Hugues de Grenoble
Évêque, Saint
(1053-1132)

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AVRIL

Saint Hugues, dit de Grenoble, naquit à Châteauneuf sur Isère, dans le département de la Drome, vers 1053. Son père, Odilon de Châteauneuf, était un pieux chevalier, officier. Ce que nous connaissons de sa vie, nous le devons à Guigues, prieur de la Grande-Chartreuse. Hugues fit d'abord des études à l'école cathédrale de Valence, où il était déjà chanoine. Il fut remarqué par le légat du pape Grégoire VII, Hugues de Die. Conseiller d'Hugues de Die, notre Hugues, de Grenoble, prit une part importante, en 1007, au concile de Vienne qui condamna l'empereur Henri IV, lequel vint se soumettre au pape Grégoire VII à Canossa. Puis, Hugues de Die prit Hugues de Châteauneuf comme secrétaire et l'emmena avec lui au synode d'Avignon en 1080. Et bientôt, alors qu'il n'avait que 27 ans, Hugues fut élu et nommé évêque de Grenoble.

À cette époque, une grande partie du clergé de ce diocèse avait une moralité particulièrement déplorable. Dès qu'il fut installé dans son diocèse, Hugues s'efforça d'y faire triompher les principes de la réforme grégorienne, luttant en particulier contre la simonie et le mariage des prêtres. Ainsi, pour ceux d'entre eux qui acceptaient d'abandonner femmes et enfants, il fonda plusieurs collégiales de chanoines réguliers. Au bout de deux années, Hugues de Grenoble, découragé, voulut se retirer à l'abbaye de la Chaise-Dieu dans le Velay. Il y vécut quinze mois parfaitement heureux, jusqu'au jour où un ordre pontifical lui enjoignit d'aller réoccuper son siège épiscopal. Nous sommes en 1084.

Entre temps, Hugues avait accueilli à Grenoble celui qui deviendra saint Bruno, son ancien professeur de Reims. Bruno avait quitté le monde avec quelques compagnons; la petite communauté fut installée par Hugues dans la vallée de la Grande-Chartreuse. Saint Bruno y fonda l'Ordre des Chartreux. Hugues y séjournait le plus souvent possible. En 1085, Hugues de Grenoble consacra l'église du nouveau monastère et pourvut aux besoins matériels des Chartreux.

Revenu dans son diocèse, Hugues se consacra complètement à la défense des droits de l'Église, et il devint, dès 1088 l'homme de confiance du pape Urbain II (1088-1099) dont il fit connaître, en France, les lettres et les consignes. Le pontife, en retour, le soutint contre ses adversaires, notamment contre Guy de Bourgogne, archevêque de Vienne, qui deviendra le pape Calixte II.  Il y eut aussi un conflit avec Guigues III d'Albon au sujet de la possession de territoires ecclésiastiques situés dans le Grésivaudan, en Isère. Hugues soutenait que le comte d'Albon avait usurpé les terrains de l'évêché de Grenoble avec l'aide de l'évêque Mallen. Un accord fut finalement trouvé entre Hugues et Guigues en 1099. Guigues acceptait de céder les territoires, sujets du litige. D'autre part, Hugues et le comte Guy d'Autun seigneur de Grenoble, se mettaient d'accord pour aboutir en 1105 à un accord de pacification. Au concile du Latran II, en 1123, Hugues de Grenoble exhorta le pape Pascal II à se montrer plus ferme face aux pressions de l'empereur Henri V, et ce dernier se vengea en le mettant au ban de l'Empire. Mais la population grenobloise se rangea derrière son évêque qui put bientôt se faire restituer les droits et les biens ecclésiastiques qui lui avaient été confisqués. Hugues embellit sa cité épiscopale, y faisant construire un pont, un marché et trois hôpitaux; enfin, il fit restaurer la cathédrale Saint-Vincent ainsi que l'église Saint-Laurent.

Nous sommes en 1125. Toujours désireux de se retirer à la Grande Chartreuse, pour y mener la vie contemplative à laquelle il aspirait, Hugues demanda l'autorisation de démissionner pour pouvoir se retirer à la Grande-Chartreuse. Mais cette autorisation lui fut refusée, compte tenu des circonstances difficiles que traversait l'Église.

En 1130, Hugues,  âgé de 77 ans, trouva la force d'aller à la rencontre du pape Innocent II qui fuyait l'Italie et de l'accompagner jusqu'au Puy où devait se réunir un important concile visant à faire reconnaître Innocent II par les souverains d'Europe et à prononcer l'excommunication contre l'usurpateur Anaclet II. 

Hugues de Grenoble s'éteignit en 1132. Il fut canonisé deux ans plus tard en 1134, par Innocent II. Son culte connut une large diffusion, en particulier grâce à l'appui des Chartreux qu'il avait beaucoup aidés et qui le considéraient comme l'un des leurs. Hugues de Grenoble est fêté le 1er avril. 

Voici maintenant quelques mots sur la spiritualité d'Hugues de Grenoble. Guigues, prieur de la Grande Chartreuse a raconté que Hugues, par la puissance de sa sainteté, guérissait bien des âmes; ses prédications véhémentes remuaient les foules et touchaient les cœurs; au confessionnal, il pleurait souvent avec ses pénitents et les excitait à une plus grande contrition. Incontestablement, au bout de quelques années, et malgré les difficultés rencontrées,  le diocèse de Grenoble s'était beaucoup amélioré sur le plan spirituel.  

Parmi les plus grandes vertus de Hugues de Grenoble, il faut remarquer sa modestie et sa charité. Dur pour lui-même, il se montrait prodigue pour les pauvres et alla jusqu'à vendre pour eux son anneau et son calice. Il se montra toujours d'une énergie indomptable pour défendre les intérêts de l'Église. À son exemple, nous apprenons aussi que si le salut des âmes est une chose inestimable, il ne s'opère souvent qu'au prix d'une longue persévérance et d'une très grande abnégation.

Paulette Leblanc

 

 

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