Ignace d’Antioche
Patriarche d'Antioche, Martyr, Saint
Père de l'Église

17

OCTOBRE

Mes amis, vous souvenez-vous. L'Évangile raconte qu'un jour, afin d'enseigner l'humilité à ses apôtres, Jésus plaça au milieu d'eux un petit enfant, et leur dit: "Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous n'entrerez jamais dans le royaume des Cieux." Eh! Bien! Certains auteurs anciens assurent que ce petit enfant est le saint Ignace que nous fêtons aujourd'hui. Nous ne pouvons pas l'affirmer, mais les dates que nous connaissons concernant Ignace sont en accord avec cette affirmation. Par contre, ce qui est certain, c'est qu'il était un familier des premiers disciples du Sauveur, disciple lui-même de saint Jean, l'Apôtre bien-aimé.

Ignace d'Antioche, d'origine syrienne est probablement mort vers 107 ou 113, martyrisé à Rome, sous le règne de l'empereur Trajan (98-117). Il fut le troisième évêque d'Antioche, après saint Pierre et Évode qui fut l'un des soixante dix disciples de Jésus. Ignace succéda à Évode vers l'an 68. On pense, qu'il avait été l'un des disciples des apôtres saint Pierre et saint Jean. Au moins sept de ses lettres, considérées comme authentiques, nous sont parvenues. Saint Ignace d'Antioche est l'un des Pères apostoliques.

Nous ne connaissons que fort peu de choses de la vie de saint Ignace, qui se nommait volontiers "Théophore", c'est-à-dire, qui "porte Dieu". Par contre, les circonstances de son martyre ont été abondamment racontées.

L'Empereur Trajan avait indiqué qu'il poursuivrait les chrétiens et les condamneraient s'ils troublaient l'ordre public. Or le refus des chrétiens de sacrifier aux dieux romains et notamment au culte impérial constituait une grave entrave à l'ordre public. Pline rapporte que l'empereur Trajan (98-117) se donnait les noms d'optimus et maximus, jusqu'alors réservés à Jupiter.

Ignace, qui refusait de sacrifier aux dieux romains et au culte impérial, et qui donc, troublait l'ordre public, fut arrêté par les autorités et transféré à Rome pour être mis à mort dans l'arène, pendant la persécution de Trajan. On espérait ainsi faire un exemple afin de freiner l'expansion du christianisme. Condamné aux bêtes, Ignace d'Antioche fut conduit d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Son passage fut partout un triomphe. Il disait:

“Je vais à la mort avec joie. Laissez-moi servir de pâture aux lions et aux ours. Je suis le froment de Dieu; il faut que je sois moulu sous leurs dents pour devenir un pain digne de Jésus-Christ. Rien ne me touche, tout m'est indifférent, hors l'espérance de posséder mon Dieu. Que le feu me réduise en cendres, que j'expire sur le gibet d'une mort infâme; que sous la dent des tigres furieux et des lions affamés tout mon corps soit broyé; que les démons se réunissent pour épuiser sur moi leur rage: je souffrirai tout avec joie, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ.”

Tout au long de son trajet, Ignace d'Antioche outre les encouragements qu'il donnait aux nombreux chrétiens qu'il rencontrait, écrivit, pour les soutenir dans leur foi, des lettres aux chrétiens d'Éphèse, de Magnésie, de Philadelphie, de Smyrne, de Tralles (devenue Aydin dans la Turquie actuelle), et aux Romains. Il écrivit aussi une lettre à Polycarpe, qui selon la tradition était l'évêque de Smyrne et un disciple de Saint Jean l'Évangéliste. L' Abbé L. Jaud, qui a écrit une Vie des Saints pour tous les jours de l'année, rapporte le dialogue suivant entre Ignace, évêque d'une rare sainteté, et l'Empereur Trajan qui déclarait:

 “C'est donc toi, vilain démon, qui insultes nos dieux?

- Nul autre que vous n'a jamais appelé Théophore un mauvais démon.

- Qu'entends-tu par ce mot Théophore?

- Celui qui porte Jésus-Christ dans son cœur.

- Crois-tu donc que nous ne portons pas nos dieux dans notre cœur?

- Vos dieux! Ce ne sont que des démons; il n'y a qu'un Dieu Créateur, un Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont le règne est éternel.

- Sacrifie aux dieux, je te ferai pontife de Jupiter et père du Sénat.

- Tes honneurs ne sont rien pour un prêtre du Christ.”

Trajan, irrité, le fit conduire en prison. “Quel honneur pour moi, Seigneur, s'écria le martyr, d'être mis dans les fers pour l'amour de Vous!” et il présente ses mains aux chaînes en les baisant à genoux.

L'interrogatoire du lendemain se termina par ces belles paroles d'Ignace: “Je ne sacrifierai point; je ne crains ni les tourments, ni la mort, parce que j'ai hâte d'aller à Dieu.”

Le désir très fort d'Ignace de mourir martyre peut nous sembler étrange; mais Ignace concevait le martyre comme une réponse au Christ qui avait demandé de Le suivre en portant sa croix. Saint Ignace, dévoré par un lion, répéta le nom de Jésus jusqu'au dernier soupir. Il ne resta de son corps que quelques os qui furent transportés à Antioche.

Paulette Leblanc

 

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