prêcher incessamment le Rosaire.” (19)

Deux remarques de Louis-Marie:

            – “On appelle le Rosaire: psautier de Jésus et de la Sainte Vierge, parce qu’il contient autant de Salutations angéliques que le psautier de David contient de psaumes.”[22]  (22)

            – Pourquoi ce nom de Rosaire? “Rosaire signifie couronne de roses. Toutes les fois que l’on dit son Rosaire comme il faut, on met sur la tête de Jésus et de Marie une couronne composée de cent trente trois roses blanches et de seize roses rouges du Paradis, lesquelles ne perdront jamais ni leur beauté ni leur éclat.” (24)

      3-2-3-Conditions indispensables pour réciter le Rosaire

“Il faut que la foi soit vive et animée par la charité, c’est-à-dire que pour bien réciter le saint Rosaire il faut être en grâce de Dieu ou dans la recherche de cette grâce. 

Il faut que la foi soit forte et constante, c’est-à-dire qu’il ne faut pas chercher dans la pratique du saint Rosaire seulement son goût sensible et sa consolation spirituelle, c’est-à-dire qu’il ne faut pas l’abandonner parce qu’on a une foule de distractions involontaires dans l’esprit, un dégoût étrange dans l’âme, un ennui accablant et un assoupissement presque continuel dans le corps. Il n’est point besoin de goût, ni de consolation, ni de soupirs, ni d’élans, ni de larmes, ni d’application continuelle de l’imagination pour bien réciter son rosaire. La foi pure et la bonne intention suffisent.”(35) 

      3-2-4-Le Rosaire et l’Amour de Dieu: la récitation du Notre Père

“Quand nous récitons cette admirable prière, tout d’abord, nous captivons le Cœur de Dieu en L’invoquant par le doux nom de Père.

Notre Père, le plus tendre de tous les pères, tout puissant dans la création, tout admirable dans sa conservation, tout aimable dans la Providence, tout bon et infiniment bon dans la Rédemption. Dieu est notre Père, et nous sommes tous frères, le ciel est notre patrie et notre héritage. N’y a-t-il pas là de quoi nous inspirer à la fois l’amour de Dieu et l’amour du prochain et le détachement de toutes les choses de la terre?“ (39)

      3-2-5-Le Rosaire et la Salutation angélique

“La Salutation angélique résume dans l’abrégé le plus concis, toute la théologie chrétienne sur la Sainte Vierge. On y trouve une louange et une invocation. La louange renferme tout ce qui fait la véritable grandeur de Marie; l’invocation renferme tout ce que nous devons lui demander, et ce que nous pouvons attendre de sa bonté pour nous.” (44)

La Salutation angélique, c’est le “cantique nouveau que David a prédit qu’on chanterait à la venue du Messie, c’est la salutation de l’Archange... Le cantique nouveau est celui que les chrétiens chantent en actions de grâces de l’Incarnation et de la Rédemption. (46) La salutation angélique rend gloire à la Sainte Trinité; elle est aussi la louange la plus parfaite qui nous puissions adresser à Marie.” (48) L’Ave Maria est une rosée céleste et divine qui, tombant dans l’âme d’un prédestiné, lui communique une fécondité admirable...(51) Elle attire sur nous la bénédiction abondante de Jésus et de Marie...”(52)

      3-2-6-La puissance des Ave Maria

“Un jour, Jésus apparut à Sainte Gertrude, comptant des pièces d’or; elle eut la hardiesse de lui demander ce qu’Il comptait: ‘Je compte, répondit Jésus, tes Ave Maria: c’est la monnaie dont on achète mon paradis.’ (54)

Le ciel est dans la joie, la terre est dans l’admiration toutes les fois que je dis Ave Maria! J’ai le monde en horreur, j’ai l’amour de Dieu dans mon cœur lorsque je dis: Ave Maria!... (56)

Êtes-vous dans la misère du péché? Invoquez Marie, dites-lui Ave Maria!... elle vous délivrera du mal de vos péchés. Êtes-vous dans les ténèbres de l’ignorance ou de l’erreur? Venez à Marie, dites-lui: Ave Maria! et elle vous fera part de ses lumières...

Êtes-vous égaré du chemin du ciel? Invoquez Marie qui veut dire: Étoile de la mer... et elle vous conduira au port du salut éternel...” (57)

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort expose et explique longuement les quinze mystères du Rosaire.

“Un mystère est une chose sacrée et difficile à comprendre. Les œuvres de Jésus-Christ sont toutes sacrées et divines parce qu’Il est Dieu et homme tout ensemble. Celles de la Sainte Vierge sont très saintes parce qu’elle est la plus parfaite de toutes les pures créatures.” (60)

Saint Dominique a reçu le Rosaire des mains mêmes de la Vierge Marie.

“Il a partagé la vie de Jésus-Christ et de la Sainte Vierge en quinze mystères qui nous représentent leurs vertus et leurs principales actions comme quinze tableaux dont les traits doivent nous servir de règle et d’exemple pour la conduite de notre vie...

La Sainte Vierge a enseigné à St Dominique cette excellente méthode de prier et lui a ordonné de la prêcher, afin de réveiller la piété des chrétiens et de faire revivre l’amour de Jésus-Christ dans leurs cœurs...“ Ceux-là feront très bien “qui réciteront les salutations angéliques avec la méditation de la vie, de la passion et de la gloire de Jésus-Christ, car cette méditation est l’âme de nos oraisons...” (61)

Le Rosaire nous enseigne l’Amour de Dieu et l’amour de Jésus pour nous.

“Jésus-Christ, le divin Époux de nos âmes, notre très doux ami, Jésus désire que nous nous souvenions de ses bienfaits et que nous les estimions sur toutes choses...

La bienheureuse Angèle de Foligno pria un jour Notre-Seigneur de lui enseigner à quel exercice elle l’honorerait le plus. Il lui apparut attaché à la croix et lui dit: “Regarde mes plaies.”  Elle apprit de ce très aimable Sauveur que rien ne lui est plus agréable que la méditation de ses souffrances.”

Jésus a souffert sa Passion pour notre salut; que pouvons-nous faire qui égale son amour pour nous?(68)

“Le saint Sacrifice de la Messe honore infiniment la très Sainte Trinité parce qu’il représente la Passion de Jésus-Christ... Le Saint Sacrement est un mémorial de la Passion et de la mort de Jésus-Christ, et, par ce moyen, les hommes participent à ses fruits et avancent l’affaire de leur salut.

Or, le saint Rosaire, récité avec la méditation des mystères sacrés, est un sacrifice de louanges à Dieu pour le bienfait de notre Rédemption et un dévot souvenir des souffrances, de la mort, de la gloire de Jésus-Christ.” (69)

Car le Rosaire est une joie et une gloire pour Jésus et pour Marie: “Méditons donc sur la vie et les souffrances du Sauveur par le saint Rosaire, apprenons à le bien connaître et à reconnaître ses bienfaits.” (70)

“Tous les chrétiens n’ont qu’une foi, n’adorent qu’un Dieu, n’espèrent qu’une même félicité dans le ciel. Ils ne connaissent qu’un médiateur qui est Jésus-Christ; tous doivent imiter ce divin modèle et, pour cela, considérer les mystères de sa vie, de ses vertus et de sa gloire.” (74)

Avec le Bienheureux Alain de la Roche, le Père de Montfort rappelle que, par le Rosaire, “Les pécheurs obtiennent le pardon, les âmes altérées sont rassasiées. Ceux qui sont liés voient leurs entraves brisées. Ceux qui pleurent trouvent la joie, ceux qui sont tentés, la tranquillité. Et les indigents reçoivent du secours. Les religieux sont réformés, les ignorants sont instruits, les vivants triomphent de la décadence.

Et les morts sont soulagés par manière de suffrage. (115)

      3-2-7-Comment réciter le Rosaire?

“Il faut que la personne qui le récite soit en état de grâce ou du moins dans la résolution de sortir de son péché, parce que toute la théologie nous enseigne que les bonnes œuvres et les prières faites en état de péché mortel, sont des œuvres mortes, qui ne peuvent être agréables à Dieu ni mériter la vie éternelle...” (117)

      3-2-8-Et voilà qui peut nous consoler:

“Comme il n’y a point de prière plus méritoire à l’âme et plus glorieuse à Jésus et à Marie que le Rosaire bien dit, il n’y en a point aussi qui soit plus difficile à bien dire et dans laquelle il soit plus difficile de persévérer, à cause particulièrement des distractions qui viennent comme naturellement dans la répétition si fréquente de la même prière...

Il est bien difficile qu’on ne s’y ennuie, qu’on ne s’y endorme et qu’on ne l’abandonne pour prendre d’autres prières plus récréatives et moins ennuyeuses. C’est ce qui fait qu’il faut infiniment plus de dévotion pour persévérer dans la récitation du saint Rosaire que d’aucune autre prière...(122) Et le diable, par ses artifices, fait souvent quitter le Rosaire tout-à-fait ou en partie, ou fait prendre le change, ou le fait différer.”(124)

      3-2-9-Les fautes à éviter...

            – La première, c’est de ne prendre aucune intention en disant son chapelet.

            – La seconde... c’est de n’avoir point d’autre intention, en le commençant, que de l’avoir bientôt fini... (126)

            – La précipitation naturelle en récitant son Rosaire... (127)

      3-2-10-et quelques conseils supplémentaires:

            – Il est nécessaire de prier sans cesse, suivant le conseil de N.S.J.C.

            – Il faut prier avec beaucoup de confiance...

Dieu est une source d’eau vive qui coule incessamment dans le cœur de ceux qui prient...(144)

            – Il faut persévérer dans la prière, et souvent pendant très  longtemps.(145)

Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, elle y produit des merveilles de grâce

3-3-Lettre circulaire aux amis de la Croix

      3-3-1-Le Père de Montfort et la Croix

La Croix fut un des thèmes favoris de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort. En effet, il n’hésite pas à déclarer: “C’est en cette aimable Croix qu’est renfermée la sagesse véritable que je cherche jour et nuit avec plus d’ardeur que jamais.”

Pour développer la dévotion à la Sainte Croix, le Père de Montfort plantait de grandes croix à la fin de chaque mission et créait des associations des amis de la Sainte Croix. À ces associations il donnait des règlements et des pratiques approuvés par les évêques. C’est également à ces associations que fut destinée la Lettre circulaire aux amis de la Croix.

Déjà, dans ses Maximes et leçons de la divine Sagesse [23] Louis-Marie Grignion de Montfort n’hésitait pas à écrire:

“Ne vous rebutez point dans vos bons desseins à cause de la contradiction; elle est une marque de la victoire future. Une bonne œuvre qui n’est point traversée, qui n’est point marquée au signe de la Croix, n’est pas de grand prix devant moi et sera bientôt détruite. (13)

Ne vous y trompez pas, il n’y a que deux chemins: un qui conduit à la vie, et qui est étroit, un qui conduit à la mort, et qui est large; il n’y en a pas de mitoyen. (41)

Priez ma fille, pour ceux qui vous persécutent, vous disent des injures et vous ravissent votre honneur et votre bien. (51)

Supportez tout le monde dans ses défauts, pour l’Amour de Dieu qui vous supporte.”(53)

Toutefois l’essentiel des pensées du Père de Montfort, sur la Croix, est développé surtout dans sa Lettre circulaire aux amis de la Croix [24] dont nous donnons ci-dessous quelques extraits.

Nous n’avons retenu ici que ce qui, dans la Croix, est plus spécialement orienté vers l’Amour et le Cœur de Dieu.

      3-3-2-Selon la lettre aux amis de la Croix,[25] qu’est-ce qu’un ami de la Croix?

Louis-Marie Grignion de Montfort s’adresse aux Amis de la Croix: “Ce nom est grand, car c’est le grand nom de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme tout ensemble; c’est le nom sans équivoque d’un chrétien...

Un Ami de la Croix est homme choisi de Dieu, entre dix mille qui vivent selon les sens et la seule raison, pour être un homme tout divin, élevé au-dessus de la raison, et tout opposé aux sens par une vie et une lumière de pure foi et un amour ardent pour la Croix...

Un Ami de la Croix est un homme saint et séparé de tout le visible... C’est une illustre conquête de Jésus-Christ, crucifié sur le Calvaire, en union de sa sainte Mère... Un Ami de la Croix est un vrai porte-Christ, ou plutôt un Jésus-Christ, en sorte qu’il peut dire avec vérité: je vis; non je ne vis plus, mais Jésus-Christ vit en moi.”(4)

Jésus dit: “Un Ami de la Croix porte sa croix, la croix que par ma sagesse je lui ai faite avec nombre, poids et mesure; sa croix à laquelle j’ai, de ma propre main, mis ses quatre dimensions, dans une grande justesse, savoir: son épaisseur, sa longueur, sa largeur et sa profondeur; sa croix que je lui ai taillée d’une partie de celle que j’ai portée sur le Calvaire, par un effet de la bonté infinie que je lui porte; sa croix, qui est le plus grand présent que je puisse faire à mes élus sur la terre; sa croix, composée en son épaisseur des pertes de biens, des humiliations, des mépris, des douleurs, des maladies et des peines spirituelles qui doivent, par ma providence, lui arriver chaque jour jusqu’à sa mort; sa croix, composée en sa longueur d’une certaines durée de mois ou de jours qu’il doit être accablé de la calomnie, être étendu sur un lit, être réduit à l’aumône, et être en proie aux tentations, aux sécheresses, abandons et autres peines d’esprit; sa croix, composée en sa largeur de toutes les circonstances les plus dures et les plus amères, soit de la part de ses amis, de ses domestiques, de ses parents; sa croix, enfin, composée, en sa profondeur des peines les plus cachées dont je l’affligerai, sans qu’il puisse trouver de consolation dans les créatures qui, même, par mon ordre, lui tourneront le dos et s’uniront à moi pour le faire souffrir.” (18)

      3-3-3-Le mystère de la Croix

Grignion de Montfort commente:

“Le mystère de la Croix est un mystère inconnu des Gentils, rejeté des juifs, et méprisé des hérétiques et des mauvais catholiques. Mais c’est le grand mystère que vous devez apprendre en pratique dans l’école de Jésus-Christ. Et il n’y a que Jésus-Christ qui puisse vous enseigner et faire goûter ce mystère par sa grâce victorieuse. (26) Qu’il (l’ami de la Croix) la porte sur ses épaules, cette croix, à l’exemple de Jésus-Christ... Qu’il la mette dans son cœur par l’amour, pour la rendre un buisson ardent qui brûle jour et nuit du pur amour de Dieu sans se consumer.” (19)

Mais nous sommes tous des pécheurs, et “si Dieu punit nos péchés, de concert avec nous, la punition sera amoureuse: ce sera la Miséricorde qui règne en ce monde qui châtiera, et non la justice rigoureuse.”(21)

“Laissez faire Jésus, il vous aime, il sait ce qu’il fait, il a de l’expérience; tous ses coups sont adroits et amoureux... (28) Notre Dieu est un feu consumant qui demeure par la croix dans une âme pour la purifier, sans la consumer. (29) Portez votre croix joyeusement, et vous serez embrasé du divin Amour, car, comme dit l’Imitation de Jésus-Christ: personne ne vit sans douleur dans le pur amour du Sauveur.”(34)

      3-3-4-Notre souffrance, c’est notre croix

Nous devons porter notre croix sur les traces de Jésus, et ne jamais oublier “que c’est la Croix qui Lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse, au ciel, sur terre, et dans les enfers.” (38)

Louis-Marie Grignion de Montfort sait, par expérience, combien la souffrance est souvent difficile à supporter. Aussi nous conseille-t-il de regarder Jésus: “Regardez les plaies et les douleurs de Jésus-Christ crucifié”. II vous le dit Lui-même: ‘Ô vous tous qui passez par la voie épineuse et crucifiée par laquelle j’ai passé, regardez et voyez. Regardez des yeux mêmes de votre corps, et voyez par les yeux de votre contemplation, si votre pauvreté, votre nudité, votre mépris, vos douleurs, vos abandons sont semblables aux miens. Regardez-moi, moi qui innocent, et plaignez-vous, vous qui êtes coupables!’” (57)

      3-3-5-L’exemple de Marie

Et pour conclure cette lettre aux Amis de la Croix:

“Si vous êtes vraiment Amis de la Croix, l’amour qui est toujours industrieux, vous fera trouver ainsi mille petites croix, dont vous vous enrichirez insensiblement, sans crainte de la vanité qui se mêle souvent dans la patience avec laquelle on endure les croix éclatantes. Et parce que vous aurez été ainsi fidèles en peu de choses, le Seigneur, comme il l’a promis, vous établira sur beaucoup: c’est-à-dire sur beaucoup de grâces qu’il vous donnera, sur beaucoup de croix qu’il vous enverra, sur beaucoup de gloire qu’il vous préparera.”(62) 

Il ne faut pas négliger l’exemple de Marie: “Voyez à côté de Jésus-Christ, un glaive perçant qui pénètre jusqu’au fond le cœur tendre et innocent de Marie, qui n’avait jamais eu aucun péché, ni originel, ni actuel.” [26] (31)

Je vous salue donc, ô Marie immaculée,
tabernacle vivant de la divinité,
où la Sagesse éternelle cachée
veut être adorée des anges et des hommes.

3-4-Le Secret de Marie

Le Secret de Marie[27] s’adresse aux âmes prédestinées, dit le Père de Montfort.

“C’est le secret que le Très-Haut m’a appris. Vous vous en servirez pour devenir sainte et céleste, car ce secret ne devient grand qu’à mesure qu’une âme en fait usage.” (1)

La volonté de Dieu, c’est que nous devenions saints comme Lui. Louis-Marie Grignion de Montfort écrit: “L’acquisition de cette sainteté est votre vocation assurée; et c’est là que toutes vos pensées, paroles et actions, vos souffrances et tous les mouvements de votre vie doivent tendre, ou vous résistez à Dieu en ne faisant pas ce pour quoi Il vous a créés et vous conserve maintenant... Mais c’est un ouvrage difficile en lui-même et impossible à la seule nature; il n’y a que Dieu qui, par une grâce, et une grâce abondante et extraordinaire, puisse en venir à bout...” (3)

      3-4-1-Que faire pour trouver la grâce de Dieu?[28] 

“Pour trouver la grâce de Dieu, il faut trouver Marie, parce que:

            – C’est Marie seule qui a trouvé grâce devant Dieu, et pour soi et pour chaque homme en particulier... (7)

            – C’est elle qui a donné l’être et la vie à l’Auteur de toute grâce et, à cause de cela, elle est appelée la Mère de la grâce... (8)

            – Dieu le Père... en lui donnant son Fils lui a donné toutes ses grâces... (9)

            – Dieu l’a choisie pour être la trésorière, l’économe et la dispensatrice de toutes ses grâces... Elle donne à qui elle veut, comme elle veut, quand elle veut et autant qu’elle veut, les grâces du Père éternel, les vertus de Jésus-Christ et les dons du Saint-Esprit. (10)

            – Dans l’ordre de la grâce, il faut qu’un vrai enfant de l’Église ait Dieu pour père et Marie pour mère... (11)

            – Quiconque donc veut être membre de Jésus-Christ, plein de grâce et de vérité, doit être formé en Marie par le moyen de la grâce de Jésus-Christ, qui réside en elle en plénitude, pour être communiquée en plénitude aux vrais membres de Jésus-Christ et à ses vrais enfants. (12)

            – Le Saint-Esprit ayant épousé Marie... continue à produire tous les jours en elle et par elle, d’une manière mystérieuse et véritable, les prédestinés. (13)

            – Marie a reçu de Dieu une domination particulière sur les âmes pour les nourrir et faire croître en Dieu. (14)

            – Quiconque a la Sainte Vierge demeurant chez soi, la laisse y jeter les racines d’une profonde humilité, d’une ardente charité et de toutes les vertus. (15)

Marie est le grand moule de Dieu, fait par le Saint-Esprit, pour former au naturel un Homme Dieu par l’union hypostatique, et pour former un homme Dieu par la grâce... Quiconque y est jeté et se laisse manier aussi, y reçoit tous les traits de Jésus-Christ, vrai Dieu, d’une manière douce et proportionnée à la faiblesse humaine, sans beaucoup d’agonie et de travaux. (17)

Marie est le Paradis de Dieu et son monde ineffable où le Fils de Dieu est entré pour y opérer des merveilles... (19) Heureuse et mille fois heureuse est l’âme ici-bas, à qui le Saint-Esprit révèle le secret de Marie pour le connaître; et à qui il ouvre ce jardin clos pour y entrer, cette fontaine scellée pour y puiser et boire à longs traits les eaux vives de la grâce. Cette âme ne trouvera que Dieu seul, sans créature, dans cette aimable créature; mais Dieu en même temps infiniment saint et relevé, infiniment condescendant et proportionné à sa faiblesse... Partout ailleurs, il est le Pain des forts et des anges; mais, en Marie, il est le Pain des enfants.“(20)

3-4-2-Des mises en garde très importantes

“Qu’on ne s’imagine donc pas, avec quelques faux illuminés, que Marie, étant créature, elle soit un empêchement à l’union au Créateur; ce n’est plus Marie qui vit, c’est Jésus-Christ seul, c’est Dieu seul qui vit en elle... Marie n’est faite que pour Dieu, et tant s’en faut qu’elle arrête une âme à elle-même; au contraire, elle la jette en Dieu et l’unit à lui avec d’autant plus de perfection que l’âme s’unit davantage à elle.

Marie est l’écho admirable de Dieu qui ne répond que: DIEU! lorsqu’on lui crie: MARIE! (21)

Marie étant mère des vivants, donne à tous ses enfants des morceaux de l’Arbre de vie qui est la Croix de Jésus. (22)

Aller à Jésus par Marie, c’est véritablement honorer Jésus-Christ, parce que c’est marquer que nous ne sommes pas dignes d’approcher de sa sainteté infinie directement par nous-mêmes à cause de nos péchés, et que nous avons besoin de Marie, sa Sainte Mère, pour être notre avocate et notre médiatrice auprès de lui qui est notre médiateur... En un mot, c’est pratiquer l’humilité qui ravit toujours le Cœur de Dieu.(36)

3-5-L’œuvre majeure de saint Louis-Marie Grignion de Montfort:  Le Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge

L’essentiel de la doctrine de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort sur ce qui concerne la dévotion à la très sainte Vierge, et des bienfaits qu’elle procure, est résumé dans les œuvres dont nous avons parlé ci-dessus, notamment le Secret admirable du très saint Rosaire et le Secret de Marie. Nous nous attarderons maintenant sur l’œuvre fondamentale du Père de Montfort, son Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge.[29]  

Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge est le recueil des enseignements donnés par le Père de Montfort durant ses missions. Afin qu’il échappât aux troubles de la Révolution française, le manuscrit fut caché dans un coffre lui-même enterré dans un champ voisin de la chapelle Saint Michel, à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Il y fut oublié jusqu’en 1842... Sa première édition date de 1843, 127 ans après la mort de son auteur.

      3-5-1-Nécessité de la dévotion à Marie, particulièrement dans les derniers temps.

Avec le Saint-Esprit, Marie a produit la plus grande chose qui se puisse imaginer, Jésus, l’Homme-Dieu. À la fin des temps, c’est elle qui formera les grands saints “car il n’y a que cette Vierge singulière... qui puisse produire, en union avec le Saint-Esprit, les choses singulières et extraordinaires.” (35)

Les textes qui suivent ont déjà été rapportés plus haut; il était impossible de ne pas les rappeler ici. (Paragraphe 2-2)

“Vers la fin du monde, les plus grands saints, les âmes les plus riches en grâce et en vertus, seront les plus assidus à prier la Très Sainte Vierge et à l’avoir toujours présente comme leur parfait modèle à imiter, et leur aide puissante pour les secourir. (46)

J’ai dit que cela arriverait particulièrement à la fin du monde, et bientôt, parce que le Très-Haut avec sa Sainte Mère doivent se former de grands saints qui surpasseront autant en sainteté la plupart des autres saints, que les cèdres du Liban surpassent les arbrisseaux... (47) Ces âmes pleines de grâce et de zèle seront choisies pour s’opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la Sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, et conduites par son esprit... (48)

“C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé... (49) Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-d’œuvre de ses mains, dans ces derniers temps.”

En voici plusieurs raisons[30]: Marie est très humble, “elle est l’aurore qui précède et découvre le Soleil de justice qui est Jésus-Christ... Étant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous la première fois, elle le sera encore lorsqu’il viendra la seconde... Celui qui trouvera Marie trouvera la vie, c’est-à-dire Jésus-Christ qui est la voie, la vérité, la vie...”

En conséquence[31], “Marie doit éclater plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans ces derniers temps... Marie doit être terrible au démon et à ses suppôts, comme une armée rangée en bataille...“ Principalement dans les derniers temps, Satan “suscitera bientôt de cruelles persécutions, et mettra de terribles embûches aux serviteurs fidèles et aux vrais enfants de Marie... (50) C’est principalement de ces dernières et cruelles persécutions, qui augmenteront jusqu’au règne de l’Antéchrist, qu’on doit entendre cette prédiction de Dieu portée à propos du serpent: “Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, et ta race et la sienne; elle-même t’écrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon.”(51) Toutefois, c’est “l’humilité de Marie qui humilie Satan plus que le pouvoir divin... (52) Ce que Lucifer a perdu par orgueil, Marie l’a gagné par humilité... (53)

Mais le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c’est-à-dire à ses humbles esclaves et à ses pauvres enfants qu’elle suscitera pour lui faire la guerre.. Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous comme le talon, foulés et persécutés comme le talon l’est à l’égard des autres membres du corps; mais en échange, ils seront riches en grâces de Dieu que Marie leur distribuera abondamment... (54) Ils connaîtront les grandeurs de cette souveraine, et ils se consacreront entièrement à son service, comme ses sujets et ses esclaves d’amour...

Ils connaîtront les miséricordes dont elle est pleine, et les besoins où ils sont de son secours, et ils auront recours à elle en toutes choses comme à leur chère avocate et médiatrice auprès de Jésus-Christ. Ils sauront qu’elle est le moyen le plus assuré, le plus aisé, le plus court et le plus parfait pour aller à Jésus-Christ.”(55)

      3-5-2-Qui seront ces serviteurs, esclaves et enfants de Marie?

“Ce seront des apôtres véritables des derniers temps... Ils dormiront sans or ni argent et qui plus est, sans soin, au milieu des autres prêtres et ecclésiastiques et clercs... (58) 

Ce seront de vrais disciples de Jésus-Christ, qui, marchant sur les traces de sa pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseigneront la voie étroite de Dieu dans la pure vérité, selon le Saint Évangile...

Ils porteront sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la Croix, le Crucifix dans la main droite, le chapelet dans la gauche, les sacrés noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie et mortification de Jésus-Christ dans toute leur conduite.” (59)

      3-5-3-Et pratiquement:

“Jésus-Christ notre Sauveur, vrai Dieu et vrai homme, doit être la fin dernière de toutes nos dévotions, autrement elles seraient fausses et trompeuses. Jésus-Christ est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de toutes choses... (60) Il n’a point été donné d’autre nom sous le ciel, que le nom de Jésus, par lequel nous devions être sauvés... (61)

Si donc nous établissons la solide dévotion à la Très Sainte Vierge, ce n’est que pour établir plus parfaitement celle de Jésus-Christ, ce n’est que pour donner un moyen aisé et assuré pour trouver Jésus-Christ. Si la dévotion à la Sainte Vierge éloignait de Jésus-Christ, il faudrait la rejeter comme une illusion du diable, mais tant s’en faut... (62)

Louis-Marie[32] se tourne alors vers Jésus car il sait qu’il y a une liaison entre Jésus et Marie: “Vous êtes, Seigneur, toujours avec Marie, et Marie est toujours avec Vous et ne peut être sans Vous: autrement elle cesserait d’être ce qu’elle est. Elle est tellement transformée en Vous par la grâce qu’elle ne vit plus; c’est vous seul, mon Jésus, qui vivez et régnez en elle, plus parfaitement qu’en tous les anges et les bienheureux... (63)

Le Saint-Esprit nous compare:

– 1° à des arbres plantés le long des eaux de la grâce, dans le champ de l’Église, qui doivent donner leurs fruits en leur temps.

– 2° aux branches d’une vigne dont Jésus-Christ est le cep, qui doivent rapporter de bons raisins.

– 3° à un troupeau dont Jésus-Christ est le pasteur, qui doit multiplier et donner du lait.

– 4° à une bonne terre dont Dieu est le laboureur, et dans laquelle la semence se multiplie et rapporte au trentuple, soixantuple ou centuple... Tout cela nous prouve que Jésus-Christ veut recevoir quelques fruits de nos chétives personnes, savoir: nos bonnes œuvres. Jésus-Christ est l’unique principe, et doit être l’unique fin de toutes nos bonnes œuvres, et que nous le devons servir, non seulement comme des serviteurs à gages, mais comme des esclaves d’amour.” (69)

3-5-4-Qu’est-ce que l’esclavage d’amour?

“C’est l’esclavage de volonté, le plus parfait et le plus glorieux à Dieu, qui regarde le cœur, et qui demande le cœur, et qui s’appelle le Dieu du cœur.” (70)

“Le Baptême nous a rendus esclaves de Jésus-Christ... (73) Ce que je dis absolument de Jésus-Christ, je le dis relativement de la Sainte Vierge... Tout ce qui convient à Dieu par nature, convient à Marie par grâce... ils ont tous deux les mêmes sujets, serviteurs et esclaves... (74) On peut donc se dire et se faire l’esclave amoureux de la Très Sainte Vierge, afin d’être par là plus parfaitement esclave de Jésus-Christ.”  Car “la plus forte inclination de Marie, est de nous unir à Jésus-Christ, son Fils.” (75)

“Nous avons besoin d’un médiateur auprès du Médiateur même, et Marie est celle qui est la plus capable de remplir cet office charitable... Marie, notre Mère, est bonne, elle est tendre; il n’y a rien en elle d’austère ni rebutant, rien de trop sublime et de trop brillant; en la voyant, nous voyons notre pure nature... Elle est si charitable qu’elle ne rebute personne de ceux qui demandent son intercession... Il n’a jamais été ouï dire, depuis que le monde est monde, qu’aucun ait eu recours à la Vierge Marie avec confiance et persévérance, et en ait été rebuté... (85) Tout ceci est tiré de Saint Bernard et de Saint Bonaventure.” (86)

      3-5-5-Principales pratiques[33] de dévotion à Marie.

Les principales dévotions sont intérieures. Il faut:

            1-L’honorer comme la digne Mère de Dieu, du culte d’hyperdulie, c’est-à-dire l’estimer et honorer par-dessus tous les autres saints, comme le chef-d’œuvre de la grâce et la première après Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.

            2-Méditer ses vertus.

            3-Contempler ses grandeurs.

            4-Lui faire des actes d’amour, de louange et de reconnaissance.

            5-L’invoquer cordialement.

            6-S’offrir et s’unir à elle.

            7-Faire ses actions en vue de lui plaire.

            8-Commencer, continuer et finir toutes ses actions par elle, en elle, avec elle et pour elle. (115)

La plus parfaite pratique de dévotion à la Sainte Vierge est la consécration à Jésus-Christ car toute notre perfection consiste à être conformes, unis et consacrés à Jésus-Christ. “Or, Marie étant la plus conforme à Jésus-Christ de toutes les créatures, il s’ensuit que de toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme le plus une âme à Notre-Seigneur est la dévotion à la Très Sainte Vierge, sa Sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus-Christ... (120)

Par cette dévotion on donne à Jésus-Christ, de la manière la plus parfaite, puisque c’est par les mains de Marie, tout ce qu’on peut lui donner, et beaucoup plus que par les autres dévotions... Ici, tout est donné et consacré, jusqu’au droit de disposer de ses biens intérieurs... (123) Il s’ensuit qu’une personne qui s’est ainsi volontairement consacrée et sacrifiée à Jésus-Christ par Marie ne peut plus disposer de la valeur d’aucune de ses bonnes actions.” (124) En fait, “on se consacre tout ensemble à la Très Sainte Vierge et à Jésus-Christ...” (125)

Cette dévotion pourrait être appelée une parfaite rénovation des vœux du Baptême. “Dans cette dévotion, c’est par soi-même, c’est volontairement, c’est avec connaissance de cause, que l’on se donne à Jésus-Christ.” (126)

      3-5-6-Les qualités de la vraie dévotion[34] 

            1-La vraie dévotion est intérieure... Elle part de l’esprit et du cœur... (105)

            2-Elle est tendre, pleine de confiance en la Très Sainte Vierge, comme d’un enfant dans sa bonne mère. (107)

            3-La vraie dévotion est sainte; elle porte une âme à éviter le péché et à imiter les vertus de la Très Sainte Vierge, particulièrement son humilié profonde, sa foi vive, son obéissance aveugle, son oraison continuelle, sa mortification universelle, sa pureté divine, sa charité ardente, sa patience héroïque, sa douceur angélique et sa sagesse divine. (108)

            4-Elle est constante

            5-Elle est désintéressée, c’est-à-dire qu’elle inspire à une âme de ne se point rechercher, mais Dieu seul dans sa Sainte Mère. (110)

      3-5-7-La dévotion à la Sainte Vierge nous livre entièrement au service de Dieu.

Elle nous fait imiter l’exemple donné par Jésus sur la terre, et pratiquer l’humilité... “C’est à l’humilité qu’engage cette pratique de dévotion puisqu’elle apprend à n’approcher jamais par soi-même de Notre Seigneur,... mais à se servir toujours de l’intercession de Marie.” (143) Il en résulte que la valeur de toutes nos bonnes œuvres est employée à la plus grande gloire de Dieu. (151)

Enfin, “cette dévotion est un chemin aisé, court, parfait et assuré pour arriver à l’union avec Notre Seigneur, où consiste la perfection du chrétien.” (152)

“Là où est Marie, là l’esprit malin n’est pas; et une des plus infaillibles marques qu’on est conduit par le bon Esprit, c’est quand on est bien dévot à Marie... (166)

La dévotion à Marie est un chemin frayé par Jésus-Christ, la Sagesse incarnée... C’est un chemin aisé, à cause de la plénitude de la grâce et de l’onction du Saint-Esprit... C’est un chemin court qui, en peu de temps, nous mène à Jésus-Christ. C’est un chemin parfait, où il n’y a aucune boue, aucune poussière, ni la moindre ordure du péché. C’est enfin un chemin assuré qui nous conduit à Jésus-Christ et à la vie éternelle d’une manière droite et assurée, sans détourner ni à droite ni à gauche. (168)

Cette pratique de dévotion donne une grande liberté intérieure qui est la liberté des enfants de Dieu... Par cette dévotion on se rend esclave de Jésus-Christ, en se consacrant tout à Lui... (169) et on procure de grands biens au prochain puisqu’on lui donne, par les mains de Marie, tout ce qu’on a de plus cher, qui est la valeur satisfactoire et impétratoire de toutes nos bonnes œuvres... (171) C’est à la fidélité de Marie que l’on se fie, c’est sur sa puissance que l’on s’appuie, c’est sur sa miséricorde et sa charité que l’on se fonde...” (173)

Car Marie[35] “est la vierge fidèle qui, par sa fidélité à Dieu, répare les pertes qu’a faites Ève l’infidèle, par son infidélité, et qui obtient la fidélité à Dieu et la persévérance à ceux et celles qui s’attachent à elle.” (175)

Il faut verser dans le sein et le cœur de Marie toutes ses grâces et toutes ses vertus: “C’est un vaisseau d’esprit, c’est un vaisseau d’honneur, c’est un vaisseau insigne de dévotion.” (178)

Marie ne se laisse jamais vaincre en amour et en libéralité. (181) ”Elle aime tendrement ceux qui l’aiment... et son amour est pour eux actif et effectif... (202) Elle donne de bons conseils... (204) Elle nous revêt avec des habits propres, neufs, précieux et parfumés, c’est-à-dire de Jésus-Christ... (206) Elle nous fait obtenir la bénédiction du Père céleste... (207) Elle donne à manger le pain de vie qu’elle a formé, c’est-à-dire Jésus... (208)

La Sainte Vierge conduit et dirige ses fidèles serviteurs selon la volonté de son fils... (209) Elle les protège et les défend contre leurs ennemis... Elle les cache sous les ailes de sa protection, comme une poule ses poussins... (210) Enfin, Marie prie pour ses fidèles dévots, elle intercède pour eux auprès de son Fils et l’apaise par ses prières, et elle les unit à lui d’un lien très intime et les y conserve.” (211)

      3-5-8-Les effets merveilleux que cette dévotion[36] produit dans les âmes fidèles sont:

– La connaissance de soi, ce qui est souvent très inconfortable.

– La foi. Marie partage sa foi qui, sur la terre, a été plus grande que celle des patriarches, des prophètes ou des apôtres. C’est une foi pure, vive, animée par la charité; une foi ferme, inébranlable comme un rocher; une foi agissante, courageuse, “une foi qui sera votre flambeau enflammé, votre vie divine, votre trésor caché de la divine Sagesse.” (214)

– La grâce du pur amour, grâce qui fait aimer Dieu comme un bon Père.

– La Sainte Vierge “vous remplira aussi d’une grande confiance en  Dieu et en elle-même.” (216)

Enfin, les âmes sont rapidement transformées en Marie, à l’image de Jésus-Christ. En effet, ”si Marie, qui est l’Arbre de vie, est bien cultivée en votre âme par la fidélité aux pratiques de cette dévotion, elle portera son fruit en son temps; et son fruit, n’est autre que Jésus-Christ.” (218) Les âmes qui embrassent ce secret de grâce sont comme des fondeurs et mouleurs qui, ayant trouvé le beau moule de Marie, où Jésus-Christ a été naturellement et divinement formé... se jettent et se perdent en Marie pour devenir le portrait naturel de Jésus-Christ... (220) Mais souvenez-vous qu’on ne jette en moule que ce qui est fondu et liquide: il faut donc détruire et fondre en nous le vieil Adam, pour devenir le nouveau en Marie. (221)

Et tout cela se fait pour la plus grande gloire de Dieu... (222) car l’âme ”ne mettant son appui et sa complaisance que dans les dispositions de Marie pour approcher de Jésus-Christ, et même pour Lui parler, elle pratique beaucoup plus l’humilité que les âmes qui agissent par elles-mêmes.” (223)

“Si vous dites Marie, Marie dit Dieu.” (225)

      3-5-9-Petite pratique

Les fidèles  qui se sont consacrés à Marie peuvent, tous les mois et tous les jours, renouveler tout ce qu’ils ont fait, par ce peu de paroles:  TUUS totus ego sum, et omnia mea tua sunt. Je suis tout à vous, tout ce que j’ai vous appartient, ô mon aimable Jésus, par Marie, votre sainte Mère...” (233) Cette manière de parler montre l’union intime qu’il y a entre Jésus et Marie. Ils sont unis si intimement que l’un est tout dans l’autre: Jésus est tout en Marie, et Marie toute en Jésus; ou plutôt, elle n’est plus, mais Jésus tout seul en elle. (247)

      3-5-10-Les meilleures prières pour prier et louer Marie

L’Ave Maria est la plus belle de toutes les prières après le Pater”. C’est le plus parfait compliment que l’on puisse faire à Marie, et, de plus, il met le diable en fuite. (252 et 253)

Le magnificat” est la seule prière et le seul ouvrage que la Sainte Vierge ait composés, ou plutôt que Jésus a faits en elle, car il parlait par sa bouche.” (255)

Il faut faire toutes ses actions: “Par Marie, avec Marie, en Marie, et pour Marie.”

Louis-Marie Grignion de Montfort sait que la dévotion[37] à Marie sera souvent attaquée ou mal comprise au cours des siècles qui viendront. Aussi affirme-t-il ce qui sera une véritable prédiction:

“Je prévois bien des bêtes frémissantes, qui viennent en furie pour déchirer avec leurs dents diaboliques ce petit écrit et celui dont le Saint-Esprit s’est servi pour l’écrire, ou du moins pour l’envelopper dans les ténèbres et le silence d’un coffre, afin qu’il ne paraisse point; ils attaqueront même et persécuteront ceux et celles qui le liront et le mettront en pratique.” (114)

Curieuse prédiction quand on sait que ce manuscrit fut caché dans un coffre pendant la Révolution Française, et qu’il ne fut retrouvé qu’en 1842, et publié pour la première fois qu’en 1843, soit 127 ans après la mort de son auteur!

Le Père de Montfort a beaucoup lutté pour développer la dévotion à la Sainte Vierge, car il savait que Marie nous conduit toujours à Jésus, et que Marie n’a qu’un seul désir, nous faire aimer Jésus. La Prière embrasée du Père de Montfort en est un témoignage.  

      3-5-11-La prière embrasée[38] (67)

“Vous êtes, ô Christ, mon Père Saint, mon Père plein de miséricorde, mon Roi infiniment grand. Vous êtes mon pasteur charitable, mon unique maître, mon aide plein de bonté, mon bien-aimé d’une beauté ravissante, mon pain de vie, mon prêtre éternel. Vous êtes mon guide vers la patrie, ma vraie lumière, ma douceur toute sainte, ma voie sans détour. Vous êtes ma sagesse brillante par son éclat, ma simplicité sans tache, ma paix et ma douceur. Vous êtes enfin toute ma sauvegarde, mon héritage précieux, mon salut éternel.

Ô Jésus-Christ, aimable Maître, pourquoi, dans toute ma vie, ai-je aimé, ai-je désiré autre chose que Vous, Jésus, mon Dieu? Où étais-je quand je ne pensais pas à Vous? Ah! du moins, à partir de ce moment, que mon cœur n’ait de désirs et d’ardeurs que pour le Seigneur Jésus; qu’il se dilate pour n’aimer que Lui seul. Désirs de mon âme, courez désormais, c’est assez de retard; hâtez-vous d’atteindre le but auquel vous aspirez, cherchez en vérité celui que vous cherchez. Ô Jésus, anathème à qui ne vous aime pas! Que celui qui ne vous aime pas soit rempli d’amertume! Ô doux Jésus, soyez l’amour, les délices et l’adoration de tout cœur dignement consacré à votre gloire.

Dieu de mon cœur et mon partage, divin Jésus, que mon cœur tombe dans une sainte défaillance; soyez Vous-même ma vie; que dans mon âme s’allume un charbon brûlant de votre amour et qu’il y soit le principe d’un incendie tout divin; qu’il brûle sans cesse sur l’autel de mon cœur, qu’il embrase le plus intime de mon être, qu’il consume le fond de mon âme; qu’enfin, au jour de ma mort, je paraisse devant vous tout consumé dans votre Amour. Amen!

3-6-Réflexions à partir du Secret de Marie et du Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge

      3-6-1-La dévotion à Marie est nécessaire

“C’est par la Très Sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu dans le monde, et c’est aussi par elle qu’il dit régner dans le monde.(1) Marie a été très cachée dans sa vie: c’est pourquoi elle est appelée par le Saint-Esprit et l’Église: Alma Mater, Mère cachée et secrète. (2)

Marie est l’excellent chef-d’œuvre du Très-Haut dont il s’est réservé la connaissance et la possession... Marie est la fontaine scellée et l’Épouse fidèle du Saint-Esprit où il n’y a que Lui qui entre. Marie est le sanctuaire et le repos de la Sainte Trinité...(4) C’est la magnificence du Très-Haut, où il a caché, comme en son sein, son fils unique... (6) Les neuf chœurs des anges, les hommes, sont obligés de l’appeler bienheureuse, bon gré, mal gré, par la force de la vérité...  (8) Toute la terre est pleine de sa gloire...(9) et on n’a point encore assez loué, exalté, honoré, aimé et servi Marie. Elle mérite encore plus de louanges, de respects, d’amour et de services...” (10)

Pourtant, remarque Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, on est obligé de constater que “Marie a été inconnue jusques ici, et c’est une des raisons pourquoi Jésus-Christ n’est point connu comme il doit l’être.”(13)

      3-6-2-Pourtant Marie n’est qu’une créature

Souvent le Père de Montfort insiste sur le fait que Marie n’est, elle aussi, qu’une créature sortie des mains du Très-Haut. Comparée à Dieu, elle est moins qu’un atome. Mais c’est par elle que Dieu veut accomplir son Œuvre. En particulier:

“Le Fils de Dieu s’est fait homme pour notre salut, mais en Marie et par Marie. Dieu le Saint-Esprit a formé Jésus-Christ en Marie, mais après lui avoir demandé son consentement. (16) Et, admirable Sagesse de Dieu, “Jésus-Christ a plus donné de gloire à Dieu son Père par la soumission qu’il a eue à sa Mère pendant trente années, qu’il ne lui en eût donné en convertissant toute la terre par l’opération des plus grandes merveilles... (18) Jésus a voulu commencer ses miracles par Marie. Il a sanctifié Jean dans le sein de sa mère, sainte Élisabeth, par la parole de Marie... Il changea, aux noces de Cana, l’eau en vin, à son humble prière.  (19)

Dieu le Père a fait “un assemblage de toutes ses grâces qu’il a appelé Marie... Ce trésor immense n’est autre que Marie, que les saints appellent le trésor du Seigneur. (23)

Dieu le Fils a fait de sa Mère “la trésorière de tout ce que son Père lui a donné en héritage... C’est son canal mystérieux, c’est son aqueduc par où il fait passer doucement et abondamment ses miséricordes. (24)

Dieu le Saint-Esprit “a communiqué à Marie, sa fidèle Épouse, ses dons ineffables, et il l’a choisie pour être la dispensatrice de tout ce qu’il possède. Telle est la volonté de Dieu qui a voulu que nous ayons tout par Marie.” (25)

Les prières de Marie sont très puissantes auprès de Dieu, “et sa Majesté ne résiste jamais à la prière de sa Mère, parce qu’elle est toujours humble et conforme à sa volonté... (27) Pour récompense de son humilité profonde, Dieu lui a donné le pouvoir et la commission de remplir de saints les trônes vides dont les anges apostats sont tombés par orgueil...” (28)

“Dieu le Saint-Esprit veut se former en Marie, et par elle se donner des élus. Il lui dit[39]: “Jetez, ma Bien-Aimée et mon Épouse, les racines de toutes vos vertus dans mes élus, afin qu’ils croissent de vertu en vertu et de grâce en grâce... Reproduisez-vous dans mes élus: que je vois en eux avec complaisance les racines de votre foi invincible, de votre humilité profonde, de votre mortification universelle, de votre oraison sublime, de votre charité ardente, de votre espérance ferme et de toutes vos vertus...  (34)

      3-6-3-Le résultat de tout ceci?

“Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, elle y produit des merveilles de grâce qu’elle seule peut produire parce qu’elle est seule la Vierge féconde qui n’a jamais eu ni n’aura jamais sa semblable en pureté et en fécondité. (35)

“Quand le Saint-Esprit, son Époux, a trouvé Marie dans une âme, il y vole, il y entre pleinement, il se communique à cette âme abondamment et autant qu’elle donne de place à l’Épouse[40]... (36)

Une vraie dévotion à Marie est donc indispensable. Mais, selon Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, en quoi consiste la vraie dévotion à Marie?

      3-6-4-En quoi consiste la vraie dévotion à Marie?

Conditions préalables

            – Tout d’abord, s’acquitter de ses devoirs de chrétien en évitant le péché mortel, en agissant plus par amour que par crainte et priant de temps en temps la Sainte Vierge et l’honorant comme la Mère de Dieu, sans aucune dévotion spéciale envers elle.

            – Avoir pour la Sainte Vierge des sentiments plus parfaits d’estime, d’amour, de confiance et de vénération. [41] (25 et 26)

      3-6-5-Et maintenant, la pratique parfaite

Ces deux dévotions, excluant le péché, sont bonnes mais insuffisantes pour unir les âmes à Jésus-Christ. Voici en quoi consiste la pratique parfaite de la dévotion à Marie. Attention! Il faut savoir que Louis-Marie Grignion de Montfort s’adresse à une âme prédestinée.

“Elle consiste à se donner tout entier, en qualité d’esclave, à Marie et à Jésus par elle; ensuite, à faire toute chose avec Marie, en Marie, par Marie et pour Marie... (28) Il faut remarquer ici qu’on fait sacrifice, par cette dévotion, à Jésus et à Marie, de tout ce qu’une âme a de plus cher et dont aucune religion (congrégation religieuse) n’exige le sacrifice, qui est du droit qu’on a de disposer de soi-même et de la valeur de ses prières et de ses aumônes... (29)  Après l’oblation qu’on en a faite, on n’est plus maître de tout le bien qu’on fait. (30) On met bien ses mérites entre les mains de la Sainte Vierge. (31)

L’esclavage dont il s’agit ici[42], “c’est l’esclavage d’amour et de volonté; et c’est celui par lequel nous devons nous consacrer à Dieu par Marie, de la manière la plus parfaite dont une créature se puisse servir pour se donner à son Créateur. (32) Heureuse, mille fois heureuse est l’âme libérale qui se consacre à Jésus par Marie, en qualité d’esclave d’amour, après avoir secoué par le Baptême l’esclavage tyrannique du démon.” (34)

Cette pratique[43] est excellente parce que: ”se donner ainsi à Jésus par les mains de Marie c’est imiter Dieu le Père qui ne nous a donné son Fils que par Marie... C’est imiter Dieu le Fils qui n’est venu à nous que par Marie... C’est imiter le Saint-Esprit qui ne nous communique ses grâces et ses dons que par Marie.  (35)

      3-6-6-Pourquoi et comment cette dévotion?

 

En nous consacrant ainsi à Jésus par Marie[44] nous mettons entre les mains de Marie toutes nos bonnes actions. C’est peu de chose, “mais mettons-le dans les mains de Marie par cette dévotion... et ainsi, comme ses domestiques et ses esclaves, après nous être dépouillés de tout pour l’honorer, nous aurons doubles vêtements. (38) Cette dévotion rend vraiment libre de la liberté des enfants de Dieu.” (41)

Le Père de Montfort a dit que cette dévotion consistait “à faire toutes choses avec Marie, en Marie, par Marie et pour Marie.” (43) Ainsi:

            – Il faut faire toutes ses actions avec Marie... c’est-à-dire la prendre pour le modèle accompli de ce que l’on doit faire. (45)

            – Il faut faire toute chose en Marie, c’est-à-dire qu’il faut s’accoutumer peu à peu à se recueillir au-dedans de soi-même pour y former une petite idée ou image spirituelle de la très Sainte Vierge. Elle sera, à l’âme, l’Oratoire pour y faire toutes ses prières à Dieu, sans crainte d’être rebuté. (47)

            – Il faut n’aller à Notre Seigneur que par son intercession. (48)

            – Il faut faire toutes ses actions pour Marie... et répéter souvent du fond du cœur: ô ma chère Maîtresse, c’est pour vous que je vais ici ou là, que je fais ceci ou cela, que je souffre cette peine ou cette injure.” (49)

Cette dévotion est précieuse.[45] “Fidèlement pratiquée, elle produit une infinité d’effets dans l’âme... Elle établit ici-bas la vie de Marie dans une âme, en sorte que ce n’est plus l’âme qui vit, mais Marie en elle, ou l’âme de Marie devient son âme pour ainsi dire... (55) Comme Marie est partout Vierge féconde, elle porte dans tout l’intérieur où elle est la pureté du cœur et de corps, la pureté en ses intentions et ses desseins, la fécondité en bonnes œuvres... (56) 

Enfin, Marie devient toute chose à cette âme auprès de Jésus-Christ: elle éclaire son esprit par sa pure foi. Elle approfondit son cœur par son humilité, elle l’élargit et l’embrase par la charité, elle le purifie par sa pureté, elle l’anoblit et l’agrandit par sa maternité... Il n’y a que l’expérience qui apprend ces merveilles de Marie...” (57)

“Je vous salue Marie, Fille bien-aimée du Père Éternel; je vous salue Marie, Mère admirable du Fils; je vous salue, Marie, Épouse très fidèle du Saint-Esprit. Je vous salue, Marie, mon aimable Maîtresse et ma puissante Souveraine, je vous salue, ma joie, ma gloire, mon cœur et mon âme!” (68)

      3-6-7-Quelques précisions sur le Saint esclavage d’amour[46] 

“Le Saint esclavage d’amour, c’est un secret inconnu de presque tout le monde. Si vous avez trouvé le trésor caché dans le champ de Marie, la perle précieuse de l’Évangile, il faut tout vendre pour l’acquérir; il faut que vous fassiez un sacrifice de vous-même entre les mains de Marie, et vous perdre heureusement en elle pour y trouver Dieu seul.“ (70)

Cette dévotion, c’est le véritable Arbre de Vie que le Saint-Esprit plante dans nos âmes. “C’est le grain de sénevé dont il est parlé dans l’Évangile...” (70)

      3-6-8-Comment cultiver cet Arbre de Vie[47]?

“Cet Arbre étant planté dans un cœur bien fidèle, veut être en plein vent, sans aucun appui humain; cet Arbre étant divin, veut toujours être sans créature qui pourrait l’empêcher de s’élever vers son principe qui est Dieu. Ainsi, il ne faut point s’appuyer de son industrie humaine ou de ses talents purement naturels ou du crédit et de l’autorité des hommes: il faut avoir recours à Marie et s’appuyer sur son secours... (71)

... Il faut arroser continuellement cet Arbre divin, de ses communions, ses messes et autres prières publiques et particulières; sans quoi cet arbre cesserait de porter du fruit... (76) Il donnera son fruit d’honneur et de grâce en son temps, c’est-à-dire l’aimable et adorable Jésus qui a toujours été et qui sera l’unique fruit de Marie. (78)

Cette dévotion à la Sainte Vierge sera nécessairement attaquée et contredite; mais pourvu qu’on persévère à le cultiver, il n’y a rien à craindre.” (77)

“Jésus-Christ notre Sauveur, vrai Dieu et vrai homme,
doit être la fin dernière de toutes nos dévotions,
autrement elles seraient fausses et trompeuses.

Jésus-Christ est l’alpha et l’oméga,
le commencement et la fin de toutes choses...

“Écoutons les anges chanter... (1)
Jour et nuit, brûlant d’un saint feu
ils chantent les grandeurs de Dieu. 4)

En chantant ils brûlent d’Amour.
Chantons, brûlons à notre tour. (5) (Cantique
[48] N°1)

3-7-Les “petites” œuvres traitant de la dévotion à la Sainte Vierge Marie

      3-7-1-La Petite Couronne de la Sainte Vierge

Dans la Petite Couronne de la Sainte Vierge, le Père de Montfort nous fait prier Marie comme suit:

Je vous salue, Marie, ma chère Maîtresse, ma bonne Mère, la Reine de mon cœur, ma vie, ma douceur et mon espérance après Jésus, mon cœur et mon âme; je suis tout à vous, et tout ce que j’ai vous appartient... Ô Vierge fidèle! mettez-vous comme un cachet amoureux sur mon cœur, afin que par vous et en vous, je sois trouvé fidèle à mon Dieu.

      3-7-2-Aux Habitants de Montbernage, une paroisse de Poitiers où il prêcha une mission, le Père de Montfort conseille:

 

Souvenez-vous, mes chers enfants, ma joie, ma gloire et ma couronne, d’aimer ardemment Jésus-Christ, de l’aimer par Marie, de faire éclater partout et devant tous votre dévotion à la très Sainte vierge, notre bonne Mère, afin d’être partout la bonne odeur de Jésus-Christ... (2)

4
Les cantiques

 

4-1-Le Cœur de Jésus et Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

On le sait moins, mais le Père de Montfort fut un grand amoureux du Cœur de Jésus. Voici, entre autres, un conseil que le Père de Montfort donne à ses prêtres Missionnaires de la Compagnie de Marie:

“Qu’ils ne limitent pas la grâce de Dieu ni leur zèle dans les seules campagnes... Qu’ils aillent indifféremment faire la mission, dans les villes comme dans les campagnes, selon la volonté de Dieu marquée par leurs supérieurs, ils participent cependant aux plus tendres inclinations du Cœur de Jésus leur modèle... ce qui les fait ordinairement préférer la campagne à la ville, et les pauvres aux riches.” (Ce conseil est inséré dans les Règles des Prêtres Missionnaires de la Compagnie de Marie.)

Pour le Père de Montfort l’Amour de Jésus, son Cœur et sa Croix sont inséparables. Voici un autre conseil donné, cette fois, à des laïcs, associés de la Compagnie de Marie: “Ne craignez point les railleurs. Écoutez Jésus-Christ qui vous dit: “C’est moi, ne craignez point. C’est moi qui vous ai choisis. C’est moi qui suis votre Bon Pasteur... Je vous connais comme mes brebis... Ne vous étonnez point si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier... Jésus veut que vous espériez de lui de grandes choses, et que cette espérance vous comble de joie.”

Pourtant, curieusement, le Père de Montfort n’a pas laissé de Traité sur le Cœur de Jésus. C’est dans ses cantiques que l’on trouve l’essentiel de sa doctrine. Cela peut se comprendre aisément: en effet, le Père de Montfort s’était rapidement rendu compte que la doctrine chrétienne se retenait beaucoup plus facilement en la chantant sur des airs simples qu’en lisant des livres savants, trop coûteux et difficiles à lire pour le peuple peu scolarisé de son époque. Prédicateur au cœur de feu, il avait compris l’importance irremplaçable du chant pour préparer, prolonger et mémoriser l’enseignement dispensé pendant les missions et il composait lui-même les cantiques dont il avait besoin. C’est la raison pour laquelle de très nombreux thèmes sont abordés dans ses cantiques dont l’ensemble représente un véritable traité de la doctrine chrétienne.

4-2-L’Amour de Dieu dans les cantiques du Père de Montfort[49]

 

Cantique n°5

 

Aimez ce Dieu qui veut qu’on l’aime,
C’est son plus grand commandement,
Aimez ou soyez anathème
Et maudits éternellement. (strophe 14)

Aimez Dieu, il est véritable,
Aimez-le donc à votre tour;
Il est tout bon et tout aimable,
Donnez-lui donc tout votre amour. (strophe 15)

 

Cantique 7

 

Jésus est votre ami fidèle,
Votre Sauveur, votre Époux.
C’est moi, dit-il, je vous appelle,
Ne craignez rien, confiez-vous. (strophe 8)

 

Cantique 21

 

Chantons tous et brûlons des flammes
du zèle du salut des âmes

C’est l’effet de l’amour de Dieu,
qui ne saurait souffrir qu’on offense notre Dieu,
notre souverain, ni qu’on attaque le prochain. (strophe 1)

Les anges font autant de fêtes que le zèle fait de conquêtes.
Mais quelle joie au doux Sauveur!
Il voit par là son sang qui fructifie,
Il retrouve un enfant perdu,
le prix de son sang répandu. (strophe 4)

Imitons cet exemple rare:
ce très bon Maître se compare
à la poule avec ses poussins
qui jour et nuit les cache sous ses ailes,
les appelle tout doucement,
les nourrit très soigneusement,
sans écarter les plus rebelles. (strophe 19)

 

Prière du soir - Cantique 53

 

Bénissons à jamais le Seigneur dans ses bienfaits.
Ô que c’est un bon Père!
Qu’Il a grand soin de nous! Il nous conserve tous,
Il nous supporte tous, Il nous enseigne tous,
Il nous pardonne à tous, malgré notre misère.

 

4-3-Le Cœur de Jésus-Le Sacré-Cœur

      4-3-1-Le Cœur de Jésus: ce qu’il est

 

Cantique 40

 

Anges, dîtes-moi, je vous prie,
quel est ce beau brasier de feu?
C’est le Cœur du Fils de Marie
et du Fils unique de Dieu. (str 4)

Ce Cœur, dès que l’homme l’aborde,
élève Dieu son Créateur,

Exalte sa Miséricorde
et lui rend un parfait honneur. (strophe 7)

Chose étonnante, il s’humilie devant son Père, à tout moment.
Il loue, il adore, il supplie, il parle pour nous puissamment. (strophe 8)

Ô merveille tout ineffable! Cœur plein de la divinité!
Cœur infiniment adorable, dans la Très Sainte Trinité! (strophe 9)

Oh! que de flammes vers son Père ce Cœur jette en haut nuit et jour!
Oh! qu’il aime l’homme son frère d’un pur et ardent amour! (str 10)

Ô grand Cœur! Ô fournaise ardente! Ô brasier tout miraculeux
Qui jette une flamme abondante pour brûler la terre et les cieux! (strophe 11)

Depuis qu’il est Cœur, il nous aime sans cesser d’aimer un moment.
Il nous aime autant que lui-même, avec excès, infiniment. (str 12)

Il est le Cœur des cœurs sublimes,
le Cœurs des vrais prédestinés.   (strophe 13)

Dans ce Cœur, les plus saintes âmes, les plus grands amis du Sauveur
Ont puisé leurs plus pures flammes, leur plus ineffable ferveur. (strophe 14)

Voici le trésor véritable de la grâce de Jésus-Christ,
Voici la fontaine admirable de tous les dons du Saint-Esprit. (strophe 15)

C’est ici la source de vie en qui tous les saint ont puisé,
C’est ici le bel incendie dont le cœur était embrasé. (strophe 16)

Cantique 40

 

Le Cœur de Jésus, c’est aussi “la plus sainte retraite
où l’on évite tout péché (strophe 18),
c’est la ville du refuge, la vraie arche du déluge... (strophe 19)

Dans ce Cœur, l’âme est embaumée de l’odeur des plus doux parfums,
C’est en lui qu’elle est enflammée des feux qui ne sont pas communs. (strophe 23)

Ce Cœur est notre arche vivante qui renferme toute la loi,
Les secrets de l’âme innocente et les mystères de la foi. (str 24)

C’est en ce Cœur que notre Maître forma tous ses secrets d’amour,
Avant de les faire connaître, avant de les produire au jour. (strophe 25)

Ce Cœur est le trou de la pierre où l’on trouve une douce paix,
C’est le paradis sur la terre où logent les hommes parfaits. (strophe 29)

C’est par ce Cœur qu’ils se disposent à ses plus sublimes vertus. (strophe 30)

Ô grand Cœur, ô profond abîme de la profonde humilité!
Ô grand Cœur, ô trône sublime de la parfaite charité. (strophe 31)

 

      4-3-2-Les excès amoureux du Cœur de Jésus

 

Cantique 41

 

Pénétrons jusqu’au fond du Temple, entrons dans ce Cœur merveilleux... (strophe 1)

Voyons dans le Cœur de Marie, ce petit Cœur qui n’est que feu... (str 2)

Mon cœur est prêt, mon Dieu, mon Père, à faire votre volonté.
Ici, dans le sein de ma Mère je m’y soumets en vérité. (strophe 3)

Je vous adore et je vous aime, me voilà, disposez de moi,
Je place au milieu de moi-même, et votre Croix et votre loi. (str 4)

Vous me faites voir à cette heure qu’il faut que j’embrasse la Croix,
Et qu’il faut même que j’y meure. Je le veux, mon Dieu, c’est mon choix. (strophe 5)

Jésus dit, s’adressant à sa Mère:
“ma Mère, vous m’êtes très chère, je vous comble de mes faveurs,
Afin que vous soyez la mère et le refuge des pécheurs. (strophe 7)

Car le Cœur de Jésus “est doux et traitable! Il converse avec les enfants;
Qu’il est affable et charitable, que ses attraits sont triomphants! (strophe 14)

Ce Cœur court où l’amour l’entraîne...(strophe 16)

Le voyez-vous qui s’humilie aux pieds du malheureux Judas,
Son Cœur lui dit, son Cœur lui crie: “Mon ami, ne te damne pas.” (strophe 21)

L’amour qui lui ravit la vie le fait survivre après sa mort,
Il se met dans l’Eucharistie. Ô Cœur, que votre amour est fort! (strophe 23)

On le cloue, on le crucifie, son Cœur est toujours aussi doux! (strophe 28)

Ce Cœur dit plus haut que sa bouche: ”Ô mon Père, pardonnez-leur,
Par là, comme leur mal me touche, vous diminuerez ma douleur. “(strophe 32)

Enfin la fournaise est ouverte,
Enfin, ce grand Cœur est ouvert. (strophe 35)

 

      4-3-3-L’Amoureuse dévotion au Cœur de Jésus

 

Cantique 42

 

Pour M’aimer d’un amour immense, entre en mon Cœur qui t’aime tant. (strophe 4)

J’ouvre ainsi sur la fin du monde, aux pécheurs mon Cœur plein d’ardeur,
Mais tant s’en faut qu’on y réponde, on n’a pour lui que des froideurs. (strophe 15)

On foule aux pieds toutes mes peines, mon sang, mon Cœur, ma charité,
Et, malgré le sang de mes veines, on m’accable d’iniquités.  (str 16)

C’est mon Cœur seul qui fortifie, Il est puissant en ses attraits;
C’est mon Cœur seul qui pacifie, il est le centre de la paix. (strophe 19)

Veux-tu la divine Sagesse qui fait un sage selon Dieu?
Veux-tu cette divine ivresse? Mon Cœur est son trône de feu. (strophe 25)

Veux-tu brûler bien à ton aise? Jette-toi vite dans mon Cœur,

C’est un, feu, c’est une fournaise, ou plutôt, c’est l’Amour vainqueur. (strophe 26)

Si tu désires aimer Marie et d’un amour comme infini,

Aime par mon Cœur, je te prie, Car mon Cœur au sien est uni. (strophe 27)

Nos cœurs n’étaient qu’une victime lorsqu’ils vivaient en ces bas-lieux,
Tous deux par un lien  intime, ne font qu’un même amour aux cieux. (strophe 28)

 

Cantique 44

 

Aimons ce Cœur, puisqu’il nous aime, l’amour se paie par l’amour,
Mais aimons d’un amour extrême et purement et nuit et jour. (str 2)

Adorons donc, il le mérite, puisqu’il est le grand Cœur de Dieu. (strophe 3)

Et par amour, et par justice, il faut nous consacrer à Lui. (str 4)

Rendons-lui très souvent visite... ce bon Cœur nous en sollicite. (strophe 7)

Tandis que mille âmes charnelles ne cherchent que leur propre bien,
Cherchons Jésus, âme fidèle, pour son honneur n’épargnons rien. (strophe 19)

 

Cantique 135

 

Qu’il est doux de chanter nuit et jour, le cantique du bel amour!
Ô mon Jésus, mon amour, je vous aime, je ne veux rien aimer que vous.
L’on ne connaît point quel bonheur c’est de vous aimer mon Sauveur.
J’aime Jésus, chrétiens dites de même, goûtez combien l’amour est doux. (strophe 1)

Ô Dieu d’amour, feu consumant, soyez notre doux conquérant.
Embrasez-nous de vos divines flammes, que nos cœurs soient votre séjour.
Pardon divine charité, de vous avoir tant résisté. (str 5)

 

      4-3-4-L’amoureux de Jésus

 

Cantique 54

 

Jésus est mon amour, Jésus est ma richesse,
Et la nuit et le jour je répète sans cesse: l’Amour.
Jésus est mon amour, et la nuit et le jour. (strophe 1)

Enfin chantez mon cœur, jour et nuit ce cantique:
Jésus est mon vainqueur et mon amour unique. (strophe 13)

 

Cantique 55

 

Qu’est-ce que mon Jésus? Nul ne le peut bien dire,
Tout esprit est vaincu, l’Ange n’y peut suffire. Amour.
Jésus est mon amour et la nuit et le jour. (strophe 1)

C’est mon bon médecin, c’est mon chef adorable,
C’est mon Époux divin, mon ami véritable. (strophe 24)

Ô mortels dites tous: mon Jésus, je vous aime. (strophe 27)

Je n’aime que Jésus, je n’aime que Marie,
Qu’on ne me parle plus d’autre amour dans la vie. (strophe 28)

 

Cantique 56

 

Tais-toi monde trompeur, je foule aux pieds ta gloire,
Jésus ce grand vainqueur chante sur moi victoire. (strophe 29

Il m’importe bien peu que je vive ou je meure,
Pourvu que le saint feu de l’amour me demeure. (strophe 34)

Âme, je suis à toi, dit-il en son langage,
Mon épouse aime-Moi, aime-Moi davantage. (strophe 37)

Je lui dis à mon tour: mon Jésus, je suis vôtre,
Vous êtes mon amour, et je n’en veux point d’autre. (strophe 38)

Vive en mon cœur Jésus, vive en mon cœur, Marie,
Qu’on ne me parle plus d’autre amour dans la vie... (strophe 40)

 

      4-3-5-Les outrages faits au Cœur de Jésus

 

Cantique 43

 

Nos églises abandonnées, notre Dieu sans adorateur,
Des jours, que dis-je? des années, sans qu’on adore ses grandeurs. (strophe 14)

Souvent ce Maître et Roi de gloire est délaissé sur nos autels,
Sans que personne en ait mémoire, délaissé de tous les mortels. (strophe 16)

Il nous dit comme à ses apôtres: on m’abandonne, mes amis,
Voulez-vous me quitter, vous autres, et vous joindre à mes ennemis? (strophe 33)

Ah! Je souffrais ces injures de mes ennemis déclarés,
Mais ceux que j’aime sans mesure m’outrageront! Amis, pleurez. (strophe 34)

Ah! mon Cœur est à l’agonie, on m’attaque dans ma maison,
On m’y trahit, on m’y renie, on change mon sang en poison. (str 35)

Mon Cœur vous aime et vous désire, c’est pour vous qu’il est transpercé,
Après votre cœur il soupire, Eh! quoi! serai-je délaissé?  (str 38)

 

      4-3-6-Amende Honorable au Cœur de Jésus

 

Cantique 47

 

“Ô Cœur de Dieu, Cœur adorable, Cœur objet de tous les amours,
Ô Cœur infiniment aimable, qui m’aimez et m’aimez toujours (str 1)

Quoique très pauvre et misérable, et quoique le plus grand des pécheurs;

Je fais une amende honorable à votre Cœur, à vos grandeurs. (str 2)

Pardon, divin Cœur, on oublie votre Cœur au Saint-Sacrement,
Pardon pour ce chrétien impie qui le profane incessamment. (str 6)

Cœur amoureux je vous embrasse, je me donne à vous tout entier.
Il est juste que je le fasse, vous m’avez aimé le premier. (str 18)

Que ne puis-je courir la terre pour m’écrier en tous les lieux:
Pécheurs ne faites plus la guerre au Cœur de Jésus amoureux! (strophe 20)

Par le Sacré-Cœur de Marie, honneur au vôtre, mon Jésus!
Écoutez ce Cœur qui vous prie et qui vous honore le plus. (str 27)

Enfin, ma demande est hardie, chassez de moi mon cœur pécheur,
Et que je n’aie en cette vie, point d’autre cœur que votre Cœur. (strophe 30)

 

      4-3-7-L’humilité et le repentir chez les pénitents comme Marie-Madeleine

 

Cantique 94

 

Ce bon Pasteur m’a cherchée parmi mes égarements.
Il m’a vue, Il m’a trouvée; Il m’a doucement portée,
Il m’a saintement forcée. Je veux l’aimer, il est temps. (strophe 5)

Marie est ma bonne Mère, à qui j’ai toujours recours
Pour supporter ma misère, pour apaiser Dieu mon Père.
C’est par elle que j’espère de persévérer toujours. (strophe 9)

Où me trouver en plénitude,
Sinon au Très Saint Sacrement?
J’y suis caché en solitude,
C’est mon véritable élément. (Cantique 5)

 

4-4-Le Saint-Sacrement

 

Où trouver Jésus? Dans l’Eucharistie

Jésus avait dit à ses apôtres: “Je ne vous laisserai pas orphelins.”  Aussi, nous a-t-il envoyé son Esprit-Saint. Mais, connaissant notre faiblesse, il nous aussi donné sa Présence réelle dans le pain et le vin consacrés de son Eucharistie. Tant que nous sommes sur la terre, nous trouvons Jésus dans son Saint-Sacrement.

 

Cantique 24 

 

Vous trouvez-vous chagrin et rempli de faiblesse?
Pensez à Dieu, vous trouverez en Lui
La joie et l’allégresse, le soutien et l’appui. (strophe 6)

Cette sainte présence est le soleil de l’âme
Qui détruit ses péchés, qui fait fuir les voleurs,
Qui l’éclaire et l’enflamme des plus douces ferveurs. (strophe 7)

On pourrait regarder Jésus-Christ en personne
Et se l’imaginer présent sensiblement.
Cette présence est bonne quand on va simplement. (strophe 16)

On peut se voir en Dieu, la manière est sublime,
Plongé dans l’océan de toute sainteté,
Dans le profond abîme de son immensité. (strophe 20)

Dieu s’est choisi nos cœurs pour trône et pour domaine,
Il nous attire là pour goûter nuit et jour
Sa beauté souveraine et son divin amour. (strophe 24)

Seigneur gravez en moi votre divine face
Pour vous avoir présent partout et sans effort ,
Sans que rien vous efface, non, pas même la mort. (strophe 37)

Mon âme entre en ton cœur, laisse la bagatelle;
Tous les biens du dehors te sont des biens d’autrui.
À ton cœur Dieu t’appelle, tout ton bien est chez lui. (strophe 38)

 

Cantique 128

 

Je suis hors de moi-même, voyant l’abaissement
Où la grandeur suprême est au Saint-Sacrement.
J’y vois notre vrai Dieu, j’y vois le Roi de gloire
Caché dedans l’obscurité, sans éclat et sans majesté.
Oh! qui pourrait le croire? (strophe 1)

C’est là que nuit et jour il est en sa présence...(du Père) (str 2)

Il s’y est fait hostie pour calmer son courroux,
Sans cesse il le supplie d’avoir pitié de nous. (strophe 3)

Il est en sa présence en adoration,
Rempli de révérence et d’amour pour son nom? (strophe 4)

Puisque Jésus s’abaisse par un excès d’amour,
Sa charité nous presse d’user d’un grand retour.
Visitons-le souvent dedans ce grand mystère:
Amen à tout ce qu’il y dit, à ce qu’il y fait jour et nuit
Pour honorer le Père. (strophe 6)

 

Cantique 129

 

Jésus possède en vérité, dedans l’Eucharistie plénitude de charité,
Plénitude de vie. Il est le trésor infini puisqu’il est la Sagesse,
Mais son éclat n’est pas terni quoiqu’à nous il s’abaisse. (str 2)

Tous ses trésors sont en son Cœur, c’est là leur tabernacle,
Pour les répandre avec douceur si l’on n’y met obstacle;
Ce saint Cœur désire ardemment de donner, de répandre,
Il nous appelle incessamment, mais qui le veut entendre? (str 6)

 

Cantique 130

 

C’est un Maître sans pareil, il éclaire notre âme,
Et comme un divin soleil il l’échauffe et l’enflamme.  (strophe 2)

L’amour de l’humilité l’attire de la gloire,
Pour cacher sa majesté dans un pauvre ciboire;
C’est là qu’il nous fait à tous sa leçon ordinaire:
Apprenez que je suis humble et doux, un agneau débonnaire. (str 4)

Ce mystère est tout d’amour ou plutôt l’amour même,
Jésus s’y tient nuit et jour, pour montrer qu’il nous aime. (str 7)

 

Cantique 131

 

Ce Cœur est ouvert à toute heure pour se faire notre demeure
Et notre refuge assuré.
Il est à tous un rempart imprenable où l’ennemi n’entre jamais,
C’est le royaume de la paix, où l’on devient insurmontable. (str 2)

Mon Saint Cœur devient toute chose à toute âme qui s’y repose,
Il donne mais sans s’appauvrir, il enrichit, il aide, il encourage,
Sans cesse il défend, il instruit, il embrasse et conduit,
Il est à tous tout sans partage. (strophe 7)

Viens me voir, âme toute pure, abandonne la créature,
Je t’attends au Saint Sacrement, entre en mon Cœur,
Demeures-y cachée,
Ne crains rien, car c’est ta maison, savoures-y combien je suis bon
À tout jamais ma bien-aimée (strophe 9)

 

Cantique 132

 

Mon Cœur s’est épuisé pour vous, afin que vous deveniez tous
les enfants de mon Père.
Il est ouvert pour vous loger,
Pour vous défendre et soulager.
C’est un très grand mystère.
Loué soit le Saint-Sacrement! (strophe 7)

 

Cantique 134

 

Son Saint Cœur est un incendie, un buisson ardent tout en feu
Qui ne trouve que dans son Dieu l’Être, l’entretien et la vie.
Il brûle sans se consumer
Car il ne peut jamais assez aimer. (strophe 7)

 

Cantique 158

 

Ô merveille d’obéissance!
À la voix d’un homme mortel, Dieu descendu sur l’autel sans résistance. (strophe 3)

On voit combien un Dieu nous aime, combien il aime éperdument
En ce divin Sacrement, c’est l’excès même.
En nous y donnant tout, il nous tient ce langage: prends, mange-moi,
Je suis à toi; dans mes transports, prends tous mes trésors. (str 5)

Je languis d’amour, je soupire vers vous, mon aimable Sauveur
Élancez-vous dans mon cœur, ou bien j’expire.
Être un moment sans vous, c’est un enfer très rude.
Ô puissant Roi, régnez en moi.
Ô chaste Époux je n’entends que vous.
Ô cher Époux, hâtez-vous, et soyez ma béatitude. (strophe 10)

 

4-5-Les cantiques aussi louent Marie et nous disent comment aimer Dieu par Marie  

 

      4-5-1-Comment aimer Dieu?

 

Cantique 5

 

Le secret est d’aimer Marie,
Pour aimer Jésus nuit et jour,
Elle est la Mère et l’incendie
Du bel et parfait Amour. (strophe 38)

Voilà mon corps, voilà mon âme:
Tout à vous, ô Reine des cieux,
Allumez partout votre flamme,
Sacrifiez tout à vos feux. (strophe  41)

Divin Jésus, amour suprême,
C’est vous seul que j’aime ici-bas... (strophe  45)

 

      4-5-2-Le Cœur de Marie et le Cœur de Jésus sont si étroitement unis qu’ils ne font plus qu’un

 

Cantique 40

 

En louant ce Cœur adorable,
Je loue avec proportion
Le Cœur de sa Mère admirable,
tant est grande leur union (strophe 33)

Ce n’est que vous seul que j’adore,
Cœur de mon Dieu, Cœur glorieux,
Mais en vous adorant, j’honore
Le Cœur de la Reine des Cieux. (strophe 34)

Chrétiens, par le Cœur de Marie
On aime le Cœur de Jésus,
Puisque Jésus a pris la vie
Dans son Cœur et dans ses vertus. (strophe 35)

Du sang de son Cœur tout de flamme
Le Cœur de Jésus est formé.
Ils n’ont qu’un cœur, ils n’ont qu’une âme,
L’un et l’autre doit être aimé. (strophe 36)

Âme perdez-vous sans partage
Dans ces deux Cœurs miraculeux... (strophe 37)

 

      4-5-3-Offrande de Jésus au Père par les mains de Marie

 

Cantique 49

 

Mon Dieu, je viens m’offrir à vous
Par les mains de Marie,
Afin de m’immoler pour tous
En qualité d’hostie.
Voilà mon corps, voilà mon sang,
Voilà ma chère Mère:
Immolez tout dès maintenant,
Si vous voulez, mon Père.(strophe 3)

 

      4-5-4-Louis-Marie de Montfort chante aussi Marie

 

Cantique 134

 

Jésus ne peut quitter Marie tant l’amour qui les lie est fort. (strophe 1)

Banni du cœur de l’homme impie, Jésus vient dans ce Sacré-Cœur recevoir un parfait honneur. (strophe 3)

C’est alors que par sa prière
Elle obtient de notre Sauveur
Le pardon au pauvre pécheur.
Il est son Fils, elle est sa Mère.
Son saint Cœur et son chaste sein
Lui font tomber les armes de la main. (strophe 9)

C’est de vous, ô Vierge Marie, que nous vient ce corps et ce sang,
Qui nous met dans un si haut rang que l’ange même nous envie.
Vous, soyez bénite en tous lieux pour nous avoir fait ce don précieux. (strophe 11)

 

Cantique 104

 

Si quelqu’un prétend du ciel obtenir tout sans peine,
Qu’à Marie en premier lieu il vienne pour trouver Dieu. (strophe 1)

Qui veut brûler de l’amour, sans scrupule et sans gêne,
Qu’il vienne à Marie, en Dieu toute pleine de ce feu. (strophe 9)

 

Cantique 155


C’est par Marie que le ciel veut nous charmer...
Qu’il est doux, qu’il est doux! À son ombre cachons-nous. (str 1)

C’est sous ses ailes qu’à l’ombre de sa bonté les pécheurs sont en sûreté.
Les plus rebelles deviennent les plus fidèles. (strophe 2)

Tout doit se rendre à ce refuge assuré jusqu’au pécheur désespéré.
Rien de si tendre, allons-y donc sans attendre. (strophe 11)

Pleine de grâces par l’ombre du Saint-Esprit,
Formez en mon cœur Jésus-Christ. (strophe 16)

 

Cantique 63

 

Ô Vierge merveilleuse, ô prodige étonnant,
Ô Vierge bienheureuse, votre bonheur est grand;
Le nôtre l’est aussi, vous nous donnez la vie
Puisque vous brisez nos liens,
Vous nous comblez de mille biens,
Que vous soyez bénie. (strophe 2)

Que vous êtes charmante dans votre pureté!
Que vous êtes puissante dans votre humilité!
Vous avez ravi Dieu, vous l’avez fait descendre;
Attiré par votre beauté, il a pris notre humanité,
Il n’a pu s’en défendre. (strophe 5)

Par vous puissante Reine, Dieu vient en ces bas lieux,
Et la nature humaine s’élève jusqu’aux cieux.
Ô miracle étonnant! Dieu devient notre frère, vous formez votre Créateur,
Vous enfantez votre Sauveur, et votre Propre Père. (strophe 6)

Ô les douces tendresse, ô les tendres souris, ô les saintes caresses
Que vous fait ce cher Fils!
Heureux est votre sein, Vierge pure et fidèle, d’avoir compris l’immensité,
D’avoir nourri, d’avoir porté la Sagesse éternelle! (strophe 9)

 

Cantique 75

 

Qu’on publie partout Marie dans sa beauté et dans sa charité! (strophe 2)

Elle est née immaculée, jamais péché n’a terni sa beauté. (str 19)

L’impossible devient possible, tout est aisé quand Marie a parlé. (strophe 23)

Vierge mère je vous révère, je vous bénis avec votre cher Fils.
Vite! vite! prenez mon cœur et le donnez à Jésus mon Sauveur. (strophe 31)

 

Cantique 77

 

Que mon âme chante et publie, à la gloire de mon Sauveur
Les grandes bontés de Marie envers son pauvre serviteur. (strophe 1)

Marie est ma grande richesse et mon tout auprès de Jésus,
C’est mon honneur, c’est ma tendresse,
C’est le trésor de mes vertus. (strophe 4)

Elle est mon arche d’alliance où je trouve la sainteté,
Elle est ma robe d’innocence dont je couvre ma pauvreté. (strophe 5)

Elle est ma ville de refuge où je ne suis point outragé,
C’est mon arche dans le déluge, où je ne suis point submergé. (strophe 7)

Je fait tout en elle et par elle, c’est un secret de sainteté
Pour être à Dieu toujours fidèle, pour faire en tout sa volonté. (strophe 39)

 

Cantique 81

 

Vous êtes seule Vierge et Mère,
Vos grandeurs sont de grands secrets
Que l’on ne comprendra jamais.
Vous êtes par un grand mystère,
La fleur de la virginité,
Le prodige de la maternité. (strophe 5)

Vous êtes mon unique Reine, votre Fils mon unique Roi,
Que vous deux me fassiez la loi.
Lui, souverain, vous, souveraine. Je ne crains point mes ennemis,
Ayant pour moi deux si puissants amis.  (strophe 8)

 

Cantique 83 (d’après Saint Bernard)

 

Souvenez-vous, Vierge Marie, que votre cœur est si bénin,
Que c’est une chose inouïe qu’aucun vous ait prié en vain. (str 1)

Non, personne avec confiance n’a demandé votre faveur
sans recevoir votre assistance, sans éprouver votre douceur. (strophe 2)

Le cœur contrit, ô Vierge Mère, j’ose invoquer votre saint nom,
Et malgré mes péchés, j’espère avoir votre protection. (strophe 3)

Montrez quelle est votre clémence, en m’obtenant de votre Fils
le repentir et l’indulgence des grands péchés que j’ai commis. (str4)

De grâce, soyez-moi propice, que je ne sois point rebuté,
Car mes péchés et ma malice sont moindres que votre bonté. (str 5)

 

      4-5-5-L’humilité et la douceur de Marie

 

Cantique 8

 

En chantant je découvre une rare beauté
Qui se cache et se couvre: la sainte humilité.
Elle est petite et basse, à peine la voit-on,
Mais faisons voir sa grâce et sa perfection.  (strophe 1)

L’humble abaisse son âme, Dieu qui l’aime y descend.
S’il le prie et réclame, il l’exauce, il l’entend.
Son humble révérence lui plaît infiniment,
Et même son silence le ravit puissamment. (strophe 5)

Dieu ne voit en Marie que son humilité,
Comme elle le publie en toute vérité.
Il la prend pour sa Mère, rend son nom glorieux,
Et la fait la première de la terre et des cieux. (strophe 12)

Ce n’est que par l’échelle de vraie humilité
Qu’un cœur humble et fidèle atteint la sainteté,
Parvient à la victoire de toute iniquité,
Et monte dans la gloire à toute éternité. (strophe  24)

Seigneur je vous demande l’humilité de cœur,
Afin que je vous rende un plus parfait honneur;
Afin que, prenant place parmi les tous derniers,
Je devienne par grâce un jour, tout des premiers. (strophe  41)

 

Cantique 9. 

 

Voyez la sœur ainée de toute humilité
Et sa compagne ornée de toute charité.
On la nomme douceur: c’est le sucre, c’est l’huile,
C’est le baume du cœur, sans froideur et sans bile. (strophe 1)

Un Dieu tout débonnaire et rempli de douceurs
Est venu pour la faire triompher en nos cœurs.
Il se nomme un agneau, ou bien la douceur même.
Qu’il est doux, qu’il est beau, qu’il mérite qu’on l’aime! (str 3)

Que sa conduite est douce envers tous les pécheurs!
Bien loin qu’il les repousse, il leur charme les cœurs.
Avec quelle douceur gagna-t-il Madeleine,
Et se fit-il vainqueur de la Samaritaine! (strophe 7)

A-t-on vu dans Marie quelque signe d’aigreur?
La Mère de la vie engendre la douceur.
Son air doux et joyeux chassait toute tristesse
Et remplissait les yeux et le cœur d’allégresse. (strophe 12)

 

Ô digne Mère de Jésus
Ô grande Reine des vertus et leur parfait modèle!
Si je suis votre serviteur, Que je sois votre imitateur!
ô Vierge très fidèle,
Que vos vertus viennent dans moi, surtout la Sagesse et la Foi. (Cantique 4)

 

4-6-Les vertus chères à saint Louis-Marie Grignion de Montfort dans les Cantiques et autres écrits

      4-6-1-La foi

 

Cantique 6

 

La Sainte Vierge n’est louée,
Que pour sa foi dans le Seigneur.
C’est la foi qui l’a consacrée
La Mère de son Créateur. (strophe 22)

 

      4-6-2-L’Espérance

 

Cantique 7

 

Marie est votre bonne mère
Et le refuge du pécheur.
Espérez tout de sa prière,
Attendez tout de sa faveur.  (strophe 9)

Imitez la vierge fidèle,
Occupez-vous à la servir,
Mettez votre espérance en elle,
Et vous ne pouvez pas périr.  (strophe 34)

 

      4-6-3-La pauvreté

 

Cantique 108  Jésus dit:

 

Je trouve dans la pauvreté
Tant d’éclat et de majesté,
Que je l’ai épousée.

Les biens de ce monde trompeur
Ne me sont qu’un sujet d’horreur,
J’abhorre toutes ses grandeurs,
Ses faux trésors, ses vains honneurs
Et sa gloire enchantée. (strophe 6)

 

Cantique 26

 

Il sait notre faiblesse, notre incapacité
Et notre petitesse et notre pauvreté;
Il ne veut pour ses dons rien d’extraordinaire,
Il veut que nous l’en bénissions
Et que nous les reconnaissions:
Ce que nous pouvons faire. (strophe 4

Plus une âme est choisie, plus elle a de retour,
On le voit en Marie toute pleine d’amour;
Elle était nuit et jour dans la reconnaissance,
Elle bénissait son Seigneur,
Elle en publiait la douceur
Et le pouvoir immense. (strophe 7)

On voit la gratitude dans un humble de cœur,
Mais toute ingratitude dans l’orgueil du pécheur (strophe 15)

 

Cantiques 18 et 20

 

Dieu dit:

Ô chers pauvres de cœur j’entends vos justes plaintes,
Je sens votre douleur, j’ai les mêmes atteintes.
Patientez un peu, vous verrez ma colère,
Je suis grand, je suis Dieu, mais je suis votre Père. (strophe 7)

Vous êtes mes aînés, mes amis véritables,
Mes chers prédestinés, mes temples agréables.
Tout le mal qu’on vous fait, on le fait à moi-même.
Quand on vous satisfait, on témoigne qu’on m’aime. (strophe 8)

 

Cantique 20

 

Voici la perle précieuse, voici le trésor si caché
Et la vertu si généreuse que j’ai si longtemps recherchés.
Mais il n’est pas facile à prendre.
Quiconque veut le posséder doit, pour l’avoir,
Donner et vendre tout ce qu’il a sans marchander. (strophe 1)

Un Dieu qui ne peut se défendre des beautés de la pauvreté,
Et qui l’aime jusqu’à se rendre très pauvre en notre humanité. (strophe 4)

Sa première béatitude, le plus grand mot qui soit écrit
Qui demande une longue étude:
“Bienheureux les pauvres d’esprit!” (strophe 7)

 

Pour finir ce chapitre sur la pauvreté, voici quelques maximes:[50] 

 

“La pauvreté d’esprit est absolument nécessaire au salut soit dans l’abondance des richesses, soit dans la grande pauvreté. Mais dans l’une et l’autre extrémité, elle est si rare que presque tous les riches et les gueux se damnent. (4)

La pauvreté réelle et volontaire est la plus glorieuse à Dieu, la plus salutaire à l’âme, la plus utile au prochain, et la plus terrible au démon. (5)

La plus glorieuse à Dieu:

 

1-Il nous en a donné l’exemple.

2-C’est le trésor caché, c’est la perle précieuse de l’Évangile.

3-Selon le sentiment et l’exemple des plus grands saints. (6)

 

Sur elle et par elle, toutes les vertus sont fondées, engendrées et conférées facilement... Elle nous rend semblable à Jésus-Christ. (7)

 

      4-6-4-L’Abandon à la Providence

 

Cantique 28

 

Il faut que la confiance que vous avez mise en Dieu
Soit jointe à la prudence selon le temps et le lieu.
Quoique Dieu fasse une affaire et que nous ne fassions rien,
Il faut pourtant la faire, et même y travailler bien. (strophe 21)

Soyez tranquilles et paisibles dans vos desseins renversés
Car le trouble est très nuisible, mais Dieu seul et c’est assez.
N’aimez que Dieu qui vous aime et qui ne vous quitte pas... (strophe 23)

Reconnaissez sa tendresse et son cœur compatissant. (strophe 24)

 

      4-6-5-L’humilité et la douceur[51] 

 

“L’humilité est une vertu qui réprime le désir déréglé que nous avons de l’honneur et qui nous fait désirer le mépris, parce que nous sommes un néant malicieux, qui avons tout reçu de Dieu, qui ne pouvons rien faire sans son secours et qui l’avons infiniment offensé.

 

La pratique consiste,  entre autres:

 

            – À fuir les nouveautés, les singularités, les schismes et les hérésies.

            – À fuir les honneurs, les dignités, les emplois honoraires, les louanges et les vains applaudissements...

            – À excuser les fautes du prochain.

            – À parler bas, à ne se point mettre en colère, comme si on nous faisait tort. (pages 1704 et 1705)

 

“Aimez la vie cachée, pauvre et anéantie, car c’est l’objet de mes délices.[52](60)

 

      4-6-6-Jésus notre modèle

 

Jésus a été le plus humble de tous les hommes

 

L’humilité et la douceur de Jésus[53] 

 

“Ne vous désespérez, ni ne vous troublez jamais, quand vous tomberez en quelque péché, mais humiliez-vous en Me demandant pardon.” [54]  

 

            – parce qu’il avait infiniment plus de grâces. Plus on a de biens spirituels, plus on est humble; plus on a de biens du monde, plus on est superbe.

            – parce qu’il avait plus de lumières. L’humilité est fille de la vérité: pour être humble, il faut parfaitement connaître Dieu et l’homme.

            – L’humble a deux yeux: l’un pour contempler la majesté de Dieu. Le deuxième pour voir la bassesse de l’homme et son néant, et son péché.

 

Jésus est doux. Il le fut, pendant toute sa vie:[55] 

 

            – petit envers les enfants,

            – familier avec les pauvres,

            – charitable envers les apôtres,

            – miséricordieux envers les pécheurs,

            – patient envers ses ennemis.

 

Et Jésus est doux à présent plus que jamais...

Jésus s’est rendu si familier et si abordable que tout le monde peut le voir sans être ébloui...

Enfin, Jésus est encore à présent aussi miséricordieux que jamais...

Il n’est monté dans le ciel que pour nous en ouvrir la porte et nous attirer à lui.

“Il vous faut devenir comme un petit enfant, si vous voulez entrer dans le ciel, c’est-à-dire simple, obéissant, innocent et doux comme un petit enfant[56] .” (61)

 

      4-6-7-La chasteté

 

Cantique 12

 

Marie a fait la première le vœu de la chasteté,
Elle en est seule la mère, le modèle et la beauté.
Ce n’est qu’en elle et par elle qu’on devient vierge fidèle. (strophe 14)

L’ange ne l’eût point gagnée pour être mère de Dieu,
S’il ne l’eût bien assurée qu’elle garderait son vœu;
La Sainte Vierge on la nomme, qui n’a jamais connu d’homme. (strophe 15)

Jésus vierge avec sa mère, vierge Jean son favori,
Vierge Saint Joseph son père et tout vrai vierge est à lui.
Oh! que je suis donc heureuse! J’ai la perle précieuse. (strophe 16)

 

      4-6-8-Enfin, la charité

 

Extraits du livre des sermons [57] 

 

Sur la charité[58] (pages 1713 à1717) et ses qualités

 

“Rien n’est si facile, si utile ni en même temps si nécessaire (que la charité). Si facile: notre cœur est fait pour aimer; rien ne peut l’empêcher d’aimer.

La charité est active:

            – active comme un feu. C’est une semence qui germe, une racine qui pousse, une eau qui coule, un feu qui brûle.

            – forte comme la mort. On doit en aimant Dieu l’imiter en son amour qui ne se lasse point, qui ne se sépare jamais le premier, qui ne se rebute point de nos rébellions;

            – douce comme le miel.

            – attirante comme l’aimant.

            – durable comme l’éternité.

            – infinie comme Dieu.

            – pure comme l’or.

            – fidèle à la loi de Dieu, de tout notre cœur, c’est-à-dire courageusement malgré les obstacles; de toute notre pensée, c’est-à-dire souverainement et discrètement:  c’est l’amour appréciatif.

            – de toute notre âme, c’est-à-dire entièrement sans partage et intérieurement sans hypocrisie: c’est l’amour tendre.

            – courageusement pour tout faire, tout abandonner et tout souffrir pour Dieu: c’est l’amour fort.”

 

      4-6-9-La charité pour le prochain

 

Cantique 14

 

Le Très-Haut veut absolument
Que l’homme aime l’homme son frère... (strophe 3)

Voici mon grand commandement,
Nous dit à tous Jésus-Christ même,
Que vous vous aimiez tendrement
Et de même que je vous aime.
Il est nouveau dans sa douceur,
Il est ancien dans sa grandeur. (strophe 10)

Mais comment nous a-t-il aimés?
Sans intérêt et sans mesure,
Jusqu’à mourir tout consumé
De la charité la plus pure.
Jésus est tout de feu pour nous,
Et nous tous de glace envers tous. (strophe 11)

Les saints étaient brûlants d’amour
Et de charité pour leurs frères,
Ils leur donnaient et nuit et jour
Quelques secours dans leurs misères.
L’exemple d’un Dieu mort pour nous
Les rendaient de cœur, tout à tous. (strophe 15)

L’amour est doux et patient
Et plein de support pour son frère.
Il est docile et complaisant,
Exempt de trouble et de colère.
Supportez-le dans ses défauts,
Dieu vous charge de ses fardeaux. (strophe 28)

 

Et l’aumône

 

Cantique 17

 

Quand je vois la Reine des cieux, notre unique espérance,
Mettre au pauvre dans ces bas-lieux toute sa confiance,
Nous donner tout par charité, se faire notre mère,
Je dis: l’aumône en vérité, est grande et nécessaire.
(strophe 10)

Paulette Leblanc


[1] Certains des éléments concernant sa vie proviennent de la Petite vie de L.-M. Grignion de Montfort de René Laurentin, publié par Desclée de Brouwer

[2] Lettre à son oncle, l’abbé Alain Robert,

[3] Notamment Les saintes voies de la Croix

[4] Cantique 77

[5] attribué à Saint Bonaventure.

[6] Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge ne fut publié que 127 ans après sa mort, en 1843.

[7] D’après Jean-Baptiste Blain Abrégé de la vie de Louis-Marie Grignion de Montfort (1719).

[8]les nombres entre () renvoient au  Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[9]Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[10]Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge  

[11] Les citations qui suivent ont été extraites du Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge.

[12] René Laurentin Petite vie de Louis-Marie Grignion de Montfort, publiée chez Desclée de Brouwer

[13] Comment ne pas penser à ce qui, trois siècles plus tard, sera exprimé par Saint Maximilien Kolbe, dans sa théologie de l’immaculée Conception.

[14] Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort  publiées par les Éditions du Seuil, L’Amour de la Sagesse éternelle - Les nombres entre parenthèses sont les numéros des paragraphes auxquels ils renvoient.

[15] Nota: N’ont été retenus ici que les textes les plus susceptibles d‘être utilisés par le prédicateur d’une retraite consacrée au Cœur de Jésus, en l’occurrence l’Amour de Dieu dans sa divine et souveraine Sagesse.

[16] Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  Maximes et leçons de la divine Sagesse

[17] Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  Maximes et leçons de la divine Sagesse

[18] Le secret admirable du Très Saint Rosaire - Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Éditions du Seuil

[19] Le secret admirable du Très Saint Rosaire  

[20] Remarque: Le Père de Montfort a beaucoup utilisé, pour rédiger ce livre, le “Rosier Mystique” du dominicain Antonin Thomas, lequel s’inspirait des ouvrages du Bienheureux Alain de la Roche.

[21] Les numéros entre parenthèses renvoient  au livre Le secret admirable du Très Saint Rosaire

[22] À l’époque où Louis-Marie  Grignion de Montfort écrivait, le Rosaire ne comptait que quinze dizaines de chapelet.

[23] Maximes et leçons de la divine Sagesse

[24]Lettre circulaire aux Amis de la Croix - Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort publiées par les Éditions du Seuil. Les numéros entre parenthèses renvoient à la Lettre circulaire aux amis de la Croix,  

[25] Pour rédiger cette lettre, le Père de Montfort s’est inspiré des textes de l’Écriture, des Pères de l’Église, de certains grands spirituels tel le Père Boudon, et de sa propre expérience mystique.

 

[26] Lettre circulaire aux Amis de la Croix - Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort publiées par les Éditions du Seuil

[27] Tous les numéros entre parenthèses renvoient aux paragraphes du livre Le Secret de Marie  

[28] Le Secret de Marie

[29] Les numéros entre parenthèses renvoient  au  Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge - Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, publiées par les Éditions du Seuil

[30] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[31]Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge  

[32] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[33] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[34] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[35] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[36] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[37] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[38] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[39] Les numéros entre parenthèses renvoient au Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge.

[40] Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge.

[41] Le Secret de Marie

[42] Le Secret de Marie

[43] Le Secret de Marie

[44] Le Secret de Marie

[45] Le Secret de Marie

[46] Le Secret de Marie

[47] Le Secret de Marie

[48] Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil. Les nombres entre parenthèses sont les numéros des strophes des cantiques auxquels ils renvoient.

[49]Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil. Les nombres entre parenthèses sont les numéros des strophes des cantiques auxquels ils renvoient.

[50] “Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil, pages 1695 à 1698 - Règles de la pauvreté volontaire de la Primitive Église - Les nombres entre parenthèses sont les numéros des paragraphes aux ils renvoient.

[51]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil, pages 1699 à 1705  -  Quatre abrégés de méditations sur la vie religieuse - 

[52] Maximes et leçons de la divine Sagesse

[53]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  pages 1707 à 1787 -  Le livre des sermons - 9ème sermon

[54] Maximes et leçons de la divine Sagesse  N° 78

[55]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  pages 1707 à 1787   Le livre des sermons 

[56] Maximes et leçons de la divine Sagesse

[57]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  pages 1707 à 1787 -  Le livre des sermons 

[58]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  pages 1707 à 1787 -  Le livre des sermons  - 8ème sermon

 

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