Mes amis, vous souvenez-vous. L'Évangile raconte qu'un
jour, afin d'enseigner l'humilité à ses apôtres, Jésus
plaça au milieu d'eux un petit enfant, et leur dit: "Si
vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous
n'entrerez jamais dans le royaume des Cieux."
Eh! Bien! Certains auteurs anciens assurent que ce petit
enfant est le saint Ignace que nous fêtons aujourd'hui.
Nous ne pouvons pas l'affirmer, mais les dates que nous
connaissons concernant Ignace sont en accord avec cette
affirmation. Par contre, ce qui est certain, c'est qu'il
était un familier des premiers disciples du Sauveur,
disciple lui-même de saint Jean, l'Apôtre bien-aimé.
Ignace d'Antioche, d'origine syrienne est probablement
mort vers 107 ou 113, martyrisé à Rome, sous le règne de
l'empereur Trajan (98-117). Il fut le troisième évêque
d'Antioche, après saint Pierre et Évode qui fut l'un des
soixante dix disciples de Jésus. Ignace succéda à Évode
vers l'an 68. On pense, qu'il avait été l'un des
disciples des apôtres saint Pierre et saint Jean. Au
moins sept de ses lettres, considérées comme
authentiques, nous sont parvenues. Saint Ignace
d'Antioche est l'un des Pères apostoliques.
Nous ne connaissons que fort peu de choses de la vie de
saint Ignace, qui se nommait volontiers "Théophore",
c'est-à-dire, qui "porte Dieu". Par
contre, les circonstances de
son martyre ont été abondamment racontées.
L'Empereur Trajan avait indiqué qu'il poursuivrait les
chrétiens et les condamneraient s'ils troublaient
l'ordre public. Or le refus des chrétiens de sacrifier
aux dieux romains et notamment au
culte impérial
constituait une grave entrave à l'ordre public.
Pline
rapporte que l'empereur
Trajan
(98-117) se donnait les noms d'optimus et
maximus, jusqu'alors réservés à Jupiter.
Ignace, qui refusait de sacrifier aux dieux romains et
au culte impérial, et qui donc, troublait l'ordre
public, fut arrêté par les autorités et transféré à
Rome
pour être mis à mort dans l'arène, pendant la
persécution de
Trajan.
On espérait ainsi faire un exemple afin de freiner
l'expansion du
christianisme.
Condamné aux bêtes, Ignace d'Antioche fut conduit
d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Son passage
fut partout un triomphe. Il disait:
“Je vais à la mort avec joie. Laissez-moi servir de
pâture aux lions et aux ours. Je suis le froment de
Dieu; il faut que je sois moulu sous leurs dents pour
devenir un pain digne de Jésus-Christ. Rien ne me
touche, tout m'est indifférent, hors l'espérance de
posséder mon Dieu. Que le feu me réduise en cendres, que
j'expire sur le gibet d'une mort infâme; que sous la
dent des tigres furieux et des lions affamés tout mon
corps soit broyé; que les démons se réunissent pour
épuiser sur moi leur rage: je souffrirai tout avec joie,
pourvu que je jouisse de Jésus-Christ.”
Tout au long de son trajet, Ignace d'Antioche outre les
encouragements qu'il donnait aux nombreux chrétiens
qu'il rencontrait, écrivit, pour les soutenir dans leur
foi, des lettres aux chrétiens d'Éphèse, de Magnésie, de
Philadelphie,
de Smyrne, de Tralles (devenue Aydin dans la Turquie
actuelle), et aux
Romains.
Il écrivit aussi une lettre à
Polycarpe,
qui selon la tradition était l'évêque de
Smyrne
et un disciple de
Saint Jean l'Évangéliste.
L' Abbé L. Jaud, qui a écrit une Vie des
Saints pour tous les jours de l'année, rapporte le
dialogue suivant entre Ignace, évêque d'une rare
sainteté, et l'Empereur Trajan qui déclarait:
“C'est donc toi, vilain démon, qui insultes nos dieux?
- Nul autre que vous n'a jamais appelé Théophore un
mauvais démon.
- Qu'entends-tu par ce mot Théophore?
- Celui qui porte Jésus-Christ dans son cœur.
- Crois-tu donc que nous ne portons pas nos dieux dans
notre cœur?
- Vos dieux! Ce ne sont que des démons; il n'y a qu'un
Dieu Créateur, un Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont le
règne est éternel.
- Sacrifie aux dieux, je te ferai pontife de Jupiter et
père du Sénat.
- Tes honneurs ne sont rien pour un prêtre du Christ.”
Trajan, irrité, le fit conduire en prison. “Quel
honneur pour moi, Seigneur, s'écria le martyr,
d'être mis dans les fers pour l'amour de Vous!” et
il présente ses mains aux chaînes en les baisant à
genoux.
L'interrogatoire du lendemain se termina par ces belles
paroles d'Ignace: “Je ne sacrifierai point; je ne
crains ni les tourments, ni la mort, parce que j'ai hâte
d'aller à Dieu.”
Le désir très fort d'Ignace de mourir
martyre
peut nous sembler étrange; mais Ignace concevait le
martyre comme une réponse au Christ qui avait demandé de
Le suivre en portant sa croix. Saint Ignace,
dévoré par un lion, répéta le nom de Jésus jusqu'au
dernier soupir. Il ne resta de son corps que quelques os
qui furent transportés à Antioche.
Paulette Leblanc |